« C’est difficile, mais il n’y a pas d’autre choix. »

Les journées des parlementaires communistes, républicains, citoyens et du Parti de gauche, se sont ouvertes le dimanche 25 septembre à Auray (Morbihan). Les présidents (communistes) de leurs groupes à l’Assemblée nationale, André Chassaigne et au Sénat, Éliane Assassi se sont expliqués sur les sujets de la rentrée.

J’ai lu avec beaucoup d’attention et de bonne volonté les propos de Éliane Assassi et de André Chassaigne. (*)

Ils montrent l’énorme travail que les parlementaires de gauche effectuent pour amender les textes nocifs du gouvernement dans tous les domaines : réforme des retraites, réforme des collectivités territoriales avec la création des métropoles, le budget inacceptable en l’état, etc.

La question de la pertinence de leurs critiques (gravissimes) de la politique de F. Hollande et JM Ayrault, et leur bonne volonté pour limiter les dégâts n’est pas en cause. Non.

J’ai voulu essayer de comprendre ce qui les porte à être « dans un état d’esprit très offensif ». À avoir « des ambitions pour notre pays ».

Pêle-mêle, j’ai trouvé ceci.

Nous ne mettons pas sur le même plan les choix faits sous Sarkozy et ceux du gouvernement Ayrault...

Nous faisons tout pour montrer à quel point ce gouvernement fait fausse route, combien cette politique est contraire au changement voulu par les Français...
Nous ne sommes pas enfermés dans des postures. Nous ne sommes pas dans l’opposition, mais nous pensons qu’il est possible de mettre en œuvre dans notre pays une réelle politique de gauche. Tout notre engagement de parlementaires vise à faire vivre cette alternative, cette ambition...

Notre responsabilité n’est pas de passer notre temps à dire que ce que fait le gouvernement socialiste n’est pas bien, mais de faire la démonstration que d’autres choix à gauche sont possibles. Et c’est ce que nous faisons...

Dans ce cas, nous rejetterions ce texte. Nous n’en sommes pas là, nous ferons, y compris sur le financement, des propositions...

Toutes ces questions montrent aussi l’urgence de mettre en débat et en perspective l’avènement de la VIe République...

Nous ne sommes pas dans une posture politicienne. Nous entendons nourrir nos réflexions, nos choix et nos propositions du débat avec les élus sur le terrain, avec les citoyens et le mouvement social et syndical. Avec un objectif : gagner des avancées...

Mener le débat public sur les choix du gouvernement et leurs impasses, redonner de l’espoir en montrant que d’autres voies peuvent être ouvertes à gauche constituent notre ligne de conduite pour faire bouger les choses dans notre pays...

Il ne faut pas perdre notre boussole. Nous ne voulons pas du retour de la droite et nous ne voulons pas que l’extrême droite s’installe en force dans notre pays. C’est pourquoi nous faisons attention à ne pas nous situer dans l’opposition, mais à être la force qui porte l’idée qu’une autre politique de gauche est possible...

Il y a une grande colère. À un niveau rarement atteint. Nous ne sommes pas de ceux qui entendent mettre un couvercle sur cette colère. Celle-ci a besoin de s’exprimer. Il faut essayer de lui donner une direction en lui ouvrant le chemin de l’exigence d’une autre politique. La colère populaire doit être une colère constructive. C’est la force des communistes de travailler à cela, de voir la situation dans son mouvement avec toutes ses contradictions et ses possibilités. C’est difficile, mais il n’y a pas d’autre choix...

Et je suis revenu à mon interrogation initiale : qu’est-ce qui les porte ces braves parlementaires ?

Il y a bien sûr « la grande colère. À un niveau rarement atteint. »

C’est bien possible, mais les signes extérieurs de manifestation d’une colère de masse font à mon avis défaut.

Moins tonitruant, plus modeste, il y a aussi : « gagner des avancées... » par des débats sur le terrain. « Faire bouger les choses dans notre pays... »

Le lecteur attentif des extraits ci-dessus trouvera peut-être d’autres éléments qui lui permettront de comprendre la combativité des représentants de la gauche au parlement.

Pour ma part, je pense que ce qui leur donne tant de fougue c’est qu’ils sont portés non pas de façon concrète par ce qu’il faut bien appeler l’atonie de la population mais, de façon compensatoire et idéologique par un courant qui leur est invisible et qui est pourtant bien réel : la toute puissance des socialistes, leur règne au Parlement et à l’exécutif.

Je veux dire que s’ils se défendent d’être dans l’opposition, et c’est bien naturel puisque l’opposition en ce moment est la droite, c’est parce qu’ils sont cependant fondamentalement dans l’opposition mais, par nécessité, par fatalité, seulement de sa majesté.

Le constater, ce n’est pas une accusation, or : « C’est difficile [à dire], mais il n’y a pas d’autre choix. »

(*)http://www.humanite.fr/politique/eliane-assassi-andre-chassaigne-l-irruption-citoye-549625

COMMENTAIRES  

02/10/2013 15:43 par Futile

C’est bien possible, mais les signes extérieurs de manifestation d’une colère de masse font à mon avis défaut.

La colère, cependant, est là. S’il est difficile de dire si elle est majoritaire c’est peut-être que les "signes extérieurs" sont en devenus plus discrets face à la répression ? En effet, que sont les "signes extérieurs" les plus voyants (pas par les médias) ?

- Manifester ? Pour se faire casser la figure et emprisonner par des "gardiens de la sécurité" forts, armés, et anonyme, le tout sans résultats, non, merci !

- Signer des pétitions ? Elle n’ont pour résultats que l’évaluation de ce qu’il faut investir dans la propagande d’état. Et le repérage des noms qui reviennent souvent. Rien d’autre.

- Faire la grève dans son entreprise qui va fermer ? Les travailleurs d’ ARCELOR-MITTAL, entre bien des autres, en savent quelque-chose...

- Voter "démocratiquement" ? Faire confiance aux partis qui, éventuellement, proposent des manifestations, des grèves, des pétitions ou un vote en leur faveur ? Alors là, c’est la franche rigolade. D’autant plus que ces dits partis abandonnent le plus souvent leurs "dommages collatéraux" à leur triste, voire mortel, sort.

Il reste la solidarité hors-parti, celle des amis et celle des autres êtres humains. Il reste la résistance clandestine, qui consiste souvent à ’ne pas faire’... ce que la publicité, politique ou pas, nous "suggère" de faire. - par facilité toujours et moindre coût souvent, bien entendu. Cette résistance sous-terraine exige cependant des connaissances non répandues dans la presse aux ordres ! Et l’information circule par le bouche-à-oreille.

Cette résistance de grain de sable... peut enrayer un mécanisme. Qui sera ensuite ensablé par tous les autres grains de sable. S’il faut un leader pour organiser l’ensablement... est une autre question.

En attendant, il reste aussi l’abstention tentante aux deux tours des communales, ce qui favoriserait la venue de "villes gérées par l’extrême droite". Car, contrairement à ce que la propagande d’état entend laisser croire, les intentions de vote FN ne croissent pas, mais stagnent plutôt, alors que l’abstention gagne du terrain, elle.
Comme ce fut le cas en Espagne où un gouvernement d’extrême droite l’a emporté - avec les résultats que l’on sait - grâce à l’abstentionnisme (et avec la grâce du dieu de l’Opus Dei).

02/10/2013 17:25 par eric

Mauris,
Tout à fait d’accord avec votre constat, ces parlementaires sont malheureusement désolant il faut le dire car ne pas s’affirmer dans l’opposition est faire le jeu de ce fameux bipartisme à l’américaine qu’affectionnent particulièrement les énarques ;

Ce que l’on peut en retirer est le manque totale de crédibilité, une abnégation de conviction profonde de ce que peut être le socialisme et surtout dire que de la politique politicienne ils en abusent et de plus pour le coup faire du populisme à la papa [la colère du peuple] bref des positions comme ça n’apportent rien car comment rassembler lorsque l’on divisent...

03/10/2013 00:55 par DeeJay

@ Futile
Tu as raison..."La gauche" est dispersée et désespérée et en manque d’inspiration.
Face a cette "guerre" des neo-cons contre les citoyens, "la Gauche" ne peut plus se faire des illusions sur le "cycle" électoral mais trouver des nouvelles méthodes de mobilisation, luttes, résistance et désobéissance civique, contre une "élite" de plus en plus arrogante.

03/10/2013 12:07 par Anonyme

DeeJay, les "nouvelles méthodes de mobilisation" sont là et ne sont pas à "trouver", car "la gauche" n’est pas en "manque d’inspiration" !

Cependant, il reste à les répandre. Contre les médias, y compris sur les forums où certains tâcherons sont très actifs, les "tous pourris", les partisans des "réseaux sociaux" qui font des "révolutions de couleur" dans des pays où il y a peu d’Internet (cherchez l’erreur), les parlementaires (même s’ils causent bien, comme le dit Dwaabala, ils sont minoritaires dans un système "démocratique" majoritaire), les promoteurs d’une gauche divisée, résignée et impuissante qui ne saurait que s’abstenir (de tout) ou se suicider, etc....

Pour cela, il convient :
- de démonter les mensonges destinés à tromper tout en flattant
- de pointer la confiscation du vocabulaire dit de gauche
- de pointer les changements insidieux, et qui se diront "modernes" et "à la mode" - faite par qui ? Mmmm...? - de vocabulaire
- de faire connaître les "nouvelles méthodes de mobilisation", car ce ne sont pas les médias qui le feront !
- de s’informer en sachant à qui on peut faire confiance.

Il convient, en somme, d’adopter la tactique (chère à Fidel) des fourmis qui ont raison d’un éléphant. Celui-ci ne s’en apercevra que quand il sera trop tard. Ce que feront les fourmis de ses précieuses "défenses", il n’en saura rien.

04/10/2013 03:52 par DeeJay

@ Anonyme
Dites-moi ou se rassemblent les fourmis ? Est-que j’amène mon casque et masque a gaz ?

Sans rire, ca devient urgent. Ente les millions de chômeurs, les précaires, pauvres et sans abris, c’est pas les victimes qui manquent. Alors ? Il est temps d’agir.

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