Les Talibans sont en train de faire plier les États-Unis

Des négociations sont en cours au Qatar entre les Etats-Unis et les Talibans afghans en vue de mettre fin à 17 années de guerre en Afghanistan. Le repésentant spécial des Etats-Unis pour la reconciliation en Afghanistan Zalmay Khalizad qui mène la négociation pour le compte de Washington, s’est déclaré satisfait des « progrès » enregistrés qui ont trait à des enjeux cruciaux. L’enjeu crucial qui a poussé Donald Trump a ouvrir des négociations de paix avec les Talibans est à coup sûr celui d’obtenir de ces derniers des arrangements qui masqueront que les Etats-Unis ont subi une défaite militaire en Afghanistan et que leur retrait de ce pays qui a fait partie de ses promesses électorales et qu’il a moralement acté en accédant à la Maison Blanche n’ait pas lieu dans des conditions humiliantes pour l’Amérique. Si les Talibans donnent leur accord aux arrangements que les Étasuniens veulent leur arracher, l’on reviendrait inéluctablement à la case départ en Afghanistan, ce qui veut dire qu’ils reprendront ce pouvoir à Kaboul dont ils en ont été chassés par l’intervention militaire étasunienne décrétée par Georges W. Bush en représailles des attentats du 11 septembre 2001 au motif d’en finir avec un régime en accointance avec le réseau terroriste Al Qaïda qui a organisé les attentats.

La perspective du retour au pouvoir à Kaboul des Talibans ne semble pas poser problème à Donald Trump et à son administration qui paraissent miser sur le pari de les convaincre de renoncer à faire de l’Afghanistan le refuge du terrorisme international et à s’intégrer dans une démarche de reconciliation avec les autres parties prenantes afghanes de l’interminable conflit que vit leur pays. Pour ramener les soldats érasuniens de l’Afghanistan ainsi qu’il l’a promis à l’Amérique, Donald Trump n’a qu’une seule solution, celle d’un accord bancal avec les Talibans qui sont prêts à lui concéder toutes les assurances que ses négociateurs ont mises sur la table au Qatar mais qu’ils sont déterminés à enterrer aussitôt que s’opérera le retrait militaire des EU.

Ce n’est pas le régime en place à Kaboul qui sera en mesure de les empêcher de revenir au pouvoir. En 17 années d’occupation étasunienne de l’Afghanistan, aucun des objectifs que les Etats-Unis ont promis de viser n’a été atteint : ni le développement de ce pays ni l’instauration d’un régime démocratique et encore moins la fin de la corruption qui a transformé le pays en une pompe à argent dont la population afghane subit les pires conséquences.

Elle a au contraire accentué tous les maux dont souffrait l’Afghanistan, permettant en cela aux Talibans qu’ils ont chassés du pouvoir de conserver des complicités dans le pays puis d’être en mesure d’opérer un retour en force militaire qui contraint Washington à négocier avec eux. A leur façon, les Talibans administrent la preuve que la superpuissance étasunienne est bel et bien en déclin.

COMMENTAIRES  

15/08/2021 18:04 par T 34

L’image du jour. Comme à Saïgon en 1975 les États-Unis fuient Kaboul en 2021. Ils fuient leur créature islamiste qu’ils ont armé durant les années 1970 et 1980 pour renverser le gouvernement communiste afghan qui permettait aux femmes de ne pas porter de burka et d’aller à l’école. Ils ne sont capable que d’implanter des gouvernements corrompus qui s’effondrent comme un château de carte dès la déroute de l’armée étasunienne et la démocratie qu’ils apportent c’est Abu Ghraib, Guantanamo et des civils assassinés par drone.

Cette vidéo des hélicoptères étasuniens évacuant l’ambassade de Kaboul fera écho à l’évacuation de l’ambassade à Saïgon.

16/08/2021 10:07 par Assimbonanga

Merci à toi @T34 ! Entendre tes paroles est un baume pour l’entendement : « Ils fuient leur créature islamiste qu’ils ont armée durant les années 1970 et 1980 pour renverser le gouvernement communiste afghan qui permettait aux femmes de ne pas porter de burka et d’aller à l’école. »
Si l’on se cantonne à écouter la radio, toute cette partie de l’Histoire est effacée.
Partout où les USA fourent leurs sales pattes, c’est le bordel qui s’installe.
Et maintenant, ils vont tourner leur perversité malveillante contre Cuba, le Venezuela, et la tentative de retour de Lula au Brésil ?
Ces étasuniens sont cupides et malsains, menteurs, retors, cruels, volontiers assassins.

16/08/2021 17:48 par CAZA

Bonsoir
Levy ne recule devant aucune saloperie encore et encore
Ah bon C’est plus ses amis les talibans

Bernard-Henri Lévy
@BHL
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15 août
This time it’s the end. The hunt. The wolves have entered #Kabul. Immense sorrow. Terrible bitterness towards America which has committed a crime with little precedent. 20 years after September 11, Joe Biden has lost his honor. #Kabul #Biden #Afghanistan

https://www.monde-diplomatique.fr/2016/02/SOUCHON/54701

17/08/2021 12:25 par Assimbonanga

@T34, si tu veux réactualiser la photo, ce n’est plus un hélicoptère, c’est un avion de ligne pris d’assaut par une foule en panique.

17/08/2021 17:55 par Autrement

Merci à T 34 qui vise toujours juste, et à Caza pour le lien au Monde diplo qui vaut son pesant d’or par toutes les citations des médias bien-pensants de l’époque et par sa conclusion (humour noir).
L’article est intitulé "Quand les djihadistes étaient nos amis" et date de février 2016 :

Epilogue (provisoire)
Le régime communiste afghan de Mohammed Najibullah survivra trois ans au départ, en février 1989, des troupes soviétiques. Puis, en 1996, après plusieurs années d’affrontements meurtriers entre clans anticommunistes rivaux, Kaboul tombe aux mains des talibans. Ils s’emparent de Najibullah, réfugié dans un bâtiment des Nations unies, le torturent, le castrent, le fusillent et pendent son corps à un réverbère.
Le 15 janvier 1998, Le Nouvel Observateur demande à M. Brzezinski s’il « ne regrette pas d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ». Sa réponse : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

À voir aussi une intéressante rétrospective historique et explicative par Grégoire Lalieu, Michel Collon et Mohamed Hassan sur Investig’action : "De la Grande-Bretagne aux États-Unis en passant par l’Union soviétique… L’Afghanistan, le cimetière des empires".
Histoire des peuples...!

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