Plusieurs manifestations ont été organisées hier dans les territoires palestiniens pour marquer la Journée du Prisonnier palestinien célébrée le 17 avril de chaque année, alors que l’occupant israélien continue de se livrer aux violations du droit humanitaire.
Ainsi, les geôles israéliennes ont accueilli depuis 1967 800.000 détenus Palestiniens.
La journée des prisonniers palestiniens, organisée chaque 17 avril, est commémorée à travers les territoires palestiniens en soutien aux prisonniers palestiniens et arabes en Israël, alors que le flambeau de la liberté sera allumé dans la ville natale d’un prisonnier malade et paralysé Mansour Mouakada, toujours détenu dans une prison israélienne sans avoir droit aux moindres soins. C’est « une journée nationale pour dire non à l’occupation et soutenir ceux qui s’y sont opposés », explique Qaddoura Fares, qui dirige l’organisation du Club des prisonniers. « S’il y a des détenus palestiniens dans les prisons d’Israël, c’est parce qu’ils ont résisté à l’occupation, ils sont un symbole de la résistance », ajoute cet ancien prisonnier pendant de longues années dans une cellule israélienne avant d’être libéré dans la foulée de la signature des accords d’Oslo en 1993.
La journée du prisonnier palestinien célébrée le 17 avril de chaque année intervient alors que le processus de paix est au point mort et que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a clairement enterré l’idée d’un Etat palestinien pendant sa campagne électorale lors des dernières élections.
« La voie politique est bouchée », estime Issa Qaraqae, en charge de la question des prisonniers au sein de l’Autorité palestinienne, mais affirme-t-il, cela n’empêche pas les Palestiniens de manifester, de la bande de Ghaza à la Cisjordanie occupée pour la Journée du Prisonnier. Il a annoncé la veille que l’ensemble des prisonniers dans les geôles israéliennes entament ce vendredi (hier) une grève de la faim pour protester à nouveau contre les mauvaises conditions de leur détention et les violations des droits de l’homme dans ces cellules. Selon les chiffres officiels palestiniens, 800.000 Palestiniens ont été emprisonnés par Israël depuis la guerre israélo-arabe de 1967 et l’occupation par Israël des territoires palestiniens. Pour tous ceux-là, assure Majed Bamya, responsable au ministère palestinien des Affaires étrangères, il faudra obtenir justice. « Il y a un nouvel élément », note-t-il.
Le 1er avril, les Palestiniens ont adhéré à la Cour pénale internationale (CPI) et réclamé au tribunal de La Haye de poursuivre des dirigeants israéliens pour « crimes de guerre ». Désormais, assure-t-il, « la question des prisonniers est une des priorités ». Car « l’emprisonnement en masse peut être considéré comme un crime de guerre, un crime contre l’Humanité ». « Chaque Palestinien a une expérience avec les prisons de l’occupation : soit il y a été, soit un de ses proches y a été enfermé », lance Nojoud Qassem, qui manifeste en solidarité avec les Palestiniens détenus par Israël, dont son mari. Sa fille, âgée de 13 ans, « ne connaît pas son père » condamné à la perpétuité. « Elle ne le voit que deux fois par mois, et ils se parlent dans un téléphone et des deux côtés d’une vitre », affirme cette mère palestinienne à un correspondant de l’AFP.
Hadi al-Fakhri, lui aussi, a grandi sans son père, condamné à la perpétuité par un des tribunaux militaires israéliens - qui prononcent de lourdes peines contre les Palestiniens des Territoires occupés sans procès. Ce n’est qu’à 26 ans qu’il a été libéré avec plus de 1000 autres dans le cadre de l’accord sur l’échange de prisonniers conclu avec le mouvement de résistance palestinien Hamas. « Ça a été dur de grandir sans une figure paternelle. Quand tu es petit, tu veux jouer avec ton père, tu as besoin de son amour, de sa présence, de ses câlins », dit-il à l’AFP. « Moi, je n’ai eu ça qu’au bout de 26 ans, et cela m’a paru bizarre ». Son père est sorti de prison fin 2011, dans le cadre de l’échange de prisonnier. Israël a toutefois refusé de libérer la quatrième et dernière vague de prisonniers promise dans le cadre de la relance en 2014 des négociations de paix avec les Palestiniens depuis suspendues, et a arrêté de nouveau des dizaines de Palestiniens dont de nombreux députés du Hamas.