Le fonctionnement du mode de production capitaliste

Accumuler pour réinvestir ou réinvestir pour accumuler ?

Il peut paraître superfétatoire de polémiquer à propos de la finalité du système capitaliste. Pourtant, cette question demeure au cœur de la contradiction fondamentale qui, tel un cancer, ronge le mode de production capitaliste décadent.

Se basant sur une lecture superficielle des classiques un clan d’exégètes soutient que la finalité du capitalisme – y compris à son stade suprême impérialiste – c’est de thésauriser, d’accumuler le plus de capital imaginable. En d’autres termes, ce qui ferait courir les milliardaires ce serait l’accumulation entre leurs mains de la plus grande fortune possible (Bill Gates, 50 milliards de dollars). Selon ces coryphées pseudo socialistes, l’application de cette loi entrainerait la concentration des capitaux entre les mains des privilégiés.

Nul ne peut disconvenir que les 10% les plus riches de la planète détiennent 86% des richesses mondiales. Les 1% les plus fortunés concentrent 46% du patrimoine global. Environ 10 millions de milliardaires dans le monde, représentant à peine 00,15% (soit une fraction de 1% de la population mondiale) possèdent 42,700,000,000,000.$ (42,7 mille milliards de dollars) des richesses totales. Il y a effectivement concentration de la richesse mais y a-t-il valorisation et enrichissement de ce capital et création de plus-value ? [1]

Nous venons d’examiner l’avoir des particuliers, examinons maintenant les statistiques concernant les plus grandes entreprises privées. En France par exemple on observe le même degré de concentration et d’accumulation monopolistique du capital productif : « mille entreprises de plus de mille salariés (3,4 millions de travailleurs) produisent près de 50 % du PIB ; alors qu’en bas de l’échelle industrielle, un million d’entreprises de moins de dix salariés (3,4 millions de travailleurs également) ont une existence précaire. » [2]

Il semblerait que le débat soit clos et que le nœud gordien soit tranché. La finalité du procès de développement économique impérialiste serait bien l’accumulation. Normalement, la contradiction fondamentale du système capitaliste devrait voir s’affronter les forces d’accumulation s’opposant aux différentes forces empêchant l’accumulation du capital. Cette contradiction dialectique fondamentale entraînerait la succession des crises économiques systémiques que l’on connaît présentement et, éventuellement, l’effondrement du mode de production impérialiste incapable de concentrer davantage de capital.

Les faits économiques, financiers, monétaires et bancaires contredisent pourtant cette hypothèse. Si la finalité du système impérialiste est d’accumuler et si l’accumulation et la concentration ne faiblissent pas, alors nous ne devrions subir aucune crise économique systémique de l’impérialisme. Certes, nous pourrions observer beaucoup de détresse sociale, énormément de hargne et de colère ouvrière, l’extension de la pauvreté, mais nous ne devrions observer aucune crise économique d’un régime impérialiste poursuivant inexorablement sa marche en avant en direction de sa vénalité accumulative.

L’accumulation se poursuit et pourtant la crise se répand

Pourtant, à l’instant où l’accumulation et la concentration du capital est la plus phénoménale de l’histoire mondiale, jamais la crise du système n’a été aussi profonde et sévère, au point de menacer d’affecter l’ensemble de l’échafaudage – boursier, banquier, financier – branlant, insécurisant, décadent.

Nombre d’économistes dont Tom Thomas présentent l’hypothèse que le système impérialiste d’accumulation détruira prochainement de grandes quantités de ressources et de moyens de production : « Pour que le capital puisse relever son taux de profit moyen et reprendre son procès de valorisation et d’accumulation, deux conditions complémentaires doivent être réunies au-delà du maintien à flot du système financier : première condition, détruire une grande masse de capitaux, non seulement sous leur formes financières mais aussi sous leurs formes matérialisées pour en réduire « l’excédent » et aussi pour pouvoir reconstruire un système de production qui permette – deuxième condition – d’augmenter le taux d’exploitation (pl/Cv) alors que de réduire la composition organique du capital n’est, aujourd’hui, qu’une possibilité secondaire ». [3]

En un siècle (1913-2013) pas moins de deux guerres mondiales (1914-1918, 1939-1945) et quelques guerres multinationales (1950-1953, 1954-1975, 1991-2001 et 2003-2011) [4], en plus de dizaines de guerres locales ont entrainé d’immenses destructions de ressources, de forces productives et de moyens de production, de destruction de capitaux en définitive. Chacune de ces catastrophes (pour les ouvriers sacrifiés et les peuples immolés) a relancé le processus de valorisation et d’accumulation et stimulé le procès de reproduction élargie du capital en réduisant temporairement la composition organique du capital (Cv/Cc) et en inversant sporadiquement la tendance à la baisse du taux de profit, deux vecteurs qui contrecarrent la reproduction élargie du capital. Marx n’est donc pas mort !

La classe capitaliste monopoliste est présentement incitée à s’aventurer dans un nouvel holocauste ouvrier afin de détruire une grande partie des ressources stockées, des moyens de production engrangés, des forces productives inemployées, du capital accumulé mais paralysé (non productif), afin d’assurer la reprise du procès de reproduction élargie du capital en dopant temporairement les taux de profits. Qu’ils le veuillent ou non les impérialistes devront saccager une grande partie de l’humanité s’ils souhaitent remettre en marche leur mode de production moribond. L’impérialisme c’est la guerre disait un homme célèbre.

Une meilleure distribution pour une meilleure croissance ?

Un grand nombre de réformistes pensent, à l’exemple de leurs prédécesseurs utopistes et ainsi que Christine Lagarde du FMI, que le système social et économique capitaliste est un excellent régime économique – performant – mais souffrant d’un grand tourment, qu’il est parfaitement possible de corriger disent-ils. La solution pour relancer l’impérialisme en crise serait « Plus de justice distributive pour plus de croissance » ânonnent-ils tous en chœur : « le Fonds monétaire international (FMI) continuera de faire pression en faveur de biens et de services publics de qualité, la priorité étant la protection et l’augmentation des dépenses sociales visant à réduire la pauvreté et l’exclusion, a assuré Christine Lagarde. ». [5]

Selon ces ploutocrates il revient à l’État démocratique bourgeois, supposément positionnée au-dessus de la mêlée de la lutte des classes, d’assurer une meilleure distribution des fruits de l’accumulation capitaliste. Selon ces marguillers capitalistiques, l’État providence, le Robin des bois des temps modernes, doit chaparder quelques deniers aux financiers pour en donner aux déshérités et en distribuer davantage à leurs plumitifs petits-bourgeois et alors nous vivrons tous au Nirvana. Moins d’accumulation et plus d’équité voilà la panacée. Évidemment, si cette « solution » fonctionnait on le saurait.

Ce postulat utopiste découle logiquement de l’axiome précédent à l’effet que la finalité du système capitaliste serait l’accumulation des capitaux plutôt que leur réinvestissement pour un nouveau cycle de reproduction élargie. Pourtant, s’il y a présentement crise systémique de l’impérialisme ce n’est pas dû à une déficience du processus d’accumulation (qui se porte très bien), mais bien plutôt aux contingences de la reproduction élargie du capital. Le capital ne sait plus produire de plus-value en quantité suffisante voilà la raison de la crise endémique et systémique.

La crise économique n’est pas due aux excès financiers d’une politique néolibérale, mais bien à une baisse du taux de profit engendrée par un phénomène de suraccumulation de provisions et de marchandises et de sous-consommation de ces marchandises stockées ; aggravée par une hyper-profusion de capital financier sans valeur marchande (de la monnaie bidon sans valeur).

À partir de 2008, au-delà du sauvetage du système financier que les États étaient dans l’obligation d’entreprendre de toute urgence il nous faut examiner comment les capitalistes et leurs fonctionnaires étatiques œuvrent à redresser le taux de profit dans la situation concrète de l’impérialisme obsolescent.

« Avec la crise, les lois du marché agissent aveuglément. Le capital constant est dévalorisé. Des entreprises en difficulté peuvent être rachetées à bas prix. Les prix des matières premières s’écroulent. Les salaires sont laminés sous la pression d’un chômage massif. Il y a là des facteurs favorables à un redressement du taux de profit. Néanmoins, ils sont limités car, en même temps que ces phénomènes se produisent, la composition organique (Cc/Cv) reste élevée puisque l’importance du capital fixe reste prépondérante, que la consommation diminue en même temps que la quantité de travail vivant utilisée. Une forte destruction de capitaux marquée par des dettes non remboursées, des faillites, des fermetures d’usines est évidemment beaucoup plus efficace pour relever le taux de profit ». [6]

L’analogie

Ici on nous permettra une analogie. Au cours du procès de reproduction élargie de la vie en société, il est indubitable que la copulation entraînant le coït vaginal ou phallique est gratifiante. La nature et l’évolution en ont ainsi décidé de façon à inciter l’hominidé à poser fréquemment ce geste afin d’assurer la pérennité de son espèce. Il ne fait aucun doute cependant que le Principe de plaisir (Reich, 1986) n’est pas la finalité – la conclusion et la raison d’être de l’activité sexuelle mais seulement une gratification incitant – le Moi sujet – à se reproduire. La finalité est bien la reproduction anthropologique de l’espèce, son stimulant étant le « Principe de plaisir » et sa conséquence l’accroissement des populations.

Poser correctement le diagnostic

Quel est l’intérêt de cette redécouverte de la finalité du mode de production impérialiste ? Pour le Parti Révolutionnaire Ouvrier (PRO), ce principe primordial de l’économie impérialiste est crucial car il indique que ce ne sont pas tant les statistiques à propos de l’accumulation et de la concentration du capital que nous devons observer et analyser avec soin afin de comprendre l’enlisement et l’effondrement imminent du mode de production impérialiste déclinant, mais bien plutôt les indices portant sur le ralentissement et l’essoufflement du procès de reproduction élargie de la plus-value et des profits, et la difficulté, non pas de l’accumulation mais du réinvestissement productif du capital.

Les actions politiques et de résistance économique des partisans du PRO ne doivent pas mener à pleurnicher pour obtenir une redistribution « équitable » du capital et des profits au bénéfice des démunis mais s’orienter vers la paralysie de l’appareil productif. Moins de plus-value et moins de profits signifient moins de capital productif à réinjecter dans le processus de reproduction élargie et en bout de course la faillite inévitable et l’effondrement inéluctable du système impérialiste tout entier.

Bref, le mode de production impérialiste ne peut continuer à se développer de par ces axiomes, ces postulats et ces lois inhérentes de fonctionnement. Il est futile de tenter de le ranimer ou de le réformer. Ce système s’est engagé depuis quelques années dans une spirale catastrophique et nul ne peut l’en réchapper. Il viendra un temps où il faudra lui donner le coup de grâce et achever la bête immonde, ce qui constitue la mission du prolétariat. Marx n’est pas mort.

Robert Bibeau

[6 La Fonction de l’orgasme, L’Arche, 1986. Orig. allemand Die Funktion des Orgasmus, trad. étasunienne The Function of the Orgasm, 1942, 1948, réimp. FSG, 1973 et aussi : http://www.robertbibeau.ca/fatima.html


COMMENTAIRES  

04/11/2013 11:50 par Dominique

À mon humble avis, Robert Bibeau et le PRO font une erreur fondamentale, celle de croire que la crise actuelle est due à des raisons purement économiques. L’économie, même spéculative, repose sur l’économie réelle, laquelle dans le capitalisme repose sur une double exploitation de l’homme et des ressources naturelles de la Terre. De plus, dans une économie au beau fixe, les bulles spéculatives ne peuvent que gonfler, c’est quand l’économie réelle va mal qu’elles pètent. Dans les années d’avant la crise, nous avons assisté à une lente progression des prix du brut en raison de l’augmentation continue de la demande et de l’incapacité de cette industrie à augmenter l’offre, ceci jusqu’au moment où la hausse s’est emballée, ce qui a ralenti l’économie. Les spéculateurs, qui n’investissent jamais sur une valeur à la baisse, ont rajouté une couche en investissant rapidement sur le pétrole, ce qui a fait augmenter ses prix encore plus. Cela à duré jusqu’au moment où l’économie réelle fut suffisamment ralentie pour permettre une baisse des prix du brut.

Ceci montre que le capitalisme, en plus des reproches fait par le PRO, est pour la première fois de sa triste histoire confronté à la finalité des ressources naturelles non renouvelables de la planète, problématique qui va devenir de plus en plus cruciale en raison de l’augmentation continuelle de la pression sur ces ressources, et de leur disparition inévitable dans le capitalisme.

Je partage tout à fait le point de vue qui consiste à considérer que le capitalisme est non réformable et qu’il doit disparaître. Cependant, je ne peux que mettre en garde sur ce qui pour moi est fondamental, le fait que l’après capitalisme ne sera viable à long terme que s’il est capable de respecter non seulement l’humain, mais aussi la Terre, sa biodiversité et ses ressources. Marx, comme les peuples premiers et les anthropologues ont tous fait le même constat : c’est le rapport borné de l’homme avec la nature qui conditionne les rapports bornés des hommes. En d’autres termes, c’est le rapport de l’homme avec la nature qui conditionne tous les rapports humains, y compris le rapport économique. Le rapport de l’homme avec la nature conditionne donc également l’évolution historique d’une société.

Ceci implique aussi que pour qu’il y ait un changement de société, le rapport de l’homme avec la nature doit être basé sur un concept scientifique, le respect de notre seule source de vie, la Terre, cette Terre qui nous donne l’eau, notre nourriture, et tous les matériaux dont nous avons besoin pour nous habiller, nous loger et travailler. Si nous voulons que cela continue, nous n’avons pas d’autre choix que de respecter cette source de vie.

À partir du moment où le respect de la Terre devient la base du rapport de l’homme et de la nature, il devient possible de subordonner l’économie non seulement à la satisfaction des besoins humains, mais également et de façon prioritaire à la satisfaction des besoins de la Terre. Ce qui non seulement amène à se débarrasser du capitalisme, mais permet de nous en donner les moyens. Ainsi, la redistribution généralisée et globale des richesses permise par la fin du capitalisme pourra permettre une véritable décroissance de l’économie, condition nécessaire pour pouvoir construire une société basée non pas sur une course au profit égoïste, mais sur un respect et une solidarité durable. Cela permettra aussi de remplacer un système inique et injuste basé sur une lutte sans fin contre la nature par un système humain et solidaire basé sur le travail avec la nature. Cela demandera sans doute beaucoup de travail au départ pour rétablir les équilibres naturels et sociétaux, mais à l’arrivée, il n’y aura que des gagnants, la nature comme la société, et nous nous apercevrons alors qu’il en coûte beaucoup moins à l’humain de travailler avec la nature que de travailler contre elle.

Je n’ai pas encore parlé de la destruction de l’environnement, cet autre défi majeur induit par le capitalisme et son industrialisation. Pour faire court, la situation est tellement urgente qu’il n’y a qu’un moyen pour éviter le désastre, c’est l’action citoyenne de masse. Voir La résistance populaire, facteur géophysique de la crise d’effondrement sur ce sujet.

04/11/2013 17:25 par desobeissant

L’incontournable question du PRO(C) Mondial, mirage ou necessité :

La spontaneité des mouvements de masse meme de dimension internationale de Detroit a Shangai,se heurte depuis des années a ses limites d’impouvoir,d’ou l’impression generale d’une “resistance” sans resultats durables,sinon son existance de fait,de parti informel de la communisation :

International People’s Assembly : Detroit, October 5-6

Posted 1 mois ago on oct. 4, 2013, 8:08 matin EST by OccupyWallSt
Tags : austerity, Michigan, Detroit

via International People’s Assembly :
We call on all activists fighting banker-imposed austerity – here in the U.S. and worldwide – to come to Detroit, Michigan, on October 5 and 6, 2013. Join the people of this city under siege in convening the International People’s Assembly Against the Banks and Against Austerity.
Join us in Detroit on October 5-6 to demand :
• Cancel the debt to the banks which is strangling our schools, cities, states and countries.
• Guarantee workers’ jobs and pensions and services for the community. No union busting. $15 minimum wage !
• End undemocratic, racist emergency management of our cities and schools.
• A jobs program funded by the banks to put the unemployed to work rebuilding our cities. The banks owe our communities billions of dollars for the destruction they have caused.
• Moratorium on all foreclosures and foreclosure-related evictions. Housing is a right.
• Repudiate student loan debt. Education must be free and available to all. Increase funding for public education.
• Stop racism and attacks on immigrants, women, the LGBTQ community and people with disabilities.
• The federal government must bail out the people, not the banks.
• Money for cities, not for war–Hands off Syria.
• Ban Fracking. No tar sands oil, petcoke, wood ethanol, etc. Reverse climate change.

for more info :

http://www.internationalpeoplesassembly.org/

Cet etat, laisse beante la question de la libre coordination federation internationale offensive des differents mouvements de lutte ouvriers jeunes etc,comme construction d’une force mondiale ayant pour objectif prioritaire le renversement simultané du capitalisme a l’echelle mondiale.

Faute de quoi nous resterons plus ou moins spectateurs de la restructuration en cours :

7 questions/réponses sur l’économie américaine

....Les USA vont dévaluer lentement le dollar jusqu’à la prochaine grosse crise. Ils n’auront alors plus qu’une seule solution, l’union monétaire avec le Canada afin de créer un nouveau dollar fortement dévalué. L’union avec le Mexique dans le cadre de l’ALENA n’aurait lieu que plus tard. La création de la North American Union se ferait donc semble-t-il en deux temps.
Ne l’oublions pas, depuis le début de la crise les USA ont développé les échanges au sein de l’ALENA : +70% avec le Canada et +80% avec le Mexique. L’Interstate 35 (I-35) relie d’ailleurs les trois pays.

Avec l’ALENA, le PIB sera d’environ 20 000 milliards USD pour 460 millions d’habitants.

7. La puissance américaine sera-t-elle diminuée ?

Non, au contraire.

Les USA vont devenir les premiers producteurs mondiaux d’hydrocarbures et ce dès 2013 selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE)

Source : http://fr.euronews.com/2013/10/03/les-etats-unis-premier-producteur-mondial-d-hydrocarbures-en-2013-selon-wsj/

De plus, avec la création du grand marché Transatlantique qui a débuté vendredi 18 octobre avec l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, l’économie américaine devrait connaître un fort développement.

Source : http://ec.europa.eu/trade/policy/in-focus/ttip/index_fr.htm....

http://gillesbonafi.blogspot.fr/2013/10/7-questionsreponses-sur-leconomie.html

“Dans un contexte de crise prolongée, les prolétaires luttent pour survivre et les diverses couches moyennes s’efforcent d’éviter la prolétarisation et la marginalisation, alors que la lutte fratricide des divers capitaux a tendance à hésiter indéfiniment entre deux résultats « pur », mais tout aussi impossible : maintenir la mobilité mondiale instantanée du capital et, dans le même temps, reporter la dévalorisation massive nécessaire à toute sorte de nouveau départ ; retomber dans l’étreinte chaleureuse d’Etats ou de blocs d’Etats prêts à peser de manière décisive par des bombardiers, des chars, des services secrets et tout l’attirail, dans le jeu toujours renouvelé de l’appropriation de la plus-value produite au niveau mondial. La « normalité » du capitalisme restructuré a été dirigée vers une fluidité globale sans entrave du capital et une gestion répressive des espaces nationaux à travers des Etats dont le seul élément réellement national serait l’idéologie de la répression de leur ennemi intérieur. Sa crise est confrontée à la difficulté pratique de parvenir à un équilibre instable : les larges masses produites par le capitalisme « développé » et « en développement » comme surplus de population ne montrent aucun enthousiasme particulier à disparaître de la surface de la terre, à travers une spirale de la misère, juste parce que le capitalisme le leur demande ; les nombreuses couches moyennes, de l’Egypte aux Etats-Unis, s’opposent à leur étranglement par les capitaux dominants, parfois même prêtes à descendre dans la rue ; et, plus important encore, dans les luttes prolétarienne, l’affaiblissement ou l’absence des mécanismes de médiation est devenu manifeste et le seul dilemme semble être la confrontation pure et simple ou la reddition inconditionnelle .

.....Il n’y a pas de développement linéaire des luttes actuelles à la révolution, mais les luttes actuelles, même à travers leurs limites et leeurs impossibilités sont le seul point d’ancrage de la théorie de la communisation...”

http://dndf.org/?p=12907

Faute de mieux,on risque le simulacre d’une “revolution” sans revolution :

Convoquer en 2014 les états généraux de l’Union Européenne, par Pierre Sarton du Jonchay

http://www.pauljorion.com/blog/?p=59582

04/11/2013 18:25 par Dwaabala

@ Dominique
Je saisis la phrase qui me paraît déterminante.

c’est le rapport borné de l’homme avec la nature qui conditionne les rapports bornés des hommes.

Il faut se méfier comme de la peste de la catégorie homme dans la théorie. On peut lui faire dire n’importe quoi.

Ici, le rapport des hommes (entre eux) n’est pas borné : c’est, en dernière analyse, un rapport 1) d’exploitation et 2) de lutte pour la victoire de la classe productive, la plus nombreuse.

Par contre, le rapport de la société avec la nature, société placée sous l’hégémonie du capitalisme, s’il est relativement conscient, sinon vous ne pourriez pas même penser ce rapport, est pourtant absolument borné dans sa pratique du fait des exigences des rapports de profit et de concurrence dans la classe dominante.

La lutte des classes exploitées pour l’écologie, dans les conditions actuelles de leur exploitation, s’ajoute à la liste de leur nombreuses tâches émancipatrices.

Cependant, aucune de ces tâches ne peut se substituer dans le principe à leurs luttes politiques pour la conquête de leur hégémonie.

04/11/2013 21:02 par dirare abdesselem

Je pense que pour bien comprendre la crise structurelle très profonde du système capitaliste et des sociétés dites bourgeoises, il est d’une importance ultime de revenir aux écrits de Pierre Bourdieu à propos du retour de la nouvelle noblesse qui n’a presque pas de liens avec la "bourgeoisie" , cette classe- pilier fondamental et cyclomoteur de ce système.Bourdieu développe des idées très fines dans ce sens en éclaircissant que la nouvelle noblesse n’a rien à voir avec la rationalité, l’ouverture et la démocratie au sens que leur donnait la bourgeoisie, elle est une classe de la meme logique-illogique "prédatrice" ; gaspillante et délinquante des anciens nobles, ce qui constitue une menace interne structurelle pour ce système. La multiplication des milliardaires durant toutes ces dernières années dites de crises est un indicateur très signifiant dans ce sens. Et c’est pour cela que l’immortel Karl Marx a dit depuis longtemps que ce qui mettra fin au mode de production capitaliste sont ses contradictions internes et non pas autre chose, LES SPECTRES DE MARX SONT TOUJOURS PRESENTS...

08/11/2013 22:30 par Dominique

Compter sur les contradictions du capitalisme pour y mettre fin ne remplacera pas la lutte. Comme Waren Buffet l’a très bien dit, la lutte des classes existe et c’est sa classe qui l’a gagnée pour le moment. De plus, si nous attendons que les contradictions du capitalisme mettent fin à celui-ci, cela revient à attendre la fin de l’humanité ou quelque chose d’approchant.

Quand à l’état de la gauche occidentale, il doit bien faire rigoler les capitalistes. D’un coté on a les collabos du PS et leurs alliés qui dés qu’ils sont au pouvoir se montrent encore pire que la droite, et cela pas qu’en France. En face on a une quantité de mouvements alibis qui se cantonnent dans la théorie et ne sont même pas capables de se mettre d’accord entre eux, et encore moins sur un programme commun. Cas typiques, la plupart des ONGs et une bonne partie de l’extrême gauche. Et au milieu il y a nous, les simples péquins, ainsi qu’une multitude d’associations indépendantes et de temps en temps des sursauts comme les indignés et Occupy. Si bien qu’au moindre sursaut populaire, les deux autres blocs de la gauche unissent leurs efforts pour tenter de le récupérer, et s’il n’y arrivent pas, le combattre par tous les moyens.

Ce qui fait que pour le moment les militants sincères sont confrontés non seulement à la décadence du capitalisme, mais également à une décadence encore plus grande d’une très grande partie de la gauche, toutes tendances confondues. Le capitalisme au moins est toujours resté fidèle à ses principes, et c’est bien une des raisons pour laquelle il est de plus en plus nuisible. Avec la chute du mur, les capitalistes de toute la planète ont crié victoire en débouchant le champagne, et aujourd’hui il ne reste que deux grandes puissances, les capitalistes et les peuples, ce qu’ils appellent l’opinion publique.

De plus, le centre de gravité du monde est en train de changer. L’Europe est le continent le plus touché par la crise et cela ne va pas bien aux USA non plus, quoi-qu’en disent les statistiques ou les prévisions sur leur production de pétrole. L’Asie, en surfant sur les conditions hérités des colonisations, avant tout des salaires de misères, à su développer un capitalisme peut-être encore plus sauvage que le nôtre, et quand on voit le nombre d’étudiants bien formés qui sortent chaque années des hautes écoles asiatiques, on sait que d’ici une ou deux génération, ce continent sera non seulement l’usine du monde, mais également son centre de développement. Cela si ça continue comme c’est parti, ce qui est loin d’être évident en raison du surarmement de l’occident en crise, cocktail explosif comme le montre les dernières guerres de l’Empire, et aussi en raison d’un autre cocktail explosif engendré par notre mode de vie, la destruction de l’environnement et la disparition des ressources naturelles non renouvelables.

Ce qu’il faut maintenant est que les peuples se coordonnent. Tous les peuples, des peuples premiers en lutte pour leur survie pure et simple, aux peuples des pays riches en lutte pour leur dignité. Cela ne sera pas facile car nous avons contre nous non seulement les capitalistes, mais également tout l’establishment de gauche. De plus, il ne faut pas prendre nos adversaires pour des imbéciles. Si je suis capable de comprendre que le terrorisme n’est pas la plus grande menace pour la société humaine, mais que cette menace est la destruction de l’environnement et la disparition des ressources naturelles non renouvelables causées par notre mode de vie, ils sont aussi capables de la comprendre aussi avec leur quirielle d’experts. Certains rapports de la CIA ont même été très clairs sur ces points.

Ce qui implique que les capitalistes savent très bien que seule la décroissance peut sauver le genre humain. Simplement, si pour nous la décroissance est synonyme de meilleure répartition des richesses au niveau mondial, pour eux elle est synonyme de l’élimination de la concurrence au niveau mondial. Le livre "Crossing the Rubicon : The Decline of the American Empire at the End of the Age of Oil" de Michael C. Ruppert et Catherine Austin Fitts, même s’il a été peu médiatisé, explique très bien tous ces enjeux. Ruppert est devenu un survivaliste, ce que je trouve naïf car cela ne remplacera pas la lutte des classes et n’empêchera pas le capitalisme de menacer la survie de toute l’humanité.

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