AFP, Paris, 12 septembre 2007.
La France, qui conserve un pied en dehors de l’Otan depuis le général de Gaulle, esquisse un retour complet au sein de l’Alliance atlantique pour favoriser la relance de la défense européenne, marquant un rapprochement du président Nicolas Sarkozy avec l’allié américain.
"Ma conviction est que l’Europe de la défense ne progressera pas si nous ne changeons pas de comportement politique au sein de l’Otan", a affirmé le ministre français de la Défense Hervé Morin lors de la 5e Université d’été de la défense, réunie lundi et mardi à Toulouse (sud-ouest).
Avant lui, le président Sarkozy avait fin août appelé à des "initiatives très fortes" de la France pour donner une nouvelle impulsion à l’Europe de la défense, tout en souhaitant qu’elle prenne "toute sa place" au sein de l’Otan. "Les deux (vont) ensemble", avait-il insisté.
La France "serait évidemment la bienvenue à l’Otan, quoique cela marche très bien jusqu’à présent" dans le domaine de la coopération militaire, a déclaré James Appathurai, porte-parole du secrétaire général de l’Otan Jaap de Hoop Scheffer
La question d’un retour de la France au sein des structures militaires intégrées de l’OTAN est récurrente depuis plusieurs années et est l’un des principaux sujets du prochain Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale actuellement en préparation en France.
La France avait quitté le commandement intégrée de l’Alliance en 1966 sur décision du général de Gaulle qui souhaitait maintenir l’indépendance militaire du pays notamment vis-à -vis des Américains.
"Au niveau politique, un retour complet de la France dans l’Otan serait une rupture politique majeure au regard de la politique extérieure française menée depuis 1967", explique Bruno Tertrais, expert en matière de Défense.
Toutefois, ajoute-t-il, "une manière simpliste de voir ce dossier consisterait à dire : nous avons un président atlantiste donc nous allons réintégrer l’Otan. Je ne crois pas que ce soit l’esprit dans lequel nos autorités politiques l’abordent".
"Notre priorité est de soutenir et de relancer la politique européenne de sécurité et de défense", a affirmé M. Morin."Nous sommes trop souvent ceux qui chipotent et qui barguignent, comme si nous voulions donner le sentiment de vouloir empêcher l’Otan de se transformer", a-t-il encore affirmé.
Reste à définir les modalités d’une éventuelle intégration. Car "il y a un précédent, la manoeuvre diplomatique ratée de 1996. Personne ne souhaite que ce scenario se reproduise", explique Bruno Tertrais.
La France avait rejoint le comité militaire de l’OTAN mais la réintégration n’a pas été complète, Paris n’ayant notamment pas obtenu un poste de haute responsabilité revenant traditionnellement à des officiers américains.
"Il faut savoir ce qu’on gagne et ce qu’on perd en terme notamment de liberté de manoeuvre", relève une source de Défense française qui précise que "rien n’est figé".
M. Morin a lui-même pesé le "pour et le contre", jugeant positif la possibilité pour la France d’accroître son "influence" sur les opérations militaires de l’Alliance. Dans la colonne du contre, le ministre a rangé "le risque d’une moindre souveraineté et un possible "affaiblissement de notre position internationale qui pourrait apparaître comme plus alignée".
L’opposition socialiste a dénoncé mardi le "penchant atlantiste" de Nicolas Sarkozy citant l’Otan, ainsi que les dossiers de l’Irak, de l’Afghanistan et de l’Iran.
La France est aujourd’hui le troisième contributeur financier pour les activités de l’Otan auxquelles elle participe et le cinquième (après les Etats-Unis, le Royaume Uni, l’Allemagne et l’Italie) sur l’ensemble des opérations.
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