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Vers le fondement d’une jurisprudence grâce au procès de la Junte chilienne

Une condamnation historique a mis fin, pour les familles des victimes, à plus de 35 ans d’attente. Le procès de la junte chilienne fut une première : à travers la disparition de quatre citoyens français, ce fut la reconnaissance officielle d’une vérité historique.
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« Le droit est vivant ». « Il est insensible au temps et nous l’avons montré ». Derrière ces phrases prononcées par les avocats Benjamin Sarfati et Claude Katz, au soir du verdict, un champ d’espoir s’ouvre. On peut se féliciter que les audiences aient été filmées, car leur intérêt historique est bien réel.

Le jugement qui a été rendu vendredi 17 décembre à Paris a permis d’aborder la nature du régime de Pinochet. (Procès de la Junte Chilienne à Paris : Perpétuité pour certains dans un jugement qui fera date). Ce qui marque un pas en avant dans la lutte pour la défense des Droits de l’Homme.

Car derrière les faits reprochés aux accusés - « arrestations et séquestrations accompagnées de tortures et d’actes de barbarie » dans les cas de disparitions de quatre citoyens français- Alfonso Chanfreau, Jean-Yves Claudet, Georges Kein, Etienne Pesle (voir document PDF), ce procès a eu une portée bien plus grande.

Il a visé l’étendue du système répressif chilien à travers ses organes (comme la DINA, la police secrète chilienne), ses alliés et soutiens (plusieurs membres du gouvernement et de l’administration étasunienne), ses méthodes et ses objectifs : il fallait détruire le processus politique en cours au Chili, répandre la terreur dans la région.

Et au-delà du système répressif chilien, il s’agit aussi de celui du Plan Condor dont les grands traits avaient été dessinés avant même l’arrivée au pouvoir d’Allende.

Une politique qui touchait toutes les strates politiques, syndicales, professionnelles, intellectuelles d’une société. C’est un système de répression qui a aussi été jugé à travers ces disparus, un système qui a fait des milliers d’autres victimes.

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Contre-discours de mai de François Cusset
Bernard GENSANE
François Cusset. Contre-discours de mai. Ce qu’embaumeurs et fossoyeurs de 68 ne disent pas à ses héritiers. Actes Sud, 2008. Bizarrement, on a très peu célébré le cinquantenaire de Mai 58, la chute de la Quatrième République, le coup d’État feutré de De Gaulle, l’instauration d’une nouvelle République, donc d’un nouveau partage institutionnel du pouvoir, avec un renforcement du rôle de l’État, de sa prééminence, tout ce que les " gaullistes " libéraux d’aujourd’hui vomissent. (…)
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Cette démocratie si parfaite fabrique elle-même son inconcevable ennemi, le terrorisme. Elle veut, en effet, être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats. L’histoire du terrorisme est écrite par l’État ; elle est donc éducative. Les populations spectatrices ne peuvent certes pas tout savoir du terrorisme, mais elles peuvent toujours en savoir assez pour être persuadées que, par rapport à ce terrorisme, tout le reste devra leur sembler plutôt acceptable, en tout cas plus rationnel et plus démocratique.

Guy DEBORD

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