Dans le mensuel, dont le dossier central est consacré à la précarité, Paul Ariès proclame : « Nous avons perdu la bataille de Charlie, mais nous ne sommes pas en guerre ! ». Et il fait sienne la déclaration du maire d’Oslo après la tuerie de Breivik : « Nous allons punir le coupable. La punition, ce sera plus de générosité, plus de tolérance, plus de démocratie. »
Ariès s’entretient avec les responsables de la revue Mouvements et pose la question : « L’écologie est-elle soluble dans le syndicalisme ? » Peut-on espérer que les mouvements sociaux du Sud pèsent sur les syndicats du Nord ? Sur quelles traditions syndicales prendre appui pour une convergence des fronts écologistes et sociaux ?
Christian David voit des « ZAD partout ! » Il y a dans le monde des dizaines de Zones À Défendre face aux GPII (Grands projets inutiles imposés). Ces ZAD fonctionnent de manière horizontale, sans leaders. Le problème est que les ZAD « ne donneront qu’un mouvement éphémère si elles ne se coordonnent pas avec des mouvements d’éducation populaire, altermondialistes. »
Thierry Brugvin réfléchit à “ L’écologie des peuples de couleurs et la justice écologique ” : « Pour les différents courants de l’écologie politique, il s’agit de parvenir à trouver des dénominateurs communs plutôt qu’à rechercher à chaque fois les divergences. La dimension spiritualiste semble plus secondaire, dans la mesure où les socialistes autogestionnaires, ou les communistes, sont parvenus par le passé à lutter avec les chrétiens démocrates. »
Anouk Renaud se demande si après la fin des négociations d’un traité bilatéral de libre-échange entre les Européens et les Canadiens, le tiercé gagnant ne serait pas dette, libre-échange et austérité : « Si nous ne voulons pas d’un monde où les multinationales et les actionnaires remplaceront nos parlement, nous devons nous battre, car ces traités n’ont qu’un but : supprimer le pouvoir des peuples sur l’organisation du monde. »
Un reportage à Calais de Nan Suel (de l’association Terre d’errance) : “ Migrants dans le Calaisis : Qui sont les victimes, qui sont les coupables ? ” Rien n’est fait pour protéger les victimes mais on dépense beaucoup d’argent pour installer des barbelés.
Philippe Batifoulier, il ne faut pas se résigner à la privatisation de la santé car on peut rembourser les soins à 10%. Pour cela, « il est temps que le patient reprenne possession du droit à participer à des décisions qui le concernent au premier chef. »
Selon Christian Jacquiau, la loi Macron fut précédée d’une réflexion de Montebourg inspirée du rapport Attali présenté à Sarkozy en 2008. Comment « les Français » peuvent-ils être favorable à cette loi alors qu’elle produit une régression sociale sans précédent ? Mystère…
Jean-Paul Damaggio enquête sur Podemos : “ des moyens qui dictent des fins ? ” « Le mouvement veut d’abord changer la politique avant de changer de politique. »
Arno Münster nous invite à nous opposer à la tentation de doter la France d’un arsenal judiciaire d’exception comme le Patriot Act étasunien.
Pour Alain Jugnon (“ N’importe quoi plutôt que l’autre ”), nous avons deux casseroles sur le feu : « celle dans laquelle cuit le juif, le Noir, le musulman et celle dans laquelle mijote l’affect, le corps sale, les émanations du nihilisme conséquent. »
Laurent Paillard explique pourquoi « one ne naît pas terroriste, on le devient. » Pour Paillard, « le rire est une arme contre l’esprit identitaire. »
Yann Fiévet revient sur la tuerie de janvier : « Comme elles furent douces à nos esprits ces folles journées de janvier au cours desquelles des millions de gens, anonymes pour la plupart, communièrent ensemble et partout en notre beau et grand pays pour le Droit d’expression plein et entier. Cela nous fit d’autant plus de bien que ces foules rassemblées, d’abord de leur plein gré avant de céder aux injonctions politiciennes, en profitèrent pour proclamer que nous sommes tous frères quelle que soit notre religion, notre origine géographique, notre couleur de peau, notre classe sociale et même, comble du bonheur, notre orientation sexuelle. Bien sûr, notre allégresse était ternie par l’horreur de deux massacres. Pourtant, malgré la terrible déchirure, nous étions prêts, en hommes et femmes de bonne volonté, à savourer le plaisir que procure le fait d’apprendre que tant de combats menés depuis trente ans ne l’ont pas été en vain. […] Finissons-en : respecter les Musulmans c’est se moquer de leur religion comme nous le faisons pour les Chrétiens, les Juifs, les Evangélistes, etc. nous en passons et des meilleures ! Dans le même temps nous demandons à être moqués, nous les athées. Elle est là l’égalité, dans le respect des hommes et des femmes quelle que soit leur religion et non dans le respect béat de leurs idoles. Restons pleinement éveillés. C’est le meilleur moyen de ne plus rêver inutilement. »