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Europe, écologie : il faut repartir du bon pied

«  Ils ne seront conscients qu’après s’être révoltés, mais ils ne se révolteront qu’une fois conscients »

Voici ce qu’écrit Winston Smith à propos des prolétaires, dans le célèbre 1984 de George Orwell.

Cette phrase exprime à la perfection la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui encore, 70 ans après sa publication.

Il faut que les « prolétaires » (c’est-à-dire les individus qui ne font pas partie du « Parti » – la majorité des citoyens en réalité) se révoltent contre le système établi, alors qu’en réalité ils n’ont pas conscience qu’il faudrait qu’ils le fassent.

Pourtant, il existe de nombreux faits qui devraient faire réagir le peuple dans le sens de la révolte. Mais comme la propagande tourne à plein régime, divisant et opposant ses victimes au gré de ses volontés, les réformes s’enchaînent les unes derrière les autres sans qu’on puisse espérer même les ralentir.

Il existe certains sujets sur lesquels il s’agirait de s’opposer sérieusement, si seulement certaines informations « alternatives » parvenaient à traverser les fourches caudines pour parvenir aux oreilles des citoyens. Car il faut, avant toute transformation potentielle du mode de fonctionnement de notre société, que certaines deviennent évidentes pour tous les citoyens.

Au sujet de l’Europe tout d’abord : le problème de l’Europe n’est pas l’immigration, mais de savoir comment on La veut (l’Europe !), et avec qui on veut La faire. Et puis surtout pour en faire quoi. Le « problème » des migrants devrait être un sujet clos depuis longtemps : toutes les études montrent le peu d’impact économique et social des migrations ; d’autant que lorsqu’on considère les 500 millions d’habitants de l’Europe, 5 millions d’immigrés ne font toujours qu’un pourcent de la population totale… autant dire que le « grand remplacement » n’est pas pour demain !

En réalité le problème de l’immigration est un faux problème destiné à servir de leurre pour permettre le retour aux frontières nationales pour les néo-fascistes, et de repoussoir aux pays riches pour que les citoyens acceptent sans broncher l’abaissement de leurs libertés et les réformes décidées au nom de la sauvegarde de l’Europe justement.

Les deux options qui nous sont offertes actuellement sont d’un côté une Europe impérialiste de droite « néo-libérale » dans laquelle l’Allemagne et la France dominent les autres pays, que ce soit de manière élargie ou à quelques pays autour desquels gravitent des satellites vassaux. Et puis, d’un autre côté, il y a l’Europe éclatée, l’Europe des Nations, ouvertement raciste et nationaliste, dans laquelle chacun fait sa loi contre les autres, jusqu’à la mort de l’Europe.

Il manque ici l’existence d’une troisième voie représentant la gauche (la seule, la vraie), qui n’est ni raciste, ni nationaliste, ni capitaliste. La vraie gauche a besoin d’une alternative désirable pour obtenir l’écoute et l’adhésion de tous les citoyens qui croient encore aux valeurs de la démocratie et de l’internationalisme, du socialisme. Entre la fin de l’Europe et l’absence totale de démocratie en Europe nous avons besoin de propositions pour une Europe véritablement de gauche

Le dérèglement climatique maintenant

Le sujet du climat est sans doute la clé de voûte de toute alternative à gauche, pour peu qu’on veuille bien prendre les choses par le bon bout.

Car, malheureusement, les alternatives qui apparaissent actuellement ne sont que des luttes perdues d’avance. Les objectifs poursuivis ne tendent pas à un futur désirable mais à éviter l’effondrement total de la biodiversité. A la décroissance subie ils préfèrent la décroissance choisie, faisant sans le vouloir le jeu des deux options de droite et d’extrême-droite précédemment évoquées.

Le fait est que cette option écologiste ne prend pas en compte « le reste du monde » et se retrouve confronté à des choix qui tendent à se tromper de cible. En réalité, si ces derniers ne se trompent pas sur les conséquences du dérèglement, ils font erreur sur ses causes. Ce ne sont pas les Hommes qui sont responsables du dérèglement mais leurs comportements. Ils ne sont le fruit ni d’un péché originel ni d’une méchanceté intrinsèque de l’Homme mais tout simplement la conséquence logique du fonctionnement du capitalisme. Et cet élément est décisif. Sans cela on ne peut qu’arriver à la - mauvaise - conclusion que l’Homme est le problème (avec comme corollaires qui sont les gentils, qui sont les méchants, qui a le droit de se reproduire ou de posséder, selon quels critères…). Comme la maltraitance animale (ou même humaine dans les Hepad), on ne peut accuser les Hommes de vouloir faire le mal, il faut accuser plutôt le système qui engendre de tels comportements.

Il faut comprendre une fois pour toutes que la seule et unique chance de sauver la planète (et nous avec) n’est pas de rendre l’écologie rentable. C’est impossible car contradictoire aux intérêts capitalistes qui ne se calculent qu’à court terme (comme l’a « avoué » Nicolas Hulot l’autre jour ; tandis que ceux de la nature comme de l’Humanité fonctionnent sur le long terme.

Le capitalisme s’oppose à la fois à la démocratie, et à la Nature.

Tant que les écologistes ne se seront pas rendus à cette évidence (depuis 1988 100 entreprises multinationales sont responsables de 71% des émissions de gaz à effet de serre de la planète), nous serons condamnés à nous lamenter sur les chiffres effrayants qui alimentent les rapports successifs.

On le voit bien d’ailleurs, de nombreux spécialistes qui croyaient, les décennies précédentes, pouvoir influer « de l’intérieur » s’y sont cassés les dents. La plupart ont soit abandonné la partie (du genre c’est mieux que rien), tandis que les autres se sont résolus à combattre le capitalisme au nom de l’écologie.

Pour sauver les animaux il faut combattre le capitalisme, pour vivre en démocratie il faut se battre contre le capitalisme, pour éviter que des enfants meurent de faim ou de guerre il faut lutter contre le capitalisme. Rien ne sert de vendre aux peuples la « frugalité heureuse » ou la décroissance raisonnée : ceux qui les subissent au quotidien un peu partout dans le monde ne peuvent pas l’entendre. Il ne faut pas baisser notre consommation de pétrole pour sauver la planète, il faut utiliser une autre technologie. Il ne suffit pas de voter tous les 5 ans pour un président qui ne pense qu’à sa future réélection mais réformer les institutions pour permettre de véritables changements comme celui qui concerne le pétrole. On a beau dire et savoir que les méthodes de permaculture sont plus productives que les méthodes intensives, mais remettre en cause tout le fonctionnement de l’agriculture subventionnée ne serait-ce qu’en Europe est impossible sans remettre en cause de manière globale le fonctionnement de ce système avec ses lobbies si puissants.

Pour chaque problématique, les blocages sont liés à des considérations financières qui empêchent d’accéder aux technologies propres, gratuites et illimités. Nous savons faire mais nous n’avons pas les moyens. Pourquoi ? Parce que les quelques pourcents les plus riches de la population refusent de rendre aux peuples l’argent qu’il leur vole tout au long de l’année, et possède de ce fait les moyens de rendre légal le vol qu’ils accomplissent quotidiennement sur le travail des citoyens.

Maintenant il ne faut pas se tromper de combat, ni évacuer les défis qui sont les nôtres : partir de la crise écologique comme point de départ est à mon avis une erreur majeure à ne pas commettre. Se battre pour l’écologie sans remettre le capitalisme en cause est comme vouloir la démocratie. Dans des premières réflexions, j’avais posé la question de savoir si le capitalisme était un « genre » ou « une espèce ». Il apparaît aujourd’hui clairement qu’il est au-dessus de la démocratie comme de l’écologie.

Il faut faire cesser cela.

Caleb Irri

http://calebirri.unblog.fr

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