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Perspective cauchemardesque

Une année de Biden et le retour de Trump au pouvoir paraît de plus en plus probable !

“Chaos”, “Insurrection”, “Agression de la populace”...un an plus tard, les médias américains et internationaux ainsi que les chancelleries de par le monde continuent d’attribuer maintes appellations aux événements du 5 Janvier 2021, oubliant pourtant systématiquement une, celle qui est d’ailleurs la seule correcte : Coup d’état. Ou plutôt tentative de coup d’état

. Alors, pourquoi tout ce bon monde persiste à “oublier” l’évidence quand les événements parlent d’eux-mêmes et un Noam Chomsky n’hésite pas de dire de l’attaque de l’année passée contre le Capitole qu’elle est... “la définition même du coup d’état” ? (1)

La réponse est simple : Ces événements-là devaient être minimisés coûte que coûte ! Pour qu’on n’apprenne pas leur terrible signification politique. Ou plutôt, pour que les milliards de gens qui les ont suivis en direct apprennent à croire non pas à leurs yeux mais ... ce que leur disent les médias et leurs politiciens ! Et tout ça parce qu’il fallait -et il faut toujours- protéger le mythe de l’éternelle et indéboulonnable « plus grande démocratie (américaine) du monde », du pilier du « monde libre ». Pourquoi ? Mais, parce qu’il serait extrêmement dangereux et déstabilisant qu’on prenne conscience que cette « plus grande démocratie du monde » a failli être renversée comme si elle était une vulgaire république bananière, d’un pays qui, d’ailleurs, commence à ressembler comme deux gouttes d’eau à l’Allemagne du début des années ‘30 !...

Alors, simple accident de parcours, comme ils veulent nous faire croire ? Pas du tout car ce coup d’état manqué n’a pas été un coup de tonnerre dans un ciel serein. En effet, il a été préparé et même..annoncé publiquement par son inspirateur et organisateur Donald Trump des dizaines de fois dans les mois précédant le jour funeste du 6 janvier 2021. Cependant, encore une fois les mêmes médias et les mêmes politiciens n’ont ni vu ni entendu venir la grande tempête. Ils ont même fait quelque chose de pire : ils ont tout fait pour présenter les très rares qui avertissaient qu’un coup d’état était en préparation comme des originaux et des ignorants qui ne connaissent rien à la réalité américaine. Et toujours avec l’argument imbattable...« ces choses ne peuvent pas arriver en Amérique »...

On pourrait dire que tout ça est affligeant et appartient au passé. Sans doute, sauf qu’on voit actuellement les mêmes médias, les mêmes politiciens et les mêmes « experts » passer sous un silence assourdissant la catastrophe qui vient. Pourquoi ? Mais, parce que Biden et son parti Démocrate vont de mal en pis, et les sondages successifs donnent Trump bien devant son adversaire Démocrate s’il y a aujourd’hui des élections présidentielles.

Toutefois, ce ne sont pas seulement les sondages qui annoncent des grands malheurs. Il y a aussi ce que Chomsky appelle « coup en douceur en cours » (soft coup), c’est à dire le coup d’état rampant des Républicains, qui consiste à préparer leur victoire dans toutes les prochaines confrontations électorales même s’ils perdent clairement en voix et pourcentages, grâce à des « astuces » plus que scandaleuses qui visent toutes à exclure des élections des millions de citoyens qui appartiennent à des communautés votant traditionnellement contre les Républicains (Afro-américains, Latinos, Indigènes, chômeurs, exclus, etc). Ce « coup en douceur en cours » ne se fait pas en cachette mais au grand jour, et il est déjà très avancé dans la plupart des États contrôlés par les fidèles de Donald Trump. Il est d’ailleurs à noter que les dirigeants Républicains qui participent à ce « coup en douceur » sont si sûrs de leur impunité et de leur toute puissance qu’ils n’hésitent pas à le défendre avec des « arguments » carrément suprémacistes portant p.ex. sur le besoin de limiter le droit de vote à la seule « race blanche », etc. Non seulement ils privent systématiquement, État après État, des millions de citoyens de leur droit de vote mais, en plus, ils se disent fiers d’un « exploit » qui renvoie aux temps précédant la guerre civile américaine (1851-1865) !...

C’est un fait qu’un an après sa défaite électorale, Trump contrôle le parti Républicain d’une main de fer peut-être encore plus qu’au temps de sa présidence. Employant tous les moyens, légitimes et illégitimes, pour terroriser et écraser la moindre contestation de sa personne, Trump a transformé le parti Républicain en une machine de guerre totalement inféodée à lui, laquelle a perdu la plupart des traits traditionnels du Parti Républicain. Cependant, serait une erreur attribuer ces succès de Trump uniquement aux méthodes mafieuses qu’il utilise contre ses adversaires. En réalité, Trump tire sa force du soutien aveugle qui -selon des centaines de sondages et enquêtes- lui est offert sans discontinuer depuis 5-6 ans par 30 %-33 % de la population, c’est-à- dire par plusieurs dizaines de millions de citoyens américains ! Il s’agit du noyau dur indéfectible et inamovible du trumpisme, lequel a toujours soutenu fanatiquement même les plus incroyables monstruosités de son leader et gourou. Un noyau dur à l’intérieur duquel vit, recrute et se développe la multitude d’organisations et mouvements néofascistes, nazis, racistes, créationnistes et complotistes, qui plus est sont souvent lourdement armées, lesquelles menacent désormais de liquider ce qui reste de la démocratie parlementaire américaine, et avec elle, les antiracistes, les antifascistes, les féministes, les écologistes, et en toute priorité, les gens de gauche...

Évidemment, Biden et les dirigeants du parti Démocrate en ont d’énormes responsabilités puisqu’ils n’ont jamais osé, et persistent à ne pas oser s’opposer ouvertement et durement à Trump et au trumpisme parce qu’ils ne veulent absolument pas diviser la bourgeoisie, ouvrir la boîte sociale de Pandore et risquer de déclencher une explosion populaire qui pourrait emporter eux-mêmes ensemble avec tout l’Establishment américain. C’est d’ailleurs pourquoi ils trahissent l’une après l’autre leurs promesses électorales, perdant le soutien des travailleurs et des opprimés grâce auxquels Biden s’est fait élire l’an passé. Et c’est ainsi qu’ils vont de reculade en reculade et de défaite en défaite, tout droit vers le grand chambardement cauchemardesque de 2024...(2)

Indubitablement, nos bons médias et nos politiciens n’en ont pas soufflé mot de tout ça car ils préfèrent perpétuer le mythe de la toujours ferme et stable comme un rocher « plus grande démocratie du monde ». Mais, le problème est que, sauf quelques rares exceptions, la gauche n’en souffle mot également, préférant croire -elle aussi !- dur comme fer qu’en Amérique « ces choses sont impossibles ». Toutefois, l’important n’est pas ce que disent ou ne disent pas de ce qui se passe aux États-Unis les politiciens, les médias ou la gauche. Le grand problème est qu’un éventuel retour de Trump à la Maison Blanche va mettre le feu aux poudres et va provoquer des événements analogues en Europe et de par le monde, d’autant plus que le terrain déjà préparé est plein des matériaux très inflammables. Et cela pour une raison que pratiquement tout le monde ne veut pas ou « oublie » de mentionner : parce que le partenariat du (très) grand capital avec les centres de pouvoir les plus réactionnaires et antidémocratiques constitue, depuis quelques années, le principal centre idéologique et opérationnel qui coordonne et finance les forces autoritaires, antidémocratiques, racistes et obscurantistes en Europe et au monde entier, lesquelles ont déjà envahi la scène sociale et politique de nos pays ! (3) En mots plus simples, parce que nous avons affaire à une véritable Internationale Noire dont le centre, qui se trouve aux États-Unis, est composé de Trump, de sa garde rapprochée et du réseau des énormes intérêts financiers qui le soutiennent...

Conclusion : Plus vite on en prend conscience, mieux ce sera pour commencer -enfin- à chercher des réponses au casse-tête comment lutter efficacement contre la bête immonde raciste, néofasciste et d’extrême droite qui relève de nouveau la tête...

YORGOS MITRALIAS

Notes

1. Voir Noam Chomsky : GOP’s Soft Coup Is Still Underway One Year After Capitol Assault : https://truthout.org/articles/noam-chomsky-gops-soft-coup-is-still-underway-one-year-after-capitol-assault/

2. L’état actuel et les perspectives de la gauche américaine, les quelles sont absentes de notre article d’aujourd’hui, pourraient faire l’objet d’un prochain texte.

3. Sur le rôle joué par ce centre international ultra-réactionnaire dans deux des problèmes les plus critiques de nos jours, celles de la pandémie et de la crise climatique, voir nos deux textes : Quand néolibéraux et anti-vaccins nous accoutument à la mort et à la dépréciation de la vie ! : http://cadtm.org/Quand-neoliberaux-et-anti-vaccins-nous-accoutument-a-la-mort-et-a-la
La haine contre Greta : voici ceux, avec nom et adresse, qui la financent ! : https://www.cadtm.org/La-haine-contre-Greta-voici-ceux-avec-nom-et-adresse-qui-la-financent.

Traduit du grec

URL de cet article 37683
   
Roger Faligot. La rose et l’edelweiss. Ces ados qui combattaient le nazisme, 1933-1945. Paris : La Découverte, 2009.
Bernard GENSANE
Les guerres exacerbent, révèlent. La Deuxième Guerre mondiale fut, à bien des égards, un ensemble de guerres civiles. Les guerres civiles exacerbent et révèlent atrocement. Ceux qui militent, qui défendent des causes, tombent toujours du côté où ils penchent. Ainsi, le 11 novembre 1940, des lycées parisiens font le coup de poing avec des jeunes fascistes et saccagent les locaux de leur mouvement, Jeune Front et la Garde française. Quelques mois plus tôt, les nervis de Jeune Front avaient (…)
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« Je pense que l’un des grands défis des Occidentaux, c’est d’être capables de mettre le curseur sur des forces politiques que l’on va considérer comme fréquentables, ou dont on va accepter qu’elles font partie de ce lot de forces politiques parmi lesquelles les Syriennes et les Syriens choisiront, le jour venu. Et je pense que oui, l’ex-Front al-Nosra [Al-Qaeda en Syrie - NDR] devrait faire partie des forces politiques considérées comme fréquentables »

François Burgat sur RFI le 9 août 2016.

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