Le Groupe de Lima - composé de l'Argentine, du Brésil, du Canada, du Chili, de la Colombie, du Costa Rica, du Guatemala, du Guyana, du Honduras, du Mexique, du Panama, du Paraguay, du Pérou et de Sainte-Lucie - a vu le jour en 2017 dans le but de trouver une issue à la "crise" que traverse le Venezuela. Aujourd'hui, le Groupe a décidé de ne pas reconnaître le nouveau mandat présidentiel de Nicolás Maduro (qui débutera le 11 janvier prochain) le considérant comme "illégal". Cependant, le gouvernement d'Andrés Manuel Lopez Obrador [entré en fonction le 1er décembre 2018, NDT] a décidé de ne pas signer le communiqué, marquant ainsi un changement dans la gestion du dossier par rapport à son prédécesseur Enrique Peña Nieto. Le journaliste argentin Pedro Brieger, directeur du site d’information alternative NODAL (https://www.nodal.am/), a interviewé Maximiliano Reyes, sous-secrétaire pour l'Amérique latine et les Caraïbes du Ministère des affaires étrangères du Mexique.
6 janvier 2019
Le "Groupe de Lima" a publié un communiqué et a déclaré qu’il ne reconnaîtrait pas le nouveau mandat du président du Venezuela. Cependant, le Mexique n’a pas signé le communiqué Pourquoi ?
Le Gouvernement mexicain réitère sa préoccupation face à la dynamique qui a altéré la tranquillité et la prospérité du peuple vénézuélien, ainsi que la situation en matière de respect des droits de l’homme. Les vulnérabilités dans les domaines économique et social sont mises en évidence par la migration de plus de 3 millions de Vénézuéliens qui sont arrivés, dans une plus ou moins grande mesure, dans les pays de notre région. Aujourd’hui, le Mexique est en train de modifier son paradigme migratoire : nous cherchons à ce que la migration soit considérée comme une source de prospérité, de développement économique et de richesse culturelle. D’autre part, nous continuerons de promouvoir la coopération internationale, le respect de l’autodétermination des peuples, le règlement pacifique des différends et le respect, la protection et la promotion des droits humains, tant au Venezuela que dans le reste du monde.
C’est dans cet esprit que le Mexique soutient les initiatives visant à faire en sorte que la société vénézuélienne trouve une solution à ses différends par des moyens pacifiques et avec la participation des acteurs concernés.
Nous plaidons pour que ce Groupe promeuve la mise en place de conditions pour que tous les secteurs du Venezuela puissent établir un véritable dialogue qui favorise le rapprochement et la construction d’accords qui permettront à leur tour le rétablissement de la stabilité pour nos frères vénézuéliens. Nous réitérons notre rejet de toute initiative visant à mettre en place des mesures qui entravent le dialogue pour faire face à la crise au Venezuela. C’est pourquoi le Mexique n’accompagne pas à cette occasion le texte qui a été adopté.
Que représente le Groupe de Lima pour le Mexique ?
Le Mexique continuera d’être un membre actif du Groupe de Lima. Cela est conforme à la vocation multilatéraliste de notre pays et à la conviction que le dialogue et la compréhension entre les Vénézuéliens seront la seule voie possible. Nous pensons qu’il faut parier sur la diplomatie.
Nous appelons à une réflexion au sein du Groupe de Lima sur les conséquences qu’auraient pour les Vénézuéliens des mesures visant à interférer dans les affaires intérieures et qui entraveraient le dialogue entre les acteurs concernés et la communauté internationale. Le chemin le plus efficace d’atteindre les objectifs pour lesquels ce groupe a été créé passe par des initiatives de médiation et de dialogue, et non par l’isolement.
L’absence de représentants de nos pays diminuerait la capacité de dialogue avec les acteurs vénézuéliens. Il en résulterait notre auto-exclusion des processus fondamentaux pour les intérêts de notre région.
Le Mexique pourrait-il rompre ses relations avec le Venezuela, comme certains pays de la région l’ont suggéré ?
Le Mexique entretiendra des relations diplomatiques avec le Venezuela afin de pouvoir examiner avec intérêt les propositions d’action ou de gestion diplomatique formulées par les différentes forces politiques et sociales de ce pays pour faciliter leur rapprochement, leur compréhension et leur accord. Fidèle à ses principes constitutionnels de politique étrangère, il s’abstiendra de se prononcer sur la question de la légitimité du gouvernement vénézuélien.
L’autodétermination des peuples et la non-intervention sont des principes constitutionnels que le Mexique respectera. Ainsi, la promotion du dialogue entre les parties en vue de trouver une solution pacifique à la situation que traverse Venezuela continuera de représenter une priorité de la politique étrangère du Mexique.
Traduit par Luis Alberto Reygada (@la_reygada) pour Le Grand Soir