Le projet Genesis de la CIA pour une nouvelle guerre des Etats-Unis contre Cuba (Cuba Debate)

Nous avons évoqué à plusieurs reprises dans le livre Ennemi et Guerre, dans des dizaines d’articles, dans divers médias, principalement numériques, le projet Genesis de la CIA qui vise à provoquer ou pour le moins aider à vaincre la Révolution cubaine. Il a fait l’objet de débats, de conférences, de discussions dans les universités de Cuba et d’ailleurs. Nous pourrions dire que ce thème est récurrent.

Le danger de ce projet mérite d’y revenir autant de fois que nécessaire, de l’étudier, de s’en pénétrer et de le dénoncer. C’est devenu une tâche vitale et indispensable, parce que, malgré l’efficacité de sa dénonciation en 2011, et en imitant l’ennemi, en apprenant de la défaite, les concepteurs recherchent des variantes plus efficaces pour continuer à développer le projet. Aujourd’hui, ses tentacules apparaissent à plusieurs endroits et de différentes manières.

Revenons à Genesis puisque nous sommes en février 2016, et il y a quelques semaines, nous avons célébré l’anniversaire du triomphe de la Révolution. 2016 sera une année clé dans l’histoire de la nation, je ne pense pas qu’il y ait de doutes à ce sujet, car c’est l’année du VII Congrès du Parti communiste de Cuba, de notre Parti.

Le général d’armée Raul Castro, notre président, membre de la direction historique de la révolution, ne se représentera pas à la direction supérieure du pays, lors des prochaines élections générales. Sa tâche prend fin et il laisse la place à d’autres compagnons, à quelqu’un qui n’est peut-être ni au gouvernement, ni au Parti, mais quelqu’un qui, par ses mérites propres, son sacrifice et son dévouement à la Patrie, aura gagné la confiance de son peuple pour assumer le poste suprême.

Nous, les cubains savons comment ça se passera. Nous ne vivons pas dans un pays de démocratie "représentative" bourgeoise, nous ne vivons pas dans un État bourgeois, de jeux politiques et d’ententes électorales, notre État socialiste est né d’une révolution profonde, le peuple a pris le pouvoir, et celui qui aurait des doutes à ce sujet, qu’il lise "l’histoire m’acquittera" où Fidel définit le concept de peuple pour nous, les communistes cubains.

Nos meilleurs représentants sont les héros de la révolution. Ils ont été élus par le peuple dans un système démocratique qui a aboli les partis politiques électoraux et qui a trouvé sa propre formule et un modèle participatif et démocratique bien plus juste que le modèle bourgeois. Ils sont là par leur prestige, leur force morale, par la confiance acquise durant des années de dévouement et parce que le peuple a décidé souverainement qu’ils le soient. Les prochains qui seront choisis dans les nouvelles générations révolutionnaires, comme on dit en bon cubain, auront la barre placée très haut.

Commencera alors une nouvelle étape de la révolution dans des conditions internationales complexes : la droite gagne du terrain en Amérique latine et menace de reprendre le pouvoir dans des pays vitaux pour les relations continentales. La stratégie des coups d’état "doux" vise à affaiblir l’intégration régionale et à isoler Cuba et le Venezuela.

2016 est l’année choisie par la CIA pour durcir le Projet Genesis. Un mois avant le Congrès du PCC devrait apparaître en pleine lumière, une organisation non gouvernementale, composée d’étudiants, d’universitaires, d’intellectuels et d’artistes liés à des universités et des centres culturels les plus importants de la capitale. Genesis devrait être présenté comme projet alternatif, allant de l’avant, pour créer de la confusion, diviser, briser l’unité de la Nation, ce sont ses objectifs immédiats.

Discours de gauche, nouveaux visages, glamour, joie, construction d’image ! Immédiatement la "Fondation Genesis pour la Liberté", un nom que prendrait l’organisation née du projet Genesis, devrait recevoir un large soutien des médias. Les grands médias du monde se chargeraient de la présenter comme une alternative démocratique, jeune, viable, moderne, actrice du changement à Cuba.

Après avoir atteint l’espace virtuel des médias, il tenterait de gagner l’espace public, les places, les universités, les institutions, peu à peu une grande mobilisation serait générée, la stratégie du coup d’état doux frapperait par étape avec l’intention d’occuper les espaces publics et gagner la sympathie du peuple à travers un discours crédible et une propagande bien conçue, simple et efficace.

Un discours de gauche, apparemment socialiste qui proclame protéger les intérêts de la majorité et suivre les principes de la révolution, qui répète sans relâche, ne pas vouloir détruire le travail, mais "moderniser", que le discours des "vieux" est obsolète, que nous devons le renouveler, faire la révolution pour le monde d’aujourd’hui : ce serait les phrases clés dans ce "nouveau discours".

Des messages simples, sans fond apparent, sans complication "théologique", beaucoup de symboles préfabriqués, facilement identifiables, dont certains ont déjà été testés sur le terrain, tels que les célèbres bracelets "changement" de couleur blanche, etc...

Ils attendraient une réaction vive des autorités, et selon leur plan, le projet serait gagnant-gagnant. Sans la direction historique au pouvoir, le nouveau gouvernement s’effondrerait après une offensive très agressive de la rue, une guerre médiatique intense, un série d’actions dans le domaine économique produisant du mécontentement chez les gens et surtout, une grande démobilisation populaire fruit d’une guerre culturelle intense, et, selon eux, en raison des erreurs que pourraient commettre les nouveaux dirigeants, moins qualifiés et de force morale moindre pour faire face à ce type guerre.

Ils ont calculé que le discours de gauche serait plus efficace dans les conditions actuelles, compte tenu de la tradition révolutionnaire et la force de ces idées dans l’imaginaire collectif cubain. Avec ce choix, sous la bannière d’une gauche supposée, on chercherait à éliminer le socialisme à Cuba.

L’objectif principal serait de provoquer l’anarchie, générant des confrontations et créant ainsi les conditions d’une occupation militaire du pays, en la déguisant du costume de l’aide humanitaire, de la collaboration inter-américaine, et sous les auspices de "bons voisins toujours prêts" à aider un peuple dans le chaos.

Il existe des alternatives à Genesis. La dénonciation de 2011 grâce à la série des "Raisons de Cuba", a porté un coup dur à ces plans, mais des projets similaires, initiés par l’ennemi historique de la nation cubaine, sont apparus partout, persuadé qu’ils sont le moyen le plus efficace et convaincu du succès potentiel de tels projets. Dans le cadre des tentatives pour maintenir des relations diplomatiques justes et égales entre les deux pays, sans doute vont-ils profiter des avantages de ce nouveau scénario, pour gagner du terrain. Les nouvelles conditions internationales et nationales leur ont permis des variations tactiques, mises au point par Genesis, mais la stratégie reste la même.

L’utilisation des nouvelles plateformes médias, le développement de sites internet, des portails, des magazines, apparemment inoffensifs, au profil bas, beaucoup d’entre eux solidement enfermés dans des stéréotypes éprouvés de guerre culturelle, des journalistes soudoyés en utilisant des stratégies d’attirance de personnes de prestige dans le monde de la presse cubaine, des techniques de marketing éprouvées qui permettent une diffusion rapide des matériels fabriqués par eux, des offres de salaires bien supérieures à nos moyens actuels, camouflage des véritables intentions de ces médias à travers une position critique de la liberté d’expression, sont quelques-unes des nouvelles tactiques appliquées, variantes de tactiques déjà connues comme payer des mercenaires de la plume et de la parole, mais désormais en les payant bien plus et en cachant mieux les intentions pour endormir l’éthique de certains et leur donner les moyens d’autojustifier leur suicide éthique.

Il y a toujours l’antidote idéale pour affronter individuellement sa conscience, c’est de poser la vieille question : D’où vient l’argent ?

Soyons attentifs et vigilants, ne soyons pas trop naïfs et confiants face à un ennemi qui a juré de nous mettre à genoux. Cuba dispose des forces nécessaires pour vaincre, de nouveaux responsables révolutionnaires assumeront la direction du pays, fils du peuple, nés de ses entrailles et éduqués à l’école de Fidel et Raul, avec une large expérience sur plusieurs fronts. La sagesse du peuple saura choisir les meilleurs et les plus capables pour nous représenter, comme il l’a toujours fait. Nous allons renforcer notre démocratie, la rendre encore plus participative, plus pratique et plus conséquente, nous l’élèverons au niveau rêvé, nous ferons de nos institutions un bastion de vertu, de dignité, d’honneur et d’efficacité, et le socialisme cubain, prospère et durable, sera un bouclier invulnérable.

traduction Michel Taupin

LGS : un entretien avec Raoul Capote ici.

 http://www.cubadebate.cu/opinion/2016/02/11/cuba-el-proyecto-genesis-de-la-cia-y-la-nueva-prensa/#.VsMEPdBxL3M
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COMMENTAIRES  

18/02/2016 23:42 par collette jean bernard

A l’évidence, de nouveaux moyens vont être mis en place après le rapprochement diplomatique entre les deux pays. Obama le premier, après avoir constaté l’échec de 50 ans de blocus, n’a pas caché sa volonté de mettre au pas Cuba sous d’autres formes. Beaucoup doutent peut-être de la capacité du peuple cubain à échapper à l’emprise US. C’est sans compter sur un peuple qui "en a vu d’autres". C’est sans compter sur son intelligence et sur sa capacité d’analyse. Reste à gagner un combat d’importance auquel l’Etat ne cesse d’appeler et qui est une réalité quotidienne : la corruption à tous les niveaux de la nation. Il y a là une véritable menace intra muros.

19/02/2016 13:51 par Sierra

MERCI a Michel Taupin pour la traduction.

19/02/2016 14:44 par ozerfil

Sous couvert d’ouverture, c’est un piège qui est tendu au pouvoir cubain : une fois que les USA auront remis les pieds à Cuba, les ennuis vont commencer pour le régime avec ONG séditieuses, sorties de nulle part, financées par des fonds secrets américains, et autre "Révolution de Couleur" orchestrée de l’extérieur...

Avant d’être renversés ou d’être sur le point de l’être, M. Khadafi et B. El Assad croyaient, eux aussi, avoir acquis de la respectabilité en Occident...

19/02/2016 15:47 par Sierra

@ozefil

"Sous couvert d’ouverture, c’est un piège qui est tendu au pouvoir cubain : une fois que les USA auront remis les pieds à Cuba, les ennuis vont commencer pour le régime avec ONG séditieuses, sorties de nulle part, financées par des fonds secrets américains, et autre "Révolution de Couleur" orchestrée de l’extérieur..."

Non, c’est comme ça depuis 1959 et les cubains sont parfaitement rodé à ce genre d’action. Faut vraiment pas les prendre pour des nouveaux nés à ce niveau la.

19/02/2016 17:33 par Beyer

@ ozerfil,
Parce que vous pensez que les dirigeants cubains n’ont pas envisagé ce que vous redoutez ? Bien sûr que la démarche d’Obama n’est pas sans arrière-pensée. Mais ce qui est important, c’est qu’une faille intervient dans la politique de blocus. Vous croyez aussi que le peuple cubain n’est pas conscient de ce danger. Pour autant fallait-il ne pas utiliser l’ouverture d’Obama, ouverture qui porte aussi la contradiction parmi les pays occidentaux ?
D’autre part, comparer la situation de Cuba à celle de la Libbye et Syrie est osé. Cuba, contre vents et marées , a construit sa Révolution depuis près de 60 ans contre l’Impérialisme dans des conditions extrêmement difficiles. Je fais confiance au peuple cubain, avec le soutien de ses amis, pour éviter l’écueil.

19/02/2016 21:56 par ozerfil

Je ne doute pas une seule seconde que le gouvernement cubain ait envisagé tous les pièges qui vont lui être tendus, mais je crois que, comme vous, il mesure mal la formidable capacité de nuisance des USA...

Si mes exemples de la Libye et de la Syrie vous choquent, voyez à quelles immenses difficultés se heurte la grande, déterminée et puissante Russie face aux USA et à l’Occident réunis en un bloc pour la dénigrer et l’affaiblir...

Voyez aussi le revirement au Venezuela, malgré tous les efforts du chavisme pour le peuple, cible de tous les efforts, parti de si bas et qui a pourtant fini par voter pour y retourner...

Imaginez, sans illusion, la petite Cuba, toute proche du territoire américain, et son pauvre peuple démuni et affaibli par des décennies de blocus à qui ils vont faire miroiter toutes leurs valeurs frelatées et sur lesquels ils vont faire peser tout le poids de leur puissance...

20/02/2016 05:45 par Beyer

@ozerfil
La "petite Cuba" se bat depuis près de 60 ans contre le géant américain. Encore une fois : fallait-il refuser le geste d’Obama après 55 ans de blocus ?

21/02/2016 19:11 par ozerfil

Puissiez-vous avoir raison Beyer, puisse la jeunesse cubaine avoir la lucidité de ne pas céder aux sirènes de la société de consommation et puisse-t-elle aussi conserver l’esprit révolutionnaire et de résistance de ses aïeux !!

Mais ils vont devoir être moralement très forts les cubains ! Sinon, ils iront, eux aussi, de Caribe en Scylla...

Il va falloir qu’ils soient plus forts que personne ne l’a été de la Russie au Venezuela en passant par la Chine, le Viet-Nam, etc... et les pays de l’Est, tous tombés à bras ouverts et sans la moindre retenue dans la vision consumériste et l’ambition purement individualiste occidentales... Avec les cruelles désillusions qui s’en suivent pour l’immense majorité des citoyens, prix du Nirvana de quelques uns... qui font (malgré l’infime probabilité de les rejoindre...) rêver tous les autres !!

Le rêve américain à l’échelle de la planète, quoi !

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