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Auteur : Nicolas FRAMONT

Une petite crapulerie du capitalisme : exploiter le tricot des grands-mères

Nicolas FRAMONT
Ma grand-mère tricote. Toute la journée, elle tricote de belles écharpes pour ses nombreux enfants et encore plus nombreux petits enfants, et maintenant pour ses arrières petits-enfants. Elle nous aide tous à passer l’hiver, en particulier ceux qui travaillent à l’extérieur (la famille compte plusieurs agriculteurs et vendeurs sur les marchés.) Rien ne lui fait plus plaisir que de recevoir des photos de nous, emmitouflés dans ses créations. Mais ça, c’est d’un autre âge pour les avant-gardes de la société libérale que le macronisme promeut : lundi 20 mars, sur la chaîne BFM Business, la patronne de la marque « Les mains de mamie » venait promouvoir, face à des journalistes charmés, son « business model », à savoir faire travailler des grands-mères (âge moyen : 68 ans, précise-t-on) pour sa marque de tricot. Concrètement, ces femmes retraitées prennent le statut d’auto-entrepreneuses (merci Sarkozy pour sa création et Macron pour son extension), reçoivent des commandes de l’entreprise, les produisent selon des (...) Lire la suite »

Révolte des banlieues : ceci est bien un mouvement social

Nicolas FRAMONT

« Partage du temps de travail, partage des richesses ou alors ça va péééteeer – ça va péter !! » : ce slogan de manif, un poil usant, a retenti dans toutes les villes de France durant près de 4 mois pour protester contre la réforme des retraites. Pourtant, moins d’un mois après que le mouvement social a été défait, de façon violente et humiliante, l’explosion de colère qui a littéralement embrasé ces mêmes villes suite au meurtre d’un jeune homme durant un contrôle de police est délégitimé par les mêmes qui, il y a encore quelques semaines, chantaient ce refrain.

Ce seraient seulement des émeutes violentes, aveugles et irrationnelles. La preuve : ces jeunes n’ont aucune revendication et s’en prennent à n’importe quel bâtiment, y compris des services publics qui leur seraient pourtant favorables. Cette colère de jeunes gens qui, selon nos politiques et nos préfets, mériteraient quelques claques, n’aurait pas sa place dans la lutte contre Macron et son monde, combat que la majorité des Français soutiennent ordinairement. En voyant les choses ainsi, on se condamne à la division, on marginalise ces jeunes et, surtout, on se trompe : sans romantiser la réalité crue de cette révolte, il s’agit bien là d’un mouvement social. Retour sur quelques clichés qui nous empêchent de penser et d’agir. « Ce sont des émeutes irrationnelles, sans revendication » Tous les participants à un mouvement social se voient systématiquement décrits comme irrationnels et impulsifs par les partisans de l’ordre établi. Il en va du mouvement actuel comme de tous les précédents. Et même les bonnes (...) Lire la suite »
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La classe bourgeoise et son idéologie sont parasitaires

Nicolas FRAMONT

Le mouvement social contre les retraites commence à s’inscrire dans une perspective de lutte des classes. Nicolas Framont, sociologue, cofondateur et rédacteur en chef de Frustration magazine, s’en réjouit. Auteur de Parasites (Les liens qui libèrent), il explique ici en quoi il n’existe pas de bon bourgeois ou de bon capitaliste d’après lui, et qu’il est nécessaire de recourir au rapport de force contre les bourgeois qui vivent du travail et des besoins vitaux des autres.

Laurent Ottavi (Élucid) : Vous évoquez deux définitions du parasite. La première est celle d’un être qui vit aux dépens d’un autre sans le détruire. En quoi cela s’applique-t-il à la classe bourgeoise : aux dépens de qui vit-elle, par quels moyens ? Pouvez-vous rappeler, par la même occasion, ce qu’elle recouvre ? Nicolas Framont : Le capitalisme est un mode de production qui n’est pas défini par le fait que l’on achète des choses, comme on l’entend trop souvent (la critique du « consumérisme ») mais par le fait que ces choses sont conçues, produites, transportées et vendues par des travailleurs qui ne reçoivent qu’une part infime de la valeur produite dans ce processus. Ce sont ceux qui possèdent les moyens de production, les capitalistes, c’est-à-dire la classe bourgeoise, qui en tirent les fruits et les accumulent avec le temps. La classe bourgeoise est cette classe sociale qui, progressivement, s’est enrichie sur le travail des autres, en le dirigeant au nom de la propriété. L’exploitation du travail (...) Lire la suite »
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Connaissez-vous Olivier Dussopt ?

Nicolas FRAMONT

Et ce qu’il se passe dans sa tête ?

Par Nicolas Framont, pour le site Frustration Franceinfo, a diffusé le lent et laborieux discours d’un homme, hésitant, la voix chevrotante, qui déclare que si la réforme des retraites va permettre aux gouvernements d’économiser 18 milliards pour l’investir ailleurs (sans préciser où, il n’allait pas dire “l’armée” ou “le patronat”), elle comporte de nombreux volets sociaux. Et ce monsieur d’égrener les différents mensonges, depuis debunkés par les réseaux sociaux et la presse : une meilleure prise en compte des carrières longues, une revalorisation de la pension minimale et autres fumisteries. Mais qui est ce type qui ment effrontément devant plusieurs radios et chaînes de télévision, lors d’une conférence de presse ? C’est Olivier Dussopt, le ministre du Travail. Charisme d’une huître et capacité à mentir sans scrupules, sourire en coin, sûr de son bon droit à nous en mettre plein la tronche. Et soudain, je me demande : “mais qui est ce mec ? Contrairement à l’immense majorité des ministres du gouvernement, (...) Lire la suite »

Primaire « populaire » : la startup politique qui vous veut du bien ?

Nicolas FRAMONT

« Primaire populaire » est le nom d’une organisation politique créée il y a quelques mois pour obtenir « l’union de la gauche », c’est-à-dire un candidat commun entre l’écologie libérale de Jadot, les multiples tendances du PS post-Hollande et la France insoumise voire l’extrême gauche. Fondée en février 2021, la structure compte désormais près d’une vingtaine de salariés à temps plein, dont la mission est de faire un lobbying auprès des candidats et des médias pour faire de l’organisation d’une grande primaire LA solution pour une victoire de ce que leur porte-parole Samuel Grzybowski appelle « le bloc des justices » (en opposant au « bloc nationaliste » et au « bloc néolibéral »). Sur leur site internet, il est possible de parrainer des candidats à cette primaire (sans leur accord) afin de les soumettre à un vote, du 27 au 30 janvier prochain, qui déterminera un gagnant. Derrière cette organisation a priori gentillette se cache selon nous la plus grosse arnaque politique que nous ayons connu depuis la candidature « ni droite ni gauche » et « hors parti » d’Emmanuel Macron en 2016. La positive attitude néolibérale en étendard

redaction@frustrationmagazine.fr Les premiers signaux d’alerte portent sur la forme : à l’automne dernier, j’ai débattu sur le plateau de Mediapart avec Samuel Grzybowski, et j’ai été consterné par le ton général de « positive attitude néolibérale » qui se dégageait de la moindre phrase qu’il nous sortait pour défendre son organisation : « l’espoir », « le changement », « l’envie », « tous ensemble » : Ces mots creux ont pour point commun d’être utilisés par les politiques comme par les DRH. Ce sont des mots qui ne font référence à rien de précis, ils sont sans objet. « Vivre ensemble », avec qui ? « Le changement », vers quoi ? « L’espoir », pour qui ? Le principe est de ne rien préciser pour tout laisser ouvert, même le pire. Samuel Grzybowski est un trentenaire, fils de journaliste, et il enseigne à Sciences po. Son parcours « d’entrepreneur social » l’a amené à faire de jolis selfies avec des membres bien connus de la classe politique pas réputés pour leur progressisme, qu’il a posté fièrement sur son profil (...) Lire la suite »
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