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Langue française : « moderniser » la loi Toubon, ou la renforcer et l’appliquer enfin avec rigueur ?

Collectif

Par Georges Gastaud, philosophe, président de l’association CO.U.R.R.I.E.L., Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine (Paris VII), Jany Sanfelieu, certifiée de lettres classiques (89), Bernard Colovray, militant ouvrier du Livre (69), Aurélien Djament, mathématicien, militant CGT du CNRS (59), Thierry Saladin, médecin (34), Jean-Claude Houseaux, médecin (84), Vincent Flament, professeur agrégé de Lettres classiques (59), Dominique Mutel, professeur agrégé d’anglais (62), Gilliatt de Staërck, militant ouvrier des transports (22), Régis Ravat, ancien délégué de la CGT-Carrefour (30), président de l’Association Francophonie-Avenir, Michel Debray, vice-amiral, ancien président de l’Institut Charles de Gaulle .

Dans Le Figaro du 4 août, – qui est en partie consacré au 25ème anniversaire de la loi Tasca-Toubon censée protéger le français contre l’anglomanie linguistique –, le ministre de la culture Franck Riester déclare sans rire que « la loi Toubon est globalement bien appliquée » ; selon lui, il conviendrait seulement de la « moderniser » pour l’adapter aux outils informatiques modernes. Même si la bonne foi de nombre de défenseurs du français qui espèrent en cette « modernisation » est insoupçonnable, l’expérience historique doit pour le moins les inciter au doute méthodique tant il est clair que la « langue de la République » (au titre de l’article II-a de la Constitution) est harcelée, marginalisée, voire ridiculisée ; en effet, dans un nombre grandissant de secteurs d’activité culturels, économiques ou éducatifs, notre langue est la cible d’un arrachage et d’une substitution systématiques, pour ne pas dire d’un linguicideprogrammé. En outre, les « adaptations » et autres « toilettages » de la législation linguistique effectués jusqu’ici sous couvert de « modernisation » ne furent que trop souvent synonymes de capitulation devant les « collabos de la pub et du fric » (dixit Michel Serres) qui font désormais la loi en France en matière de politique linguistique.

Un viol massif et permanent de l’état de droit linguistique !

Tout d’abord, comment oser prétendre que la loi Toubon – qui fut votée par l’ensemble des groupes parlementaires en 1994 – est « globalement bien appliquée » alors que, non seulement les grandes entreprises privées, notamment celles du CAC-40, mais la Poste, la SNCF, EDF, sans parler de nombre de collectivités territoriales publiques ne cessent de la violer et de la contourner grossièrement ? Au Only Lyon de Gérard Collomb fait désormais écho le lourdingue In Annecy Mountains haut-savoyard, mais aussi les Loire Valley, les Ouigo (faux nez d’allure francophone de We go...) de la SNCF en voie de privatisation, le Pulse ! d’EDF, le France is in the air d’ « Airfrance » ou le Navigo Easy Pass de Valérie Pécresse... Quant aux associations de défense du français qui se réfèrent à la loi Toubon pour inviter la justice à faire respecter la législation linguistique, elles s’indignent de voir ce que certains « juges » ne savent plus quel sophisme inventer pour contourner la loi... voire pour condamner les plaignants aux dépens ! Mais comment s’étonner de cette violation permanente de l’État de droit linguistique quand le président de la République lui-même et ses ainsi-dits helpers du parti majoritaire ne cessent de baragouiner en globish sur notre propre sol en promouvant la « french Tech » et en appelant, depuis l’Élysée, à « make the planet great again »* ?

Une politique linguistique de casse et de classe !

Comme le démontre le Manifeste contre le linguicide du français publié le 20 mars 2019, l’arrachage en cours du français ne relève pas seulement d’une « tendance », même si l’infinie veulerie – pas seulement linguistique ! – des foules médiatico-formatées ne laissera jamais d’étonner et de navrer. Elle résulte d’une POLITIQUE DE CLASSE menée par les « élites » à l’échelle de la France, de l’Europe et du monde entier. En France, c’est le MEDEF qui prend officiellement pour slogan « ready for the future » (ce qui dit sous-entend que le français appartient au passé...). En Europe, les élites politico-économiques – sans que nul ne s’en offusque au Quai d’Orsay – songent ouvertement à faire de l’anglais la langue officielle des institutions supranationales (et cela en plein Brexit, et alors que l’anglais n’est plus désormais la langue officielle déclarée d’aucun État européen !). Au niveau mondial, c’est en anglais que se plaideraient les futurs procès que les transnationales ne manqueront pas d’intenter – devant des tribunaux de droit privé qui plus est ! – contre les rares États insoumis qui auraient tenté de taxer les profits des monopoles capitalistes transcontinentaux...

Mutisme, aveuglement et servitude volontaires de la fausse gauche !

Bref, il est honteux que les organisations politiques, les syndicats et les personnalités intellectuelles qui se réclament de la gauche ne se rebiffent pas contre le nouvel ordre linguistique mondial qui, pour accompagner la mise en place globalitaire du nouveau marché transatlantique esquissé par le CETA (et qui sera tôt ou tard couronné par le retour d’un équivalent du TAFTA ?), établit – sans le moindre débat démocratique ! – une langue unique mondiale porteuse de pensée, de politique, d’idéologie et de culture uniques. Comment ne voit-on pas, dans les partis qui disent se situer à la gauche du PS, pas davantage chez les Verts et encore moins dans les confédérations syndicales de salariés, que l’établissement potentiellement irréversible de cette (nov-)langue unique mondiale serait une catastrophe anthropologique sans précédent pour la diversité culturelle de la planète, pour tous les peuples dont l’anglais n’est pas la langue maternelle (et plus particulièrement pour les prolétaires de ces pays) sans parler des anglophones de naissance dont la langue va nécessairement pâtir du rôle qu’on lui fait jouer ; pourquoi la gauche et l’extrême gauche établies refusent-elles de voir, et surtout de dire, qu’en créant un marché mondial linguistiquement uniformisé de la force de travail, cette politique globalitaire de la langue unique vise à multiplier par mille, sur chaque poste de travail, les pressions concurrentielles infligées aux travailleurs de chaque pays au seul avantage de l’oligarchie capitaliste ? Comment le triomphe du tout-anglo-américain pourrait-il s’avérer « bénin » et « sympathique », alors que la politique économique, culturelle, économique, environnementale qu’accompagne le bulldozer du tout-globish mondial se montre si ravageuse pour le progrès social, pour les productions locales, pour l’indépendance des nations, pour leur libre coopération égalitaire et pour la biodiversité proprement dite ?

Renforcer et appliquer la loi !

Face à cela, c’est moins une « modernisation » à la Macron de la loi Toubon qui s’impose que son application plénière, frappant durement – à la caisse ! – les grands délinquants linguistiques du tout-globish ; c’est aussi le renforcement de cette loi, de telle façon que tout citoyen ou groupe de citoyens puisse porter plainte facilement contre ceux qui, par ex., sur BFM-TV, TF1 ou C-News, privilégient systématiquement les noms d’émission en anglais bas de gamme (The Voice, Ninja Warrior, Soft Power, etc.). Rien à voir avec on ne sait quel purisme, car les signataires du présent texte défendent tous les usages du français, y compris les usages dits populaires ; or le tout-globish n’émane pas du peuple (même si à la longue celui-ci se laisse imbiber) mais du « haut » de la société désireux d’établir un code distinctif commun à tous les maîtres de la société capitaliste mondialisée : car encore une fois, dire « TGV Night » au lieu de « TGV Nuit » ne relève pas de l’invention linguistique populaire et encore moins d’une construction savante, mais de la manipulation antidémocratique décidée à huis clos par des communicants stipendiés par le grand capital et dénués de toute espèce de patriotisme culturel, voire de tout internationalisme véritable.

Respectez les francophones de France et d’ailleurs !

Comment en particulier ne pas s’inquiéter de la « modernisation » annoncée par M. Riester ? Quand on voit comment, depuis des décennies, les Sarkozy, Hollande, Macron et Cie « modernisent » la Sécu, l’hôpital public, l’Éducation nationale, l’Université, le baccalauréat, la Recherche, chaque fois en détruisant les services publics et les acquis sociaux hérités de décennies de luttes sociales et antifascistes, il y a de quoi s’angoisser à propos de la manière dont l’équipe macroniste s’apprête à « toiletter » la loi Toubon. Il y a d’ailleurs déjà le précédent navrant de la Loi Fioraso de 2013 qui, sous couvert d’ajuster la loi Toubon à l’enseignement supérieur moderne, a permis que se mettent en place des centaines de « masters » intégralement enseignés en anglais ; à cette occasion, on voit des enseignants français s’abaisser à instruire en anglais une écrasante majorité d’étudiants non moins francophones qu’eux ; et cela dans un des pays qui a le plus apporté aux sciences et aux lumières (Descartes, Pascal, Diderot, Lavoisier, Galois, Pasteur, Durkheim, Marie et Pierre Curie, Langevin, Wallon, Louis de Broglie au secours !) en s’exprimant dans une langue qui est parlée et apprise sur cinq continents ! Quel mépris pour les francophones étrangers qui vivent et qui étudient en France ou pour tous ceux qui, à l’étranger, en Afrique, en Amérique du nord, en Belgique, en Suisse, etc., parlent notre langue commune avec leur propre accent et leur propre créativité linguistique ! Plus intelligents que nos élites bourgeoises aveulies, les Chinois sont du reste de plus en plus nombreux à apprendre le français pour pouvoir parler dans leur langue aux peuples africains francophones qui forment déjà, potentiellement la majorité des francophones de notre temps.

Collaborer ou résister à la casse sociale et culturelle généralisée de notre pays ?

C’est pourquoi nous appelons à la vigilance démocratique face à cette « modernisation » annoncée par le gouvernement néolibéral et fanatiquement atlantiste de Macron. Lequel n’a cessé de s’acharner en tous domaines sur l’ « exception française » : entendre par là les conquêtes sociales et démocratiques (par exemple la loi de 1905 séparant l’État des Églises) issues de notre histoire et fixées dans notre langue qui « font tache » dans la mondialisation néolibérale dominée par l’Empire euro-atlantique guidé par Donald Trump. La résistance ne se divise pas et elle commence par la capacité à dire non, dans sa langue, celle du peuple** – et non pas « yes », « OK ! » et « my God ! » – dans celle de l’Empire étatsunien imposant partout son « soft power » (souvent suivi par des bruits de bottes !) au plan d’ajustement linguistique mondial qu’une oligarchie félonne relaie chez nous avec un zèle écœurant.

* « rendre sa grandeur à la planète », ce qui d’ailleurs, ne veut pas dire grand-chose...

** Celle des peuples faudrait-il dire, car le même totalitarisme linguistique écrase aussi l’allemand, l’italien, le néerlandais, etc. dans leurs aires linguistiques respectives. L’anglais lui-même est menacé en tant que langue porteuse de culture et d’histoire. Une novlangue mondiale serait d’ailleurs une non-langue ruineuse pour la pensée humaine, laquelle s’est largement construite sur le partage de la diversité...

 https://www.initiative-communiste.fr/articles/langue-francaise-moderniser-la-loi-toubon-ou-la-renforcer-et-lappliquer-en

COMMENTAIRES  

03/09/2019 10:52 par Francesc Pougault

L’état français, monarchique et républicain a écrasé les langues des nations conquises par la force des armes ( Bretagne, Euskadi, Occitanie, Catalogne...). Pour que cette révolte contre le globish ait un sens, que ce même état répare intégralement ce dommage.

03/09/2019 12:11 par Chris

A l’heure de la sacro-sainte Union Européenne, pourquoi vouloir promouvoir un vieux françois d’un autre âge, d’une autre ère, d’un vieux pays qui n’a plus sa place dans une Europe vaguement fédérale et totalement libérale...?

Levons le voile d’hypocrisie que nous prenons grand soin d’ajuster en permanence sur la façon que nous avons de considérer les choses. En premier lieu, même si elle est loin de faire l’unanimité de nos jours, notre constitution devrait mettre à l’abri notre langue de tous ses prédateurs. A méditer la façon dont est appliquée notre constitution.

Titre premier - DE LA SOUVERAINETÉ
ARTICLE 2.
La langue de la République est le français.

L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. [Quid de la présence obligatoire dans toutes les classes du drapeau européen ?]

ARTICLE 3.
La souveraineté nationale appartient au peuple {{}} qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum.

03/09/2019 13:03 par doucic

Très juste et cela fait du bien de l’entendre si bien dit.
Malheureusement c’est une critique borgne, et la large offensive des dégenrateu.r.se.s de notre langue et de leur horrible point médian restent dans l’angle mort alors qu’ils mériteraient bien eux aussi leur petite volée de bois vert.

03/09/2019 13:58 par Sibeth

Bien d’accord avec l’article, mais j’aurais aimé que l’on évoque quelque peu cette merveilleuse écriture inclusive : aurait-on peur d’offenser les intouchables féministes qui en font la promotion ?
Il est vrai que ces dernières squattent la gauche de la gauche, pour son plus grand malheur.

03/09/2019 15:18 par babelouest

Comme m’en avait averti Arnaud Upinsky, responsable de l’Union des Écrivains de France, l’écriture inclusive est rejetée au niveau à la fois de l’Académie française, gardienne de la langue depuis sa fondation par Louis XIV, et de la Cour de Cassation. Elle a d’ailleurs un défaut définitif : elle ne peut tout simplement pas servir oralement. Ce n’est pas de la modernisation, c’est un charabia dont on peut même se demander si ce n’est pas un moyen parmi d’autres pour tuer la langue.

Rappelons que l’article 111 de l’ordonnance de François Premier, dite "de Villers Cotterêts", est toujours en vigueur. Il oblige à l’emploi du français dans tous les documents publics, et il date d’août 1539, ce qui fait juste 480 ans.

Pour plus de précisions, je vous convie par exemple à vous référer à ce groupe sur VK (un Facebook éthique) :
https://vk.com/club184486140
mais il existe beaucoup d’autres sites, liés généralement aux associations comme COURRIEL de Georges Gastaud, Avenir de la Langue française d’Albert Salon, ou l’Association Françophonie Avenir de Régis Ravat qui se démène à Nîmes. Sans oublier, sur Facebook, "Non au tout-à-l’anglais, non à l’anglais partout" de Valérie Faisien.

03/09/2019 16:13 par Jean-Yves Leblanc

Je suis à 100% d’accord avec ce texte.
La destruction de la langue française, en cours depuis plusieurs décennies, est un sujet essentiel qui englobe et résume tous les reculs que nous vivons.
Ayant été prof d’anglais au cours de ma vie active j’ai pu voir s’enfoncer, comme au ralenti, chaque clou dans le cercueil du Français et j’en ai conçu une quasi-haine de l’anglais.

Depuis 1945, la guerre américaine contre le socialisme et pour la domination du monde est d’abord et avant tout une guerre culturelle dont les vecteurs imbriqués sont Hollywood, la musique, l’art, la pub, la technologie et la langue anglaise. (Voir le livre glaçant de Frances Stonor Saunders Who Paid The Piper ? : The CIA And The Cultural Cold War / Qui mène la danse ? La CIA et la Guerre froide culturelle, édition française épuisée et, bien entendu, non réimprimée).
Le plus habile consiste à vaincre sans combat.’ La CIA a fait sienne cette maxime. Sa guerre culturelle est plus efficace que les bombes : Elle enrôle les élites des pays assaillis, pénètre les coeurs, les âmes et l’imagination des peuples à soumettre. C’est ainsi, par exemple, que l’URSS et les pays socialistes ont été détruits.
Le capitalisme mondialisé moderne blotti derrière les USA a besoin de détruire les nations et la guerre culturelle américaine vise tous les pays amis ou ennemis, car toutes les nations doivent disparaître au profit d’un gouvernement oligarchique mondial régnant sur des principautés impuissantes.

Dans le chapitre "Mutisme, aveuglement et servitude volontaires de la fausse gauche" le PRCF se demande pourquoi la gauche accepte le "nouvel ordre linguistique mondial".
- La première partie de la réponse est que les élites politiques et syndicales sont achetées d’une manière ou d’une autre comme dit plus haut. (A ce propos, j’adhère aux remarques de Doucic et Sibeth sur l’utilisation massive de l’écriture inclusive dans les textes de toute la gauche.)
- L’autre partie de la réponse flotte dans les commentaires animés que suscitent certains articles du Grand Soir.
Nombre de personnes de gauche se disant anticapitalistes sont cependant profondément européistes et mondialistes. Nombre de camarades marxistes revendiquent un internationalisme (à mon sens) hors sol. Ils rejettent catégoriquement la nation, les frontières, l’identité nationale, le patriotisme ... à la différence de l’ancien PCF qui mélait le drapeau tricolore au drapeau rouge.
Cet internationalisme ’radical’ était autrefois positif pour combattre un capitalisme, une droite et un ordre bourgeois nationalistes qui exaltaient le patriotisme pour vendre des canons.
Aujourd’hui, les choses se sont inversées : le capitalisme et le nouvel ordre bourgeois sont mondialistes et la défense de la nation ainsi que la souveraineté sont devenues des éléments clé de la résistance.
De ce fait, nos radicaux, dans ce domaine comme dans celui de l’immigration (ils pensent en la soutenant suivre Marx "les prolétaires n’ont pas de patrie") se retrouvent sur les terres du capitalisme d’aujourd’hui et, bien que s’en défendant, se retrouvent enrôlés à son service. La langue constituant le principal ingrédient de l’identité nationale, il ne font aucun zèle pour la défendre. Pire, ils militent souvent pour le régionalisme et soutiennent la résurrection de langues régionales, ce qui est une autre façon d’attaquer le français, langue de toute la République.

Nous sommes là au coeur du problème politique actuel (déjà longuement débattu ici) : une gauche anticapitaliste mais qui soutient les instruments du capitalisme mondialisé. Une gauche qui devrait être le peuple mais qui boude les aspirations clé des classes populaires. Une gauche anti-Macron qui vote Macron au deuxième tour pour contrer le vote RN des ouvriers. ... Et des classes populaires qui demeureront impuissantes sans une vraie gauche.

03/09/2019 23:26 par Philippe H

Globalement d’accord avec le texte, mais l’affirmation selon laquelle "l’anglais n’est plus désormais la langue officielle déclarée d’aucun État européen" me semble inexacte, sauf à entendre l’article défini "la" comme "l’unique".
En effet, l’article 8 de la constitution irlandaise porte "2 the english language is recognised as a second official language.", càd "la langue anglaise est reconnue comme deuxième langue officielle". Il va de soi que ceci résulte d’un colonialisme infâme mais, quand il s’agit des effets linguistiques du colonialisme français, l’article semble bien s’en accommoder dans des phrases telles que "(...) parler dans leur langue aux peuples africains francophones".

04/09/2019 00:03 par Robert

A lire absolument ! : "L’enseignement mis à mort" , essai écrit par Adrien Barrot dans la collection "Librio".sur le rôle abject de l’. État dans la destruction de la pensée en France ! , des pedagogistes ardents destructeurs de l’école Républicaine. Par esprit de révolte envers ces malfrats de la culture et des conséquences dramatiques de leurs actions, j’ai entrepris (ce qu’il ne fallait pas faire) l’étude des grands auteurs du XVII siècle à fond, dont le grand Molière. J’y ai passé deux années, par amour et respect de votre belle culture de France que d’aucuns disent ringarde, archaïque. Soit ! Je me suis imposé ce magnifique la labeur pour la défense de la langue de Molière, notre langue, notre identité contre les assauts de la BARBARIE au pouvoir. Autant en France qu’au Québec. A mes frères et sœurs de France, un soutient indéfectible ! De Montréal.......

04/09/2019 00:10 par Vania

Merci pour l’article En effet, nous vivons en plein "linguicideprogrammé"

04/09/2019 11:00 par Autrement

Marx et Engels : “Le langage est la conscience réelle, pratique, existant pour d’autres hommes” (Idéologie allemande)
Défigurer le langage, c’est obscurcir, endormir, asservir la conscience.
Pour ce qui est du français, une bonne part de sa dévaluation et de son extinction provient du fait que seule une partie de plus en plus minoritaire de la population s’intéresse à son histoire. Les langues anciennes dont il est issu (au moins 80% de son vocabulaire) ont été progressivement et sournoisement éliminées de l’enseignement secondaire public (horaires, programmes) : le grec, pourtant la base de presque tout notre vocabulaire scientifique, est en voie de complète disparition, le latin survit par endroits. L’un et l’autre, relégués dans le domaine des spécialistes, sont (bien à tort !) considérés comme des disciplines élitistes ; moyennant quoi c’est souvent l’enseignement privé qui se voit doté des moyens nécessaires. Les langues anciennes sont la substance même de nos pensées. Un esprit sans racines est vulnérable et perméable à toutes les manipulations.

Plus généralement, l’écrasement et la dégradation de l’enseignement littéraire, classique et moderne, prive les jeunes de la maîtrise de leur langue maternelle, et du sentiment d’appartenance à une communauté nationale et citoyenne. Les plus grands noms d’écrivains, qui sont les phares de notre culture, sont ignorés de trop nombreux jeunes à qui on impose la triste marchandise de vedettes préfabriquées, - ou bien sont récupérés et étouffés par des commémorations bien-pensantes. Tant d’écrivains et de penseurs (faut-il les énumérer ?) seraient nés, auraient vécu, auraient lutté et auraient écrit pour rien ? Pour une pseudo-élite qui n’en retire qu’un supplément d’arrogance ?

Les horaires et les programmes de français et de littérature sont les grands sacrifiés des successives "réformes" néo-libérales, et ce n’est pas un hasard ni une inconséquence de l’OCDE. Les futures victimes du dieu Marché doivent pouvoir faire abstraction de leur dignité. Dans de nombreux établissements, surtout techniques ou professionnels, n’existe même plus aucun enseignement, aucune transmission, des oeuvres de notre patrimoine.
Or sans la maîtrise de sa langue et la connaissance de ses finesses et de ses arrière-plans, sans la faculté, inhérente à l’enseignement littéraire tel qu’il devrait être, de nommer et de raconter le réel autrement que par le discours dominant, un jeune est sans défense dans la société. Il est sans défense vis-à-vis de ses "supérieurs", devant lesquels il n’ose pas s’exprimer, il est aussi sans ressources morales (la vraie morale qui se moque de la morale) dans sa vie privée. Car l’enseignement littéraire est une source inépuisable de réconfort, de connaissances et de découvertes qui aident à vivre.
C’est notre langue dans toute sa profondeur, avec sa vitalité toujours renouvelée, et débarrassée des stéréotypes qui l’envahissent et la paralysent, qui nous permet de riposter aux mensonges, de combattre l’ignorance crasse des dominants en matière d’humanité, et de mépriser les insultes de ceux qui nous méprisent.

05/09/2019 09:42 par Assimbonanga

S’agit-il de l’anglais ? Ne s’agit-il pas plutôt de l’américain , la langue du dollar ? Les langues dominantes sont les langues des dominants. Lorsque le français était parlé dans toutes les cours d’Europe, c’était pas juste parce qu’elle était plus magnifique que les autres, mais parce que la France dominait économiquement.
L’américain et toute son idéologie, sa production cinématographique, de Disney à youporn, avec tout ce que ça comporte de facilité, vulgarité, marchandisation, bêtise et simplification etc... Et je ne parle même pas de l’humour américain !
D’autre part, j’aimerais beaucoup que France Inter, radio nationale, impose à tous ses animateurs, tous ceux qui parlent dans le micro, un nombre d’heures hebdomadaire obligatoire de remise à niveau en orthographe, grammaire et littérature. La femme puissante Léa Salamé, qui a fait St-Louis de Gonzague et l’Ecole Alsacienne, est particulièrement une tare sur plan langagier. Elle démontre toutes ses lacunes jour après jour et même intellectuellement, quelle étroitesse ! Pauvre France.

05/09/2019 19:35 par babelouest

@ Assimbonanga
Mais bien sûr, le mal ne vient pas de l’anglais, le vrai, celui de Chaucer, Shakespeare et Byron, mais de ce dialecte artificiel, qui n’est même pas de l’américain, mais un gloubiboulga de termes financiers abscons, de mots-valises dont on se demande ce qu’ils signifient. Le Globiche (que ces messieurs appellent globish) se fait fort, par ses limitations, ses simplifications, son vocabulaire extrêmement pauvre, de tuer TOUTES les langues, donc les dialogues entre humains, et même la pensée qui est un dialogue avec soi-même. Finie la littérature, finie la philosophie, finis les subtils débats où chaque mot a un sens Je ne prends qu’un exemple simpliste : le mot kid se fait fort de remplacer à lui seul une trentaine de vocables français subtilement différents pour désigner des enfants, des moutards, des poulbots, des gosses, des mioches, des morveux, et j’en passe...

Pire que cela, souvent remplacer le mot français originel par son presque équivalent en Globiche en change le sens, et plie celui-ci à une pensée unique aux prémisses différentes. Peut-on considérer comme équivalents les mots abonné, et follower ? Le second implique une sorte d’esclavage.

Restons terriblement vigilants !

06/09/2019 17:39 par gehant

Apprendre à lire …demain

par Albert Gehant (instituteur en retraite)

Apprendre à lire...demain
Depuis la "révolution de 1789 la bourgeoisie a toujours vu d’un très mauvais oeil que le peuple sache lire et écrire ! Peu après l’ écrasement dans le sang de la commune de Paris, Jules Ferry déclara à la chambre : "il nous faut une école d’Etat sinon les ouvriers et les paysans finiront par créer leurs propres écoles et leurs enfants y apprendront le socialisme et pire le communisme."
Pour dominer idéologiquement, il fallait que la bourgeoisie" tienne la langue". Qu’il s’agisse de la langue orale mais aussi de la langue écrite. "Contrôler l’usage de la langue", c’est le rôle de l’école de Jules Ferry depuis la troisième république. L’école d’Etat interdit l’usage les langues régionales dans les cours de récréation. L’école d’Etat imposa des méthodes d’apprentissage de la lecture menant à un "savoir lire minimum" . Ce savoir "lire minimum" , transcodage de l’écrit à l’oral, qui ne permet jamais de devenir un lecteur performant. Il faut refuser l’école de la confiance que va imposer Le ministre Blanquer et s’engager , ensemble dans la construction d’une école de la conscience. Défendre la langue c’est défendre la liberté car :
"Un peuple qui perd sa langue perd sa liberté" .
On trouvera ma contribution à la défense de la langue française dans :" Apprendre à lire...demain à l’école de la conscience" à la librairie des Bauges à Albertville où sur le site en téléchargement sur le site :"the book édition". Il sera aussi disponible au rond point des gilets jaunes d’Albertville tous les samedi matin

06/09/2019 17:47 par J.J.

Dans mon quartier, se sont ouvertes récemment deux boulangeries qui font assaut de ridicule : La Ronde des Pains, by Christophe et Blénews.
Inutile de préciser que je ne mange pas de ce pain là !

Assimbonanga : le mot kid se fait fort de remplacer à lui seul une trentaine de vocables français subtilement différents pour désigner des enfants, des moutards, des poulbots, des gosses, des mioches, des morveux, et j’en passe...
...et moi j’ajouterais quelque termes "vernaculaires"(non enseignés dans une école régionaliste) : gouyat et gouyassou, drôle et drôlesse(pas du tout péjoratif), quenaille etc...

Je m’associe aux critiques émises à propos de cette ridicule, illisible et indigeste écriture dite inclusive, crypto machiste : les noms féminins sont toujours en deuxième position, abrégés et écorchés. Est-on donc si pressés, ou radins en caractères d’écriture, que l’on ne puisse écrire par exemple, à la place de observateur(trice) : Le observatrices et observateurs ?

06/09/2019 17:51 par J.J.

Erratum : J’mai trompé, c’est Babelouest que je voulais citer !

08/09/2019 17:14 par Autrement

Tiens, tiens, déjà ?
Les Versaillais se préparaient...

Monsieur Hulot fils était bien le jeune homme tel que l’a fabriqué la Révolution de 1830 : l’esprit infatué de politique, respectueux envers ses espérances, les contenant sous une fausse gravité, très envieux des réputations faites, lâchant des phrases au lieu de ces mots incisifs, les diamants de la conversation française, mais plein de tenue et prenant la morgue pour de la dignité. Ces gens sont des cercueils ambulants qui contiennent un Français d’autrefois ; le Français s’agite par moments, et donne des coups contre son enveloppe anglaise ; mais l’ambition le retient, et il consent à s’y étouffer. Ce cercueil est toujours vêtu de drap noir.
Honoré de Balzac (La cousine Bette).

Ne reconnaît-on pas là le jeune homme tel que l’a fabriqué la génération Hollande (sosie de Louis-Philippe) qui lâche (lâche !) encore plus de phrases phraseuses et met son point d’honneur à parader dans son enveloppe de start-up-in ?
Quant aux diamants de la conversation française, on les trouvera peut-être dans les entretiens privés d’un nouveau Bugeaud, marquis de la Piconnerie (ça ne s’invente pas), et duc d’Isly ? (Pour la comparaison, ce ne sont pas les grandes réputations qui manquent).
La différence est que maintenant ces cercueils s’habillent aussi en bleu, en rose, et même en vert...

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