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Le Nobel de la Paix 2025 : un coup d’État symbolique contre le Venezuela

Ironie du destin : le Nobel de la Paix échappe à Donald Trump pour couronner María Corina Machado, figure d’une opposition façonnée par Washington. Une récompense qui en dit plus sur la diplomatie du spectacle que sur la paix. Le Venezuela devient la scène d’une farce géopolitique où les héros sont choisis à l’avance.

Un Nobel détourné : Trump éclipsé par son propre jeu

Le Prix Nobel de la Paix, ce trophée moral que Donald Trump convoitait avec l’ardeur d’un empereur en quête d’adoubement, a glissé entre ses mains pour échouer dans celles de María Corina Machado, figure de proue de l’opposition vénézuélienne. Une ironie cruelle, digne d’une tragédie shakespearienne, se dessine dans cette attribution. Trump, l’homme des primes de 50 millions de dollars sur la tête de Nicolás Maduro et des bateaux de pêche réduits en cendres sous le prétexte fallacieux d’une croisade antidrogue, se voit éclipsé par une femme que beaucoup décrivent comme l’instrument de ses propres ambitions impérialistes. Le Nobel, censé incarner la paix, se mue ici en étendard d’un théâtre macabre où s’entrelacent ingérence, désinformation et désespoir. Mais derrière ce revers infligé à Trump se tapit une vérité plus sinistre, un enchevêtrement d’intérêts où les masques de la vertu cachent des appétits voraces. En couronnant Machado, le Nobel ne fait qu’éclairer un jeu d’ombres orchestré par Washington, une danse funeste où la lutte pour la liberté se transforme en un nouvel acte de domination néocoloniale.

María Corina Machado : un pion dans l’échiquier étasunien

Ce qui se joue au Venezuela n’est pas un simple duel entre une héroïne autoproclamée et un régime autoritaire, mais une machination sophistiquée où Machado, loin d’être une libératrice, incarne le fer de lance d’une stratégie étasunienne visant à plier un pays souverain. Soutenue par des financements douteux de la National Endowment for Democracy (NED) et de l’USAID, deux agences notoirement impliquées dans des opérations de changement de régime, Machado n’est pas une voix indépendante, mais une actrice d’un scénario écrit à Washington. Dès 2004, son ONG Sumate, abreuvée de fonds étasuniens, orchestrait un référendum révocatoire contre Hugo Chavez, prémices d’une campagne de déstabilisation qui se poursuit aujourd’hui. En 2023-2024, l’USAID a injecté 50 millions de dollars dans des organisations liées à l’opposition vénézuélienne, dont celles connectées à Machado, pour « augmenter les coûts de la fraude électorale ». Le site "resultadosconvzla.com", géré par Sumate, a diffusé des procès-verbaux falsifiés pour contester la victoire de Maduro en juillet 2024, une opération de désinformation savamment orchestrée. Ses 270 000 militants, organisés en « comanditos », ont semé le chaos post-électoral, suivant à la lettre les manuels de la NED pour les révolutions colorées.

Alliances et trahisons : le Venezuela sacrifié

Les alliances de Machado avec les cercles du pouvoir étasunien achèvent de lever le voile sur son rôle. Reçue par George W. Bush en 2005, puis par Barack Obama en 2015, elle a scellé son statut de partenaire privilégiée de Washington. Sous Trump, elle a soutenu Juan Guaido, cet éphémère « président intérimaire » autoproclamé, tout en plaidant pour des sanctions économiques qui ont saigné le Venezuela, une perte estimée à 228 milliards de dollars pour l’économie nationale, selon la Banque centrale du Venezuela. Son programme « Tierra de Gracia », qui prône la privatisation de PDVSA, la compagnie pétrolière d’État, trahit son alignement sur les intérêts des multinationales étasuniennes, prêtes à s’emparer des richesses vénézuéliennes. Ses appels répétés à une intervention militaire étrangère, via la doctrine R2P ou le TIAR, et son soutien implicite à des opérations mercenaires comme l’Opération Gédéon en 2020, confirment qu’elle est moins une héroïne de la démocratie qu’un cheval de Troie au service d’un agenda impérial.

Le Nobel, arme à double tranchant

Le Nobel, dans ce contexte, devient une arme à double tranchant, un « cadeau empoisonné » qui légitime Machado tout en exposant la duplicité de l’Occident. Imaginez la scène : Trump, dans son bureau doré, apprend que le prix lui échappe au profit de celle qu’il pourrait manipuler pour renverser Maduro. Une grimace ironique se dessine. Lui, l’homme des coups d’éclat, se retrouve relégué au second plan par une femme qui, paradoxalement, exécute ses propres desseins géopolitiques. Mais la tragédie s’épaissit. Machado, drapée dans son aura de « championne de la démocratie », n’est qu’un pion dans un échiquier plus vaste. Ses procès-verbaux truqués, ses campagnes médiatiques relayées par la BBC, l’AFP ou El Païs, ses alliances avec des figures pro-américaines comme Ivan Duque ou Jair Bolsonaro, et ses liens avec des exilés comme Leopoldo Lopez, basé à Washington, trahissent un peuple vénézuélien déjà exsangue, asphyxié par les sanctions qu’elle a elle-même applaudies.

Une farce morale dans un monde en déroute

L’ironie atteint son paroxysme dans la décrépitude du Nobel lui-même. Jadis symbole d’espoir, il n’est plus qu’un hochet moraliste, manipulé par des forces occultes, ce deep state que Trump dénonce sans voir qu’il en est lui-même un rouage. Le Venezuela, champ de bataille de ces ambitions croisées, se réduit à un théâtre de marionnettes où chaque acteur joue un rôle écrit par d’autres. Trump pourra toujours rêver d’un Nobel pour le 250e anniversaire des États-Unis, mais ce rêve sera une farce : l’ONU est moribonde, le Nobel est souillé, et Machado, en recevant ce prix, n’incarne pas la paix, mais la tragédie d’un peuple trahi par ceux qui prétendent le sauver.

Un miroir tendu à l’hypocrisie occidentale

Ce tableau, d’une cruauté presque poétique, révèle une vérité amère : la paix n’est qu’un mot, brandi pour masquer des appétits de pouvoir. Machado, Trump, le Nobel, tous sont liés par une danse macabre où l’espoir vénézuélien s’éteint sous les applaudissements d’un monde qui préfère le spectacle à la justice. Dans ce cirque géopolitique, le Venezuela n’est pas seulement une victime ; il est un miroir tendu à l’hypocrisie de l’Occident, où les médailles d’honneur récompensent les artisans du chaos.

Et si, dans un ultime éclat de rire amer, le Nobel de Machado révélait la vérité la plus cruelle : au Venezuela, le peuple, héros véritable, applaudit sous la contrainte un spectacle où ses bourreaux sont couronnés. Dans ce cirque géopolitique, les victimes dansent, et les médailles d’honneur brillent sur les costumes des imposteurs.

Mounir KILANI

Sources :

Lemoine, Maurice : Les influenceurs politico-médiatiques du Grand Venezuela Circus. https://www.medelu.org/Les-influenceurs-politico-mediatiques-du-Grand-Venezuela-Circus

Douhan, Alena : Rapport de la Rapporteure spéciale sur l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur les droits humains. ohchr.org/sites/Venezuela_Report_2021.pdf.

Banque centrale du Venezuela : Rapport économique : Impact des sanctions sur l’économie vénézuélienne », 2023.

Weisbrot, Mark, et Sachs, Jeffrey : Economic Sanctions as Collective Punishment : The Case of Venezuela. https://cepr.net/publications/economic-sanctions-as-collective-punishment-the-case-of-venezuela/

Golinger, Eva : The Chavez Code : Cracking US Intervention in Venezuela, Olive Branch Press, 2006.

COMMENTAIRES  

10/10/2025 20:10 par Zéro...

L’attribution du Prix Nobel de la Paix est devenue une comédie qui couronne uniquement les défenseurs des intérêts occidentaux.

Ce Prix est devenu un outil d’ingérence.

Il ne vaut plus rien.

10/10/2025 20:35 par sylvain

Quel bullshit ! Bon après obama on avait plus grand chose a espérer de cette distinction, qui est devenue une distribution des bons points de l’empire . Le temps est loin ou le nobel pouvait etre quelqu’un comme rigoberta menchu.

11/10/2025 00:37 par Vania

Révoltant !!Cette femme est non seulement un pion des eeuu /ue/otan mais également du régime de Nethaniaou. Elle a signé aussi un accord avec le parti Likoud. Veut faire du Venezuela, un protectorat des eeuu, déteste ses concitoyens, elle était ravie de les voir enfermés dans les prisons du Salvador. De plus , elle est une menteuse professionnelle pathologique, violente , haineuse , une Vraie psychopathe dangereuse. Ce prix est une honte et montre la décadence morale irréversible de l’occident dégénéré. Le prix de la haine et la violence = prix nobel de la Paix ??ou de l’épée ??. Autres candidats ; Nethaniaou, Jack l’éventreur, Calligula, A. Hitler, Dracula...

11/10/2025 01:30 par legrandsoir

Une vidéo de Romain Migus : https://www.youtube.com/watch?v=iEOCeFfNsBU

11/10/2025 03:04 par Smaïl HadjAli

Mieux que Trump, le Nobel de la paix donné à une fasciste amie du bourreau de Tel Aviv, légitime et donne le feu vert symbolique de l’agression imperialiste criminelle contre le Venezuela et la révolution bolivarienne.

11/10/2025 04:10 par Safiya

Après la Yemenite Tawakkol Karman, "nobélisée" lors du sinistre "printemps arabe" qui avait "crapahuté" de Tunis en Libye et de Syrie au Yemen en passant par l’Egypte, voici Maria Corina Machado (Machado ? certainement pas celui mort à Collioures, seguro que no !) qui entre en scène dans ce qui semble être les amorces d’un nouveau "printemps latino-américain" avec, cerise sur le gâteau, des Marines et sous-marin nucléaire étatsuniens à l’appui.
Nous prennent-ils pour des idiots ou le sont-ils ? Ne pas changer une équipe qui gagne, ça je comprends mais refaire le même scénario sans tenir compte du fiasco de la première mis-en-scène là ya comme un hiatus.

Ce qui me rassure est que le peuple venezuelien n’est pas tombé de la dernière pluie, il donnera beaucoup de fil à retordre à ceux qui pensent pouvoir le tondre et rafler ses richesses. À propos, il y a une excellente émission avec Nicolas Maduro et plein d’autres tous les samedi à 22 heures, heure française, sur :
english.almayadeen.net
et
espanol.almayadeen.net

11/10/2025 16:00 par Safiya

Addendum,
J’ai oublié de citer l’émission de Eleida Guevarra, tous les jeudi à 20 heures (heure française), sur les chaines dont je donne les liens plus haut. Eleida est une femme superbe de finesse, de tendresse, un grand esprit et une culture du Monde irréprochable et je l’aime aussi parce que tiene la cara de su papá.

11/10/2025 16:58 par Annwn

Remarquons qu’un grand nombre de « nobelisés » sont des mondialistes, c’est-à-dire des agents de l’Oligarchie, entre autres : Mikhail Gorbatchev, dernier dirigeant de l’URSS (prix Nobel de la paix 1990) ; Barack Obama, 44ᵉ président des États-Unis (prix Nobel de la paix 2009) ; Sean Mac Bride, fondateur de « Amnesty International » et qui participa à la création de l’OCDE (prix Nobel de la paix 1974) ; Al Gore, vice-président des États-Unis sous l’ère « Clinton », qui a évoqué l’environnement en tant que question politique, et qui est donc surtout connu pour sa « lutte », avec l’aide du GIEC, contre les effets du (pseudo) « réchauffement climatique » (prix Nobel de la paix avec le GIEC en 2007) ; Woodrow Wilson, Président des USA élu en 1912, réélu en 1916, qui fut l’homme de main des promoteurs de la Federal Reserve ou « FED » (prix Nobel de la Paix 1919) ; etc.

11/10/2025 19:11 par Smaïl HadjAli

J’ajouterai à cette liste de canailles politiques et de va-t-en en guerre et pousse-au-crime Nobélisés de la paix des cimetières, le fasciste Menahem Begin, en 1978, en même temps que le traître Anouar Sadate. Pour l’histoire, il fut le commanditaire du massacre des villageois de Deir Yassine, en avril 1948, le Guernica palestinien. De lui, Einstein et Arendt diront en décembre 1948, qu’il était un doctrinaire de l’État fasciste. Son héritier idéologique, Netanyahou, le chef du gouvernement nazisioniste génocidaire.

11/10/2025 22:05 par Safiya

Merci Smaïl HadjAli pour cet éclairage qui comble une lacune.

13/10/2025 01:37 par Smaïl HadjAli

Bonjour Safia
C’était un bref rappel" face aux ravages de l’amnésie politique et historique des appareils idéologiques impérialistes et de leurs larbins, genre prix Nobel.

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