Une lettre imaginaire ?

Soyez raisonnable, supprimez les 35 heures !

Cher Monsieur Hollande,

Nous ne nous sommes jamais rencontrés, mais nous avons un ami commun, le président du groupe Bilderberg. A ce titre, je me permets de vous soumettre mon problème. J’ai décidé de faire construire un nouveau palais en Espagne, le palais doré, car il sera tout en or. J’ai confié le travail de financement à mon secrétaire, Emmanuel, le fils de mon chauffeur qui a passé son doctorat en économie il y a quelques années. Emmanuel m’a indiqué que dans les conditions économiques actuelles, il faudrait que je vende une partie de mon patrimoine, mais monsieur le Président, vous comprenez bien que pour un malheureux palais, il n’est pas envisageable de spolier mes enfants. Je lui ai donc dit qu’il était préférable d’augmenter les impôts, je veux dire les taux d’intérêts de la dette, et il a donc pris rendez-vous avec mon employé, mon petit Mario.

Ce dernier lui a expliqué que ce n’était pas possible, les dettes des pays seront probablement impossibles à rembourser en l’état actuel, et si nous augmentions les taux d’intérêts dès à présent, cela mènerait à la catastrophe. Vous savez, bien entendu, que les dettes ne sont pas mon souci, ce sont des billets imprimés par la BCE qui seront détruits une fois qu’elles seront remboursées, ce qui m’intéresse ce sont uniquement les intérêts qui me sont nécessaires pour financer la construction de mon nouveau palais. Dit autrement, c’est à vous de vous débrouiller pour rembourser vos dettes. Mon petit Emmanuel a fait une simulation et il s’avère que si vous continuez ainsi, vous ne pourrez jamais les rembourser. Cette simulation montre que si vous acceptiez de repasser à 60 heures par semaine, que vous supprimiez les retraites et la sécurité sociale, il suffirait de 72 ans pour rembourser 70% de la dette. En parallèle, nous pourrions remonter progressivement les taux d’intérêts de façon à faire progresser sensiblement mes revenus et financer le palais doré.

Il est bien entendu que vous seriez l’un des premiers hôtes à profiter de ce petit paradis construit dans un endroit isolé d’Espagne. Je tiens à préciser, puisque le sujet semble vous tenir à cœur, que nous prévoyons d’embaucher 3 000 personnes pour construire cette merveille. D’ailleurs, nous avons déjà commencé à recruter en Éthiopie, c’est, d’après Emmanuel, le dernier pays que nous avons rallié à notre cause et nous tenons à le faire participer activement. Les Éthiopiens sont d’ailleurs très raisonnables, à 30€ par mois cela nous évitera à vous et à moi de devoir encore léser nos finances respectives.

Vous remerciant de votre lecture attentive, je vous prie d’agréer l’expression de mes salutations distinguées.

M. de R.

Cette lettre est totalement imaginaire. Toute ressemblance avec des situations ou des personnes existantes serait purement fortuite.

 http://phylogenese.blogspot.gr/

COMMENTAIRES  

03/09/2014 23:44 par Hervé BOURGOIS

Il me semble que LGS a hésité à le publier... et j’avais déjà hésité à l’envoyer... Mais, je m’étais beaucoup amusé à écrire cela et qui sait si une telle lettre n’a pas existé ? J’espère que cela vous fera sourire (jaune malheureusement) aussi...
Une façon non risquée de s’enrichir avec la dette est d’être banquier... les dividendes d’une banque reflètent en partie les intérêts de la dette. Les dettes sont également achetées par tout un chacun (assurance vie, livret A...), et quand on fera "reset" (le plus tard possible, il y a d’abord les comptes en banque à ponctionner), les actionnaires des banques (sociétés anonymes) n’y perdront pas grand chose... contrairement à ceux qui ont acheté la dette au lieu de se contenter de toucher les intérêts...
Quant à l’Éthiopie, j’ai pu me tromper, c’est la chine qui commence à sous-traiter là-bas (rappelons que le salaire moyen en chine est trop élevé...).
L’article http://www.legrandsoir.info/la-loi-rothschild-cause-de-l-endettement-de-la-france.html mentionne qu’il n’est pas question de rembourser la dette, c’est sans doute vrai, mais si vous avez compris, c’est vous et moi qui sommes les dindons de la farce...

11/09/2014 09:02 par gérard

Merci au Grand Soir pour cet article,
Merci à Hervé Bourgois, il m’a beaucoup amusé. Rares sont les leçons d’économies qui peuvent se vanter d’être à la fois distrayantes et instructives.
Je me suis permis (et j’ai beaucoup hésité moi aussi) de passer ci-dessous la présentation de votre livre qui, je ne vous cache, pas m’interpelle au plus haut point. Il va rejoindre la pile des livres en attente qui menace de s’effondrer.
Cette introduction m’a interpellé, car elle met l’accent sur cette question fondamentale : notre liberté de pensée n’est elle pas peu ou prou que le fruit de croyances, de dogmes, de postulats ou que sais-je encore qui sont très souvent basés sur des mensonges ?
Le mieux c’est de vous lire :

Le langage permet de dire tout et n’importe quoi. L’important n’est pas tant de parler pour dire des choses sensées, mais de comprendre de quoi nous parlons dans un contexte donné. Nous pouvons apprendre à détecter ce que nous sommes capables de comprendre, ce qui est peu compréhensible ou qui n’a pas de sens. Nous verrons alors, pour ce qui concerne notre vie et nos sociétés, que nous parlons beaucoup de nos incertitudes, nous ne pouvons prendre que des décisions dont les résultats sont incertains. En prenant conscience que nous basons notre vie sur des croyances, nous acquérons la liberté de nous adapter aux changements. Une croyance n’est ni bonne, ni mauvaise, mais elle peut être inadaptée à un contexte donné. Une preuve de notre intelligence serait d’apprendre à changer de croyances lorsqu’elles nous mènent à des impasses. Dans cet essai, je tente de décoder ce que nous disons et d’extraire quelques-unes des croyances sur lesquelles nous basons notre vie en société. Il est probable que certaines nous soient néfastes, mais tant que nous n’en aurons pas conscience, nous ne saurons pas adapter nos sociétés, nous serons contraints d’attendre la prochaine révolution. C’est ce que nous faisons depuis des milliers d’années, mais l’uniformisation du monde et les progrès technologiques sont un risque que les prochaines catastrophes soient plus destructrices que les précédentes.

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