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Pince-mi et pince-moi sont dans un bateau... A. Tsipras tombe à l’eau...

A. Tsipras n'est pas un chien crevé et il n'a pas à être traité comme tel. C'est dans l'adversité que se montre la solidarité véritable, et non pas quand règne l'illusion des succès.

Il n’a pas fallu attendre les dernières semaines pour que les choses soient claires, puisque dès février, dès le début des négociations il se voyait que les Grecs devaient avaler couleuvre sur couleuvre en voulant croire cependant qu’ils pouvaient travailler en même temps et pour le bien et de l’Europe et pour celui de la Grèce.

Cette vision était grandiose, sauf qu’elle ne prenait rien en compte de la réalité.

Et pourtant, c’est avec leurs idées fausses qu’ils ont tenues avec obstination et courage qu’ils ont joué le rôle de révélateur (s’il en fallait un de plus) de ce que sont l’Europe, l’Allemagne et la France dans ses rapports avec elles.

Ils ont aussi joué le rôle de révélateur sur le crédit qu’il faut apporter aux programmes de gauche quand ils ont l’art de résoudre les difficultés sur le papier (et de manière chiffrée de surcroît !) et d’emporter quelques enthousiasmes à défaut de convaincre l’esprit populaire.

Quand je lis sous la plume d’Eric Coquerel, Secrétaire national du PG, que

« Dans la même situation, gouvernant la France, nous aurions un plan B réaliste car s’appuyant sur le poids de la 2ème puissance économique du continent »,

je me dis qu’il a très bien saisi quelles réflexions pouvaient inspirer en France les péripéties dramatiques vécues par le peuple de Grèce.

Quelles leçons le même esprit populaire pourrait en tirer. Je me dis qu’il a très bien senti le vent du boulet.

Sa langue va où sa dent lui fait mal : la crédibilité de tout se qui se raconte à gauche (aussi longtemps qu’il n’y a rien à prouver en pratique) est profondément remise en cause. Alors il tente de la sauver par de piètres arguments.

Il accumule quatre hypothèses aussi peu crédibles les unes que les autres.

Un. « Dans la même situation », que celle de la Grèce ? C’est-à-dire financièrement et économiquement et donc socialement à genoux au départ ?
Deux. « gouvernant la France », c’est qu’il veut s’y voir, il s’y voit contrairement à toute vraisemblance !
Trois. « nous aurions un plan B réaliste » sans donner aucune indication sur ce que pourrait être ce plan B.
Quatre. « car s’appuyant sur le poids de la 2ème puissance économique du continent. » Si la France est bien la 2ème puissance économique du continent, cela ne donne pour autant aucune force pour aucune négociation quelle qu’elle soit, si elle n’est pas en même temps le première puissance du continent par la mobilisation populaire.

C’est pourquoi, à défaut de mieux, je fais mien le modeste propos de P. Laurent, Secrétaire national du PCF, à l’issue des négociations :

« Les pressions et humiliations subies par Alexis Tsipras et le peuple grec durant tout le week-end soulèvent de lourdes questions pour nous tous, pour l’avenir de la coopération dans la zone euro.
Le combat pour l’égalité des pays, le respect de la démocratie et de la diversité, pour la solidarité, pour la reconquête de pouvoir sur la finance doit se poursuivre.
C’est une question existentielle pour un avenir solidaire dans l’Union européenne.
Tous les européens ont intérêt à amplifier leur soutien à cette bataille politique et leurs luttes contre l’austérité dans leur propre pays.
J’appelle toutes les forces démocratiques et de gauche à travailler ensemble à un projet commun pour sortir l’Europe de la tourmente libérale. »

Et je ne traiterai pas plus Eric Coquerel et Pierre Laurent en chiens crevés que je ne le fais pour Alexis Tsipras. Exactement pour les mêmes raisons.

15 juillet 2015

COMMENTAIRES  

15/07/2015 21:07 par Rv

Bonjour,

61% au referendum n’est-ce pas justement ce que vous appelez "la mobilisation populaire" ?
et alors ?
manifestement c’est sans doute nécessaire mais apparemment ça ne suffit pas !
et,
si vous ne savez pas quel est le plan B du PG
je vous invite à lire "Nous on peut"
un bouquin qui date un peu (humour)
que personnellement je trouvais faiblard sur l’Europe
avec cette notion de "désobéissance" . . .
mais au vu des récents événements en Grèce
j’ai revu mon jugement et la trouve oh combien pertinente . . .
évidemment elle ne peut être mise en pratique sans
modifier notre constitution,
sans la prise de décisions unilatérales,
telles que le contrôle des capitaux, la réquisition de la BCF et quelques autres mesures

15/07/2015 22:21 par Dwaabala

@ Rv
Il y a un petit problème de logique dans ce que vous écrivez : Eric Coquerel parle de la France et vous brandissez 61%.
Et puisque vous, vous pouvez, allez-y, je vous suis !

16/07/2015 00:39 par Roger

D’accord avec RV.
"Nous on peut" date un peu, et c’est là tout son intérêt, puisqu’il démontre la capacité d’anticipation de ce qui pouvait nous attendre et dont l’épisode de la Grèce est la démonstration au-delà même de ce que des démocrates sincères pouvaient imaginer.
Bien évidemment il s’agit avant tout de perspectives stratégiques illustrées par des opérations concrètes qui en testent la "faisabilité" à un moment donné dans un contexte situé. Un bonne stratégie est adaptative et surtout ne cherche pas à prévoir ce qui va arriver mais à accueillir de l’imprévu (dont on sait avec certitude qu’il y en aura).
Et puis surtout, rendre public un plan c’est faire un sacré cadeau aux adversaires...
Donc s’il vous plaît, préparez-vous à un France-exit, mais ne dévoilez pas comment vous allez le mettre en oeuvre ! Gardez en réserve de bonnes surprises, inspirez-vous de l’habileté de la Russie, des erreurs de Tsipras (à moins que ce dernier et son gouvernement n’aient aussi préparés quelques surprises de derrière les fagots...).
Enfin, il faudrait arrêter, du côté de la gauche ( la vraie, la seule), de se contenter de critiquer le PG, le FDG pour faire comme eux des propositions constructives. Nous n’avons pas tant que ça d’alternatives dans le paysage politique, même pas l’esquisse d’un frémissement révolutionnaire, le grand soir n’en fini pas de se faire attendre (excuses ! LGS)

16/07/2015 07:08 par RV

à 15/07/2015 à 22:21 par Dwaabala
Oui, bien sur, le FDG n’a pas 61% en France.
Ne faites pas semblant de ne pas comprendre,
ceci n’est un exemple, tiré de l’histoire récente, une illustration, si vous préférez.

16/07/2015 07:11 par RV

à 16/07/2015 à 00:39 par Roger
Sauf que cette stratégie est dans le domaine public depuis 2012 !
Impossible de la dissimuler !

16/07/2015 11:24 par Simplement de Gauche

En voici un autre de plan B, plus récent que " Nous, on peut ! " (mais évidemment largement similaire) : les propositions alternatives d’Eric Toussaint

16/07/2015 18:04 par Arthurin

- La solution c’est de voter !
- D’accord.
- Mais il faut voter à gauche !
- D’accord.
- La vrai gauche !
- D’accord !
- Mais on a pas de mandat, faut voter au referendum !
- ...
- Voter non !
- 61% à 62% de participation ça ira ?
- Oui, mais non, il faut se rassembler !
- D’accord...

21/07/2015 09:35 par Totor

Arthurin, malheureusement il n’y a plus de vraie gauche en France.Celle qui s’en prétend est on ne peut plus européenne et espère que les citoyens électeurs resteront dans cette utopie. Les fait nous prouvent que Tsipras a agi en parfait social démocrate et il a d’ailleurs fait agir brutalement sa police contre les manifestants du 15 juillet(certains sont devant les tribunaux).Voici entre autres ce qu’en dit le PAME(de Grèce)":Deux camarades de l’OKDE-Spartakos et d’ANTARSYA, après avoir été tabassés pendant la charge de police, mais aussi après leur arrestation, ont dû passer devant le procureur le 16 juillet, ainsi que d’autres manifestants arrêtés, sur la base de nombreuses fausses accusations ridicules. Leur procès est prévu le mercredi 22 juillet".Le problème c’est que les électeurs citoyens français n’en veulent plus de l’Europe et donc cette prétendue vraie gauche les jette dans les bras du FN.

21/07/2015 14:01 par Arthurin

@ Totor

J’ai vu ton commentaire sur "Leçons de la crise grecque sur l’Euro" et j’avais bien compris ton point de vue.

Je suis parvenu aux mêmes conclusions (cf. ce billet).

Même en discutant ici, où on croise essentiellement des gens avec une culture politique, on se rend compte que soit les gens n’ont pas la moindre idée de ce qu’est la gauche, ou à l’inverse s’en font une idée trop précise et sont enlisés dans des querelles de clocher stériles ; toi-même ne fais pas exception (surement moi non plus), ici tu fustiges les trotskistes (alors qu’il y a à prendre et à laisser dans le trotskisme), là tu mets l’UE, l’Europe et les peuples (et chaque partie du peuple) dans le même panier ; prenons ce dernier exemple, nous savons tous que l’UE est une construction néo-libérale dont l’idée émane de l’empire néo-libéral basé aux États-unis (et cette idée ne date pas d’hier), mais ce n’est pas sous cette forme qu’elle a été vendu aux peuples d’Europe mais sous la forme de cette chimérique UE sociale à laquelle les gens veulent croire, envers et contre tout, ils voient bien que ce n’est pas ce qu’il se passe et veulent cette UE sociale plus que quitter cette UE néo-libérale, la sortie est un choix par défaut ; la part du peuple consciente de son sort, grecs en tête, ne veut pas sortir de l’UE, il veut que le rapport de force avec les néo-libéraux aille jusqu’au bout (comme il a raison).

Cette gauche radicalement couchée n’a pas montré le vrai visage de l’UE (qui peut ne pas voir le monstre ?), elle a montré son vrai visage, et le notre, marqué par deux siècles de défaites et de domination néo-libérale.

22/07/2015 04:00 par totor

.@ Arthurin, content de voir que je ne suis pas seul dans mon analyse.Pour ce qui est des trotskistes, je m’en méfie bcp.Cependant dans un village de France(région Roussillon), il y en a un du POI que j’approuve et qui fait du bon travail politique.Hélas comme tous les trotskistes il rabâche la révolution de 1917 et le méchant Staline. Je pense qu’ainsi il perd des voix et n’arrive pas à conquérir la Mairie.Je ne sais pas si Schivardi leur chef est trotskiste, mais je ne m’arrête pas à cela et je le trouve excellent(il est apprécié dans tout son département par des tas de gens qui ne votent pas POI)et intègre.Il aurait fait u excellent président de la République.
Quant au PS au début ils étaient partagés pour l’Europe,car ils avaient peur que les paysans nombreux dans leur électorat ne suivent pas et les lâchent. Aussi ont-ils manoeuvré avec tactique pour avoir des dirigeants partagés sur le sujet, mais en fait pour amener tout leur parti à une adhésion totale à l’UE.

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