RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Cuba-Etats-Unis : échange de prisonniers et possible ouverture du dialogue

Un échange de prisonniers entre Cuba et les Etats-Unis a eu lieu mercredi. Alan Gross, arrêté il y a cinq ans à La Havane et élargi hier, travaillait pour des structures US, couvertures de la CIA, chargées d’équiper les opposants cubains en matériel informatique et de transmission. Les trois Cubains libérés ont passé 16 ans dans les prisons nord-américaines, deux autres ayant retrouvé, il y a peu, la liberté. Ils étaient eux aussi accusés d’espionnage. La vérité mérite d’être rétablie.

C’était au temps de la présidence de Bill Clinton alors qu’une vague d’attentats frappait Cuba particulièrement les hôtels fréquentés par les touristes étrangers. Les relations entre Washington et La Havane avaient enregistré un timide dégel au point que des contacts étaient pris entre les services spéciaux des deux pays. Lors d’une réunion dans la capitale cubaine couverte par la présidence US, les représentants du FBI donnèrent leur accord pour une opération limitée dans le temps de « localisation et d’information » menée par des agents cubains en Floride repère des terroristes bien connus depuis l’attentat contre l’avion de la Cubana au dessus de la Barbade au mois d’octobre 1976 entraînant dans la mort 73 personnes dont l’équipe cubaine d’escrime. Un sinistre personnage impliqué dans la plupart des mauvais coups en Amérique latine, Luis Posada Carriles, avait publiquement revendiqué le crime avant de se réinstaller à Miami dans la plus totale impunité. La mission des agents cubains se limitait à obtenir les informations nécessaires pour contrer les actes terroristes en préparation. Rien de plus, rien de moins.

Au mépris des accords passés à la Havane, les cinq agents cubains étaient arrêtés, maintenus au secret puis « jugés » à Miami dans un environnement hostile, les jurés faisant l’objet de menaces et de chantages. La CIA était passée par là, l’agence ne supportant pas que son personnel local puisse être inquiété et refusant le début possible d’une amélioration des relations avec la Grande Ile.

Aux Etats-Unis, le sort réservé à ces hommes avait dépassé la confidentialité. Des centaines de personnalités du monde politique, économique, culturel et artistique demandaient leur libération. Dix Prix Nobel et des dizaines de juristes internationaux s’étaient adressés à Barack Obama. En France, depuis des années les amis de Cuba à l’initiative de Cuba Si France ont brisé le mur du silence entretenu sur cette affaire en multipliant les rassemblements tandis que la fête de l’Humanité a baptisé ces deux dernières années une place « Place des 5 de Miami ».

A Cuba, l’annonce du retour au pays des trois derniers du groupe des « 5 » a fait le tour de l’île dans l’attente du discours de Raul Castro annoncé pour 18h, heure de Paris. A même moment, à Washington, un officiel annonçait l’ouverture de négociations entre les deux pays avec pour objectif le rétablissement des relations diplomatiques.

José Fort

URL de cet article 27596
   
Même Thème
Une histoire populaire des États-Unis - De 1492 à nos jours
Howard ZINN
Cette histoire des États-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d’histoire parlent habituellement peu. L’auteur confronte avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980-1990, tous, jusqu’aux victimes contemporaines de la (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"De toutes les ironies exprimées par la politique étrangère américaine, notre position vis-à -vis de Cuba est la plus paradoxale. Une forte dégradation de la situation économique a provoqué une poussée du nombre de Cubains entrant illégalement aux Etats-Unis.

Nous faisons tout ce que nous pouvons pour détériorer la situation économique et ainsi accroître le flux. Nous encourageons également cet exode en accordant aux Cubains, qui arrivent illégalement ou qui s’approchent par voie de mer, un statut de résident et une assistance pour s’installer.

Dans le même temps, nous n’avons pas respecté les quotas de visas pour les Cubains désireux d’immigrer aux Etats-Unis [...] quand Castro tente d’empêcher des cubains malheureux de quitter leur pays infortuné, nous l’accusons de violer des droits de l’homme. Mais quand il menace d’ouvrir grand les portes si nous continuons à accueillir sans limites des cubains sans visas - y compris ceux qui ont commis des actes de violence pour aboutir à leurs fins - nous brandissons des menaces imprécises mais aux conséquences terribles. "

Jay Taylor, responsable de la section des intérêts américains à Cuba entre 1987 et 1990, in "Playing into Castro’s hands", the Guardian, Londres, 9 août 1994.

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.