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Les horreurs de la colonisation : à quand un TPI pour juger les crimes contre l’humanité ?

« Le manque chronique de nourriture et d’eau, l’absence de sanitaires et d’aide médicale, le délaissement des moyens de communication, une éducation nationale pauvrette et l’esprit dominant de dépression que j’ai pu constater moi-même dans nos villages après un siècle de gouvernance britannique me font désespérer de ses avantages. » Rabindranath Tagore, prix Nobel de littérature.

Il est connu, malgré la doxa ambiante, que l’Occident donneur de leçons a toujours eu un langage ambivalent. Il se veut seul détenteur de sens et dicte cependant la norme de ce qui est licite et de ce qui est illicite. Je veux, dans cette contribution, encore une fois déconstruire ce double langage à la fois des Lumières et dans le même temps de la traite esclavagiste, le Code noir, le Code de l’indigénat, la colonisation dans toute son horreur. Ce 8 mai est toujours pour les Algériens un moment de grande solitude et de recueillement devant l’injustice des grands vis-à-vis des peuples faibles. Qu’on en juge ! Partout en Europe le 8 mai est fêté comme la fin de la guerre, l’avènement de la paix pour les peuples d’Europe, qui, à des degrés divers, ont souffert et au premier rang desquels le peuple russe qui laissa sur le champ de bataille 20 millions de ses enfants, La France perdit 200 000 combattants dont une grande partie venait des colonies et près de 300 000 civils.

Pas un mot des tirailleurs algériens, marocains qui ont été déterminants dans la victoire sur le nazisme. N’est-ce pas en effet le général de Lattre de Tassigny qui écrivait dans son ordre du jour numéro 9 du 9 mai 1945 adressé à ses soldats : « De toute mon âme, je vous dis ma gratitude. Vous avez droit à la fierté de vous-mêmes comme celles de vos exploits. » Le général de Montsabert ne fut pas en reste en s’adressant à ses soldats de la 3e DIA, il écrivit : « C’est grâce à l’Armée d’Afrique que la France a retrouvé non seulement le chemin de la victoire et la foi en son armée, mais aussi et surtout l’honneur et la Liberté. » Ce sont ces tirailleurs qui, revenant au pays, se feront raconter les massacres. Ce 8 mai qui devait marquer le début de l’horreur pendant plus de deux mois de terreur avec des dizaines de milliers de morts innocents dont le seul crime était d’avoir demandé à s’émanciper.

« Veuillez transmettre aux familles des victimes de l’agression de Rétif la sympathie du général De Gaulle et du gouvernement tout entier. Veuillez affirmer publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française sur l’Algérie. Veuillez prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer tout agissement anti-français d’une minorité d’agitateurs. Veuillez affirmer que la France garde sa confiance à la masse des Français, musulmans d’Algérie. » Voilà ce qu’écrivait Charles De Gaulle le 10 mai 1945. Je ne suis pas sûr qu’il s’adressait aux familles des Algériens et de fait, il ne s’adressait en fait qu’aux Français d’Algérie et donnait des instructions fermes au gouverneur de mater la rébellion. Il ne faut pas croire que dans cette croisade des criminels de guerre jamais jugés, tel André Achiary, il n’y eut que les autochtones, même les prisonniers italiens, allemands, les tirailleurs sénégalais, tous les planqués européens d’Algérie partisans de « Maréchal nous voilà », Vichy, se découvrent une âme de patriotes gaullistes et défendent la patrie en danger contre de pauvres hères. Le Parti communiste ne fut pas en reste, Le 12 mai L’Humanité appelle à châtier impitoyablement et rapidement les organisateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigé l’émeute.’ Bref, de la droite à la gauche il y eut un consensus pour tuer dans l’oœuf l’insurrection. Le ministre de la Guerre, un communiste, fut chargé, entre autres, de pilonner les villes de Kherrata et Béjaïa à partir de la mer avec ses navires qui ne servirent que contre les Algériens.

L’écrivain Kateb Yacine était lycéen à l’époque et a vécu les événements de Rétif ; il écrivit : « Je témoigne que la manifestation du 8 mai était pacifique. En organisant une manifestation qui se voulait pacifique, on a été pris par surprise. Cela s’est terminé par des dizaines de milliers de victimes. A Guelma, ma mère a perdu la mémoire (...) On voyait des cadavres partout, dans toutes les rues. La répression était aveugle ; c’était un grand massacre. L’armée vide des villages entiers et regroupe tous les musulmans pour organiser des cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français et répéter en chœur : Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien.’’ Après ces cérémonies, certains sont quand même embarqués puis assassinés. » (1)

Au total, le trop-plein de haine que les Français de France et d’Algérie n’ont pas pu extérioriser contre la Wehrmacht a trouvé un exutoire contre des êtres sans défense. 107 Français furent tués lors de ces émeutes contre au moins 20 000 Algériens (1 pour 200). Les Algériens avancent le chiffre de 45 000 morts. Le général Raymond Duval, surnommé à juste titre le boucher du Constantinois, savait ce qu’il disait en interpellant les pouvoirs politiques : « Je vous ai donné la paix pour 10 ans, si la France ne fait rien, tout recommencera en pire et probablement de façon irrémédiable. »

La colonisation italienne

« A côté de la France, l’Italie a eu aussi ses colonies, notamment la Somalie. Le 2 octobre 1935, Mussolini annonce son intention d’envahir l’Éthiopie sur le fallacieux prétexte de l’agression d’inspecteurs italiens, quelques mois plus tôt, le 23 novembre 1934, aux confins de la colonie italienne de Somalia et de l’Éthiopie. Le Duce adresse un discours belliqueux aux Italiens et leur annonce sa décision d’envahir l’Éthiopie. En Italie, la condamnation de la SDN a l’effet paradoxal de souder la population autour du Duce. Le vieux pape Pie XI (78 ans) commet lui-même l’erreur de visiter une exposition consacrée à la conquête et de saluer l’expansion italienne (aux dépens de l’Éthiopie chrétienne !). Son secrétaire d’État, Eugenio Pacelli, futur Pie XII, tente de minimiser la portée de sa déclaration. » (2)

Même scénario concernant la Libye : « Le général Rhodolfo Graziani, fidèle du régime fasciste, devient quant à lui vice-gouverneur de Cyrénaïque. Entre 1930 et 1931, les Italiens occupent l’ensemble du Fezzan et l’oasis de Koufra, grâce aux opérations de Graziani. (...) Si la situation est maîtrisée dans le Fezzan, elle est nettement plus délicate en Cyrénaïque, où le cheikh Omar Al Mokhtar, soutenu par les Sanussi, dirige une guérilla de moudjahidines et fait régner une insécurité générale. Pour éradiquer la guérilla senoussite en Cyrénaïque, les forces italiennes recourent, sur l’ordre de Graziani, à des méthodes impitoyables de représailles contre la population locale quand elle était accusée d’appuyer la rébellion. Enfin, les Italiens déportent plus de la moitié de la population de la province dans treize camps de concentration préparés dans l’est et le sud du pays. Environ 100 000 personnes perdent la vie en raison des épidémies provoquées par les fatigues d’une marche longue ; Omar Al Mokhtar voit se disperser ses troupes blessé et capturé le 11 septembre 1931. Le 16 septembre, il est pendu. La disparition du chef de la guérilla libyenne met fin à vingt ans de guerre et achève la pacification totale de la Tripolitaine, de la Cyrénaïque et du Fezzan. La conquête italienne cause au pays de lourdes pertes humaines et matérielles : aux dizaines de milliers de morts s’ajoute le bouleversement de l’organisation sociale et de l’économie traditionnelle.

Les structures agro-pastorales sont anéanties et le pays est partiellement dépeuplé. » (3)

Bien plus tard, Silvio Berlusconi, en visite à Tripoli, s’excusera auprès du colonel Kadhafi pour l’occupation de la Libye entre 1911 et 1942. « Il est de mon devoir, en tant que chef du gouvernement, de vous exprimer au nom du peuple italien notre regret et nos excuses pour les blessures profondes que nous vous avons causées ». « Il s’agit d’un moment historique durant lequel des hommes courageux attestent la défaite du colonialisme », déclarera de son côté Mouammar Kadhafi. « Le peuple libyen a subi une injustice et a été agressé chez lui et il mérite excuses et compensations », en présence des fils et petits-fils des héros de la résistance. » (4)

Les massacres de Madagascar par le colonialisme français

Le plus grand massacre, beaucoup moins connu que celui de Sétif eut lieu à partir du 30 mars 1947 à Madagascar, donnant lieu aux pires atrocités. Le nombre de victimes de la répression atteignit le chiffre vertigineux de 89 000 morts en vingt et un mois, selon les comptes officiels de l’état-major français. (...) La répression avec tortures, exécutions sommaires, regroupements forcés, viols, pillage, villages incendiés avec femmes, vieillards, enfants brûlés vifs se prolonge pendant 21 mois. C’est d’ailleurs sur ordre du ministre « socialiste » des Colonies, Marius Moutet, que les troupes françaises agirent à Madagascar. (.. ;) A la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Etat français couvrait ses crimes et la sordide réalité de la défense de son intérêt national sous le masque héroïque et le prestige de la France de la Libération, de la résistance à la barbarie nazie, tout en se faisant publiquement l’apôtre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à la tribune de l’ONU. » (3)

Le massacre des Héréros et des Namas

Les Allemands ne furent pas en reste comme lu sur Wikipédia, : « Le massacre des Héréros et des Namas perpétré sous les ordres de Lothar von Trotha dans le Sud-Ouest africain allemand (Deutsch-Südwestafrika, actuelle Namibie) à partir de 1904, est considéré comme le premier génocide du XXe siècle. C’est un programme d’extermination qui s’inscrivit au sein d’un processus de conquête d’un territoire par les troupes coloniales allemandes entre 1884 et 1911. Il entraîna la mort de 80% des autochtones insurgés et de leurs familles (65 000 Héréros et près de 20 000 Namas). Les faits furent consignés pour la première fois dans un rapport commandé en 1917 dans un but politique par le Gouvernement britannique au juge Thomas O’Reilly et connu sous le nom de « The Blue Book. »

Réévalué à partir des années 1990, ce crime de masse suscite depuis un important travail de mémoire, que ce soit en Namibie même, ou au sein de la communauté des historiens. (...) Trotta pratique une guerre d’usure durant quatre mois : il ne fait pratiquement rien, observe et s’amuse à effrayer l’ennemi à coups de fusils. Mais en octobre, il fait encercler les Héréros de trois côtés et les mitraille : c’est un véritable carnage qui n’épargne ni femmes ni enfants. Trotta ne leur laisse qu’une seule issue pour fuir : le désert du Kalahari. Alors que les Héréros survivants essayent d’y trouver refuge, Trotha fait empoisonner les points d’eau, dresse des postes de garde à intervalles réguliers avec ordre de tirer sans sommation à vue sur chaque Héréro, homme, femme ou enfant. L’ordre d’extermination (Vernichtungsbefehl) officiel du général von Trotta est libellé en ces mots : « Chaque Héréro trouvé à l’intérieur des frontières allemandes, armé ou non, en possession de bétail ou pas, sera abattu. » (5)

Quand Winston Churchill approuvait les gaz de combat

Winston Churchill fut un fervent défenseur de l’Empire britannique au point de préconiser le recours aux gaz qui avaient été la terreur des tranchées. Mais le recours à de telles armes suscite l’hostilité du gouvernement, au grand dam de Churchill, qui comptait également employer des engins toxiques contre les tribus rebelles du nord de l’Inde. ´´Je suis fermement en faveur de l’utilisation de gaz toxiques contre les tribus non civilisées´´, déclare-t-il dans un mémorandum secret. Reprochant à ses collègues leur ´´sensiblerie´´, il ajoute que ´´les objections du ministère de l’Inde face à l’emploi des gaz contre les indigènes sont déraisonnables. Le gaz est une arme plus miséricordieuse que les explosifs de forte puissance´´. En quoi serait-il injuste qu’un artilleur britannique tire un obus qui fera éternuer ledit indigène ? » (6)

Parmi les autres prouesses des empires coloniaux, la famine. Rabindranath Tagore qualifie ainsi la colonisation britannique qui fait de l’organisation de la famine une science exacte ainsi :

« 60 millions d’Indiens périrent de faim sous l’Empire britannique (...) Churchill, eugéniste et malthusien, expliquant pourquoi il défendait le stockage de biens alimentaires en Angleterre au moment où des millions de personnes mouraient de faim au Bengale (en 1943) disait à son secrétaire privé que : Les Hindous sont une race sotte, protégée par sa pullulation du destin qu’elle mérite’’. Et des Indiens, Churchill disait : Je déteste les Indiens, c’est un peuple bestial avec une religion bestiale. La famine c’est entièrement de leur faute car ils se reproduisaient comme des lapins’’. » Durant les 190 ans de pillage, le sous-continent indien a dû subir deux grandes famines qui fit périr des millions d’Indiens dans tout le pays. Bien qu’on ne connaisse toujours pas avec exactitude le chiffre total, le décompte de l’administration coloniale indique qu’il s’agit d’au moins 60 millions de morts ! Et la réalité pourrait être nettement pire. (...) Sur place, des individus réduits à des ombres squelettiques erraient dans le pays et mouraient comme des mouches. On ne saura exagérer le caractère abject et anti-humain de ces coloniaux. » (7)

Discours de Léopold II aux missionnaires se rendant en Afrique

Les meilleures illustrations du rôle de l’assimilation religieuse en vue de la réussite de la colonisation et de l’exploitation économique sont probablement les discours tenus par le ministère belge des Colonies, et surtout le discours tenu, en 1883, par Léopold II, roi des Belges, devant les missionnaires se rendant en Afrique : « Révérends Pères et mes Chers Compatriotes, vous allez certes pour l’évangélisation, mais cette évangélisation doit s’inspirer avant tout des intérêts de la Belgique.(...) Votre rôle essentiel est de faciliter leur tâche aux Administratifs et aux Industriels. C’est dire donc que vous interpréterez l’Évangile d’une façon qui serve à mieux protéger nos intérêts dans cette partie du monde. Pour ce faire, vous veillerez entre autre à désintéresser nos sauvages des richesses dont regorgent leurs sol et sous-sol, votre connaissance de l’Évangile vous permettra de trouver facilement des textes recommandant aux fidèles d’aimer la pauvreté, tel par exemple : ’Heureux les pauvres car le royaume des cieux est à eux. Il est difficile au riche d’entrer au ciel’’ ». Vous ferez tout pour que les Nègres aient peur de s’enrichir pour mériter le ciel. (...) Apprenez aux élèves à croire et non à raisonner. (...) Convertissez toujours des Noirs par tous les moyens, bastonnez par la chicotte par exemple. Chantez chaque jour qu’il est impossible au riche d’entrer au ciel. » (8)

Nous empruntons à Alain Corvez qui décrit la perpétuation d’une nouvelle forme de crimes coloniaux : « La sauvage agression du Yémen par l’Arabie saoudite se déroule depuis mars 2015 dans l’indifférence générale des pays occidentaux pourtant ardents à donner des leçons de morale au monde entier pour dénoncer les crimes des Etats auxquels ils sont hostiles, voire dont ils veulent changer les dirigeants, qui ne répondent pas à leurs critères, par la force des armes, en dehors de toute légalité internationale. (...) La Grande-Bretagne et la France, si promptes à donner des leçons de morale au monde, non seulement ne dénoncent pas ces crimes dont pâtit atrocement la malheureuse population du Yémen, mais participent au soutien en armement de la monarchie wahhabite » (9).Tout est dit.

1.http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article866
2.https://www.herodote.net/2_octobre_1935-evenement-19351002.php
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Libye_italienne
4.http://www.lexpress.fr/actualite/monde/l-italie-s-excuse-et-paie-une-dette-a-la-libye-pour-la-colonisation-subie_556898.html
5.https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_des_H%C3%A9r%C3%A9ros_et_des_Namas
6.Quand Winston Churchill approuvait les gaz de combat The Guardian 13 09 2013
7.http://www.solidariteetprogres.org/grande-famine-bengale-genocide-britannique.html
8.http://afrikhepri.org/heureux-les-pauvres-car-le-royaume-des-cieux-est-a-eux-il-est-difficile-au-riche-dentrer-au-ciel/
9.http://reseauinternational.net/les-pays-occidentaux-complices-de-crimes-contre-lhumanite-au-yemen/#PKDFWIu5W3omjz0s.99

11 Mai 2017

COMMENTAIRES  

16/05/2017 08:12 par calame juliat

Oulalà ! comparons ce qui est comparable ! Trente ans de présence en Libye ne sont pas presque un siècle et
demi en Algérie, par exemple. M. Khadafi ne s’est pas gêné ensuite pour expulser plus de deux cent mille
Italiens dans des conditions plus détestables que les pieds-noirs !
Et, pendant ce temps-là des millions d’Italiens émigraient dans d’autres contrées. Ce qui n’est pas le cas
de la France ni de l’Angleterre. L’Histoire oui mais avec des faits...
Vous oubliez les Italiens morts en URSS, dans des conditions que les Russes eux-mêmes reconnaissent
comme héroïques dans les années 1941-1942 ! Et cela est un crime contre l’Humanite puisqu’il s’est agi
d’envoyer à la mort des hommes de son propre peuple...
Alors, par pitié, laissons le passé au passé. Réparons ce qui est réparable. Pour le reste demandez aux
enfants d’immigrés ce qu’ils pensent de l’arrachement...!

16/05/2017 21:59 par D. Vanhove

Merci pour ces rappels... même (et surtout) s’ils peuvent en indisposer certains...
il est commode de vouloir reléguer "dans le passé", un passé qui ne nous honore pas... mais, ce passé explique bien svt (sinon tjr) ce qui se passe au présent... l’ignorer n’est donc pas une solution, sauf à vouloir gommer ce qui nous embarrasse...
je pense au contraire, qu’il faudrait faire un vrai travail de mémoire, sans rien omettre des crimes commis, même si cela nous obligerait à réécrire l’Histoire de manière plus objective ss doute, et qu’un tel projet serait colossal... mais, un tel effort ne mérite-t-il pas d’être produit si c’est pour l’avènement de la vérité...?
si l’on voulait systématiqmt tourner les pages dès qu’une situation antérieure nous embarrasse, ce serait dire aux Irakiens que les crimes commis sous l’administration Bush appartiennent au passé et qu’il faut les oublier et penser au futur...
eh bien, non !!... pcq vu la situation, l’Irak mettra ss doute plusieurs générations pour se relever de ses décombres... des familles entières ont été décimées... un patrimoine culturel unique a été anéanti par des ignares qui prétendent apporter la civilisation aux sauvages... et j’en passe... et c’est ce qui arrive des décennies plus tard à tous ces pays qui ont été colonisés et détruits et dont les familles restent auj’hui déchirées dans tous les sens du terme... donc, non, trois fois NON !!...
la question est légitime : à quand un (vrai) TPI pour juger les crimes contre l’humanité ?!... et pas uniqmt les crimes qui arrangent les occidentaux...?
et dans la foulée, à quand un TPI pour juger les responsables israéliens de la colonisation qui se poursuit impunément en Palestine ?!... cela n’a que trop duré, et pas la passivité de NOS gouvernements et dès lors, de nous-mêmes qui laissons faire !!

17/05/2017 20:33 par vagabond

Sauf que la TPI fait partie du système aux valeurs inversées. Quand l’ONU nomme les saoudiens pour protéger les femmes et que les Nobel de la paix sont offers aux tueurs, enfin Pour les Nobel, c’est un peu normal.
Qui se souvient du rapport Goldstone de nos jours ? La mémoire est courte chez les humains.

18/05/2017 12:28 par D. Vanhove

@vagabond : ...certes, mais le TPI comme l’ONU ont au moins l’avantage d’exister... il ne faut donc plus déployer toute l’énergie utile pour les sortir du néant, ce qui n’est pas une mince affaire, vous en conviendrez...
maintnt, si ces structures ne nous conviennent pas - et il y a mille raisons de les contester dans leurs formes actuelles - à nous d’en changer les fondements et d’en corriger les dérives, ce qui est un sacré boulot aussi...!

19/05/2017 11:52 par Palamède Singouin

Parmi les pays qui n’ont pas ratifié ou n’ont pas adhéré au statut de la CPI on trouve notamment la Chine, la Russie et les Etats-Unis (donc 3 des 5 membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU disposant du droit de veto), ainsi que l’Inde, Israël, la Corée du Nord, l’Iran, le Pakistan et plus de 60 autres pays !!!! La CPI ne peut donc ouvrir d’enquête sur des crimes commis par les ressortissants de tous ces pays sauf à être saisie par le conseil de sécurité de l’ONU. Du fait du droit de veto il est évident que Russes, Étasuniens, Chinois sont hors d’atteinte de toute poursuites. Idem pour les alliés indéfectibles des uns et des autres.

Il faut noter par ailleurs que l’Afrique du Sud et quelques autres pays d’Afrique envisagent de quitter la CPI au constat que ses enquêtes ne concernent que des africains.

Quand à envisager une réforme de la CPI (qui nécessiterait celle de l’ONU) autant espérer réformer le capitalisme.
La compétence universelle des juridictions nationales en matière de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité paraitrait plus efficace si elle ne se heurtait à la quasi impossibilité de mener une enquête approfondie dans un pays qui refuserait toute coopération avec la CPI.

20/05/2017 17:11 par D. Vanhove

@p.singouin : ...certes...
sauf qu’il s’agit-là du TPI et non de la CPI que bcp confondent et pensent identiques, alors que ce sont bien des juridictions différentes, au point que si en effet, nombre d’Etats n’ont pas ratifiés leur appartenance à la CPI, les TPI émanent directement de l’ONU et du Conseil de Sécurité et a beaucoup plus de poids que la CPI qui serait plutôt une émanation de la société civile, à travers ses ONG diverses...

je vous renvoie à l’article intéressant (un peu long quand on n’est pas spécialement porté sur le Droit) sur le sujet du professeur Serge Sur, et qui en explique très bien les nuances... http://www.ridi.org/adi/200110sur.htm
mais dans tous les cas, il faudrait déjà retenir de ne plus mêler les deux...

22/05/2017 13:39 par Palamède Singouin

@ D. Vanhove.

1° - Il n’existe pas 1 TPI, mais des TPI de circonstances (Yougoslavie, Ruanda...) créés par....... le Conseil de Sécurité de l’ONU !!!!!!

2° - Croyez vous sérieusement qu’un TPI pour la Palestine pourrait voir le jour tant que les USA et la France disposeront d’un droit de veto au CS de l’ONU ?

3° Dans la conclusion de l’article que vous citez on peut lire clairement que la compétence universelle des juridictions nationales serait le moyen le plus efficace de développer un véritable droit pénal international. C’est exactement ce que j’ai exposé dans mon précédent post ! Sans trop me faire d’illusions sur les possibilités pratiques de mise en œuvre de ce type de procédure. Voir le précédent Espagne contre Pinochet.

23/05/2017 15:39 par D. Vanhove

@p.singouin : ... euh,... si vous relisez mon 1er §, vous constaterez que j’indique bien que les TPI émanent du CS de l’ONU... donc, on est d’accord sur ce point et je ne vois pas l’utilité de le marteler avec quantité de !!!!!!!...
on échange, là... on ne s’invective pas que je sache...

je tenais simplement à vous faire remarquer que vous avez parlé tout le long de votre commentaire de la CPI alors que l’article parle bien de TPI... reconnaissez l’erreur, c’est plus simple et cela arrive à tt l monde... puis, dorénavant, p-ê ne confondrez-vous plus les deux...

par ailleurs, je ne suis pas devin et ne px donc vous dire si un jour il y aura un TPI pour la Palestine... en revanche, je peux vous certifier que dans l’Histoire, quand les plus forts sont au pouvoir écrasent tout sur leur passage et semblent invincibles, l’avenir semble tjr bouché pour les opprimés... mais cette même Histoire nous indique que dans la majorité des cas, elle bascule tôt ou tard, les opprimés retrouvent leur indépendance et la porte s’ouvre alors pour un règlement des comptes...
pensez-vous qu’en plein milieu de la dernière guerre mondiale et ses 60 millions de victimes nos parents et/ou grands-parents, les citoyens ordinaires qui subissaient les affres du nazisme et du fascisme pensaient qu’il y a avait un espoir d’en sortir...?! combien ne se sont pas suicidés pensant que tout cela ne s’arrangerait JAMAIS...
et d’autre part, du temps de l’URSS qui avait donc prévu la chute du Mur de Berlin... ?! et ainsi de multiples autres exemples...

essayons de dépasser nos petites visions à court terme, au risque de n’avoir aucune endurance ni perspective dès lors qu’il faudrait un jour entrer en vraie résistance contre une situation autrement plus grave que celle que nous connaissons auj’hui en UE et dont pourtant nous n’arrêtons pas de nous plaindre comme si c’était l’horreur absolue, voire la fin des temps...!

en conclusion, et encore une fois sans être devin, je peux vous dire que la situation en Palestine ne restera pas celle que nous connaissons (et que nous devons continuer à combattre pour qu’advienne la justice, évidmt)... de même pour cette suprématie actuelle de l’entité sioniste... tout cela n’est pas tenable à long terme et les choses vont basculer un jour... la seule question est de savoir quand, et c’est-là que personne n’a de réponse... mais cela arrivera, soyez-en persuadée !

23/05/2017 20:55 par Palamède Singouin

@ D.Vanhove.
Ne nous énervons pas ! J’avoue que j’ai pensé, à la lecture de votre post, que vous confondiez la CPI avec les TPI. Pourquoi ? Simplement parce que les TPI ont été créés avant que la CPI ne soit opérationnelle et que donc c’est désormais cette dernière qui est la seule source d’un prétendu droit pénal international. Il me paraît donc totalement illusoire que soit créé dans l’état actuel des rapports de force internationaux un TPI pour la Palestine.
Pour ce qui est de votre espoir de voir le cours des choses s’inverser pour les Palestiniens, je serais moins optimiste que vous. On assiste - à une beaucoup plus petite échelle - à un remake de la colonisation du continent américain par les européens.

24/05/2017 10:53 par D. Vanhove

@p.singouin : à la lecture de nos échanges de commentaires, il ne me semble pas être celui qui s’énerve... ni celui qui a confondu la CPI avec les TPI... n’inversons pas les rôles, svp, mais soit...

quand vous prenez l’exemple d’un "remake de la colonisation du continent américain par les Européens", il y a une différence majeure qui illustre s’il le fallait encore, que comparaison n’est pas raison : ce sont les moyens d’informations actuels et inexistants à l’époque dont vous parlez... et croyez bien que cela fait une sacrée différence... et je serais ss doute aussi pessimiste que vous semblez l’être pour les Palestiniens, si l’on était dans la même configuration, mais ce n’est vrmt pas le cas... pour preuve, les tentatives désespérées de tous ces gouvernements et lobbies qui essaient de modifier ou de falsifier les infos pour servir leurs intérêts, tant ils savent qu’auj’hui, tout (ou presque) finit pas se savoir...

cela dit, quand vous écrivez : "Il me paraît donc totalement illusoire que soit créé dans l’état actuel des rapports de force internationaux un TPI pour la Palestine. Pour ce qui est de votre espoir de voir le cours des choses s’inverser pour les Palestiniens, je serais moins optimiste que vous. On assiste - à une beaucoup plus petite échelle - à un remake de la colonisation du continent américain par les européens"... c’est exactement ce que j’aborde dans mon commentaire précédent quand j’explique que les opprimés qui subissent les affres de leurs oppresseurs et ont donc "le nez dedans" sont svt désespérés de voir le cours des choses s’inverser et pensent que leur avenir est définitivmt bouché... raison pour laquelle je préconise qq recul face à l’Histoire qui nous montre que dans la majorité des cas, des évènements surgissent et renversent le cours des choses...
les professionnels de l’Histoire qui prennent ce recul nécessaire, démontrent que les empires connaissent environ 250 ans de suprématie (parfois moins) avt de décroître et tomber... mais que dans tous les cas, cela semble irrémédiable...
prenez qqs exemples et vous verrez qu’en effet, cela se vérifie prsq toujours...

donc, "en l’état actuel" comme vous dites, il y a en effet peu d’espoir pour les Palestiniens...
mais pour les côtoyer régulièrmt, je px vous dire que ce n’est pas avec ce type d’approche qu’ils trouveraient la force de résister à l’entité sioniste tellement plus puissante et plus armée... ils sont donc convaincus - et je les rejoins - que tôt ou tard, le cours des choses s’inversera en leur faveur et que la justice pourra alors faire son travail...

dans tous les cas, je ne vous souhaite pas de connaître un tel sort, pcq vous seriez semble-t-il du côté de ceux qui pensent qu’il n’y a plus rien à faire et qui baisseraient les bras pcq tout serait perdu...
difficile de résister, avec de telles convictions...

24/05/2017 19:50 par Palamède Singouin

Laissons de côté le débat purement juridique sur La CPI et les TPI ......Mais vous dites :

ce sont les moyens d’informations actuels et inexistants à l’époque dont vous parlez... et croyez bien que cela fait une sacrée différence...

Mais les moyens d’information actuels sont, dans leur quasi totalité, aux mains de qui ?

Je crains que l’attitude qui consiste à dire aux palestiniens que demain tout sera plus beau ne soit la traduction moderne du fameux "les 1° seront les derniers" (dans un autre monde) des chrétiens.
Il est toutefois exact que dire cela revient à encourager le fatalisme. Mais dans la vrai vie, que reste-t-il des Cheyennnes, Apaches, Aztèques, Toltèques ????

25/05/2017 22:22 par D. Vanhove

@p.singouin : je vous propose d’en rester là...
on sait bien aux mains de qui sont les médias, ce n’est pas la qstion de notre échange...
par ailleurs, j’espère pour vous que vous ne résumez pas l’Histoire aux faits qui se sont déroulés en Amérique, ce serait me semble-t-il conscient ou non une forme d’aliénation qui de surcroît ferait trop d’honneur aux yankees... et il y a tant d’autres exemples où les peuples opprimés sont parvenus à chasser leurs oppresseurs...
enfin, je ne me retrouve évidmt pas dans l’idée de "lendemains meilleurs" après les souffrances endurées qui serait l’écho d’un passé catho... très peu pour moi... encore une fois, ce dont je vous parle à propos des Palestiniens est l’objet d’un engagement personnel sur le terrain, à leurs côtés, et dans un lien qui reste permanent... je ne me fais que "passeur" de leurs témoignages et de leur détermination... et ne cesse de répéter tout au long de mes interventions dès qu’il s’agit d’eux, qu’ils sont les seuls à pouvoir dire ce qu’il convient de faire et à pouvoir choisir leurs formes de résistance, y compris armée, cela ne me pose aucun pb vu le silence et l’isolement - pour ne pas dire l’abandon - dans lesquels nos "démocraties" exemplaires les laissent se débrouiller contre l’occupant sioniste...

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