RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
13 

Le paradoxe de Charlie Hebdo

Il y a un certain paradoxe (et même une ironie amère), à ce que Charlie Hebdo, successeur de Hara Kiri Hebdo, grossier, scatologique, gaulois, irrévérencieux, athée, bouffeur de curés (de papes, surtout), pourfendeur de toute autorité, au mauvais goût assumé, soit aujourd’hui salué par les autorités civiles (deuil national, déblocage d’un million d’euros par le gouvernement, drapeaux en berne), béni le pape, l’archevêque de Paris, les cloches de Notre-Dame, et même (abomination de la désolation !) par Marine Le Pen et Florian Philippot (qui s’indignent de ne pas avoir été conviés à la manifestation d’hommage à Charlie)... Charlie Hebdo pleuré par le Front National : n’est-ce pas plus inouï que le débarquement sur la lune ? Que doit en penser Cavanna ? Le professeur Choron ne s’en retourne-t-il pas dans sa tombe ?

Il est possible que, d’ici quelque temps, l’émotion passée, Charlie en revienne à ses anciennes cibles et, de nouveau, "fasse des cartons" sur le pape François, sur François Hollande, ou sur un certain nombre de ses "têtes de Turcs" (si j’ose dire...). Mais un tel traumatisme – rappelons tout de même que les morts sont Cabu, Honoré, Charb, Wolinski, Tignous, Oncle Bernard, c’est-à-dire rien moins que les "têtes" du journal, qui s’en trouve étymologiquement "décapité" - pourra-t-il jamais être surmonté ? Si Valeurs actuelles ou si Minute avaient été attaqués par ces islamistes, ou si Charlie avait été pris pour cible par des intégristes catholiques, on aurait été dans l’ordre des choses : tous auraient été confortés par leurs choix. Mais là ?

Sauront-ils se préserver, se raidir contre la reconnaissance, assumer leur devoir d’ingratitude ? En les visant, les terroristes n’ont-ils pas porté à Charlie un autre coup terrible : pousser le journal du côté des notables, des forts, des puissants, du côté du manche ? Cette déviation n’était-elle pas envisageable dès lors qu’en 1999 le journal avait pris partie pour l’intervention contre la Serbie ?

Au moins, par ce crime atroce, la rédaction aura échappé à cette déchéance : Cabu à l’Académie française et Charb avec la légion d’honneur. Leurs successeurs résisteront-ils à la dérive ?

URL de cet article 27750
   
Vive le Che !
Jean ORTIZ
Comment expliquer en 2017 le prestige têtu de Che Guevarra, la fascination qu’il exerce encore et toujours ? Le nouvel ouvrage de Jean Ortiz propose une analyse et un point de vue fournis et argumentés, à contre-courant des poncifs et des contre-vérités qui ne manqueront pas de ressurgir en ce cinquantième anniversaire de son assassinat. Il est évident que se joue sur cette figure du combat anticapitaliste comme dans son legs au mouvement pour l’émancipation humaine, une bataille toujours (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Partout où le hasard semble jouer à la surface, il est toujours sous l’empire de lois internes cachées, et il ne s’agit que de les découvrir.

Friedrich Engels

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.