Suite au coup d’Etat dont a été victime Evo Morales, le gouvernement mexicain lui a offert l’asile politique, à lui, ainsi qu’à son vice-président. Décision salvatrice car quelques heures à peine après avoir démissionné Evo Morales était visé par un mandat d’arrêt dans son pays. Son crime ? Sans doute avoir multiplié par trois le PIB par habitant de la Bolivie, d’avoir diminué l’extrême-pauvreté de 38% à 15%, d’avoir nationalisé les ressources naturelles et minières du pays, et d’avoir développé une multitude de programme sociaux. Mais cet acte du gouvernement mexicain n’est, en réalité pas une surprise pour quiconque connaît l’histoire de la solidarité dont fait preuve ce pays.
En effet, lors de la guerre civile espagnole, le Mexique fut l’un des seuls pays à venir en aide à la République espagnol (avec l’URSS).
Dès 1931, et la proclamation de la Seconde République espagnole, les deux pays se rapprochent. Il est assez logique donc que le Mexique adopte une position pro-républicaine, lorsque éclate la Guerre civile. D’autant plus que le président Mexicain de l’époque, Lazaro Cardenas, mène une politique similaire à celle du Frente popular (réforme agraire, alphabétisation, nationalisation du pétrole mexicain, augmentation des droits des salariés dans les villes et les campagnes etc.).
Le Mexique va refusé la politique de la non-intervention prônée par les démocraties occidentales. Même si le Mexique n’a pas le poids des grandes puissances européennes, ou des Etats-Unis, il tente d’alerter la communauté internationale à la Société des Nations (SDN). En réalité le Mexique agit à son échelle, ni plus ni moins. Et, s’il n’envoie pas de conseillers ou de chars d’assauts, comme le feront les Soviétiques, il fait parvenir aux républicains de la nourriture, du pétrole, des faux passeports et des papiers, ainsi que des armes légères. Les autorités mexicaines encouragent par ailleurs l’ambassade républicaine à organiser des soirées afin de favoriser l’enrôlement de volontaires. Les sources divergent sur le nombre de Mexicains qui s’engageront au sein des Brigades internationales. Car, si Lois Elwyn Smith estime leur nombre à 150, Thomas Hugh le rabaisse à 90. En revanche Pedro Vives avance lui le nombre, plus important, de 454.
De plus le gouvernement mexicain se décide, rapidement, à accueillir sur son sol des réfugiés de la guerre. L’ambassade mexicaine en Espagne va ainsi accueillir entre 600 et 800 personnes. Parallèlement, des centaines d’orphelins Espagnols sont conduit au Mexique. De même, après la Retirada, c’est-à-dire après l’exil des républicains qui venaient de perdre la guerre civile, le Mexique va prendre en charge des combattants des Brigades internationales, notamment ceux ne pouvant retourner dans leur pays d’origine. Au total plusieurs milliers d’espagnols trouveront refuge au Mexique. Dès 1945 le pays latino-américain accueille le gouvernement républicain en exil. Surtout, jamais le Mexique ne reconnaîtra le régime de Franco. Il faudra attendre 1977, soit deux ans après la mort de ce dernier, pour que les deux nations reprennent des relations normales.
Aujourd’hui le Mexique est encore salué pour ses efforts d’accueil. Le Haut Commissariat des Nations Unis aux réfugiés (HCR) a ainsi récemment félicité le Mexique pour sa politique alors que le pays fait face à une demande d’asile croissante (2 100 en 2014, 48 000 au début de l’année 2019).
Le prochain épisode d’Un peu d’histoire terminera le dossier sur la guerre civile espagnole et sera consacré aux Brigades internationales.