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Haiti : L’influence de Moise Jean Charles sur le discours politique haitien

L’objectif du discours politique de Moïse Jean Charles est «  d’agir sur l’autre pour le faire agir, le faire penser, le faire croire » (Rodolphe Ghiglione)

L’année 2015 a été la plus fertile, depuis les années 60 en Haïti, en termes de théorie ou plus précisément de discours politique. Il est difficile d’expliquer cette pullulation d’idées. Cependant, j’estime que les deux invasions internationales (1994 & 2004), suivies d’occupation du territoire national en une décennie, et d’autres événements sociopolitiques agaçants constituent les agrégats qui allaient donner naissance à cette richesse au niveau du discours politique.

Ils sont nombreux à contribuer à cette amplification du discours politique. On peut citer entre autres : Liliane Pierre Paul, Marvel Dandin, Ricot Dupuy, Himmler Rebu, Lesly Manigat, Lyonel Trouillot, Junot Félix, Jean Monard Metellus et Moïse Jean Charles. Ce dernier constitue à mon avis, l’homme politique qui a contribué le plus, en ce sens qu’il allie pensées & actions sur un fond national inspiré du fondateur de la patrie haïtienne, Jean Jacques Dessalines.

En 1993, lors d’un échange téléphonique que j’avais eu avec un conseiller politique de l’ambassade de France de l’époque, M. Querellac, il ne pouvait pas saisir intelligiblement l’opiniâtre férocité qui animait la classe politique haïtienne. Toutefois, il soulignait l’intarissable ressource des hommes politiques haïtiens à se défoncer pour influencer l’opinion publique, parfois même en tordant le cou des textes de loi ou les faits. Ce constat du diplomate correspond tout à fait à celui de Louis Joseph Janvier qui stigmatisait l’homme politique haïtien et l’ingérence étrangère. A remarquer que ces deux individus vivaient dans deux siècles différents. Cela illustre parfaitement comment qu’il est difficile de se tailler une place dans l’univers du discours politique haïtien si vous n’êtes pas un initié de la subtilité du milieu.

Après l’expérience de Jean-Bertrand Aristide qui avait tenté de faire une percée louverturienne en propageant dans sa plus grande simplicité les grandes lignes de la théologie de la libération dans la lutte en Haïti, celle qui tonnait en Amérique latine dans les années 1980. Cependant, quelque chose faisait défaut à ce mouvement : l’authenticité haïtienne. J’ai comme l’impression que la gauche des années 60 a commis cette même erreur, n’arrivant pas à concilier le marxisme, comme vision historique, a cette « subtilité haïtienne stable » de faiseur d’histoire. En tout état de fait, il faut toujours éviter de commettre à nouveau ce sacrilège de ne pas intégrer l’épopée de 1804 dans tout processus de sensibilisation profonde des masses haïtiennes autour d’un quelconque projet, qu’il soit politique, économique, social et culturel.
« Le discours politique est une pratique sociale qui permet aux idées et aux opinions de circuler dans un espace public ou se confrontent divers acteurs qui doivent respecter certaines règles du dispositif de communication ». C’est-à-dire il faut éviter toute tentative anomique, par exemple le mensonge, même quand la sévérité du débat se durcit de plus en plus. Dans le cas d’Haïti, le discours politique doit tenir compte et promouvoir « l’autodétermination, la démocratie et la croissance économique »_ trois nécessités qui intéressent profondément l’ensemble de la population. Le sénateur Moïse Jean Charles a tout fait. Il agite des approches endogènes tirées directement de la réserve nationale, Il invoque la domination de classe, le passage obligé vers une libération économique ; il défie l’occupation étrangère et exige des réparations. A travers des réflexions sur la réalité politique, il questionne les entraves conjoncturelles et propose des solutions structurelles.

Tout ceci sous l’incitation de l’idéal dessalinien, la doctrine fondatrice, comme moteur d’un grand mouvement historique et démocratique, impitoyablement interrompu le 17 octobre 1806 avec l’assassinat éhonté du père-fondateur de la patrie. Quand en 2013, en pleine manifestation populaire anti impériale et gouvernementale, il lança son fameux « Dessalines pral monte wè Petion » (Dessalines va voir Pétion), slogan qui allait l’immortaliser comme figure politique centrale et renforcer du coup la mobilisation populaire contre le régime vassal du président Joseph Martelly. Il ne savait pas que cet acte verbal allait réveiller la conscience des millions de gens et prendre le discours politique d’assaut. Il imposa Dessalines à la classe politique. Soudainement, des groupes portant le nom du libérateur font surface. Plusieurs organisations sociales et politiques dessaliniennes resurgissent sur la scène politique. Désormais, le nom de Dessalines est sur toutes les lèvres. Moïse Jean Charles a atteint « La capacité que possède un homme politique de faire obéir, agir, parler, combattre un ou plusieurs autres hommes. »

C’est ce que Raymond Aron appelle « la domination charismatique », une dimension élevée ou le verbe ressuscite et inspire des actes qui définissent le présent et le futur. L’une des conséquences directes de cette situation spéciale est le réveil de la classe politique, toutes tendances confondues.

Depuis 30 ans, c’est la première fois que des hommes politiques haïtiens osent publiquement se rebeller contre les dictées de l’ambassade étasunienne et autres puissances tutrices du pays. Même le candidat présidentiel Jude Célestin, un total inconnu parachuté sur la scène politique par son ancien beau-père président, René Préval, fut atteint par cette fièvre de « Nou pap obeyi » (nous n’obéirons pas). Il rejette les pressions impérialistes et rejoint le « camp national », incarné par Moïse Jean Charles. Aux dernières élections frauduleuses de 2015, plusieurs organisations politiques de tendances dessaliniennes prirent part à la course, notamment « Platfom Pitit Dessalines » (plateforme des enfants de Dessalines) et Mouvement Patriotique Dessalinien (MOPOD). Grace à ce discours national de Moïse, le processus de réveil national est enclenché les retombées sont positives.

Jocelerme Privert, président provisoire d’Haïti, a résisté contre les injonctions du « CORE GROUP » qui réclamait à cor et à cris la poursuite du deuxième tour opposant Jude Célestin au candidat officiel de l’ex-président Joseph Martelly, Jovenel Moïse. Au contraire, conformément au vœu populaire, il a créé une commission pour évaluer les dernières élections et faire des recommandations au nouveau conseil électoral provisoire (CEP). Le rapport de la dite commission a révélé ce que tout le monde savait déjà, a savoir le constat de fraudes massives par le parti au pouvoir et propose l’annulation de l’élection présidentielle d’octobre 2015. L’international était catégoriquement contre cette initiative de Mr Privert, mais les résultats de la commission s’imposent.

Le slogan « Nous n’obéirons jamais », est adopté par les sensibilités de la gauche classique et nationale du pays. Désormais, le gouvernement haïtien prend en charge le financement de l’organisation des élections d’Haïti selon les propres déclarations du président Privert, à partir des ressources financières nationales. Cet acte de caractère revêt une importance capitale : il permet de tenir l’empire à l’écart des grandes décisions politiques concernant la vie de 10 millions d’âmes. Du coup, cela diminue considérablement l’influence américaine (...). L’une des conséquences directes du discours politique dessalinien répandu par Moïse Jean Charles partout dans le pays. Maintenant, « nous sommes tous Dessalines ». Encore !

Le discours de l’homme politique, Moïse Jean Charles, « témoigne de sa préoccupation par rapport à la gestion de la cité », avec pour objectif « d’agir sur l’autre pour le faire agir, le faire penser, le faire croire ». Compte tenu de l’occupation militaire d’Haïti par des forces étrangères, le gouvernement des Etats-Unis qui fait et défait les gouvernements du pays, l’aliénation culturelle et idéologique...un discours politique de réveil s’impose a tous.

Moïse a réalisé ce travail. L’impérialisme est en perte croissante de vitesse. Le peuple est en passe de redevenir souverain, dessalinement !

Bibliographie :

A propos de la théorie politique (Raymond Aron)
La révolte des masses (Jose Ortega Y Gasset)
Le savant et le politique (Max Weber)
Le discours politique-Les masques du pouvoir ; Dictionnaire d’analyse du discours (Patrick Charaudean)
L’impact des indicateurs langagiers sur l’activité de penser et de communiquer (Rodolphe Ghiglione)

»» http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-25023.html
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Croire que la révolution sociale soit concevable... sans explosions révolutionnaires d’une partie de la petite bourgeoisie avec tous ses préjugés, sans mouvement des masses prolétariennes et semi-prolétariennes politiquement inconscientes contre le joug seigneurial, clérical, monarchique, national, etc., c’est répudier la révolution sociale. C’est s’imaginer qu’une armée prendra position en un lieu donné et dira "Nous sommes pour le socialisme", et qu’une autre, en un autre lieu, dira "Nous sommes pour l’impérialisme", et que ce sera alors la révolution sociale !

Quiconque attend une révolution sociale “pure” ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution.

Lénine
dans "Bilan d’une discussion sur le droit des nations", 1916,
Oeuvres tome 22

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