LES DIRIGEANTS EUROPÉENS VOUDRAIENT ANNULER LE NON DU PEUPLE IRLANDAIS DE JUIN 2008, ET IMPOSER AINSI LE RETOUR SUBREPTICE DE FEU LA « CONSTITUTION » REJETÉE PAR LES FRANCAIS ET LES HOLLANDAIS EN 2005
Respectez la démocratie !
Un coup de force rampant se prépare à l’échelle de l’Union européenne. Certes, ses chances de succès apparaissent aléatoires. Mais l’enjeu est si considérable qu’il ne peut laisser indifférents les femmes et les hommes attachés aux fondements de la démocratie.
Le 12 juin 2008, le peuple irlandais a repoussé la ratification du traité dit de Lisbonne, mouture à peine remaniée du projet mort-né de constitution européenne. Une très nette majorité en faveur du Non (plus de 53%) est sortie des urnes, dans un scrutin marqué par un taux de participation inattendu.
Dès cet instant le dit traité est devenu caduc - tant en droit qu’en légitimité politique. Une seule attitude s’imposait dès lors aux dirigeants européens : prendre acte du verdict populaire.
Ils firent l’inverse : oubliant les discours ronflants sur « l’État de droit » dont l’UE serait, paraît-il, la championne, ils se mirent en quête d’un moyen permettant de contourner le vote des citoyens irlandais. Animés d’un zèle tout particulier, le président français et son secrétaire d’État aux Affaires européennes, à peine les urnes refermées, firent connaitre au gouvernement de Dublin leur volonté de voir invalider la consultation par un second scrutin. C’est ce qu’a confirmé le sommet européen des 11 et 12 décembre 2008 : de Bruxelles, l’Irlande a été sommée d’organiser un nouveau vote !
Cette exigence témoigne par elle-même d’une incroyable arrogance. Ainsi, dans un référendum sur l’Europe, le Oui serait la seule option acceptable et définitive ; le Non, en revanche, est réputé accidentel, sans fondement, dangereux, et forcément provisoire. En d’autres termes, on ne demande pas aux électeurs de choisir, mais d’entériner un choix que des « élites » ont déterminé pour eux à l’avance.
Comme l’expérience l’a déjà montré, il s’agit donc de faire voter les citoyens autant de fois qu’il est nécessaire pour que ceux-ci consentent à apporter la « bonne réponse ». Qu’auraient été les réactions si les adversaires du Traité de Maëstricht avaient demandé l’organisation d’une seconde consultation lorsque fut annoncée la victoire (de justesse) du Oui lors du référendum français de septembre 1992, au simple motif que ce verdict ne les satisfaisait pas ?
Il y a pire encore - en l’occurrence les pressions inouïes exercées sur ce qu’à Bruxelles et ailleurs on qualifie avec dédain de « petit pays ». Pour les dirigeants de l’UE, il est insupportable que « quatre millions d’Irlandais puissent bloquer 450 millions d’Européens ». Quel cynisme ! Ceux qui prétendent ainsi parler au nom des autres peuples sont précisément ceux-là mêmes qui ont délibérément interdit un vote populaire sur le dit traité dans les vingt-six autres pays concernés.
Seule, l’Irlande était tenue - du fait de sa constitution nationale - d’organiser la consultation directe des citoyens. De ce fait, et bien malgré eux, ceux-ci se sont trouvés en position de porter le rejet qui aurait été exprimé par la plupart de leurs voisins si ceux-ci n’avaient pas été délibérément bâillonnés. Certes, les électeurs irlandais se sont d’abord et légitimement prononcés en fonction de leurs propres intérêts. Mais beaucoup d’entre eux ont également refusé que leur bulletin puisse être utilisé pour inverser les Non français et hollandais.
Contraindre les Irlandais à revoter témoigne donc tout à la fois d’un profond mépris à leur égard, mais constitue également une insulte à tous les autres peuples qui n’ont pu s’exprimer que par leur intermédiaire.
La question ne porte plus sur l’opinion qu’on peut avoir sur le dit traité, mais bien sur un principe au fondement même de la démocratie : en acceptant qu’un vote puisse être remis en jeu au nom d’intérêts supposés supérieurs, on ouvrirait un précédent extraordinairement dangereux quant à la légitimité du suffrage populaire lui-même.
Tout démocrate, quelles que soient ses convictions par ailleurs, ne peut laisser faire une telle forfaiture.
C’EST POURQUOI, MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE DE LA RÉPUBLIQUE D’IRLANDE, JE VOUS DEMANDE DE RESPECTER LE VERDICT ÉMIS PAR VOTRE PEUPLE LE 12 JUIN 2008.
POUR SIGNER CLIQUEZ ICI (voir pétition en fin de texte)