Privatisons les cimetières !

Le comble de l’économie communiste était d’avoir nationalisé jusqu’aux salons de coiffure. Le comble de l’économie capitaliste est de vouloir privatiser jusqu’aux cimetières.

Cela se passe au Chili. Et je l’apprends d’une source sûre s’il en est, Christian Rodriguez, responsable des relations Internationales (secteur Amérique Latine et Caraïbes) à la France Insoumise. Voir son article.

Je donne cette idée au gouvernement français qui semble n’y avoir pas encore pensé.

Il suffirait de signer une ordonnance pour réformer le « Code du repos » (éternel) et on aurait enfin une gestion rationnelle des allées gravillonnées (à péage) tandis que Decaux assurerait l’entretien des pierres tombales. Le rayon oignons du magasin Carrefour City, juste à l’entré du cimetière, serait merveilleusement rentable, ainsi que le robinet d’eau (1€ les 5 litres) et les arrosoirs en location (1 € le quart d’heure). Pour la participation de pleureuses, téléphoner la veille et demander un devis.

Le portail d’entrée du cimetière serait surmontée du fameux slogan publicitaire made in USA : « Mourez, nous ferons le reste ».

EELV approuverait la mesure si les fleurs ne sont pas en plastique. Le PS serait contre, tout en étant pour. Le PCF s’opposerait à l’extension de la réforme au mur des Fédérés du Père Lachaise. La France Insoumise aurait du mal à convaincre que la mesure est en application dans un pays d’Amérique latine, certes, mais pas au Venezuelââââ. Les télés organiseraient des débats sur le thème : « Des concessions funéraires de 10 ans ne sont-elles pas préférables à des concessions de 50 ans ? ». Le Monde publierait 3 pages, avec avis d’experts, sur la nécessité d’opter pour des tombes collectives, les tombes individuelles prenant trop d’espace dans des cimetières non extensibles (surtout dans les villes). Invité pour en parler dans une émission de David Pujadas, le Premier ministre ferait valoir les économies pour les familles des défunts qui choisiraient la solution moderne de la fosse commune. Libération oserait en « une » un titre rigolo (« Laissez les sous venir  »).

Las, un sondage nous apprendrait que 51 % des français sont hostiles à la réforme, ce qui révélerait un manque de pédagogie gouvernementale et une carence dans les explications pour vaincre un raidissement (sic), d’une société figée (re-sic) dans un immobilisme (re-re-sic) mortifère (re-re-re-sic) alors que la France doit se tenir debout (re-re-re-re-sic) et se mettre en marche, ainsi que Jésus l’ordonna au paralysé, voire à Lazare qu’il ressuscita alors que ce glandeur bullait sous terre avant d’avoir fait ses 43 annuités.

Les 9 milliardaires qui possèdent 90% des médias seraient un peu déçus par l’incompétence de Léa Salamé, Eric Brunet, François Lenglet, Agnès Verdier-Molinié, Patrick Cohen, Nicolas Demorand, Nathalie Saint Cricq, Jean-Michel Aphatie, Frédéric Haziza, Yves Calvi, Apolline de Malherbe, Pascal Praud, Bernard Guetta, Jean-Pierre Pernaud (Merci de compléter la liste).

Réunis en cellule de crise, Martin Bouygues, Xavier Niel, Serge Dassault, Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Patrick Drahi, François Pinault, Matthieu Pigasse et Arnaud Lagardère, neuf milliardaires qui possèdent et contrôlent les médias par lesquels sont façonnés les esprits et fabriqués les présidents, poussèrent un cri unanime : « Si ces bras cassés continuent à être aussi nuls, la populace édentée, alcoolique et illettrée finira par apprendre que Jean-Pierre Elkabbach et Alain Duhamel, se sont réfugiés in extremis dans un paradis tombal ».

Pas belle, la mort ?

Maxime VIVAS

Chantons joyeusement avec Brassens.

COMMENTAIRES  

18/03/2018 17:45 par irae

Après la marchandisation du vivant mis sous brevet la marchandisation du mort. Excellent.

18/03/2018 17:54 par Assimbonanga

La tentation est grande et on peut faire confiance à l’esprit industrieux de l’entrepreneur ! Pour l’instant, on semble préservé mais certains s’y ont déjà essayé :

Pour environ 3.700 euros, Lionel Le Maguer met à disposition un arbre au pied duquel enterrer une ou plusieurs urnes biodégradables, auxquels s’ajoutent 120 euros par an pour l’entretien ; une activité "très rentable", convient-il. "Comme ce n’est pas dans l’esprit du lieu d’envoyer une facture ’sèche’, j’y joins une invitation à un concert dans le jardin", explique en souriant le gardien des lieux, à la barbe blanche naissante, qui prévoit cette année un récital autour de Georges Brassens. "Il est dommage" que ce genre de parc ne puisse se développer, regrette l’ancien promoteur immobilier, qui a imaginé ce lieu après la mort d’un ami, "car plein de gens sont demandeurs, certains font 1.000 kilomètres pour venir ici". Un décret de 2007, qui encadre la destination des cendres, interdit les lieux collectifs destinés au dépôt des urnes (autres que les cimetières publics), sauf ceux créés avant 2005. "
France 3 : https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/2014/10/31/toussaint-au-bono-les-defunts-dorment-aux-pieds-des-arbres-581855.html
La Dépêche : https://www.ladepeche.fr/article/2014/10/25/1979246-bretagne-cimetiere-hors-normes-chacun-dort-sous-arbre.html
Vive la start-up nation !

18/03/2018 18:08 par Antar

EELV approuverait la mesure si les fleurs ne sont pas en plastique... Elle est très bonne Maxime. Je ne l’ai pas vue venir. Complétons le spectre des formations politiques : le Front national, oh pardon, le Rassemblement national conditionne son appui à la levée des restrictions frappant la profanation des cimetières juifs et musulmans ...

18/03/2018 22:35 par Christian DELARUE

J’apprécie tant le style incisif et moqueur de Maxime V que je sais même plus si la base de son texte est réel - un cimetière a été privatisé et marchandisé qlq part - ou si c’est une fiction critique.

18/03/2018 22:42 par legrandsoir

C’est une fiction anticipatrice, mais ça existe (la privatisation) au Chili.
MV

20/03/2018 11:09 par Toff de Aix

En même temps jusque dans la mort les gens doivent raquer, l’égalité est un leurre là aussi... Minimum 3000 euros, voilà ce que coûte un enterrement à une famille. Et très souvent les gens s’endettent, car dans notre belle société marchande, il n’y a jamais de petits profits.

20/03/2018 11:35 par jo nice

Exellent ! Je propose qu’on spam le média de requêtes pour que LGS y tienne une chronique hebdomadaire. Je suis sur que vous feriez un tabac !

20/03/2018 16:59 par SPARTACUS

les députés ainsi que leurs familles ont les frais d’obséques remboursés jusqu’à la somme de 18000 euros.vous le saviez Maxime ?

21/03/2018 10:16 par Assimbonanga

@Spartacus, cette nouvelle tombe opportunément quand Macron veut diminuer le nombre de parlementaires...Vous ne trouvez pas ? Va-t-il provoquer un référendum comme Fillon l’a préconisé dans sa feuille de route concoctée avec le MEDEF ? (Vers la 2è minute) : https://www.youtube.com/watch?v=LX7kHgMB9Ec
Ne nous leurrons pas ! Que le président s’appelle Fillon ou Macron, le patron c’est Bernard Arnaud (et consort).

(Commentaires désactivés)