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L’Iran au chevet des États-Unis ...

Beaucoup de bruit autour d’un rapprochement États-Unis-Iran. Much Ado about Nothing ? Suspense...

Jeudi 26 septembre, le secrétaire d’État John Kerry rencontrera en tête-à-tête son homologue iranien, Javad Zarif. Ce sera la première rencontre de cette sorte, tête-à-tête des ministres des affaires étrangères, depuis l’installation de la République Islamique d’Iran, en 1979. Cette rencontre se place évidemment dans le grand courant de communication (rien d’autre, pour l’instant) qui enfle à l’approche de la session générale de l’ONU où l’on chuchote à grands renforts d’articles et de titres considérables que Rouhani et Obama, se croisant dans les couloirs de l’ONU, pourraient trouver brusquement le temps de s’entretenir, eux aussi, en face-à-face. La rencontre Kerry-Zarif permettra sans doute de parler de sujets intéressants, y compris de la Syrie où les deux pays jouent un rôle actif, dans les camps opposés ; elle est notamment annoncée par McClatchy.News, le 23 septembre 2013.

« ...La rencontre de jeudi entre Kerry, qui est depuis longtemps membre du Comité des Relations Etrangères du Sénat, et Zarif, un ancien délégué à l’ONU formé aux États-Unis, sera la plus importante depuis que les deux pays ont coupé tous liens diplomatiques suite à la révolution islamique iranienne de 1979. En 2001, Colin Powell, alors secrétaire d’État, avait rencontré son homologue iranien à l’ONU, mais seulement pour une poignée de mains ; Et Condoleeza Rice, et le ministre des Affaires étrangères iranien de l’époque, Manouchehr Mottaki, avaient fait en sorte d’éviter toute conversation sérieuse pendant la conférence internationale sur l’Irak de 2007.

 »La rencontre de jeudi, par contre, concernera l’Iran, et les analystes spécialistes des relations entre l’Iran et les États-Unis disent que le moment est propice à la détente : les États-Unis et l’Iran sont dans des camps opposés sur le conflit syrien mais les deux pays cherchent le moyen d’arrêter l’effusion de sang, et par ailleurs l’Iran souffre des sanctions imposées sur ses exportations de pétrole... »

• L’agitation est fébrile chez nos amis “faucons” de divers plumages, et notamment les increvables neocons qui continuent à constituer le fond de commerce qui paraît sans fin de la pensée politique étasunienne, – tant les élans extrémistes semblent, eux aussi, le fond de commerce de cette pensée politique, tout cela achevant gracieusement le cercle vicieux constituant la figure favorite de cette pensée. Jim Lobe consacre un article (Antiwar.com, le 22 septembre 2013) à ces “faucons”, où il met en évidence le lien entre leur déception affreuse face à l’attaque manquée (pour l’instant) contre la Syrie et leur angoisse furieuse de ces bruits affreux de pseudo-“rapprochement” entre l’Iran et les USA. Les citations du Weekly Standard et du Wall Street Journal suffisent à notre édification, avec en prime, certes, la référence sacrée à Munich – 1938 qui semble au-delà de l’usure du temps, mais agrandie pour cette fois à l’intervention de Mussolini en Ethiopie – 1935 (avec l’emploi d’armes chimiques, occurrence subtile et néanmoins révélatrice que nul n’est autorisé à rater).

« “…"La Syrie n’est que l’Acte Un. La semaine prochaine, l’Acte Deux s’ouvre aux Nations Unies", a écrit, vendredi, William Kristol, directeur de la rédaction du Weekly Standard et co-fondateur du Comité d’Urgence pour Israël (ECI) et de l’Initiative pour la Politique Extérieure (FPI), une officine néo-conservatrice. "Nous allons assister à une offensive de charme digne de Richard III de la part d’Hassan Rouhani, le nouveau président iranien, passé maître dans l’art de tromper l’Occident. Pour apaiser l’Iran, l’Administration Obama reculera sur la Syrie". "De petits renoncements en entraînent de plus grands. L’incapacité de l’Occident à résister à l’invasion de l’Éthiopie par Mussolini en 1935 – et ses troupes ont utilisé des gaz toxiques – a été un avant-goût de l’incapacité de résister à Hitler quand il a envahi la Rhénanie en mars 1936", a-t-il souligné en faisant référence à la manière dont Winston’s Churchill avait critiqué au Parlement Britannique la politique d’apaisement de Londres dans la période qui a conduit à la seconde guerre mondiale. [...]

 »Si la Maison Blanche a été soulagée, les faucons, eux, étaient furieux. "Qu’est-ce qui pourrait arriver de pire, pour l’image des États-Unis, que de voir un Congrès refusant de soutenir la proposition d’un président d’engager une action militaire contre un état voyou qui a utilisé des armes de destruction massives ?" s’interroge l’éditorialiste du néo-conservateur Wall Street Journal. "Voilà ce que je vois : un président étasunien qui permet à un état voyou d’échapper à la punition qu’il mérite grâce au pays qui l’a protégé tout au long". "Les Iraniens vont prendre cela comme le signe qu’ils peuvent piéger de la même façon Obama dans un bourbier diplomatique en prétendant avoir mis fin à leur programme nucléaire," ajoute-t-il, un argument sans cesse repris depuis par d’autres faucons comme McCain et Graham. »

• Puisque l’Iran semble avoir momentanément remplacé la Syrie comme principale préoccupation spéculatives des commentateurs à Washington, il importe une fois de plus de se tourner vers les époux Leverett pour entendre ce qu’ils ont à nous en dire, notamment dans la perspective d’une hypothétique rencontre Rouhani-Obama qui reste toujours à ce stade de l’hypothèse. Les Leverett publient un texte sur leur site GoingToTeheran.com, ce 21 septembre 2013, où ils reviennent sur leur habituelle spéculation de savoir si les États-Unis seront capables un jour de comprendre et d’accepter la pensée rationnelle et structurée appuyée sur une perception traditionnelle et principielle des Iraniens, et si ce jour sera éventuellement d’ici la fin du mois à l’ONU. Leur texte est principalement consacré à un commentaire des passages les plus importants d’un texte du président iranien publié le 20 septembre 2013 dans le Washington Post. (On appréciera à ce propos combien cela paraît être une nouvelle tendance, et peut-être une habitude en train de s’établir, de voir les chefs d’État ou de gouvernement de pays jugés “hostiles” de s’exprimer dans les pages les plus prestigieuses de la presse-Système étasunienne, cela après le commentaire de Poutine dans le New York Times du 13 septembre.) Voici le passage du commentaire des Leverett :

« ...Trois passages semblent particulièrement importants pour comprendre la position de Téhéran sur la question nucléaire. Le premier présente la définition de Rouhani de "l’engagement constructif" (c’est nous qui mettons les guillemets) : "Il est - ou devrait être - contraire au bon sens de poursuivre ses intérêts sans se préoccuper des intérêts des autres. Une approche diplomatique constructive ne signifie pas renoncer à ses droits. Elle signifie s’engager à débattre avec l’autre partie de problèmes communs sur un pied d’égalité et de respect mutuel dans le but d’atteindre des objectifs communs. En d’autres termes, l’issue gagnant-gagnant n’est pas seulement souhaitable, elle est possible. Une mentalité de guerre froide à somme nulle ne profite à personne."

 »La mention explicite de ne pas renoncer à ses droits est, bien sûr, dans la droite ligne des déclarations que Rouhani a faites pendant sa campagne présidentielle et depuis son élection affirmant qu’ il ne renoncerait pas au droit de l’Iran – un État souverain et membre du traité de Non Prolifération Nucléaire (TNP), – d’enrichir de l’uranium sous contrôle international. Malheureusement, il n’y a aucune indication concrète que l’Administration Obama est prête à lui reconnaître ce droit. En fait, on peut trouver, dans les cinq dernières années, de multiples déclarations d’officiels de l’Administration niant publiquement que l’Iran ait ce droit. (Ce qui, soit dit en passant, est une interprétation intellectuellement et légalement malhonnête du TNP).

 »Le second passage de la communication du président Rouhani que nous voulons souligner ici, explique avec une clarté admirable, pourquoi la République Islamique n’est pas prête à renoncer à son droit d’enrichir de l’uranium : "Nous devons aussi prendre conscience que le problème de l’identité est au coeur des tensions au Moyen Orient, et au-delà. En particulier, les conflits sanglants qui endeuillent l’Irak, l’Afghanistan et la Syrie portent sur la nature de l’identité de ces pays et la place qui en résulte pour eux dans notre région et dans le monde. La question de l’identité est aussi au coeur de notre programme pacifique d’énergie nucléaire. Pour nous, dominer le cycle du combustible nucléaire et produire de l’énergie atomique n’est pas seulement un moyen de diversifier nos ressources énergétiques, il s’agit aussi de qui nous sommes en tant que nation, de notre exigence de respect et de dignité et de la place que cela nous donne dans le monde."

 »Le président Rouhani dit ensuite : "Si nous ne comprenons pas le rôle de l’identité, beaucoup de nos problèmes à tous resteront sans réponse." Rien n’est plus vrai. Malheureusement, il est loin d’être acquis que l’Administration Obama comprenne à quel point la question des droits iraniens au nucléaire est liée à des questions fondamentales d’identité (comme l’indépendance et le contrôle des ressources énergétiques du pays) pour des Iraniens qui ont soutenu la révolution de l’Iman Khomeiny et qui continuent de soutenir l’ordre politique qu’elle a engendré.

 »Le troisième passage du communiqué du président Rouhani que nous voulons souligner porte sur les conditions d’un progrès diplomatique : "Pour sortir de l’impasse, que ce soit en ce qui concerne la Syrie, le programme nucléaire de mon pays ou notre relation avec les États-Unis, il faut viser plus haut. Plutôt que de se concentrer sur la manière d’empêcher la situation de se dégrader, il faut chercher – et discuter de – la manière d’améliorer la situation. Pour ce faire, il faut avoir le courage de dire ce qu’on veut – avec clarté, concision et sincérité – et de joindre la volonté politique et les actes appropriés aux paroles. Voilà ce que moi j’appelle une interaction constructive."

 »Le président Rouhani n’est certainement pas le premier leader iranien à souhaiter que les Etats-Unis clarifient leur position sur la république Islamique. Malheureusement, il est loin d’être acquis que l’Administration Obama soit – ou puisse être – en mesure de fixer un objectif clair et définitif aux pourparlers sur le nucléaire – car cela obligerait les États-Unis à admettre que le droit de l’Iran d’enrichir de l’uranium dans le cadre du TNP doit être pris en considération dans la négociation. Aussi, sachant que l’Assemblée Générale de l’ONU a lieu la semaine prochaine et qu’ensuite les négociations sur le nucléaire iranien devraient reprendre avec la République Islamique, l’important n’est pas de savoir quelles concessions les leaders iraniens sont prêts à faire. Ce qu’il faudrait savoir c’est si Washington est prêt à renoncer à une approche stratégique du Moyen Orient qui a causé énormément de tort à la position des États-Unis dans cette région vitale – notamment en rendant impossible des relations diplomatiques fructueuses avec la République Islamique. »

• Les mêmes Leverett citent dans leur commentaire une interview faite par Russia Today du professeur Seyed Mohhamad Marandi, de l’université de Téhéran, le 19 septembre 2013. Cette interview complète leur propos en exposant l’aspect réaliste de la position iranienne, nécessairement différente de l’approche diplomatique et prudente, et néanmoins principielle, de Rouhani. Il s’agit des références à la situation présente, surtout après l’épisode syrien, qui est que la puissance et l’influence des États-Unis sont en déclin accéléré, tandis que la position iranienne se renforce. Il s’agit par conséquent d’une sorte d’avertissement aux États-Unis, complétant les propos de Rouhani, qu’il ne faut pas attendre de l’Iran qu’il se confonde en une satisfaction sans bornes du simple fait que le dialogue s’établisse, ou semblerait devoir s’établir, et que l’essentiel reste sur les questions de fond, et de principe, sur lesquelles l’Iran ne cédera évidemment pas. L’Iran ne considère pas que le seul fait qu’on veuille bien écouter son argument, ou simplement parler avec lui d’une façon civilisé, constitue la concession nécessaire et suffisante des États-Unis pour ces contacts, étant admis qu’alors l’Iran devra à son tour faire la concession attendue qui est de satisfaire à toutes les exigences étasuniennes (et du bloc BAO), estampillées-Système.

Russia Today : « L’Iran a toujours nié qu’il construisait des armes atomiques. Alors d’où vient l’apparent enthousiasme actuel des États-Unis ? »

Seyed Mohhamad Marandi : « C’est difficile à dire, il faudrait surtout se demander pourquoi les États-Unis n’ont pas réagi ainsi plus tôt parce que c’est ce que les Iraniens ont dit depuis le début. En tous cas il me semble que les Iraniens voudraient savoir si cet enthousiasme apparent va modifier la ligne de la politique étasunienne ; C’est cela l’important. Ce que les Iraniens font maintenant c’est de dire ’regardez, nous allons préserver nos droits souverains car nous sommes une nation indépendante, nous allons poursuivre notre programme nucléaire pacifique, nous avons toujours respecté le droit international, personne ne peut prouver le contraire, mais malgré cela nous voulons bien contribuer à créer un nouveau cadre favorable aux négociations. Et donc, ce que les Iraniens ont fait, c’est de mettre fermement la balle dans le camp des États-Unis, où elle se trouve depuis un bon moment, mais ils l’ont fait surtout pour que toute la communauté internationale le voit, et maintenant c’est au tour des États-Unis de jouer.

 »Jusqu’ici les États-Unis ont répondu négativement. Aussitôt après que M. Rouhani ait été nommé président, [Washington] a mis en place de nouvelles sanctions, maintenant ils parlent de saisir un bâtiment qui est lié à la communauté iranienne des États-Unis. Il n’y a pas de signes positifs, et donc les Iraniens attendent de voir ce qui va arriver dans les prochains jours ou semaines , et si les Etats-Unis vont modifier leur approche irrationnelle envers l’Iran. »

Russia Today : « Vous avez parlé d’objectifs énergétiques pacifiques. Les États-Unis vont-ils accepter cela ? »

Seyed Mohhamad Marandi : « Cela dépend des États-Unis. Mais la position iranienne s’est renforcée dans les mois derniers, les récentes élections iraniennes ont montré la force de l’Iran ; le haut taux de participation aux élections a donné une grande légitimité au système électoral iranien. Ce n’est pas parce qu’ils étaient militants des droits de l’homme que certaines personnes ont été mises en prison après les précédentes élections mais parce que, considérant les élections comme frauduleuses, ils avaient essayé de susciter des troubles dans le pays. Mais après cette élection-ci, le président Rouhani, de nombreux réformateurs et beaucoup de politiciens de tous bords ont dit qu’il n’y avait jamais eu de fraudes et cela a grandement renforcé la position de l’Iran. En ce moment, alors que le reste de la région vit de grands bouleversements et que l’instabilité augmente à cause des états-Unis, l’Iran est le seul pays qui est tout à fait stable et qui a un taux de participation aux élections très élevé.

 »De plus, les États-Unis se sont isolés en menaçant la Syrie ; la communauté internationale ne les a pas suivis et même à l’intérieur des États-Unis, Obama et l’establishment politique ont perdu de la popularité et leur projet d’agression contre la Syrie a été combattu. De sorte que la position de l’Iran est bien plus forte aujourd’hui, tandis que celle des États-Unis s’est affaiblie. »

Russia Today : « Est-ce que les efforts actuels de l’Iran pour améliorer les relations avec l’Occident pourraient être interprétés comme la preuve que les sanctions sont efficaces ? »

Seyed Mohhamad Marandi : « Les sanctions sont efficaces dans le sens que des gens sont morts par manque de médicaments parce que les Étasuniens ont essayé de fermer la banque centrale iranienne avec l’aide de leurs alliés. Ce qui a suscité la colère des Iraniens. Mais le président Rouhani a dit clairement que l’Iran était prêt à discuter des problèmes que le programme nucléaire iranien posait à l’Occident à condition que ses droits soient respectés. Quand les États-Unis menacent et envahissent des pays et imposent des sanctions qui pénalisent les Iraniens ordinaires qui ne peuvent plus soigner leur cancer par exemple, cela ne contribue pas à résoudre les problèmes. Les Iraniens ne vont pas se mettre à genoux devant les États-Unis. L’Iran est une nation souveraine et indépendante, c’est pour cela que nous avons fait la révolution il y a 34 ans, pour obtenir notre indépendance et nous débarrasser de l’hégémonie étatsunienne. L’Iran n’est pas un pays-client comme l’Arabie Saoudite, le Qatar ou la Jordanie. Et donc si les États-Unis respectent l’Iran, un rapprochement est possible. Les États-Unis ont besoin de l’Iran parce que, du fait de leur propre politique, ils ont déstabilisé toute la région et permis à Al-Qaeda de se développer à travers l’Arabie Saoudite, le Qatar et d’autres riches dictatures pétrolières. Pour sauver la situation et réparer le chaos qu’ils ont semé dans la région, ils ont besoin d’un pays stable, sûr, fort et puissant comme l’Iran. »

Le simple fait que l’incroyable basse-cour neocon, couturée par au moins douze années de commentaires, de prévisions, d’analyses, systématiquement marquées par la fausseté, la tromperie, la grossièreté de l’argument, le primitivisme de la vision, soit encore tenue comme une référence majeure pour situer le paysage intellectuel de Washington, même dans le sens de la déception alarmée, ce simple fait décourage l’analyse de fond de ce “paysage intellectuel” qui semble alors correspondre à un cliché de la désolation d’un désert sans fin. L’observation de la déception de cette citadelle du nihilisme grandiloquent de la conception (la chapelle neocon) retranchée dans l’affirmation de la puissance brute, suivie de l’analyse évidente de sa nullité intellectuelle et de l’annonce utopique de sa perte d’influence, est un constat courant à Washington depuis à peu près autant d’années que la susdite citadelle est une référence incontournable ; pourtant cette citadelle reste la référence incontournable, et alors tout est dit, la messe et le reste...

C’est dire, pour notre cas, si nous partageons le sentiment des Leverett, dont le commentaire des trois points essentiels mentionnés par Rouhani est suivi de trois “Unfortunately” introduisant le constat que tout montre que rien n’a changé dans la façon d’aborder les fondements de la question de la part de l’administration, de Washington, du système de l’américanisme. Cette “façon” consiste à penser épisodiquement, comme autant de spasmes analytiques américanistes, – et l’élection de Rouhani est certes l’occasion d’un spasme majeur, – qu’enfin le temps est venu de la détente, ce qui implique simplement que l’Iran va accepter toutes les exigences de Washington, point final et tout le monde a le sourire. Les États-Unis ne comprennent pas, ne peuvent pas comprendre que l’Iran est une nation souveraine, qu’elle a droit au respect principiel de sa position structurelle et de ses intérêts conjoncturels, et qu’à partir de cette base un dialogue peut être productif et conduire à un accord. Les États-Unis ne peuvent pas comprendre parce qu’ils ignorent le fait principiel, arguant simplement de “valeurs” qui sont en fait leurs “valeurs”, c’est-à-dire leurs exigences d’intégration inconditionnelle du “modèle” qu’ils constituent que les autres doivent accepter, avec les concessions qui vont avec, revenant à une trahison de tous leurs principes pour entrer dans le rang qui suit sans un pli la ligne du bloc BAO. (En effet, ce qu’on dit des États-Unis vaut naturellement pour le bloc BAO, les autres étant complètement américanisés pour ce qui est de l’unitéralisme de la pensée, l’infection de la psychologie et tout ce qui va avec . Nous sommes au cœur du Système, point final.)

C’est dire que s’il sortait quelque chose de concret de l’actuelle phase de détente États-Unis-Iran, et cela nécessairement avec l’Iran ne cédant pas sur ses principes, on pourrait parler d’un miracle impliquant l’intervention de forces supra-humaines. On devrait alors interner tous les neocons entrés dans une humeur maligne et sans retour de la phase dépressive ultime de leur maniaco-dépression, et le monde, et les Leverett, et nous-mêmes, devrions nous mettre à la Grande Révision de nos analyses. On peut rêver mais pas trop...

Philippe Grasset

Traduction des parties en Anglais : Dominique Muselet

»» http:// http://www.dedefensa.org/ar...
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