Que ne nous dit-on pas chaque jour sur TF1 à propos de « l’insécurité » et des « victimes » ?
Pourtant la plus grande insécurité, c’est au travail ; et les victimes d’accidents du travail, sont, du point de vue de la réparation, moins bien protégées que les victimes d’accidents de droit commun. Les dispositions de l’indemnisation des victimes du travail sont moins favorables que celles des « victimes » en général. Une maigre compensation existait, à savoir que les indemnités journalières des accidentés pendant leur arrêt de travail forcé n’étaient pas imposées : elle a été scandaleusement qualifiée de « niche fiscale » et supprimée, on s’en souvient, en 2009, par la majorité UMP.
Pourtant, c’est au travail que l’insécurité est la plus forte. Parce que le travail rend malade et tue encore beaucoup trop de salariés, tout secteur et toute catégorie professionnelle confondue. 700 accidents mortels, 400 suicides par an, 4500 handicapés, 650 000 arrêts de travail. Le nombre officiel des maladies professionnelles reconnues a explosé : 13 658 en 1996, 52 979 en 2005. Plusieurs millions de salariés sont exposés, sans protection, à des produits cancérogènes, mutagènes ou toxiques. Avec deux accidents du travail mortels par jour, une explosion du nombre officiel des maladies professionnelles reconnues, le nombre élevé d’accidents du travail graves et mortels ou encore les suicides liés au travail, il est temps de changer cette situation.
Il faut dénoncer cette situation inadmissible devant les tribunaux, notamment les juridictions pénales. Car si la loi existe, les tribunaux ne jouent pas le jeu, l’inégalité des armes entre le salarié et son employeur est disproportionnée. Alors que le simple voleur de sac à main est condamné à 6 mois de prison ferme devant le moindre tribunal correctionnel en comparution immédiate, l’employeur accusé d’homicide dit involontaire à l’égard de son salarié, après des années d’instruction, est condamné - quand il est déclaré coupable - à quelques mois de prison avec sursis. La mise en danger délibérée d’autrui par des choix économiques bénéficie d’une incroyable mansuétude. Les employeurs qui fraudent le Code du travail ne sont pas sanctionnés comme de véritables délinquants. Il faut qu’enfin il devienne impossible de passer sous silence ces drames aujourd’hui niés.
Tout ceci est le résultat de politiques d’entreprise, pour lesquelles les coûts sociaux doivent être compressés en privilégiant la sous-traitance et en intensifiant le travail comme jamais. Face à cela, ni l’Inspection du travail ni la Médecine du travail n’ont les moyens d’assurer leurs missions. Les accidents du travail faute de prévention, faute d’effectifs, ainsi que les maladies professionnelles non reconnues, et les pressions sur les délégués syndicaux, ou sur les familles pour qu’elles ne portent pas plainte ne peuvent plus durer. Le laissez faire et le laissez taire doivent enfin être contrariés.
Article original publié sur http://2ccr.unblog.fr
d’apres des articles de G.Filoche et la Fondation Copernic
Conscience Citoyenne Responsable