Un collègue nous avait mis en rapport, en 2006, avec un universitaire libanais, qui décrivait son quotidien sous bombardement israëlien : "Je suis terré chez moi, comme un rat. J’ai un générateur de secours qui me
permet de pouvoir de temps en temps communiquer avec le monde." Suite à des échanges, il nous avait envoyé trois photos. L’une (insoutenable) représentait un foetus dans ce qui restait du ventre d’une femme éventrée par un soldat israëlien ; elle avait eu l’audace terroriste d’être enceinte de sept ou huit mois. L’enfant avait pu être recueilli et sauvé par une équipe médicale locale. Les deux autres photos montraient des ponts libanais détruits par les bombardements. Infrastructures en ruines ou chancelantes, tablier du pont ne tenant plus qu’à un fil. Et pourtant, consolidation de fortune, des véhicules de secours y passaient. Et que fera l’enfant quand il apprendra comment il est né ? Lui aussi devrait siéger au tribunal. A condition que le soldat israëlien auteur du geste ne soit pas le seul à comparaître.