Roberto David Castillo, ancien directeur de l’entreprise de barrage Desarrollos Energéticos (Desa), une société hydroélectrique hondurienne financée par des fonds internationaux, a été reconnu coupable lundi 5 juillet en tant que coauteur de l’assassinat de l’écologiste autochtone Berta Cáceres.
Lauréate en 2015 du prix Goldman pour l’environnement, Berta Cáceres a été abattue deux jours avant son 45e anniversaire par des tueurs à gages le 2 mars 2016, après des années de menaces liées à son opposition au projet de barrage Agua Zarca, qui devrait générer une puissance électrique de 22 mégawatts. Un projet dirigé par l’entreprise de Roberto David Castillo.
Le tribunal de grande instance de Tegucigalpa, la capitale du Honduras, a jugé que Berta Cáceres avait été assassinée pour avoir mené la campagne visant à empêcher la construction du barrage, ayant entraîné des retards et des pertes financières pour la société de construction du barrage.
Ce projet énergétique destructeur de l’environnement sur la rivière Gualcarque, dans l’ouest du pays, considérée comme sacrée par le peuple Lenca, avait été approuvé sans pour autant respecter les exigences nationales et internationales en matière d’environnement et de respect des communautés autochtones.
« Un jour de victoire »
À l’issue de ce procès de quarante-neuf jours, la justice hondurienne a jugé que Roberto David Castillo avait utilisé des informateurs rémunérés, ainsi que ses contacts et compétences militaires, pour surveiller Berta Cáceres pendant des années, ces informations ayant été transmises aux dirigeants de l’entreprise. La justice l’a ainsi rendu coupable d’avoir coordonné, planifié et de s’être procuré les fonds nécessaires pour payer l’assassinat de l’activiste de renommée internationale, tuée par sept hommes déjà reconnus coupables et condamnés en novembre 2018.
Laura Zúñiga Cáceres, la plus jeune fille de Berta et seule membre de la famille autorisée à assister au procès, a déclaré : « Aujourd’hui est un jour de victoire après un long processus. C’est un pas de plus sur ce long chemin qu’est la justice. Nous continuerons à contribuer à ce processus pour que de tels crimes ne se répètent pas, et aussi pour que le processus judiciaire puisse conduire à la réconciliation. »
Face à cette « victoire collective », elle a enjoint les autres communautés se trouvant dans des situations similaires à poursuivre leurs actions : « Le combat est difficile, mais à la fin, comme le disait ma mère, “Nous allons triompher et nous triompherons des violences contre nos peuples”. » La peine de Roberto David Castillo sera prononcée le 3 août prochain.
Retrouvez les détails de cette histoire dans le premier chapitre des Héros de l’environnement (éd. Seuil/Reporterre).