RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Tradition d’accueil des réfugiés : quand le Tchad donne une leçon à l’Europe

Déstabilisé par la baisse des cours du pétrole, harcelé par Boko Haram, le Tchad aurait des raisons d’ignorer toutes les demandes d’aide venues de l’extérieur. Un repli sur soi classique en période de crise, l’Europe en sait quelque chose. Pourtant, le pays d’Idriss Déby Itno se distingue par une hospitalité inoxydable à l’égard des réfugiés, d’où qu’ils viennent et quel que soit leur nombre. Une tradition d’accueil dont feraient bien de s’inspirer certains.

Depuis les années 90, le Tchad fait tout son possible pour diversifier son économie. Longtemps ralenti par des divisions internes et les ravages de la guerre civile, le pays a finalement entamé son émergence au tournant des années 2010, tout en multipliant les efforts pour sortir de sa pétro-dépendance. Pourtant, malgré d’ambitieux programmes d’investissements dans d’autres secteurs (énergie verte, culture du coton ou de la canne à sucre, élevage, infrastructures, santé), lorsque les cours de l’or noir s’effondrent en 2014, le pétrole représente encore un cinquième du produit intérieur brut tchadien. Avec la crise, le pays perd d’importantes rentrées d’argent, et l’ensemble de ses recettes baisse de 37%. Du fait de la politique de réinvestissement systématique des bénéfices pétroliers, les caisses du pays sont aujourd’hui presque vides.

Cette pression budgétaire est encore accentuée par une pluviométrie insuffisante, asséchant les plantations, et un contexte sécuritaire particulièrement dégradé. De l’aveu du président tchadien Idriss Déby Itno « la Somalie, la Libye, le Mali, le bassin du lac Tchad, le Sahel dans son ensemble, sont gravement déstabilisés et le péril cherche à s’étendre sur l’ensemble du continent ». Ainsi, depuis 2014, la plupart des routes d’approvisionnement de la région sont coupées par la secte Boko Haram, et le Tchad peine à exporter coton, bétail ou encore gomme arabique vers ses principaux clients, le Cameroun et le Nigeria. Et si, en janvier 2015, Idriss Déby prend les rênes de la coalition qui lutte contre le mouvement terroriste, parvenant à en freiner l’expansion, la « filiale » de Daesh au Sahel reste active et continue ses raids hallucinés, ultra violents.

En dépit de ces indicateurs économiques en berne et de ce climat sécuritaire tendu, N’Djamena s’illustre par sa politique d’accueil des réfugiés. On compte plus de 6 millions de déplacés dans la région, depuis le début des violences perpétrées par Boko Haram. Ils ont en partie rejoint les quelque 450 000 personnes ayant trouvé refuge au Tchad depuis 2003, chassées par les conflits au Soudan du Sud et en République centrafricaine. S’il est difficile de déterminer avec précision le nombre de migrants accueillis actuellement au Tchad, le pays d’Idriss Déby serait le deuxième pays d’accueil de réfugiés sur le continent africain, d’après Mamadou Dian Baldé, représentant adjoint du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

« C’est aussi l’un des pays qui n’a jamais cessé de montrer sa solidarité à l’égard de ses frères et sœurs qui font l’objet de discriminations et persécutions », développe M. Dian Baldé. Lors de la Journée mondiale du réfugié, le 20 juin dernier, Mahamat Ali Hassan, ministre de l’Administration du territoire tchadien, a réitéré l’engagement de son pays à accorder un asile paisible à chacun, même si beaucoup reste à faire pour leur prise en charge, souvent durable. Selon Claire Bourgeois, représentante adjointe de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), « les réfugiés sont ici pour longtemps : trois, quatre, voire cinq ans (...) car les processus de paix avancent lentement ».

Conscient des difficultés que posent l’approvisionnement en eau et la garantie de la sécurité alimentaire aux réfugiés, Idriss Deby Itno a appelé, lors l’Assemblée générale des Nations Unies qui s’est tenue en septembre à New York, la communauté internationale à soutenir les efforts déployés par son pays. Afin de proposer une réponse à la hauteur de la crise mondiale des migrants, il a par ailleurs proposé une feuille de route sous la forme d’un « pacte mondial pour les réfugiés » visant à organiser une action globale.

Grace à une politique volontaire et à l’aide fournie par le HCR, au Tchad, les réfugiés bénéficient même de formations aux métiers porteurs d’emplois à court ou moyen terme, mais aussi de financements pour leur réinsertion sociale. L’Union Européenne ferait bien de jeter un œil du côté de l’exemple tchadien, à l’heure où la question de l’accueil de quelques milliers de « migrants » provoque des poussées de nationalisme dans plusieurs pays.

Antoine Bosquet

URL de cet article 31037
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Ukraine : Histoires d’une guerre
Michel Segal
Préface Dès le premier regard, les premiers comptes-rendus, les premières photos, c’est ce qui frappe : la « guerre » en Ukraine est un gâchis ! Un incroyable et absurde gâchis. Morts inutiles, souffrances, cruauté, haine, vies brisées. Un ravage insensé, des destructions stériles, d’infrastructures, d’habitations, de matériels, de villes, de toute une région. Deuil et ruines, partout. Pour quoi tout cela ? Et d’abord, pourquoi s’intéresser à la guerre en Ukraine lorsque l’on n’est pas même ukrainien ? (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je n’accepte plus ce que je ne peux pas changer. Je change ce que je ne peux pas accepter.

Angela Davis

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.