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Chavez, le peuple et les « pitityankees »

Dans les couloirs du palais présidentiel vénézuélien Miraflores, la pression monte. Résolu à poursuivre les transformations dans le pays, Chavez se place aujourd’hui avec détermination sur le front des nationalisations. Parallèlement, en novembre prochain, le pays s’engagera dans une nouvelle phase d’élections dans les régions. Si les résultats se révèlent favorables au gouvernement, ils marqueront le pas de l’avancement de la révolution bolivarienne. Mais, face à la critique de l’opposition « pitiyankee » et à une population essoufflée, le chemin s’annonce malaisé et le travail acrobatique.

De source sûre le monde ne s’est pas fait en un jour, alors la révolution vénézuélienne aurait du mal à prétendre à son aboutissement après dix ans de chavisme. Aujourd’hui, le président Chavez et son gouvernement sont à la veille d’une nouvelle étape dans la réforme du pays avec les prochaines élections des gouverneurs des régions qui auront lieu le 23 novembre 2008. Celles-ci seront décisives et essentielles pour l’expansion sereine de la politique chaviste sur l’ensemble du territoire. Pour continuer à avancer, il va falloir encore convaincre et jouer l’efficacité, car - même si l’opposition toujours virulente s’éparpille dans ses candidatures multiples - le peuple vénézuélien attend des évolutions et des avancements concrets répondant à leurs préoccupations. Il faut rappeler qu’en décembre 2007, lors du referendum sur la réforme de la Constitution, plus de 4 millions de voix chavistes pour 14 millions d’électeurs ont été perdues par une lassitude dans la motivation populaire et un attentisme quant aux changements. La bataille s’annonce donc serrée.

Qu’en est-il aujourd’hui, à peine 3 mois avant le scrutin ?

La révolution et les fermes décisions qu’elles doivent engendrer poussent enfin Chavez à entreprendre une politique volontaire de nationalisations des activités centrales de la société vénézuélienne. Grâce à des revenus pétroliers conséquents, favorisés par le boom du prix du baril, le portefeuille gonflé du gouvernement autorise largement rachats, investissements, coopérations et… nationalisations. C’est dans ce sens, et à grands pas, que se feront les transformations. Avec une poigne de fer, Chavez est décidé aujourd’hui à user de la réforme pour montrer à son peuple qu’il continue de tracer le chemin, sans s’arrêter à de simples promesses. Egalement décidé à faire face à une opposition agressive, destructrice, menteuse et totalement libre d’expression, contrairement à ce qui est dit. Il est temps d’associer au travail des missions gouvernementales, efficace mais de longue haleine, une politique socialiste suprême par le biais de lois et de décrets. Le moteur est là , la vitesse supérieure enclenchée - celle qu’il faut pour que le peuple vénézuélien puisse se redéfinir comme « suiveur sain », fidèle, et qu’il y trouve de nouvelles satisfactions.

Pour Chavez, ce programme de nationalisations est l’outil majeur pour répondre aux manipulations, pressions et coups bas de l’opposition possédante. Le seul moyen pour avoir les mains libres et construire la société socialiste qu’il propose en tant que « militaire révolutionnaire » non comme « dictateur ».

Le travail sournois et déstabilisateur de l’opposition « pitiyankee » crée actuellement une véritable guerre de position presque sans issue si Chavez ne fait pas dès à présent autorité. Dans ce contexte, le gouvernement est donc résolu à utiliser ses pouvoirs souverains et à les exercer sans états d’âme. Ce que le peuple attend, ni plus ni moins.

Les solutions

Après un premier processus de nationalisation de la sidérurgie, de la téléphonie (Cantv-Movilnet) il y a un an, puis de l’électricité (Corpoelec) il y a quelques mois, le plan d’Etat s’élargit de façon stratégique.

Quelle solution a Chavez pour lutter contre la contrebande du pétrole, organisée à l’étape de son transport et de sa distribution majoritairement privés, conduisant à des pertes de revenus flagrantes ? Sinon celle de supprimer ces intermédiaires (Texaco, BP et Shell) et de nationaliser les stations services pour les intégrer au circuit Petrosur-Petrocaribe de PDVSA. Sur le principe du « rendre à César ce qui appartient à César », PDVSA se déploiera dorénavant comme entreprise de production sociale (empresa de producion social), en se définissant nouvelle PDVSA du peuple (la nueva PDVSA es del pueblo).

Quelle solution a Chavez pour entreprendre et mener à bien sa politique de grands travaux face aux entraves, mélis-mélos et divers pots-de-vin du bâtiment qui ralentissent ou empêchent les processus ? Sinon de nationaliser deux des plus grosses sociétés de ciment - Cemex, filiale vénézuélienne du groupe mexicain, et Lafarge, compagnie française - et ses succursales afin d’avoir les moyens de son programme.

Quelle solution a Chavez pour modifier le fonctionnement du système bancaire et financier actuels - manipulés par des intérêts « pitiyankees » extérieurs au pays, pour qui les profits sont étonnants - allant à l’encontre des nécessités de la société vénézuélienne ? Et quelle solution a Chavez, lorsque ce mécanisme en place pousse au surendettement de la population, engagée dans un modèle américain de consommation et ainsi de crédit pour payer le crédit ? Sinon de nationaliser la Banco de Venezuela - propriété du groupe espagnol Santander - afin d’en rectifier les principes et de stopper cette machine infernale qui ruine les foyers.

Le système des banques communales, mis en place depuis 4 ans, a ainsi permis de financer nombre de coopératives agricoles qui se développent comme champignons en forêt et qui révèlent d’excellentes performances. Sur l’exercice 2007-2008, la surface des terres cultivées a augmenté de 20% et la production oscille, selon les cultures, entre +10 et +25%.

Quelle solution a Chavez quand il décide de rehausser le smic de 30% et que - pour répondre à cette évolution sociale - les distributeurs « pitiyankees » augmentent le prix des aliments de base de 30% ou organisent le lock-out ? Sinon celle d’ouvrir des supermarchés d’Etat - les Mercal - où les prix pratiqués équivalent à ceux de nos discounters européens. Ou encore d’organiser des marchés populaires dans tout le pays où se retrouvent en direct producteurs et consommateurs faisant ainsi chuter les prix jusqu’à 50%.

Guerre à la guerre

Par nécessité absolue, Chavez est en permanence sur le terrain, accompagné de sa flotte de ministres. Ici pour expliquer et clarifier, là pour démentir et dénoncer. Menaçant l’ingérence « pitiyankee » d’une réplique digne de l’art martial, non-violente et imparable. Les Conseils des ministres, en direct du palais présidentiel Miraflores, sont diffusés à la télévision en toute transparence. Chavez, comparable à un David du XXIe siècle socialiste contre un Goliath « pitiyankee », défie en tout intelligence et grâce uniquement au matériel social.

La traînée de poudre révolutionnaire, synonyme d’Alba - collaborations, ententes et coopérations inters pays latino-américains -, se confirme et renforce la tendance. Le Honduras, le Paraguay, l’Equateur, la Bolivie, l’Argentine signent aujourd’hui sans hésiter, avec Chavez comme pivot central dynamique. L’objectif étant de construire une indépendance sud-américaine, l’arme unique.

Pour l’heure, dans le pays, la campagne officielle de ces élections des gouverneurs des régions débutera le 23 septembre prochain. Le parti socialiste vénézuélien (PSUV) commence dès à présent à occuper le terrain. Ses bataillons de militants décidés à en découdre, et la télévision d’Etat là pour les suivre et en faire part. La population, sensibilisée à son devoir de vote et à son inscription sur les registres électoraux, afflue sur les places publiques ou dans les couloirs de métro pour se faire enregistrer.

A ce jour, 7 états sur 23 dans le pays sont à droite, une minorité mais pas des moindres puisqu’il s’agit d’Etats riches et puissants tels que ceux de Zulia, Sucre, Caraïbo, Carabobo, dotés d’un fort potentiel pétrolier, agricole et industriel. Dans cette bataille du pouvoir, la corruption reste un point d’achoppement qui va rendre le parcours difficile. Le Venezuela est loin d’échapper au phénomène de l’attrait pervers de l’argent et des intérêts personnels, et ce même au sein des troupes chavistes - la « cinquième colonne » socialiste opportuniste ! Sans oublier la vieille oligarchie vénézuélienne qui n’est pas en reste.

Alors prudence ! Chavez se doit d’être ni aveugle ni dupe, et encore moins conciliant. L’enjeu est primordial pour l’avenir du socialisme vénézuélien et latino-américain. Le peuple le suivra si la confiance, la méthode et les preuves sont là . La révolution n’est qu’entamée, Chavez le sait. A Cuba, il a fallu 50 ans de résistance et de combat pour concrétiser, matérialiser et stabiliser, non sans inquiétude ni incertitude encore aujourd’hui. Les « pitiyankees » sont aux aguets, leur crédibilité toutefois bien entamée. C’est donc dans la ténacité et grâce à l’accompagnement du peuple vénézuélien que Chavez arrivera à ses fins - qu’il se le dise.

Muriel KNEZEK

COMMENTAIRES  

06/09/2008 08:54 par PHILCO

A ce jour, on ne connaît pas d’économie nationalisée qui ait réussi le développement de leur pays. On en connaît la raison majeure : la fonctionarisation des mentalités qui tue le dynamisme économique. Pourquoi Chavez réussirait-il là où toutes les expériences précédentes ont échoué ? Ne valait-il pas mieux se contenter de prises de participation minoritaires uniquement destinées à influencer les décisions stratégiques plutôt que d’assumer la gestion de ces sociétés ? Le dernier exemple de l’échec d’une économie nationalisée dans une grande proportion est l’Iran qui n’arrive pas à améliorer la condition de sa population malgré son pétrole : il est même obligé d’importer son essence raffinée !

06/09/2008 10:29 par VDJ

clichés. Il était où le "dynamisme" économique du Venezuela d’avant Chavez où 80% de la population vivait dans la misère ? Dynamisme d’une minorité au service d’une minorité, juste de quoi se gagner l’admiration des magazines "économiques" et commentateurs médiatiques si prompts à s’extasier sur un cas de "réussite" au sein d’un océan de misère. Le libéralisme, c’est un hyper-marché super éclairé et climatisé, les rayons remplis à ras bord, entouré de bidonvilles.

VDJ

06/09/2008 10:45 par dindane

c’est la propagande occidentale criminelle capitaliste qui a
detruit ces economies .Et pour cause les luttes ouvrieres
dans les sociétés capitalistes au momment ou existait
deux blocs etaient payantes , le capital abondonné une
partie de ses profits sous la pression de ces luttes. Mais
maintenant que se passe t-il ???? L’economie liberale se
retrouve seule en course et on voit ce qui se passe. Je n’ai
pas besoin de vous decrire la situation economique dans le
monde !!!!!

06/09/2008 12:48 par Laurent

Hola Philco !

Es-tu en train de nous dire que l’économie capitaliste a réussi le développement de notre monde auquel elle s’impose le plus souvent par la force brute ?
Mise à part quelques classes moyennes occidentales (qui sont en train de dégringoler !), la majorité des sociétés en Afrique, en Asie, en Amérique, quand elles n’ont pas été détruites par nos puissances coloniales ou néo coloniales (le bras armé de notre économie) vivent dans des conditions de pauvreté et de sous-développement extrêmes. Est-ce qu’à ton avis, l’écologie et la protection de la planète font aussi partie des réussites de cette économie de marché sous quelques formes qu’elle veuille se présenter ?
Et les fonctionnaires sont responsables des échecs des tentatives socialistes ! C’est aussi à cause d’eux et de leur grèves que je suis arrivé en retard à mon boulot hier, et que je fait régulièrement la queues à la poste.
- La république Espagnole n’est pas morte grâce au soutien (passif ou actif) des puissances occidentales à Franco, ce qui favorisa ensuite le déclenchement de la seconde guerre mondiale ?
- L’URSS n’est-elle pas morte en grande partie à cause de la guerre froide mené par les USA ?
- Les échecs des tentatives en Amérique non étasunienne ne sont pas dues aux dictatures féroces et sanglantes installées et maintenues par et pour l’économie de marché à coup d’escadrons de la mort et autres fonctionnaires du grand marché mondial ? Demandes à la classe moyenne Argentine ce qu’elle pense de cette économie qui a pu s’installer chez eux en toute sérénité et dévaster complètement leur économie !
- Patrice Lumumba a été tué par des fonctionnaires qui ont livré son pays aux guerres et génocides qui durent encore. Il aurait dû installer des sociétés privées, avec participation minoritaire congolaise, pour extraire les richesses de son pays et les redistribuer à la population !
- Suharto a été vaincu non pas au cours des guerres d’Indochine mais par des fonctionnaires qui ont ensuite installé Sukarno pour le plus grand bien de toute l’Indonésie, y compris le Timor Oriental, où la encore des fonctionnaires voulaient sévir.
- Les difficultés économiques à Cuba ne sont pas dues au blocus et autres attaques constantes des Etats-Unis ? Non, ce sont les fonctionnaires de Castro qui maintiennent des niveaux de santé, d’alphabétisation et d’égalité sociale inégalés dans toute l’Amérique qui en sont la cause !
On pourrait continuer encore longtemps cette énumération. Alors, s’il te plait Philco, lis autre chose que Tintin au Congo ou Libération avant de prendre ce genre de positions.

06/09/2008 13:44 par starja

@Laurent
Trés bien Laurent. Ce qui nous parait évident les autres ne le voient pas ! Cet aveuglement est incompréensible et particulièrement criminel.
Comment lutter contre çà ?

06/09/2008 23:57 par A.Nonyme

luter contre ça en continuant d’arroser de littérature, de reportages, de films, de courts métrages, de présentations, d’articles de presse.

07/09/2008 01:39 par Vania

Bravo pour ta réponse Laurent. En effet, il faut contrer le lavage "des cerveaux" de la presse occidentale !!
Vania

07/09/2008 13:07 par PHILCO

@Laurent

De ton propre aveu la République espagnole est « morte » par le soutien des occidentaux à Franco, l’URSS à cause toujours des USA, les expériences sud américaines du fait du marché mondial, tout comme les autres expériences que tu relates.
Mais alors soit conséquent jusqu’au bout et explique-moi pourquoi Chavez aurait plus de chances de s’en sortir que l’URSS ou Cuba ?????

07/09/2008 20:02 par Laurent

Philco,

Tout d’abord, le but de mon intervention n’était pas de prédire si le Venezuela et l’Amérique Latine dans son intégrité (et non Chavez, Castro, Morales ou un autre) s’en sortirait ou non, mais de répondre à tes affirmations sur le rôle de la fonctionnarisation dans les difficultés rencontrées par les tentatives d’installation de gouvernements socialistes. Ensuite, à moins que tu veuilles me faire un procès, les faits que j’énumérais ne sont pas des aveux mais des constatations. Je pense qu’il n’a jamais existé aucune expérience de socialisation des moyens de production et de l’économie qui ait pu se développer bien longtemps sans intervention brutale des possédants pour la contrer radicalement. Par contre, le capitalisme perdure depuis plusieurs centaines d’années et les résultats sont là à peu près généralisés par la mondialisation, dernier avatar du colonialisme économique capitaliste : misère et sous développement, inégalités sociales et appauvrissement culturel, épuisement des ressources vitales et dégradation sans précédent de la planète.

Pour essayer de répondre à ta question, les chances que possède le Venezuela de s’en sortir viendront d’abord et avant tout des Vénézuéliens eux-mêmes ; c’est le contenu même de l’article. En ce qui concerne les Cubains, je trouve qu’ils ne s’en sortent pas si mal. Avec l’appui du Venezuela, de l’Equateur, de la Bolivie, du Nicaragua, du Paraguay et d’autres pays, l’intégration sud-américaine prend son essor et cela les aidera certainement. En tout cas je souhaite que cette expérience puisse se poursuivre sans les déstabilisations habituelles. L’expérience et l’Histoire aidant, les peuples d’Amérique se rendent compte que les interventions occidentales au nom de l’aide au développement, de la coopération industrielle, des droits de l’homme, de lutte contre le terrorisme, ne sont que des prétextes pour le pillage de leurs richesses à notre profit, et élaborent des moyens pour s’en sortir. Ensuite, je pense que l’information alternative, que toi, moi et beaucoup d’autres prenons la peine de consulter, et les discussions qui s’ensuivent, pourront nous permettre de voir plus clair dans le fonctionnement du monde et de choisir des gouvernants qui n’appliqueront ou ne cautionneront plus de telles politiques. Un tel choix est hélas assez restreint dans nos "démocraties" qui se sont construites de façon à étouffer toute voix qui puisse remettre en cause l’ordre établi et à en marginaliser les éventuels portes parole.

Je suis un optimiste qui croit que c’est qu’en comprenant les choses que l’on peut avoir prise dessus pour les faire évoluer dans un sens plus favorable à la justice sociale, condition sine qua non à tout épanouissement, qu’il soit individuel ou collectif.

07/09/2008 21:32 par PHILCO

@Laurent

« Je pense qu’il n’a jamais existé aucune expérience de socialisation des moyens de production et de l’économie qui ait pu se développer bien longtemps sans intervention brutale des possédants pour la contrer radicalement. »
Tiens donc, et qui sont ces « possédants » dans l’expérience chinoise qui ont stoppé l’expérience communiste et qui s’oriente de plus en plus vers un capitalisme encore plus libéral, dérégulé, plus sauvage que le capitalisme occidental ??? Comment expliques-tu ce choix interne de la part de communistes convaincus comme Deng xia Ping en 78 (« peu importe que le chat soit noir ou gris. Ce qui compte c’est qu’il attrape des souris. ») ? Comment expliques-tu cette renonciation spontanée au communisme pour opter pour le capitalisme et la collaboration avec le capital international ?

« Pour essayer de répondre à ta question, les chances que possède le Venezuela de s’en sortir viendront d’abord et avant tout des Vénézuéliens eux-mêmes »
N’avances-tu pas, pour expliquer les échecs des expériences socialistes que tu évoques, qu’elles sont dues à « sans intervention brutale des possédants pour la contrer radicalement. » ? Je suppose que tu veux dire que tu fais allusion à la capacité des vénézuéliens à résister à ces « agressions » capitalistes. Mais cela ne répond nullement à ma question : pourquoi résisteraient-ils plus que ne l’ont fait leurs prédécesseurs ?
Pour l’expérience cubaine, si les cubains avaient l’opportunité d’un choix de société, es-tu sûr qu’ils opteraient pour la poursuite du régime actuel ? Ou seraient-ils tentés par un virage type chinois devant l’absence de modèle socialiste ayant réussi ?

« Un tel choix est hélas assez restreint dans nos "démocraties" qui se sont construites de façon à étouffer toute voix qui puisse remettre en cause l’ordre établi et à en marginaliser les éventuels portes parole. »
Il existe de nombreux exemples qui confirment ce que tu dis. Mais l’Occident reste le lieu où il existe la liberté d’expression la plus grande dans le monde. L’exemple de Chomsky en est une illustration parmi d’autres. Les remises en cause de l’ordre existant ne sont plus entendues comme choix de société alternative car toutes les expériences de ce type ont été des échecs. Il n’en reste pas moins que la dissidence et la critique doit s’exercer pour éviter les dérives des démocraties, lorsque les forces réactionnaires atteignent aux libertés fondamentales. C’est ce rôle de « vigie » qui est dévolu à la presse alternative.
« Je suis un optimiste qui croit que c’est qu’en comprenant les choses que l’on peut avoir prise dessus pour les faire évoluer dans un sens plus favorable à la justice sociale, condition sine qua non à tout épanouissement, qu’il soit individuel ou collectif. »
Là , on est d’accord. Mais pour moi cela ne peut se faire qu’à l’intérieur du système actuel alors que pour toi, je suppose, cela passe par l’instauration d’un système nouveau dont toutes les expériences montrent qu’il n’est pas viable. Tu en accuses les facteurs externes, moi les facteurs internes : l’exemple chinois en est l’aveu.

09/09/2008 02:56 par Pierre

Bonjour PHILCO,

J’ai lu toute votre discussion avec Laurent. Je suis d’accord avec Laurent sur le fait qu’il faut sans cesse rappeler que les inerties externes ont souvent tue dans l’oeuf les tentatives de transformation les plus progressistes. Les exemples sont nombreux dans l’histoire : Chili de Pinochet, les juntes d’Argentine et du Bresil, Suharto en Indonesie, etc...

Toi tu dis que "la fonctionarisation des mentalités tue le dynamisme économique."

Certes, il est vrai qu’il est important de maintenir une certaine motivation. Et je pense que cela doit pouvoir se faire sans pour autant imposer une echelle de salaire qui soit feodale et scandaleuse.

Mais cette affirmation est partiellement fausse car elle ne tient pas compte du fait que la nature humaine puisse aussi trouver son emancipation lorsqu’elle a conscience de son role vital pour un ideal collectif ou une cause qui la transcende. Entre parenhse, je crois qu’il existe aussi des causes plus belles que celle d’enrichir un actionnaire ou "augmenter son pouvoir d’achat pour consommer des produits inutiles et polluants" :

Les exemples de reussite collectives sont nombreux :

* aujourd’hui benevolats associatifs et humanitaire,

* l’apport decisif des travailleurs "communistes" francais en 1944 et 45 lorsque l’effort de guerre a exige de donner le dernier coup de rein. Les usines autogerees par les communistes (je pense en particulier a Marseille) ont accompli des miracles de productivite.

* idem en URSS pendant la 2eme guerre : la dictature du NKVD n’explique certainement pas a elle seule l’immensite du sacrifice collectif que les Russes et les Slaves ont accompli pour vaincre le fascisme.

* au niveau des hautes technologies : crois-tu que le statut de fonctionnaire a empeche les Russes de dominer les Etats-uniens pendant les premieres 20 annees de la conquete spatiale ? Et les ingenieurs francais, qui ont fait du CEA et d’EDF des leaders mondiaux dans leur domaine ? Aerospatiale : Ariane, Airbus... le TGV ? Ce sont des faineants de fonctionnaires ?
Les chercheurs du CNRS ont encore aujourd’hui un statut que leur envie le monde entier car celui-ci offre le luxe de prendre des risques, ce qui est vital en recherche.

* Et Cuba, qui, malgre l’emargo, arrive a former des medecins qui sont a la pointe et a les envoyer dans le monde entier ?

Je te conseille d’ailleurs la lecture de cet article sur Cuba a la une de ce site le 8 septembre.

Cordialement

Pierre

09/09/2008 11:41 par PHILCO

Bonjour Pierre,

« Je suis d’accord avec Laurent sur le fait qu’il faut sans cesse rappeler que les inerties externes ont souvent tue dans l’oeuf les tentatives de transformation les plus progressistes. Les exemples sont nombreux dans l’histoire : Chili de Pinochet, les juntes d’Argentine et du Bresil, Suharto en Indonesie, etc... »
Les expériences coréennes, cubaines ou chinoises se poursuivent malgré les pressions extérieures. Je ne crois donc pas que ce soit l’argument décisif dans l’arrêt des autres expériences socialistes. L’exemple chinois en est l’illustration la plus frappante.

Tous les exemples que tu rapportes sont des exemples pris dans des circonstances d’adversité particulière et exceptionnelle ou, pour le bénévolat, une activité marginale qui ne saurait être généralisée à une société.
Pour ce qui est de la science soviétique, si elle a effectivement pu tenir la dragée haute aux américains, elle a fini par s’effondrer devant l’effort complètement disproportionné fourni pour des résultats sans retour économique à la hauteur de ces efforts. C’est ce qui explique qu’elle ait disparue alors que les américains continuent à truster les brevets et les Nobels.
Pour les chercheurs français, l’adverbe que tu emploies « encore » est révélateur d’une situation qui se dégrade et qui voit nombre d’entre eux préférer les conditions de recherche que leur offrent les universités américaines. Pas conditions salariales (encore que…), mais bien budgets de recherche.
Pareil pour Cuba : oui pour certaine catégorie de médecins, mais le reste ? Si les cubains avaient le choix (au fait, pourquoi ne l’ont-ils pas ?) de choisir leur type de société, es-tu sûr qu’ils opteraient pour poursuivre l’expérience actuelle ? Pourquoi leur choix serait-il différent du choix des anciennes sociétés dites communistes ?
Cordialement,

PHILCO

06/09/2008 11:31 par starja

Cette expérience Chavez est fascinante ; mais peut-on être optimiste quant à sa réussite ? Il va à l’encontre des intérêts du fascisme étatsunien, qui, hélas, je le crains, ne va pas laisser cette expérience aller trop loin. Ce genre d’obstacle que le marxisme combattait en instaurant la dictature du prolétariat...avec les conséquences que l’on connait. Chavez est "trop" démocrate ; face aux USA c’est son talon d’Achille.

07/09/2008 21:05 par vert de rage

Ce que j’aime c’est la sociale démocratie made in usa quand le bon du trésort achète des banques pour tenter de sauver l’économie...

09/09/2008 12:27 par legrandsoir

Merci de penser à recentrer vos commentaires sur le sujet de l’article.

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