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Grèce : le virage répressif du gouvernement Syriza (Jacobin magazine)

Stathis Kouvélakis et Costas Lapavitsas

Certains dans les rangs de la gauche européenne persistent à croire que la situation en Grèce va en s’améliorant, et que le gouvernement Syriza reste une force de gauche. (...) La réalité est que, depuis leur capitulation en juillet 2015 à la Troïka des créanciers de la Grèce (UE, Banque centrale européenne, FMI), Tsipras et son gouvernement ont appliqué de façon inflexible les mêmes politiques néolibérales de choc que tous les gouvernements grecs qui se sont succédé depuis 2010, date du premier Mémorandum signé avec la Troïka. (...)La seule différence avec les prédécesseurs est que Tsipras et son parti ont été élus en janvier 2015 précisément dans le but de renverser ces politiques. Leur revirement de l’été 2015 – survenu quelques jours seulement après un référendum au cours duquel 61% des électeurs ont rejeté l’imposition d’un plan d’austérité – fut un choc traumatique pour la société grecque. Au cours des trois années qui ont suivi, le cynisme de Syriza a entraîné une profonde démoralisation qui imprègne tous les domaines de la vie publique. La passivité et le découragement ont été les principaux facteurs qui ont permis la mise en œuvre de nouvelles mesures d’austérité sans rencontrer d’opposition majeure.(...) Un seuil symbolique dans cette escalade répressive a été franchi le 26 septembre, quand Panagiotis Lafazanis, une figure respectée de la gauche radicale, a reçu une convocation pour répondre à des accusations concernant sa participation à des actions de protestation hebdomadaires contre les saisies et les ventes aux enchères. (...)

Certains dans les rangs de la gauche européenne persistent à croire que la situation en Grèce va en s’améliorant, et que le gouvernement Syriza reste une force de gauche qui protège les intérêts des travailleurs et des défavorisés, dans des conditions très difficiles. Parmi eux, Iñigo Errejon, l’un des principaux dirigeants de Podemos, qui a déclaré dans un récent entretien que « compte tenu de ces contraintes, le bilan [de Tsipras] est plutôt satisfaisant »[1]. Pour ceux qui partagent ce point de vue, le tour que prennent les événements apparaîtra comme une mauvaise surprise.

La réalité est que, depuis leur capitulation en juillet 2015 à la Troïka des créanciers de la Grèce (UE, Banque centrale européenne, FMI), Tsipras et son gouvernement ont appliqué de façon inflexible les mêmes politiques néolibérales de choc que tous les gouvernements grecs qui se sont succédé depuis 2010, date du premier Mémorandum signé avec la Troïka. Le gouvernement Syriza a ainsi procédé à une réduction drastique des dépenses publiques, à la poursuite de la déréglementation et à une vague sans précédent de privatisations[2]. Les salaires stagnent au niveau atteint après plusieurs années de chute drastique, les retraites et des aides sociales de nouveau amputées. L’investissement public (et privé) s’est effondré, tandis que les impôts indirects et directs ont atteint des niveaux sans précédent, frappant impitoyablement les ménages à revenus faibles et moyens.

La seule différence avec les prédécesseurs est que Tsipras et son parti ont été élus en janvier 2015 précisément dans le but de renverser ces politiques. Leur revirement de l’été 2015 – survenu quelques jours seulement après un référendum au cours duquel 61% des électeurs ont rejeté l’imposition d’un plan d’austérité – fut un choc traumatique pour la société grecque. Au cours des trois années qui ont suivi, le cynisme de Syriza a entraîné une profonde démoralisation qui imprègne tous les domaines de la vie publique. La passivité et le découragement ont été les principaux facteurs qui ont permis la mise en œuvre de nouvelles mesures d’austérité sans rencontrer d’opposition majeure.

Tsipras a de la sorte rendu d’excellents services à la Troïka, qui lui valent de chaleureux compliments de la part des Moscovici, Juncker et de leurs semblables[3]. Mais la poursuite de telles politiques, qui écrasent la majorité de la population, est impossible sans recourir à la répression et à la mise en place un cadre coercitif. Les coupes dans les services publics, les baisses de pensions et dépenses sociales, les augmentations d’impôts et la surexploitation des salariés ne peuvent s’appliquer sans mettre au pas les oppositions et intimider celles et ceux qui refusent de se soumettre.

L’expérience de l’Europe occidentale, des États-Unis et de plusieurs autres pays au cours des quatre dernières décennies confirme amplement ce constat. De 2010 à 2015, lorsque les gouvernements successifs du PASOK et de la droite mettaient en œuvre les plans d’austérité, la Grèce a connu une avalanche de mesures répressives. Lentement, sûrement – et inexorablement – le gouvernement d’Alexis Tsipras s’est engagé dans la même voie.

Ce qui a accéléré cette évolution au cours des derniers mois renvoie aux difficultés auxquelles sont confrontées les banques grecques. Si le slogan « aucune maison entre les mains des banques » était naguère scandé dans les meetings de Syriza, c’est désormais un gouvernement Syriza qui réprime celles et ceux qui tentent d’empêcher les ventes aux enchères des logements.

Serrer les vis

Pour comprendre l’importance politique croissante de la lutte contre les saisies immobilières, il faut se pencher sur la situation critique des banques et ses répercussions sur le gouvernement et la société grecque. Car c’est justement pour éviter un nouveau cycle de déstabilisation des banques que le gouvernement recourt à des méthodes de plus en plus répressives.

Suite à la crise du début des années 2010, le secteur bancaire grec est passé entre les mains de quatre banques dites « systémiques », qui contrôlent plus de 90% des dépôts et des actifs. Pour éviter leur propre faillite et se prémunir d’une éventuelle nationalisation, ces banques sont devenues les plus fervents défenseurs des plans d’austérité. Elles ont utilisé leur énorme pouvoir économique et social pour contraindre les gouvernements grecs successifs, y compris celui de Syriza, à se conformer aux exigences de la Troïka.

Depuis 2010, deux recapitalisations majeures des banques ont été engagées, la dernière sous un gouvernement Syriza. Le coût total a dépassé les 45 milliards d’euros. Il a été entièrement financé par des emprunts publics, remboursés par les contribuables grecs. Pourtant, en dépit de ce monstrueux fardeau imposé à la population, les banques grecques détiennent actuellement le record européen des « créances douteuses » et ont de fait cessé de soutenir l’activité économique. Les dites créances comprennent des « prêts non performants » (NPL), qui enregistrent un retard de remboursement de plus de 90 jours, mais aussi des « fonds non performants » (NPE), une catégorie plus large qui inclut les prêts dont on pense qu’ils ne seront pas intégralement remboursés, même si aucun retard formel n’a été enregistré[4].

La réduction de l’exposition des banques grecques aux NPE et aux NPL est depuis des années une priorité absolue pour la Banque centrale européenne. Depuis 2016, le gouvernement Tsipras a docilement obéi à ses injonctions en facilitant une vague de saisies de propriétés, y compris de logements principaux, ainsi que la vente à des fonds vautours de « packages » de créances douteuses à des prix bradés. Les ventes aux enchères de logements sont à cet égard à cet égard d’une importance stratégique.

L’incapacité des banques à résoudre ce problème n’a rien de surprenant, elle découle du dispositif mis en place par le gouvernement de Tsipras. En résumé, les banques grecques devaient progressivement assainir leurs bilans du poids des créances douteuses par le biais de ventes aux enchères et de pratiques de recouvrement des prêts plus rigoureuses. Ce processus prendra certainement plusieurs années. Dans le même temps, les banques étaient censées soutenir l’activité économique en fournissant de nouveaux crédits. Toutefois, comme c’était entièrement prévisible, les banques ont eu tendance à réduire l’octroi de nouveaux prêts tout en essayant de nettoyer leur bilan des créances douteuses. Cette limitation drastique du crédit a en fait compromis la reprise, aggravant le problème des créances irrécouvrables pour l’économie. La baisse globale du crédit signifie également que les créances douteuses représentent un ratio plus élevé du total. Il s’agit d’un exemple parfait de l’absurdité des plans de « sauvetage » mis en œuvre par le gouvernement Syriza.

L’échec des banques grecques à réduire le poids des « créances douteuses » a entraîné un effondrement de la valeur de leurs actions à la bourse d’Athènes depuis le début de l’été 2018, effondrement qui s’est accéléré au cours du dernier mois. En réalité, l’ensemble du secteur bancaire grec a été considérablement dévalué depuis la signature du plan de « sauvetage » de Tsipras. Des rumeurs circulent sur la nécessité d’une nouvelle recapitalisation, ou de formes de prise en charge des créances douteuses par l’Etat[5]. Si une telle perspective se concrétisait, ce serait un désastre complet pour le gouvernement, qui doit faire face à de multiples échéances électorales en 2019.

L’accélération du programme de liquidation des créances douteuses est ainsi devenue l’une des priorités de la Troïka et de leurs dociles serviteurs dans l’actuel gouvernement. Comme le problème semble être plus aigu pour les crédits immobiliers et les crédits à la consommation, des objectifs extrêmement ambitieux, et sans doute irréalistes, ont été fixés en matière de saisies et de vente aux enchères : 8 à 10 000 logements pour 2018, chiffre porté à 50 000 pour 2019.

Cibler les actions de protestation

Depuis la capitulation de l’été 2015, la question des saisies et des ventes aux enchères est devenue l’un des problèmes les plus épineux pour Tsipras et son parti. L’accélération du processus sous la pression des banques et de la Troïka a conduit à un affrontement majeur entre le gouvernement et un mouvement dynamique qui s’oppose aux ventes aux saisies et aux ventes enchères de logement. Ce mouvement a pris un nouvel élan après la relance des ventes aux enchères à l’automne 2016. La mobilisation continue de groupes d’activistes déterminés dans les salles d’audience des tribunaux a réussi à annuler des centaines de ventes, ce qui a considérablement ralenti l’ensemble des procédures[6]. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles les banques n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs.

La réaction du gouvernement, obtempérant aux instructions de la Troïka, a consisté à transférer à partir l’été 2017 la procédure de vente aux enchères vers une plate-forme électronique, activée par des notaires à l’intérieur de leur cabinet, plutôt que d’organiser les ventes dans les tribunaux. Cela a certainement rendu les actions de protestation plus difficiles à organiser. De nouvelles dispositions législatives, votées en décembres 2017, ont créé un délit spécifique qui prévoit des peines d’emprisonnement de trois à six mois pour celles et ceux qui tentent d’entraver le processus de vente aux enchères[7]. Les actions se sont toutefois poursuivies, même si leur ampleur a été affectée, empêchant de nombreuses ventes aux enchères et rendant les notaires moins enclins à prêter leur concours[8].

Au cours de cette période, les affrontements avec la police devant les bureaux des notaires se sont multipliés. Des militants filmés et identifiés pendant les actions ont été systématiquement inculpés. Depuis le début de l’année, des dizaines de militants à travers le pays font face à des poursuites judiciaires. Parmi eux, citons Spiros Milios, conseiller municipal d’Ambelokipi-Menemeni, dans la région de Thessalonique, et militant d’Antarsya, la coalition d’organisation d’extrême-gauche. Dans la petite ville de Volos, pas moins de 20 militants sont le coup de poursuite, de même que 15 autres à Argos et Nauplie[9]. Le procès de trois militants anti-saisies a débuté à Athènes le 21 septembre.

Les poursuites à l’encontre des activistes anti-saisies ne sont que l’exemple le plus patent des pratiques autoritaires dont fait preuve le gouvernement de Tsipras. La répression a également touché les militants mobilisés contre le projet minier d’exploitation à ciel ouvert par le géant canadien Eldorado Gold à Skouries, dans le nord de la Grèce. Plus généralement, le gouvernement a eu recours à la force pour réprimer les manifestations contre sa politique, en particulier lorsqu’elles paraissent susceptibles de s’étendre. L’utilisation de la police anti-émeute contre les retraités n’en est que l’exemple le plus flagrant. Une tendance de fond a commencé ainsi à se dessiner : pour faire face aux réactions que suscite sa politique, le gouvernement s’appuie sur les mécanismes répressifs de « l’État profond ».

Les poursuites à l’encontre de Panagiotis Lafazanis

Un seuil symbolique dans cette escalade répressive a été franchi le 26 septembre, quand Panagiotis Lafazanis, une figure respectée de la gauche radicale, a reçu une convocation pour répondre à des accusations concernant sa participation à des actions de protestation hebdomadaires contre les saisies et les ventes aux enchères[10]. Lafazanis était ministre de l’énergie au sein du premier gouvernement Syriza (janvier à juillet 2015) et la figure de proue de la « Plate-forme de gauche », qui regroupait à l’époque la majeure partie de l’aile gauche de Syriza. Il est maintenant secrétaire national d’Unité Populaire, un front politique créé l’été 2015, principalement par les forces de la Plateforme de gauche, qui ont quitté Syriza et ont été rejointes par d’autres organisations de la gauche radicale.

C’est la première fois depuis la chute de la dictature (1974) – au cours de laquelle Lafazanis a été persécuté pour ses activités clandestines au sein du mouvement étudiant et de l’organisation de jeunesse du parti communiste – qu’un dirigeant d’un parti de gauche fait l’objet de poursuites pour son activité politique. Les chefs d’accusation à son encontre concernent des infractions présumées à pas moins de 15 articles du code pénal, sanctionnées par des peines de prison pouvant aller jusqu’à deux ans. S’il est reconnu coupable de toutes les accusations, la peine pourrait aller jusqu’à neuf ans.

Ce qui est également remarquable, c’est que la procédure émane non du procureur mais du « Département pour la protection de l’État et du régime démocratique », une branche spéciale des services de sécurité censée investiguer les activités liées au terrorisme et qui menacent la démocratie. Ce département a été créé en 2000, par les gouvernements « modernistes » du PASOK, alors que la Grèce s’apprêtait à rejoindre l’Union monétaire. Il a été modernisé en 2011, suite à la mise en place des plans d’austérité, et transformé en service de surveillance des actions de protestation. Des dispositions législatives adoptées en février sous l’impulsion du gouvernement Syriza ont encore élargi son éventail d’activités. Il est à noter que, depuis sa création, le département n’a développé aucune activité à l’encontre des néonazis d’Aube Dorée, ni d’aucune autre organisation d’extrême droite ou terroriste.

Lafazanis n’est pas le seul militant à être ciblé par les services de sécurité. Quatre autres activistes, parmi lesquels un membre d’Unité Populaires et deux personnalités connues du réseau « Je ne paie pas », Leonidas et Elias Papadopoulos, ont également été convoqués pour répondre à une longue liste de chefs d’accusation. La nature des pièces incluses dans son dossier ont permis de mettre en lumière le fait que Lafazanis était sous surveillance depuis des mois par une équipe de policiers déguisés en journalistes filmant des actions devant les bureaux de notaires. Ce matériel a été complété par des photos et des vidéos que les services de sécurité ont demandé aux chaînes de télévision. Des publications Facebook ont également été utilisées pour identifier ces militants lors de diverses actions de protestation.

Quelles suites ?

La vague de poursuites judiciaires, et en particulier celles l’encontre de Lafazanis, a forcé les médias grecs à parler de la répression. Elle a également provoqué certaines réactions dans les milieux politiques, notamment une question au parlement adressée au ministre de la Justice par 43 députés de Syriza. Cependant, la position officielle du gouvernement est que cette question relève entièrement du pouvoir judiciaire et de la police et qu’il n’est en rien concerné.

Il n’en reste pas moins que l’initiative des poursuites n’a pas été prise par la justice mais par un service appartenant à l’« État profond », à savoir le « Département de la protection de l’État et du régime démocratique ». Or ce département est placé sous l’autorité du ministre de l’ordre public. Il existe donc une implication et une complicité de la part du gouvernement, qui renvoie aux mesures prévues par le troisième Mémorandum signé en juillet 2015 et à la crise actuelle des banques grecques.

La mise en œuvre des plans d’austérité et des politiques néolibérales exige la répression et le gouvernement Syriza ne saurait faire exception à cette règle. La démocratie en Grèce est déjà en lambeaux et la situation risque de s’aggraver dans les mois à venir. A l’approche des élections, les problèmes des banques vont sans doute occuper une place centrale. Le désastre économique et social causé par la capitulation de Tsipras est devenu évident pour de larges couches de l’électorat et le dégoût se généralise dans la population. Un gouvernement qui a déjà vendu son âme en se faisant l’exécutant de la Troïka n’hésitera pas à faire monter d’un cran la répression à l’encontre de tou.te.s celles et ceux qui s’opposent à sa politique. La solidarité internationale est indispensable pour mettre fin à cette évolution extrêmement préoccupante de la situation en Grèce. C’est une question de défense de la démocratie.

Stathis Kouvélakis et Costas Lapavitsas

Cet article a été mis en ligne le 6 octobre 2018 par Jacobin magazine [11]

[1] lemonde.fr/europe/article/2018/03/22/europe-les-courants-populistes-ont-cesse-d-etre-des-exceptions-pour-devenir-la-regle_5274743_3214.html

[2] jacobinmag.com/2018/08/greece–tsipras-memoranda-austerity-odyssey

[3] lemonde.fr/idees/article/2018/06/22/le-courage-des-grecs-et-de-tsipras_5319456_3232.html et euractiv.fr/section/affaires-publiques/news/juncker-praises-tsipras-following-weber-jibe/

[4] bankofgreece.gr/BogEkdoseis/Sept18_Report_Operational_Targets_for_NPEs_EN_Final.pdf

[5] reuters.com/article/us-piraeusbank-capital-ceo-exclusive/piraeus-bank-says-debt-plan-on-track-as-shares-drop-30-percent-idUSKCN1MD0TZ

[6] theguardian.com/world/2017/mar/11/greek-activists-target-sales-of-homes-seized-over-bad-debts

[7] thepressproject.gr/article/121452/Perase-i-tropologia-gia-tous-pleistiriasmous

[8] ft.com/content/e7a5732c-3db0-11e8-b7e0-52972418fec4

[9] epitropi3den.blogspot.com/2018/09/blog-post_24.html

[10] ekathimerini.com/232997/article/ekathimerini/news/ex-minister-panayiotis-lafazanis-denounces-government-persecution

[11] jacobinmag.com/2018/10/syriza-repression-foreclosure-banks-tsipras

 https://unitepopulaireparis.wordpress.com/2018/10/07/grece-le-virage-repressif-du-gouvernement-syriza-par-stathis-kouvel

COMMENTAIRES  

07/10/2018 22:42 par Roubachoff

Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, Die Linke et son avatar en Allemagne, l’aile corbyniste des Travaillistes en Angleterre, LFI en France… Le même flou, le même manque de détermination (ou de conviction) et pour finir, le même résultat prévisible partout. Si un boulevard s’ouvre pour l’extrême-droite en Europe, ce n’est pas par hasard, mais on peut bien entendu continuer à parler de refonder l’EU, de la réformer, de la transformer ou de lui désobéir. Pour ce que ça coûte !
Un point positif quand même : Tsípras a enfin eu l’occasion de mettre une cravate.
Blague à part, un article formidable ! Si Taddei continue à somnoler sur RT, LGS ne sera pas loin d’être le dernier media fréquentable.

08/10/2018 12:36 par bostephbesac

Une véritable révolution populaire - avec toutes la violence qui risque d’ en découler - est inévitable ! Ou alors l’ extrême droite . Triste choix pour les Grecs...................mais choix inévitable je crains.

08/10/2018 14:43 par totor

Pour ce qui est de Syriza et Tsipras, je n’ai jamais eu confiance en eux et je ne m’étais pas trompé.
En février 2015 le belge Toussaint qui avait fourni un excellent plan (qui a réussi) pour rendre l’Equateur indépendant et maître de son destin avait aussi fourni un dossier et une méthode à Syriza qui l’avait fichu à la poubelle.
Déjà à leur victoire mon petit frère se réjouissait et je lui ai dit mes réserves. En effet pour gouverner Syriza s’alliait à un parti de droite alors qu’il pouvait se constituer une majorité avec le parti communiste grec qui avait je crois 16 députés.Mais voyons on ne s’allie pas avec des gens qui ont un couteau entre les dents.Après le référendum que d’après moi il souhaitait perdre pour capituler devant l’Europe en disant qu’il ne pourrait rien faire.Il y eut même Pierre Laurent du PCF pour plaindre publiquement ce pauvre Tsipras et même dans un premier temps vouloir approuver le plan baisse culotte de Tsipras.
Il y a malheureusement beaucoup de naïveté à gauche. J’en entends beaucoup dire qu’il était obligé alors qu’il n’était dès le départ qu’un sous-marin de la finance internationale.La preuve il signait en Juillet 2015 un traité d’alliance militaire avec Israël, la Grèce devenant ainsi le seul pays au monde à avoir signé un tel traité hormis les USA.Il continue dans cette magnifique voie et entre deux bises à Angela Merkel, il signe un accord de livraison d’électricité à Israël et se montre copain comme cochon avec le très démocrate Néthanyaou tueur d’enfants.
Si je réagis, c’est que ce bon article sur Syriza ne mentionne pas sa complicité criminelle avec Israël qui montre bien la duplicité de Tsipras probablement commandité par la CIA, comme ce fut le cas en Espagne avec Felipe Gonzales et Santiago Carrillo.Son grand copain en Espagne est Pablo Iglesias qui avec ses insoumis a liquidé le mouvement républicain qui avait emmené en 2015, 4 millions de manifestants à Madrid.
Quant au compère de Tsipras, Yarouflaquis que la gauche française qualifiait de résistant à Tsipras, à l’Europe et réel démocrate il est venu s’ingérer dans la campagne électorale française et apporter son soutien à Macron en réunion publique.Nos politiciens de gauche auraient du lui dire :"va te faire enc... chez les grecs".

08/10/2018 15:51 par Yannis

@Roubatchoff si vous voyez flou, mettez des lunettes. Tsipras est un traitre et un vendu, et a totalement dénaturé le mouvement Syrisa, en désespérant toute une partie de la gauche internationaliste qui voyait en lui un sauveur. Mais mettre dans le même sac lui, Syrisa, Mélenchon et la FI, c’est que vous n’avez plus de boussole politique, d’autant plus que la FI na pas gagné d’élection en France, ni engagé un référendum national, ni trahi ses militants et électeurs, et reste constante dans son programme et ses solutions aux crises actuelles. Si cela vous permet de faire des amalgames douteux sur l’état de la gauche en Europe, d’autres ont heureusement une lecture plus nuancée. Tous pourris à gauche ? Vous contribuez ainsi à renforcer la droite dure et l’extrême droite, en France et en Europe. Sinon vous faites un plus subtil distingo entre Thatcher, Sarkozy, Berlusconi, Hollande, Merkel, Juncker, May, Fillon, Macron et autres mentors du TINA ultralibéral ??

08/10/2018 17:44 par Autrement

Sur la persécution dont P. Lafazanis est l’objet, on peut lire les précisions ICI .
Extraits (voir aussi les images sur le site) :
"(...) Panayotis Lafazanis a révélé à Yorgos Katsiyannis que les services de sécurité suivaient et enregistraient toutes les manifestations de l’Unité populaire (LaE), particulièrement celles qui s’opposaient aux enchères, et que, d’abord et avant tout, ils suivaient, enregistraient et filmaient systématiquement Panayotis Lafazanis lui-même, non seulement dans le but de connaître ses mouvements, mais aussi de « fonder » des accusations à charge." (...)
"Les méthodes de persécution utilisées par les services de sécurité sur mandat du gouvernement reproduisent les pires années de la Grèce anticommuniste d’après la guerre civile si ce n’est sous une forme encore plus dangereuse, dans la mesure où les services de sécurité sont à présent équipés de moyens technologiques plus modernes et bien plus efficaces en matière de contrôle et de surveillance."
"Le défunt Konstantínos Mitsotákis avait dit que le policier c’est l’État. Il semble que le gouvernement Tsipras-Kamménos a été mis en place pour mettre en pratique ce célèbre adage dans toutes ses déclinaisons. Ce n’est pas seulement le policier qui est l’État, mais l’État lui-même qui devient « policier ». Le gouvernement Tsipras ne peut rien sans ses CRS. Il gouverne au sens littéral du terme avec ses patrouilles bardées de fer, les matraques et la guerre chimique.
La démocratie, particulièrement au cours des années de mémorandums, a cessé de fonctionner dans ce pays. La volonté du peuple et le vote du peuple n’ont quasiment aucune importance. La loi et la politique dans ce protectorat occupé sont les décisions des créanciers. La transformation consensuelle du « NON » au référendum en « OUI » humiliant a porté le coup final au cœur de la démocratie civile".

09/10/2018 01:59 par Roubachoff

@Yannis
Je pense ce que je pense, et j’y vois sûrement aussi clair que vous. Dans "polémiquer", il y a "Mickey" et j’ai passé l’âge de ces enfantillages.
Bonne continuation, cordialement.

09/10/2018 15:31 par Xiao Pignouf

Il est des articles qui, chez certains lecteurs, déclenchent un voyant, une enseigne au néon Mélenchon ou FI. Dans leur incapacité à discuter du fond, c’est-à-dire du programme, ils usent et abusent des mêmes antiennes, qui n’ont pourtant strictement aucun fondement, quitte à invoquer l’avenir avec un ton de certitude que même une cartomancienne n’oserait employer.

De quoi s’agit-il ici ?

En 2015, M. Mélenchon a soutenu, du moins en paroles, le candidat Syriza qui promettait, chariots en cercle, de s’opposer aux indiens de l’UE-BCE-FMI et qui finalement a fait tout le contraire. Mélenchon a cru que Tsipras y arriverait. De mon humble position, moi aussi je croyais que ça irait mieux pour le peuple grec. Jusqu’aux suites du référendum, où tout espoir a disparu. Bon, voilà. C’est tout. Je crois qu’on est nombreux à s’être trompés. C’est comme parier sur un champion qui s’avère être une rosse.

Maintenant, et bien que celui-ci ait depuis longtemps retiré son soutien au dirigeant grec, il y en a qui aiment à prédire à JLM et par association d’idées, le même destin. As-t-on vu raisonnement plus absurde ? Ce que moi je peux vous dire avec certitude, Roubachoff, c’est que M. Mélenchon ferait un piètre bookmaker. Et comme on est beaucoup dans ce cas, ça explique pourquoi ce métier ne court pas les rues. Et puis je rétorquerais qu’on peut tout aussi bien conclure l’inverse de ce que vous dites : chat échaudé craint l’eau froide. Je parle de Mélenchon, pas de vous.

En plus d’être absurde, c’est aussi un raisonnement paresseux, puisqu’il a tout autant de chance de se réaliser que de ne pas se réaliser. Quelle que soit la personnalité politique à laquelle on l’applique. Si vous vous mettiez à couver votre boule de cristal, il y aurait plus de chance qu’il en sorte quelque chose d’utile.

Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, Die Linke et son avatar en Allemagne, l’aile corbyniste des Travaillistes en Angleterre, LFI en France

Bon, ben, au milieu de tels décombres, dites-nous un peu ce qui vous meut, vous.

09/10/2018 19:13 par Dominique

Dans un monde où la grande majorité des états sont endettés, les politiques, à moins de commencer par nationaliser les banques et surtout celles qui produisent la monnaie, ne peuvent faire qu’une chose : appliquer la politique que leur dicte les banques. Ce qui implique que quand la gauche est au pouvoir, comme elle a pas assez de couilles pour nationaliser les banques et la création de monnaie, c’est encore pire que quand la droite est au pouvoir car il n’y a plus d’opposition. à ce petit jeu des guignols de la politique, la Grèce n’est pas une exception.

Après on peut envisager une révolution, mais là il faut être clair, ce ne sont pas des partis ou des syndicats qui participent à ce jeu de dupes qu’est la démocratie libérale qui vont nous aider à la faire.

10/10/2018 04:05 par Roubachoff

Accuser les autres de ne pas avoir de fond, cher Xiao, est une grosse ficelle qui ne vous mènera pas très loin. Bien entendu, vous pouvez refuser de voir que le désastre grec - longtemps défendu, puis mollement condamné et (enfin) pris pour ce qu’il était par les locuteurs de votre mouvement - a marqué un tournant dans la perception de ce qu’est ou n’est pas une "gauche radicale". En d’autres termes, le discours subliminal des partis ou organisations que je cite - surtout, ne pas "sortir", quoi qu’il arrive, (osez nous dire que ce n’est pas l’évolution de LFI) - incite de plus en plus les peuples à se tourner vers une force (l’extrême-droite) qui lui paraît plus apte à affronter l’UE et à briser son joug. Le drame, c’est que ce n’est pas totalement faux, et vous verrez bientôt à quel point cette peste se répandra, par exemple en Allemagne. En attendant, n’oubliez pas que Corbyn a raté l’occasion de tirer le Brexit à gauche, que Podemos s’est sabordé, que Die Linke baigne dans l’européisme béat et qu’Aufstehen, son avatar, pêche dans des eaux très troubles. Parallèlement, plusieurs pays (Hongrie, Pologne, etc.) ont déjà viré à l’extrême-droite et l’Italie vient de les rejoindre. Contrairement aux années 80, où ce thème était une instrumentalisation visant à exonérer Mitterrand de ses forfaits, la menace est réelle.
Un dernier point, enfin : dès qu’on se permet de critiquer votre paroisse (sans citer le nom de son évêque, parce qu’au fond, ce n’est pas lui le principal problème) est-on condamné à subir un assaut comparable aux turbulences de la bataille de Stalingrad ou du Débarquement ? Pour le reste du "fond", l’intervenant nommé Dominique vous a très brillamment répondu.
Cordialement quand même.

10/10/2018 04:07 par Roubachoff

@Dominique
Lumineusement exprimé.

10/10/2018 09:02 par Danael

Un lumineux a priori
Ce qui implique que quand la gauche est au pouvoir, comme elle a pas assez de couilles pour nationaliser les banques et la création de monnaie, c’est encore pire que quand la droite est au pouvoir car il n’y a plus d’opposition. à ce petit jeu des guignols de la politique, la Grèce n’est pas une exception.
Alors qui le fera à la place ( pour moi le PS n’a jamais été la gauche) ? Le hoquet du comité Valmy ? Le bon capitalisme d’État d’autrefois (s’il y en a eu) ?
Passons aux choses sérieuses, un petit rappel :
Le dernier accord d’austérité , signé par Tsipras en 2015 , a été rédigé presque totalement par les fonctionnaire de Bercy quand Macron était ministre ...
Grâce aussi à Macron , la France des Affaires participe au pillage de la Grèce par le rachat de ses infrastructures publiques !

10/10/2018 09:27 par Xiao Pignouf

@Dominique

quand la gauche est au pouvoir

Quand est-ce que la gauche a été au pouvoir en France ?

Si vous répondez PS, vous savez ce que l’on va vous dire ?

10/10/2018 09:35 par Xiao Pignouf

@Roubachoff

Accuser les autres de ne pas avoir de fond,

Je ne dis pas ça.

Je dis 2 choses : que vos accusations envers la FI (et JLM) n’ont aucun fondement et que vous refusez de parler du fond, c’est à dire du programme. Vous n’êtes pas dans une critique constructive de la FI et de son programme, vous êtes uniquement dans un dénigrement pavlovien sans proposer la moindre alternative. Associer une vérité et un mensonge ne fait pas une vérité.

10/10/2018 09:49 par Assimbonanga

Ceci dit (et bien dit par Dominique), imaginons ce qui se passe quand on prend les manettes de la nation... Qui a-t-on en face de soi ? Des ministres ? Des chefs de cabinets ? Les flics ? Les militaires ? Et ? Et ? La puissance de l’argent. Faudrait pas l’oublier. Avec toutes les dégueulasseries possibles. Alors, imaginez comme ça doit être facile !

10/10/2018 09:53 par babelouest

@ Dominique et Roubachov

Effectivement si nous voulons en sortir il faut :

— virer les politiciens actuels, TOUS

— sortir du carcan de l’union européenne et, corollaire, de l’OTAN

— nationaliser toutes les banques, celle de la Croix des Petits Champs en premier (de ce fait elle ne sera plus membre de l’Eurosystème, ni soumise à Rothschild)

— déclarer le franc (ou tout autre nom, peu importe) non convertible, ce qui obligera les actionnaires de toutes les sociétés ou les sociétés-mères des supranationales à réinvestir l’argent volé en France. Plus tard cette non-convertibilité pourra s’assouplir, sans devenir libre.

Tout cela peut se faire unilatéralement, en un temps très court, pas deux ans ou plus comme pourrait le faire croire le Brexit, à condition de ne pas accepter la méthode UPR naturellement. On part d’abord, on discute ensuite avec les autres pays, pas avec Bruxelles.

10/10/2018 10:59 par Autrement

Ne me dites pas qu’appartenir au PRCF, c’est comme le NPA ou LO ! On est d’avance lavé de tout soupçon de laisser passer la droite et de faire progresser le fascisme. Combien de fois faut-il le dire : la FI n’est pas un parti, et Mélenchon n’est pas son chef. La FI est un mouvement réel (contrairement aux spéculations à oeillères des bien-pensants qui se croient marxistes) et Mélenchon n’est que candidat à empêcher que nous soyons gratifiés en 2022 d’un nouveau Sarkhollande. Avec les suites que nous voyons déjà. Le projet de la FI est (entre autres) une Constituante pour restaurer la souveraineté populaire et rendre l’initiative au grand nombre des citoyens. Elle mobilise du monde dans la bonne direction, c’est-à-dire (faut-il le répéter encore) vers le bon côté de la barricade qui n’en a que deux. Quant au grossier procédé de l’amalgame et du procès d’intention (Mélenchon =Tsipras etc.), assorti de prétextes aveugles aux possibilités nouvelles d’action qu’offre la FI, pardon, mais c’est le signe d’un manque total de maturité politique.
Ce qui ne m’empêche pas d’être globalement d’accord avec les objectifs de la Lettre à Mélenchon envoyée à celui-ci par le PRCF, lettre qui m’a été communiquée par mail à moi aussi, à titre amical.

10/10/2018 11:20 par Autrement

Au fait, c’est moi qui ai envoyé à LGS le texte de Laïki Enotita, "Grèce ; le virage répressif du gouvernement Syriza", pensant que cela occasionnerait une discussion intéressante.

10/10/2018 11:30 par Danael

Donc , je le répète un peu plus précisément : qui le fera si vous disqualifiez à l’avance tous les partis de gauche susceptibles d’évoluer dans ce sens ? Pour ma part il faut profiter de la déroute qu’impose le néolibéralisme actuel pour aller plus loin que la simple nationalisation bancaire et contrôle de la monnaie . Tant qu’à achever la bête, allons aussi à la racine du mal qui risque de revenir sous d’autres formes. Tant que la classe dominée ne sera pas maître de son existence et que ce n’est pas l’objectif politique essentiel dans le processus de transformation plus que nécessaire actuellement, on recommencera éternellement l’histoire des classes dominantes .

10/10/2018 16:34 par Dominique

Je n’ai pas dis que mon programme était de nationaliser les banques. Je considère que Marx a raison sur la monnaie quand il utilise une métaphore dans "La question juive" et écrit que pour se débarrasser du juif, il faut se débarrasser de ce qui rend le juif possible, l’argent. Ce qui implique que mon programme serait bien plutôt de me débarrasser des banques, toutes les banques. Ceci d’autant plus que le capitalisme est non réformable, le capitalisme d’état et le capitalisme de marché sont les deux meilleurs ennemis que la société militaro-industrielle de consommation de masse et les banques qui la financent peuvent avoir.

Aujourd’hui nous savons où ce mode de vie nous mène : à la fin du vivant tel que nous le connaissons. Sauvez la civilisation ne m’intéresse pas car plus que le vivant, je préfère que ce soit civilisation qui disparaisse, que la civilisation industrielle de domination de masse soit le dernier avatar de ce mode de vie suprématiste appelé pompeusement civilisation.

10/10/2018 19:51 par Danael

@Dominique

Ya pas compris rien du tout à ce charabia. Bonne chance avec votre programme pour le populariser !

11/10/2018 00:01 par Dominique

Notre concept de civilisation est très bien décrit en page 2 de la bible quand dieu qui vient de tout créer donne son ordre de mission à l’homme : "Tu domineras la terre et toutes ses créatures." Il s’agit là d’un beau programme bien suprématiste car il consiste à placer l’homme sur un piédestal par rapport au reste de la création. Ce programme a été globalisé lors des colonisations afin d’apporter la civilisation aux sauvages, ceci même quand ils n’en voulaient pas. Puis il a été industrialisé. Aujourd’hui nous savons où ce programme nous mène : à la destruction du vivant. La faussement nommée sixième extinction qui n’est en fait rien d’autre qu’un assassinat de masse du vivant par notre mode de vie a déjà réglé son compte à la moitié des espèces animales et végétales, ceci en quelques dizaines d’années alors que cela avait prit des milliers d’années pour les extinctions précédentes. Dans de telles conditions je ne peux que vouloir la fin de cette civilisation mortifère car suprématiste. Et je me fous de savoir si la solution à ce problème est porteuse, expression employée par les politiciens pour définir ce qui est ou n’est pas dans leur programme car je ne souhaite être élu et devenir un tyran. Si la majorité des gens ne sont intéressés que par la réalité virtuelle et la consommation de masse, et bien ils auront ce qu’ils méritent, le grand retour au stade minéral de la Terre. Mais qu’ils ne comptent pas sur moi pour faire l’autruche et m’asseoir sur l’utopie tout en bouffant de la junk food devant une telenovela.

En voyant la façon dont les colons puritains les massacraient et massacraient les bisons, les amérindiens nous ont avertis : "Vous ne réaliserez que l’argent ne se mange pas que le jour où il ne restera rien d’autre." - Sitting Bull. Il ne pouvait prévoir que cette civilisation suprématiste allait remplacer l’argent par des cartes en plastic, mais il avait précisé le contexte avec lucidité : "Un être humain qui ne respecte pas la Nature est incapable de respecter ses semblables."

Si vous connaissez une solution dans le cadre de la civilisation militaro-industrielle de consommation de masse, je suis preneur car elle serait plus facile à mettre en oeuvre et à faire accepter. Mais il n’y en a pas.

11/10/2018 00:24 par Roubachoff

Cher Xiao,
Pour vous, entre 1974 et 1983, le PS n’était pas de gauche ? Réfléchissez bien avant de répondre, parce que votre mouvement lui ressemble fichtrement.
Cordialement

11/10/2018 08:10 par babelouest

@Roubachov

Je vous prie de me permettre cette remarque : quel que soit le nom qu’il portait, depuis les prémisses lointains de la Révolution, le PS n’a JAMAIS été de gauche, avec le recul. Il était Girondin, il l’est toujours. Il était "radical", il n’a pas changé. Il était colonialiste, ne l’est-il pas toujours ? Il était bourgeois, on n’a pas remarqué de changement.

Seule la Première Internationale était prometteuse : trop certainement, donc il ne fallait pas qu’elle vive. Il y a eu UN seul vrai socialiste : Jaurès. On sait ce qui en est advenu.

Après, pour quelqu’un qui a plutôt des affinités avec Reclus, Proudhon, Kropotkine, Malatesta, Bakounine surtout, ces distinguos ne comptent guère plus que "le sexe des anges". On le voit trop bien avec tous ces "socialistes" qui s’embourbent joyeusement dans le sociétal.

11/10/2018 09:27 par Xiao Pignouf

Roubachoff, vous vous contredisez. Je ne sais pas si le PS a jamais été de gauche, mais selon vos dires la gauche n’aurait donc gouverné que 2 ans il y après de 40 ans de cela, et vous continuez à la rendre responsable ? Et les privatisations que vous condamnez n’ont débuté que sous la droite, même si la pseudo-gauche, à laquelle vous tenez absolument à associer la FI, a pérennisé la vague jusqu’à aujourd’hui.

La FI est le seul mouvement qui parle de re-nationaliser, si vous en connaissez un autre, on attend.

La FI n’est pas mon mouvement, mais chaque jour je trouve des raisons de les soutenir : leur programme (même si je ne dis pas être d’accord avec tout), leur volonté de changer radicalement l’UE ou, ne vous en déplaise, de la quitter collectivement, de rompre avec l’OTAN, volontés auxquelles bien évidemment et à l’instar des UPRistes vous ne croyez pas, et c’est votre droit. Aucune autre entité politique, à l’exception de l’UPR, n’ose remettre en question la politique européenne. Je ne sais pas s’ils vont réussir, mais je sais que la France n’est pas la Grèce et que la FI n’est pas Syriza. Aujourd’hui, il n’y a, pour moi, rien de mieux, rien de plus porteur de promesses que la FI. Quoi que vous en disiez. Si je me trompe ? Et bien faudra s’en remettre.

L’UPR ? Le souverainisme d’Asselineau me rebute : si les mouches arrivent, c’est que ça sent mauvais. Il peut bien vouloir sortir de l’UE, mais je crois bien qu’il se la joue Ponce Pilate sur l’après. Son Frexit, c’est du flan pour attirer les gogos de la droite dure. Asselineau, c’est un roublard qui a biberonné aux mamelles de Pasqua, fin roublard lui-même. Et un ancien avec derrière lui du vent. Sans lui, son parti, c’est UP Air.

Le PCF ? Il a tout mon respect, mais on a loupé le coche l’année dernière à cause de leurs dirigeants. Point barre.

Je le répète, vos arguments ne valent pas un clou, votre monomanie anti-Mélenchon | FI vous aveugle. Parlez-moi du programme, proposez-moi autre chose et on pourra discuter. Autrement, ne vous attendez pas à convaincre. Il est tout à fait possible que l’on doive tous réfléchir, mais vous y compris.

Et tant que vous y êtes, expliquez-nous le dernier et lumineux commentaire de Dominique.

11/10/2018 09:53 par Xiao Pignouf

Si vous connaissez une solution dans le cadre de la civilisation militaro-industrielle de consommation de masse, je suis preneur car elle serait plus facile à mettre en oeuvre et à faire accepter. Mais il n’y en a pas.

On est bien d’accord, sur LGS, ça s’appelle enfoncer des portes ouvertes.

12/10/2018 15:49 par Autrement

Je connais bien la Grèce, j’y ai des amis et des proches, et je souffre avec eux. On peut consulter sur le lien indiqué tous les articles d’Unité Populaire, pour comprendre la situation tragique de ce pays ; d’autant que cela préfigure ce qui nous attend (et qui nous atteint déjà), si la masse des Français reste euro-crédule ou se désintéresse de la question.

Eux aussi sont passés de l’espoir d’un changement de politique (ravivé par la victoire électorale tant attendue de Syriza contre la coalition des droites) au sentiment d’avoir été trahis. Il faut dire qu’au moment où Syriza est arrivée au pouvoir, pour la grande majorité des Grecs, il n’était pas question de sortir de l’UE, mais seulement de trouver un accord raisonnable sur la dette, qui permette de réaliser une politique sociale. Étant donné l’accord préalable accepté par Tsipras et Varoufakis, et en l’absence de plan B, tout bras de fer devenait impossible et adieu la politique sociale. Il est ainsi devenu clair pour tous que le programme l’Avenir en commun est irréalisable, si on reste subordonné au bon vouloir de l’UE.

Seule l’aile gauche de Syriza (devenue désormais Unité Populaire, Laïki Enotita), envisageait uns possible sortie de l’UE, mais Tsipras (majoritaire en interne) se refusait à tout débat public sur la question, laissant le soin aux médias d’entretenir l’ambiguïté quant aux bienfaits de l’Europe ; le KKE (PC grec) de son côté, prônait depuis longtemps la sortie de UE, mais lui aussi, malgré de belles batailles et malgré les manifestions monstres des Grecs contre les Mémorenda, était resté sectaire et isolé dans l’opinion.

Il faut rappeler quand même que (contrairement à ce qu’a dit Totor), c’est le KKE qui a refusé dès le début toute alliance avec Syriza, et non l’inverse. On comprend d’ailleurs pourquoi, de son point de vue ; mais on comprend moins bien qu’il persévère dans son isolement, surtout maintenant qu’Unité Populaire s’est déclarée avec force pour la sortie de l’UE et de l’euro, ainsi d’ailleurs que d’autres organisations proches, comme Antarsya (la "Résistance" ou le "Maquis").

On peut en conclure que c’est bien la question de l’appartenance à l’Europe qui doit être au centre des prochaines élections (et non l’immigration, mise en avant tant par les droites que... par une certaine gauche pavée de bonnes intentions), d’autant que la politique de Macron, de plus en plus détestée et détestable, est l’émanation directe des directives de Bruxelles et de la propagande eur-OTAN.

14/10/2018 05:00 par Roubachoff

@Autrement
"Il est ainsi devenu clair pour tous que le programme l’Avenir en commun est irréalisable, si on reste subordonné au bon vouloir de l’UE."
Si vous pouviez avoir raison… Je redoute au contraire, surtout avec l’afflux d’ancien membres du PS, que ce soit loin d’être clair pour tout le monde. Votre formulation, hélas, le prouve amplement. Qu’est-ce que ça veut dire "si on reste subordonné au bon vouloir de l’UE" ? N’est-il pas plus simple d’écrire : "si on ne sort pas unilatéralement de l’UE, sans négociations et sans conditions" ?
Si les gauches "radicales" ne le font pas proprement, l’extrême-droite se chargera de la faire salement. C’est amorcé en Hongrie, en Pologne et maintenant en Italie. En attendant l’Allemagne, où même la CSU pourrait être débordée par AdF.
Cordialement

14/10/2018 17:14 par Autrement

à@Roubachoff. Ma formulation est celle du citoyen lambda. Je me place toujours dans la perspective de "l’atterrissage", et non (seulement) de la théorie.
Je souhaite que la formulation que j’emploie soit au centre des débats lors de la campagne des européennes : faut-il ou non rester ans l’UE ? Car si le grand nombre des citoyens lambda ne s’empare pas de cette question, et ne voit pas clairement, comme nous, qu’ aucune politique sociale n’est possible avec (au moins) les traités européens et la structure même de l’UE, la perspective d’en sortir sera encore indéfiniment ajournée. Car sans un appuis massif de la population dès le début et tout au long du processus, avec les luttes acharnées qu’il faudra mener (voir le Vénézuela), je ne vois pas comment le processus pourrait aboutir. Et sûrement pas si c’est seulement une décision gouvernementale autoritaire.
Il faudrait notamment qu’un syndicalisme majoritairement de classe appuie et amplifie la démarche.

Je n’ai pas de solution clefs en mains pour sortir de l’UE, et éventuellement de l’euro (ce qui est encore en débat, voir Sapir et Lordon).
J’approuve le programme du PRCF (les Quatre sorties). Mais ce programme a-t-il la moindre chance, non seulement d’être appliqué, mais d’être seulement connu et compris, si, encore une fois, le grand nombre des citoyens n’est pas gagné à l’idée qu’aucune politique
sociale et de services publics n’est possible dans le cadre (ou plutôt le carcan) actuel, — même par la "négociation" (et c’est l’exemple de la Grèce) ? Or comment les gagner largement à cette idée, sinon en faisant campagne en ce sens aux prochaines élections, en faisant comprendre à tous que la détestable politique de Macron est le produit de l’UE, puis en leur prouvant par la pratique - aussi rapidement que possible, en cas d’arrivée au pouvoir - qu’une telle "négociation" n’a aucune chance de réussir ? Et que donc il faut un solide plan B ? À ce moment là, on retrouverait toute la dynamique de notre NON de 2005 pour la suite des opérations, et c’est essentiel.

Pensez-vous qu’un programme comme celui du PRCF puisse être largement popularisé, si un nouveau sarhollande, avec tout ce qui l’accompagne médiatiquement, nous est infligé en 2022 ? Un tel avènement découragerait tout espoir de renouveau, briserait encore plus les solidarités, et boucherait l’horizon pour longtemps : le peuple français n’est toujours pas immunisé contre la bien-pensance de droite, et contre les dérives de la gauchaille anti-FI, tous spectacles dont profite le FN. La pression médiatique et la répression tout court s’accentueraient encore plus, et alors tout le monde dans le rang ! À moins qu’un miracle ne se produise, c’est-à-dire une insurrection consciente et organisée, ce qui est tout à fait improbable dans le paysage actuel.

C’est pourquoi l’Avenir en commun me paraît avoir précisément un contenu politique adéquat à la situation, et assez offensif et explicite pour mobiliser le grand nombre, sans lequel, comme je l’ai déjà dit, il ne peut y avoir qu’un feu de paille.Si vous lisez ce programme sans préjugé méprisant, vous pourrez constater que les mesures qu’il propose sont autant de chevaux de batailles concrètes tous terrains contre l’emprise financiaro-européo-capitaliste. Du moins, c’est ce que j’y lis. Ce serait donner une base sérieuse à un élan révolutionnaire.

Le mieux que nous puissions faire pour rendre espoir aux Grecs et les aider dans leurs luttes, c’est de nous délivrer nous-mêmes (dans la rue et dans les urnes, selon l’expression consacrée), de la machine à broyer les peuples.

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