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Les leçons des législatives vénézueliennes

Les élections législatives Vénézuéliennes du mois de septembre dernier faisaient la une de tous les grands journaux de l’occident, qui tempêtant la fin de règne du Chavisme. En termes clairs, l’occident, fatigué par cette expérience populaire, souhaite ardemment un changement de régime. Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer cette ferme volonté de la part des pays riches.

LE MAUVAIS EXEMPLE BOLIVARIEN

Gabriel Garcia marquez, prix Nobel de littérature et auteur du roman « Chronique d’une mort annoncée », rencontrait a bord d’un avion le leader bolivarien, fraichement élu en 1999, et dialoguait avec lui. Ce qui lui avait fait dire qu’il avait « parlé à deux personnages (Hugo Chavez) contradictoires, à l’intérieur d’une même personne. L’un qui est chanceux d’avoir l’opportunité de sauver son pays. Et l’autre, un homme qui est condamné à entrer dans l’histoire, tout simplement comme un autre dictateur », fin de citation. Assertion que les 11 ans de pouvoir allaient démentir, non seulement Chavez n’est pas un dictateur, parce qu’il a organisé 14 élections ou référendums et a gagné 13 d’antre eux. Toutes ces élections furent supervisées par des organisations internationales, de véritables juges électoraux, incluant les plus réactionnaires, dont l’institut international républicain IRI. Leurs verdicts sont toujours élogieux a propos de la crédibilité de ces scrutins, y compris la dernière en date. Sans oublier que plus de 80% de radios et de télévisions du pays sont entre les mains des manitous de la droite.

Par contre, Hugo Chavez fut victime d’un coup d’état en 2002 que l’IRI s’empressa d’appuyer, une organisation qui prétend promouvoir la démocratie dans le monde. L’hostilité a l’égard du régime Bolivarien est internationalement connue. Il est vilipendé quotidiennement dans la presse bourgeoise, ce qui a même porté une super star télévangéliste américain, Pat Robinson, a appelé publiquement son gouvernement a l’exécution du leader populaire vénézuélien. Chavez est l’homme qu’attendaient les latino-américains pour se réinvestir activement dans la vie publique de leurs pays. Il est un catalyseur, donc un symbole à détruire par tous les moyens, incluant le meurtre. De 1999 a aujourd’hui, le néo-libéralisme ne cesse d’encaisser des revers dans le continent. La banque mondiale et le fonds monétaire international ont perdu considérablement de leurs influences des années 70 et 80. Les oligarchies locales se voient dévoiler leurs mensonges de 200 ans et la psychose de peur qu’elles engendrent. Les masses populaires se conscientisent et s’organisent avec une rapidité et une robustesse qui menacent directement le statu quo. Partout, les peuples participent a la vie politique et matérialisent leurs volontés à travers l’élection des leaders sociaux et politiques à la présidence ou au parlement. Le Brésil, la Bolivie, l’Equateur, l’Argentine, le Nicaragua…sont autant de pays qui actuellement mettent en oeuvre des politiques publiques dans l’intérêt de leurs pays.

Donc, le grand capital financier international a intérêt à évincer Chavez du pouvoir. Les dernières législatives vénézuéliennes représentaient un important test pour les ennemis de la participation populaire au pouvoir. Ils préparent la grande offensive pour la présidentielle de 2012, ils jurent d’en finir avec le Chavisme au Venezuela, pour du même coup stopper le processus politique en cours dans le continent. Roger Noriega a déjà annoncé les couleurs en anticipant la fin du « populisme » en Amérique latine, tout en motivant leurs allies sur le terrain. Le résultat des législatifs est bien accueilli dans le monde occidental. Les media des Etats-Unis, l’Italie, la Grande Bretagne, la France, l’Espagne etc. saluent le retour de l’opposition de droite au parlement. Comme si elle était écartée de force par le pouvoir, la vérité c’est qu’elle avait boycotté les élections, 5 ans auparavant, à partir d’un mauvais calcul politique dont le but exclusif fut d’handicaper la légitimité du pouvoir.

Le retour de l’opposition au parlement peut être vu sur plusieurs angles. Premièrement, c’est le respect d’une longue tradition purement vénézuélienne qui persiste, à savoir que la vie publique de ce pays est toujours marquée par une non-polarisation politique accrue et un morcellement excessif de la classe politique. Deuxièmement, après 11 ans de difficile gouvernance dans un pays à une forte tradition démocratique, les insatisfactions de la population se manifestent tranquillement mais surement. Les gangrènes administratives et politiques qui commençaient à ronger le pouvoir de l’intérieur et qu’un épais laxisme ignorait, devront être abordées avec force et efficacité, si le pouvoir veut se garantir une victoire en 2012. Troisièmement, le Chavisme, après 11 ans de pouvoir, doit prouver sa maturité politique à cohabiter avec des forces hostiles et démontrer sa capacité organisationnelle et psychologique à tenir motivés les partisans du régime. Aussi, on attend à ce que le pouvoir en place développe sa dextérité de négocier son plan socio-économique avec les autres forces politiques au bénéfice des masses pauvres du pays.

L’avantage du pouvoir en place c’est qu’il peut faire des alliances. L’organisation politique « Patrie Pour Tous », PPT, qui dispose de 11 députés peut être courtistée a des fins d’alliance. Il faut noter aussi le fait que les sièges remportés par l’opposition de droite sont le résultat d’une alliance purement électoraliste, un peu hétéroclite, foncièrement animée par la haine chaviste. Toute alliance électoraliste, en général, comporte en soi les germes de sa destruction ou de sa défaillance, particulièrement dans un pays ou le régionalisme est toujours très présent dans le jeu politique. La encore, tout dépendra de la maturité politique acquise durant ces 11 ans de pouvoir exclusif, a trouver des accords avec des adversaires sans mettre en question l’essence du projet politique.

Il doit être unanimement admis que le pouvoir, dans sa phase institutionnelle, ne sera plus le même. Cela exigera une attention permanente des autorités aux charges de l’état, d’où la nécessite de développer une « culture d’exécution » au niveau des fonctionnaires de l’état, basée sur le tangible. A la manière de cuba, au cours des années 90, un processus de rectification interne doit être mis en oeuvre afin d’éliminer la corruption, le trafique d’influence et l’insécurité qui accablent les réalisations du gouvernement. En d’autres termes, c’est l’heure de la moralisation administrative.

La forte personnalité politique du président Chavez joue un rôle important dans la vie politique vénézuélienne et du parti qu’il a fondé. Ce qui constitue un problème a l’épanouissement de l’instrument politique. Donc, le leader doit faire preuve d’une grande magnanimité pour ne développer aucune forme d’autoritarisme qui contrasterait avec le projet de doter le pays d’une organisation politique forte capable d’assurer la pérennité du changement en faveur des masses. L’organisation doit dépasser le cadre d’un homme pour s’imposer institutionnellement et nationalement comme une force politique incontournable.

Finalement, le grand capital financier international a intérêt de mettre fin au processus bolivarien parce qu’il met en ébullition un continent docile depuis plus de 45 ans. Les derniers législatifs lancent un message fort aux dirigeants actuels afin d’agir vite pour corriger toute dérive administrative. Un moyen pour s’assurer d’une autre victoire en 2012. Et, renforcer les structures organisationnelles du parti, afin de continuer à s’imposer comme une force de changement au Venezuela pour les 50 ans à venir.

Joël Léon

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