Tout comme celui de Napoléon III, le règne de Sarkozy restera en effet marqué par la prospérité et l’enrichissement sans complexe d’une bourgeoisie financière particulièrement avide.
Victor Hugo disait de l’homme du coup d’Etat du 2 décembre 1851 : « Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort... ».
Ne croit-on reconnaître dans ce portrait l’ancien maire de Neuilly dont les frasques et les fastes auront tant défrayé la chronique...
Mais la comparaison de Nicolas Sarkozy avec Napoléon III ne s’arrête pas là . Elle trouve un prolongement dans le fait que ces deux commis politiques de la bourgeoisie française auront eu le même goût pour les aventures militaires extérieures.
Les vingt années qu’a duré le règne de Napoléon III ont été marquées d’une suite de guerres et d’expéditions militaires. De la guerre de Crimée contre la Russie (1854-1856) à la guerre contre la Prusse (1870), jamais la France impériale n’a connu plus de trois années de paix. [1]
Nous ne sommes plus au XIXème siècle. La puissance économique et militaire de la France n’est plus ce qu’elle était à cette époque et les prétentions de Sarkozy à « jouer dans la cour des grands » n’en est que plus ridicule tout en restant aussi meurtrière pour les populations agressées.
Le 26 avril 2007, durant sa campagne électorale, Sarkozy avait évoqué le retrait de l’armée française d’Afghanistan, déclarant : « La présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive ».
Toutefois, une fois élu, il change complètement d’orientation et annonce l’envoi de 1.000 soldats supplémentaires. Si bien que près des trois-quarts des 82 soldats français tués sur le sol afghan depuis 2001 l’ont été depuis sa décision de maintenir et de renforcer le contingent français dans ce pays.
L’ingérence de la France dans les affaires de ce pays a longtemps consisté à intervenir militairement pour soutenir les forces sécessionnistes du Nord contre le gouvernement central.
Après les élections présidentielles de 2010 aux résultats contestés, le gouvernement de Nicolas Sarkozy, appuyé par les Etats-Unis et avec la complicité de l’administration de l’ONU, décide de franchir un pas supplémentaire et de destituer par la force le président sortant.
Les seigneurs de la guerre, au service du candidat soutenu par l’Occident, voient leurs milices équipées de neuf en armes et véhicules avant qu’elles ne soient lancées dans une guerre civile contre l’armée nationale ivoirienne.
Les forces françaises présentes sur place interviennent directement aux côtés des factieux et sont déterminantes pour l’aboutissement du sanglant coup d’Etat.
Surpris ou instigateur, l’Occident s’est emparé des révoltes survenues en Tunisie et en Egypte pour remodeler sa stratégie dans cette région. La Libye y occupait une place importante.
Il suffira qu’un mouvement de protestation régionaliste survienne en Cyrénaïque contre le pouvoir central de Tripoli pour que soit mis en place un scénario occidental de renversement du régime de Mouammar Kadhafi.
Le gouvernement de Sarkozy se place aux avant-postes de cette manoeuvre. Il est le premier à reconnaître le CNT promu représentant de la « révolution libyenne ».
Contrevenant à la résolution de l’ONU, les forces aéronavales françaises bombardent les villes libyennes massacrant les populations civiles qu’elles étaient censées protégées et faisant des centaines de victimes. [2]
A ce bilan, succinctement rappelé, il faudrait ajouter le rôle de boutefeux joué par la France de Sarkozy-Juppé en Syrie où, avec ses alliés occidentaux, elle cherche depuis un an à rééditer le « coup » de la Libye.
Il faudrait aussi rappeler la décision provocatrice voulue par Sarkozy d’implanter une base militaire à Abu Dhabi dans les Emirats arabes unis, à moins de 200 km des côtes iraniennes.
Tel est le bilan accusateur dont personne n’a vraiment rendu compte durant la campagne électorale des présidentielles 2012.
Jean-Pierre Dubois.
http://lepetitblanquiste.hautetfort.com/archive/2011/08/31/sarkozy-badinguet.html
[1] Guerre contre la en Chine (1857) ; guerre contre l’Autriche (1859) ; guerre contre les Druzes en Syrie (1860) ; expédition au Mexique (1861-1867).
[2] Un rapport d’Amnesty International publié le 19 mars 2012 sur « les victimes oubliées des frappes de l’OTAN » cite comme exemple les 55 cas de civils, dont 16 enfants et 14 femmes, tués dans des frappes aériennes à Tripoli, Zliten, Majer (ouest), Syrte et Brega (est), sans qu’aucun élément n’indique une utilisation militaire des lieux au moment de l’attaque.