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Thucydide a-t-il vraiment condamné (par avance) Trump ?

Le Point a publié, sous la plume de Christophe Ono-Dit-Biot (ODB par la suite) un article intitulé : “ L’administration Trump et la « liberté d’expression » : la mise en garde de Thucydide. ” Il convient de rester circonspect devant ces audacieux rapprochements qui sautent par-dessus les millénaires. Non qu’on ne puisse tirer des leçons de l’Histoire, mais à condition de remettre les références antiques dans leur contexte, sinon, il est facile de se lancer dans des contre-sens. Ce sera aussi l’occasion de parler du fameux « piège de Thucydide ».

ODB commence ainsi son article : « Il faut relire le génial historien grec Thucydide ». On sent bien que s’il affirme ainsi, d’emblée, son génie, c’est qu’il l’a enrôlé dans son camp, celui des Européens pour la guerre. Il réagit en effet au discours de J. D. Vance à Munich, s’indignant qu’il donne des leçons de liberté d’expression aux Européens. Certes, mettre en avant le premier amendement de la Constitution des EU a toujours relevé de l’hypocrisie. Mais comment expliquer que les médias mainstream ne s’en aperçoivent que maintenant, alors que X (ex-Twitter) a renoncé à la censure, et qu’ils reprochent à Trump de dénoncer ce qu’il considère comme des fake news, alors qu’eux-mêmes mènent une chasse maccarthienne aux fake news et ont même institué la fonction de fact checker (nom moderne du censeur) ?

L’auteur se réfère donc aux événements de Corcyre (aujourd’hui Corfou), en conflit avec sa métropole, Corinthe, (alliée de Sparte), contre laquelle elle demande l’aide d’Athènes, ce qui mènera à la Guerre du Péloponnèse ; la guerre civile qui va alors diviser Corcyre, dit-il, fait « cruellement écho à l’inversion des valeurs en cours dans cette partie du monde dit « libre » [à savoir les Etats-Unis] , et aux manipulations « sur le sens ordinaire des mots » qu’on y observe. Là encore, on peut s’étonner que l’auteur s’indigne aujourd’hui d’une inversion des valeurs qui se déroule dans tout l’Occident depuis plus de quarante ans, avec l’idéologie LGBTetc, avec des manipulations lexicales qui ont remplacé le social par le sociétal, créé l’expression « bombardement humanitaire », ou rendu les termes homme et femme interchangeables.

Mais, du moins, le rapprochement avec Thucydide est-il pertinent ? Dans le passage concerné (Livre III, ch 2 de la Guerre du Péloponnèse), l’historien grec vient de décrire la terreur que les démocrates, enhardis par l’appui d’Athènes, font régner à Corcyre : c’est déjà une contradiction avec l’optique anti-républicaine d’ODB ; mais surtout, l’inversion des valeurs et les manipulations lexicales sont décrites par Thucydide dans un passage de réflexion générale : « avec ces luttes civiles, toutes les formes de dépravation se répandirent en Grèce » ; « les chefs des partis dans les cités adoptaient de séduisants mots d’ordre, égalité politique de tous les citoyens d’un côté, gouvernement sage et modéré par les meilleurs de l’autre ». Ainsi Thucydide renvoie-t-il les deux partis, démocratique et oligarchique, dos à dos ; c’est donc un contre-sens, et une tromperie intellectuelle, de montrer un Thucydide qui prend parti, et qui donnerait des arguments pour condamner l’un des deux camps. Au contraire, en véritable historien, il analyse ici la logique du pouvoir, et celle de la guerre, et les comportements identiques qu’elle entraîne des deux côtés.

On voit aussi mettre à toutes les sauces le « piège de Thucydide ». L’expression, nous apprend Wikipédia, a été créée par le politiste Graham T. Allison, dans les années 2010 : il désigne le comportement d’« une puissance dominante [qui] entre en guerre avec une puissante émergente dont elle craint la montée en puissance ». Ainsi, Allison considère que la guerre du Péloponnèse a été « causée par des réactions fortes des Lacédémoniens, à l’époque inquiets en constatant le rapide développement d’Athènes ». Les exemples plus actuels qu’il donne ont été critiqués ; mais c’est déjà son point de départ, le conflit Sparte/Athènes, qui est erroné.

En effet, dans l’Antiquité, la prudence velléitaire des Spartiates et leur lenteur à réagir aux provocations des Athéniens étaient bien connues : aujourd’hui, leur reprochent les envoyés corinthiens, les Athéniens « sont tout proches, et vous les laissez faire » ; « vous préférez attendre pour leur résister qu’ils marchent contre vous, au risque d’affronter alors un ennemi aux forces décuplées ». « Vous ne songez, vous, qu’à maintenir l’état de choses existant ». Ils mettent ainsi en danger leurs alliés, qu’ils se décident trop tard à secourir.

La puissance athénienne au milieu du Ve siècle avant J.-C. n’était pas une « puissance émergente », elle était devenue hégémonique, après les Guerres Médiques, grâce à la Ligue de Délos, constituée pour protéger les cités et îles grecques contre les Perses ; mais les alliées sont vite devenues des vassales, dont les tentatives d’indépendance ont été férocement réprimées, et la Ligue un instrument de puissance au service d’Athènes et de son Empire militaro-commercial. Quand les Spartiates sont entrés en guerre, ils n’étaient pas poussés par des « craintes », ils réagissaient, contraints et forcés, à l’expansion de plus en plus menaçante d’Athènes, dont des alliés de Sparte avaient déjà été victimes.

Etablir les responsabilités des uns et des autres, dans la guerre du Péloponnèse, n’est pas un problème dépassé, car on ne peut qu’être frappé par les analogies avec le conflit en Ukraine : une puissance continentale qui veut seulement être maîtresse chez elle, contre une puissance maritime et impérialiste dont la logique est de s’agrandir sans limites. Adhérer à la théorie du « piège de Thucydide », c’est refuser de voir que le responsable d’une guerre, c’est celui dont la stratégie impérialiste met en danger la sécurité de l’autre.

Il faut donc prendre avec prudence les références des médias à l’histoire antique : ODB a voulu bluffer ses lecteurs par une prétendue connaissance de Thucydide, mais son article fait des rapprochements spécieux, à contre-sens du texte, dans l’intention de présenter une vision biaisée de l’actualité.

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COMMENTAIRES  

26/02/2025 07:06 par xiao pignouf

la fonction de fact checker (nom moderne du censeur)

Ce n’est pas la vérification des faits qui est problématique, c’est l’usage qui en est fait.

Les médias dominants ne peuvent pas faire de fact-checking, pas plus que les faussaires ne peuvent donner de certificats d’authenticité.

Le fact-checking doit rester une démarche individuelle, celle du public face aux médias, n’importe quels médias.

27/02/2025 10:36 par Vincent

« les chefs des partis dans les cités adoptaient de séduisants mots d’ordre, égalité politique de tous les citoyens d’un côté, gouvernement sage et modéré par les meilleurs de l’autre ». Ainsi Thucydide renvoie-t-il les deux partis, démocratique et oligarchique, dos à dos

Un "gouvernement sage et modéré par les meilleurs" ne renvoie pas à l’oligarchie, mais selon l’étymologie du mot (et donc pas selon son sens historique), à l’aristocratie :
« Emprunté du grec aristokrateia, « gouvernement des meilleurs », composé de aristos, « le meilleur », et kratein, « commander ». »

Pour le reste, nous autres sommes en ploutocratie, et Thucydide est peut-être bien aussi largué que Marx, fut-il une référence utile.

28/02/2025 06:13 par xiao pignouf

Thucydide est peut-être bien aussi largué que Marx

J’ose espérer que tu as lu Marx pour pouvoir dire qu’il est « largué ».

Et si c’est le cas, dommage que tu ne nous dises pas en quoi. Ce serait intéressant.

28/02/2025 12:01 par Vincent

J’ose espérer que tu as lu Marx pour pouvoir dire qu’il est « largué ».
Et si c’est le cas, dommage que tu ne nous dises pas en quoi.

Et bien, étrangement, du haut de son 19ème Siècle, Marx (que je tiens en grande estime) n’avait pas vu venir ni la mondialisation, ni le néo-libéralisme, ni l’OTAN impérialiste et ses réseaux Gladio et Stay behind, ni le risque d’Armageddon nucléaire, ni la chute de l’URSS, ni le capitalisme d’État de la Chine communiste, ni la stratégie du choc, ni la CIA et ses opérations de Regime-change ou ses révolutions colorées, ni les grands gestionnaires d’actifs apatrides plus puissants et riches que les nations, ni le croisement des courbes de la demande et de la production de pétrole, ni les bullshit-jobs, ni les CDD précaires et les intérimaires, ni les start-up et les applis pour smartphones, ni le télétravail, ni les révolving-doors pour les représentants systématiquement corrompus et cupides du "peuple souverain" avachi et stupide, ni l’UE supranationale et totalitaire qui ch.e sur les référendums, ni la CFDT qui s.ce le MEDEF, ni la CGT qui se satisfait de ses gros ballons et de ses beaux drapeaux et de sa lâcheté sans nom, ni la loi Rothschild de 1973 et la courbe exponentielle de la dette illégitime qui vient avec, ni l’impossibilité de battre ni de dévaluer sa monnaie, ni le vol de l’or souverain, ni le pétrodollar adossé sur plus rien du tout, ni le sionisme génocidaire jouissant de "soutien inconditionnel", ni internet qui a diffusé autant de savoir que de bêtise crasse, ni la corruption et la partialité soumise des médias aux ordres, ni les fake-news permanentes martelées par les médias d’État autant que les privés, ni la disparition du livre et de l’érudition, ni le conformisme putride et lâche qui interdit même jusqu’à envisager l’idée qu’une révolution puisse être violente.
Nom de Dieu !
Bref, nous sommes aussi dans cette même société rendue sciemment débile qui considère encore ce que disait Descartes au 17èmeS comme inamovible, ou que ce que disait un Kant qui n’a jamais sorti son c.l de Königsberg est vraiment magistral.
Et tu sais quoi ? J’ai fait un peu de philo à la fac et oui, je les ai lu aussi, entre quelques autres.
GrrmblRondidjiouu !

28/02/2025 17:11 par Assimbonanga

Ni le changement climatique et la pollution généralisée, y compris de l’eau des océans, des glaciers, des rivières ?
Ni l’évolution industrielle et financière de l’agriculture ?
Monde agricole : la fracture de l’eau
Durée 58 mn

28/02/2025 17:15 par xiao pignouf

Marx (que je tiens en grande estime) n’avait pas vu venir...

Qui a vu venir ça, tu peux me le dire ?

Marx t’a juste donné les outils pour comprendre.

02/03/2025 13:03 par Vincent

Qui a vu venir ça, tu peux me le dire ?

Orwell, Huxley, Attali, Bradbury, Asimov, Rufin, Damasio, Arendt, Nietzsche, Socrate, Hugo, Camus, Chomsky, Klein, Assange ;

Marx t’a juste donné les outils pour comprendre.

Robert Parry, Ray McGovern, John Pilger, Chris Hedges, Patrick Lawrence, Craig Murray, Alastair Crooke, Pepe Escobar, Caitlin Johnstone, Paul Craig Roberts, Scott Ritter, Michel Collon, Frédéric Taddeï, Olivier Berruyer, Jacques Baud, Maxime Chaix, Vincent Gouysse, Philippe Grasset, Eric Denécé, Frédéric Lordon, Maxime Vivas, Viktor Dedaj, Bernard Gensane,
...
J’en oublie un paquet ;
Marx n’est certainement pas le seul - ni le plus pertinent - à m’avoir donné les outils pour comprendre.

03/03/2025 14:33 par Assimbonanga

Pardon Vincent mais... il me semble que tous ces auteurs sont arrivés après Marx. A part Nietzsche.

03/03/2025 18:08 par xiao pignouf

Je résume (si tant est que ce soit possible) :

1/ Tu dis d’abord que Marx est « largué ».

2/ Je te demande en quoi il est « largué ».

3/ Tu me réponds qu’il n’a pas vu venir :

 la mondialisation
 le néo-libéralisme
 l’OTAN impérialiste
 le risque d’Armageddon nucléaire
 la chute de l’URSS
 le capitalisme d’État de la Chine communiste
 la stratégie du choc
 la CIA et ses opérations de Regime-change
 les grands gestionnaires d’actifs apatrides
 le croisement des courbes de la demande et de la production de pétrole
 les bullshit-jobs
 les CDD précaires
 les intérimaires
 les start-up
 les applis pour smartphones
 le télétravail
 les syndicats pourris
 la loi Rothschild de 1973
 la courbe exponentielle de la dette illégitime
 l’impossibilité de battre ni de dévaluer sa monnaie
 le vol de l’or souverain
 le pétrodollar adossé sur plus rien du tout
 le sionisme génocidaire
 internet
 la corruption et la partialité soumise des médias
 les fake-news permanentes
 la disparition du livre et de l’érudition
 le conformisme putride et lâche

Ça fait beaucoup à prévoir pour un homme du 19ème siècle, alors je te demande qui aurait pu prévoir cela, et tranquillou billou, on dirait que tu me sors ta bibliothèque...

Orwell, Bradburry, Huxley et Asimov sont des auteurs de science-fiction. Aucun d’eux n’a vu ce que tu affirmes qu’ils ont vus. Ils ont eu le nez creux, des intuitions mais elles leur étaient servies sur un plateau par leur époque.

Rufin, Damasio et Chomsky sont des auteurs contemporains aux phénomènes que tu listes. Pour Chomsky, il a décrit son époque. Comme Assange. Rufin, je ne connais pas bien : qu’est-ce qu’il a pressenti ? Damasio... Lequel de ses bouquins serait à ce point « clairvoyant » ?

Nietzche, Arendt, Camus, Klein et encore moins Hugo ne diffèrent en rien de ce qui te permet de dire que Marx est « largué »...

Marx n’est certainement pas le seul - ni le plus pertinent - à m’avoir donné les outils pour comprendre

Je n’ai jamais dit le contraire... C’est toi qui dit qu’il est « largué ». Tous le sont selon tes critères.

04/03/2025 12:04 par Vincent

Mais bon sang : Quel temps perdu sur l’emploi provocateur - ou maladroit - du mot « largué » !
J’ai dit « largué » pas « nul à ch.er » ! j’ai dit qu’il est une référence utile, j’ai dit que je le tenais en grande estime : calme-toi !
On dirait vraiment un procès de la Sainte Inquisition pour blasphème, c’est totalement ridicule.
Je dis « largué » parce que si Marx débarquait aujourd’hui, il le serait très certainement à plus d’un titre.
Je dis « largué » parce que continuer à concevoir la lutte sur les préceptes du 19ème ça donne par exemple la CGT qui n’est rien moins que pathétique, et c’est encore un euphémisme.

Je les vois les cortèges mous de quinquagénaires désabusés - largués - qui ne croient plus en rien, qui attendent la retraite en déambulant derrière deux banderoles, qui ne chantent plus leurs vieux slogans éculés que par réflexe. Ouah ! C’est beau la « lutte » vue sous cet angle ! Vive les merguez , le pastis et la sono qui sature en crachant ses sempiternelles mêmes chansons ! Ça donne tellement envie de les rejoindre et de plonger dans la beaufitude pour un épanouissement garanti !
Le dernier bastion syndicaliste c’était la SNCF et elle n’a pas été détruite et privatisée (comme tout le reste) par hasard.
Et quand une partie de ma facture d’électricité servait à la CGT à faire fabriquer des beaux drapeaux tout neufs, ça m’a plus foutu les boules qu’autre chose, tu vois. Pour eux c’était « le bon temps ».

Tu vas me dire quoi ? Que le syndicalisme permet encore de lutter ?
Quand les quelques ouvriers ultra qualifiés qui font tourner les raffineries débrayent, ah ! bah oui en effet ils obtiennent d’encore meilleurs salaires et primes, c’est vrai.
Et puis quoi : en quoi ils ont contribué à la cause en rouvrant les très rares sites qui permettent de bloquer le pays une fois qu’ils ont obtenu mieux pour eux seuls ?!
Le syndicalisme et la « lutte » à l’ère de l’individualisme, ça donne des gueux qui se jettent sur les moindres miettes qu’on leur balance et qui se battent entre eux pour être celui qui en aura le plus.

Alors quoi : on dit « travailleurs de tous les pays unissez-vous » aux types qui se sont lourdement endettés pour s’auto-exploiter en remboursant la Mercedes neuve qui leur permet de vendre leur c.l à Uber pour mieux servir les bourgeois intra-muros ?
Tu penses qu’ils vont suivre le mouvement ?
Tu crois encore à l’Internationale, post délocalisations, post mondialisation ?
Il dirait quoi Marx si on lui disait qu’aujourd’hui en France 76 % des emplois sont dans le tertiaire ? Que les ouvriers en grève c’est notre chance ?! Hmmm ?
Et les millions de salariés dans des TPE qui gagnent disons SMIC + 5 ou 10 % : ont-ils jamais eu la moindre chance d’être syndiqués ? De faire grève ? Nom de Dieu mais réveillez-vous tous, à la fin !

On est bien d’accord que quand Marx écrit Le Capital, il doit y avoir à peu près 1,5 milliards d’humains à la surface du globe et que ça change pas mal de choses sur les rapports de force en place ou la possibilité de se fédérer ?

On est aussi d’accord sur le fait que la finance apatride absolument cupide qui détruit sans le moindre scrupule les outils de production lorsqu’ils ne sont pas assez rentables au goût des actionnaires qui les possèdent, ça n’existait pas non plus ? Quel patron sur lequel on ferait pression détient encore sa propre usine, sérieusement ? Alors on fait grève et on espère qu’on tiendra plus longtemps que BlackRock, jusqu’à ce qu’ils cèdent ? Pfff !

D’accord que la finance fasciste qui s’est accaparé l’État et y place ses porte-flingues pour édicter des lois qui protègent l’intérêt privé plutôt que le Bien-commun, ça n’existait pas non plus ?
D’accord que ça fait un Siècle que les anti-communistes bourrent le mou des masses abruties par le biais d’une violente propagande que la télévision a rendu plus puissante et nauséabonde que jamais ?
Et sur le fait que des entreprises privées possèdent désormais leurs propres armées et s’en servent : on dit quoi ?

Bref : Oui Marx fut un visionnaire et une bonne partie de sa théorie reste valable au plan théorique. OK. Pardon je n’ai pas voulu insulter le Prophète.
Mais bon sang le monde a tellement changé ! oui il est « largué », comme tous ceux qui ne s’en tiennent qu’à sa théorie en matière de lutte des classes.
Ce n’est en rien une insulte. C’est plutôt une invitation à considérer qu’à ne s’en tenir qu’à Marx, on s’est plutôt faits rouler dessus qu’autre chose, et qu’il conviendrait peut-être de changer de stratégie et de référentiel après autant de cuisantes défaites qu’on s’est mangées dans les dents qu’il nous reste.

Pour le reste, je ne te sors pas ma bibliothèque, qui est bien plus conséquente que ça, et les auteurs que j’ai cités, exactement au même titre que Marx, ont eu le nez creux, ont su décrypter leur époque, anticiper ses dérives, et transmettre des éléments de réflexion. La science-fiction étant au demeurant particulièrement alerte en la matière.
Rufin a écrit « Globalia », Damasio « La Zone du Dehors », très bons romans qu’on pourrait dire « d’anticipation » que je n’hésite pas à recommander.
En l’occurrence, je ne vois pas en quoi Marx serait plus pertinent, durable ou prophétique que tous ceux que j’ai cités.

Tous sont « largués » selon mes critères ? Ok oui, si tu veux.
Aucun ne considère comme plausible que les adeptes dérangés du malthusianisme puissent désormais produire des actions à l’échelle globale, c’est vrai.
Selon mes critères, les moins largués sont ceux que tu classes comme « complotistes » pour ne surtout pas considérer qu’ils pourraient bien avoir - eux aussi - le nez creux et que ce qu’ils montrent de leur époque et anticipent de l’avenir est particulièrement alerte et valable.
On saura très vite et certainement de notre vivant à qui l’histoire donnera raison.
Étrangement chaque fois que les complotistes ont eu raison on ne leur a jamais présenté d’excuses comme je suis tenu d’en faire aux adorateurs – largués - de Marx !

Mais en toute honnêteté je préférerais sincèrement me tromper, parce que l’avenir qu’avec d’autres j’anticipe, n’est rien d’autre qu’absolument dystopique, et personne ne lutte contre, parce que personne ne veut entendre que le seul moyen de le faire est de cesser d’être des lâches et d’engager nos corps avant que les puissants ne les engagent dans la guerre.
Quelle que soit l’issue elle passera par la violence.

Moi je dis juste que nous n’avons rien à perdre à devenir violents les premiers contre ceux qui useront sans scrupules de la violence contre nous, parce que leur amoralité les rend téméraires tandis que nos prétendus principes nous rendent faibles.
Maintenant, je suis peut-être complètement largué, hein ? Sur le plan mental, je veux dire.

04/03/2025 17:47 par Assimbonanga

Largué... Dépassé... Marx fait partie du terreau vivant. Rufin et Damasio le contiennent en eux. C’est un nutriment indispensable. Il ne faut pas s’en dispenser ! Surtout les complotistes : il faut qu’ils sachent, même si c’est pour aller plus loin (on peut toujours rêver). C’est peut-être ni l’avenir ni le présent mais c’est la base. Comme en math, les premiers théorèmes. Une organisation de la pensée.

Au fait, quelles sont les fois où les complotistes ont eu raison ? Au Capitole ? Sur la place des trois pouvoirs à Brasília ?

05/03/2025 10:44 par Vincent

Au fait, quelles sont les fois où les complotistes ont eu raison ?

Sérieusement, Assimbonanga ?! Quelle est l’utilité de cette pique là ?
Alors voyons voir :
Qu’en diraient les "théoriciens du complot" qui soutenaient mordicus qu’Oswald n’était pas le seul tireur par exemple ?
Le projet MK Ultra c’était de la philanthropie sans doute ?
Euuh : L’incident du Golfe du Tonkin ? ;
Ah : Pinochet installé au Chili muni d’une constitution rédigée par les Chicago Boys de Milton Friedman, pour remplacer ce cinglé socialiste d’Allende : aucune raison de douter des conditions de son accès au pouvoir ;
les fameux "charniers de Timisoara" ; les couveuses du Koweit, les ADM de Saddam et la fiole de Colin Powell ;
Milosevic innocenté post-mortem : ça alors, mince ! ;
Kadhafi assassiné parce qu’il martyrisait son peule ce salaud de dictateur sanguinaire, donc on détruit aussi la Libye pour mieux la libérer en violant au passage la résolution de l’ONU qui n’instaurait qu’une zone d’exclusion aérienne. Hop ! aucun doute c’est nous qu’on est les gentils, et y’a aucun lien non plus avec le financement occulte de la campagne de Sarkozy. Quelle indignité de penser des trucs pareils ! ;
Bachar le sanguinaire qui est seul responsable de 500 000 morts en Syrie, et qui gazait son peuple au sarin, évidemment, ça valait bien une petite salve de missiles à la sauce "je ch.e sur l’ONU" et le soutien français aux coupeurs de têtes "modérés", non ? ;

Mais attend, je ne vais quand même pas faire toute la liste parce que je vais en oublier beaucoup trop :
Tu connais Julian Assange ? Et Edward Snowden ? Et ce qu’ils ont raconté, publié, tout ça ? La surveillance de masse, les mensonges d’État systématiques, la corruption ?
Et Maxime Vivas qui parle du mensonge à propos du "génocide ouïghour", ça te dit quelque chose ? Un sacré complotiste, celui-ci !
Et l’ordinateur portable de Hunter Biden, tu en as entendu parler ? Une "fake news russe" selon la version officielle. Lol.

Bref. Outre tout ça, et toutes les fois où les "complotistes" ont factuellement eu raison de douter des mensonges grossiers dont on voulait les gaver comme le reste du troupeau, il demeure notoirement deux très gros morceaux qui me sont encore restés coincés en travers de la gorge :
Le 11 septembre qui inaugure le Siècle de la Post-Vérité (où le récit - le narratif - remplace la vérité, comme avec l’agression "non provoquée" de l’Ukraine par exemple), et la mortelle manipulation gigantesque et jamais vue des masse que permit le Covid, en jouant directement avec la peur de la mort qui rend l’humain si docile (demande aux religions).

Et tu sais quoi : Quand l’intime conviction me brûle les tripes à ce point, je sais que je n’ai aucune raison de douter qu’il soit tout à fait sain de douter des versions officielles sur ces deux dossiers absolument capitaux à la bonne compréhension du monde dans lequel nous vivons.
Je serai mort quand il sera admis que j’avais raison. Mais j’ai raison. Point.

05/03/2025 14:34 par Anonyme

Sérieux, les complotistes se croient les seuls détenteurs de la perspicacité et de l’esprit critique ? Ils n’ont pas un peu les chevilles qui gonflent ?
Sur tous ces dossiers, nombreux sont ceux connus de tous les opposants et contradicteurs du pouvoir dominant. Quelques-uns sont peut-être plus typiquement teintés de "complotisme". Je ne fais pas la liste, mai le 11 septembre me paraît y procéder.
Sinon à part ça, faudrait sortir un peu du "moi je"... Arrêter de réinventer l’eau chaude, arrêter prendre les autres pour des abrutis. Tu devrais envisager de graver ton épitaphe sur ta tombe, tu sembles mûr :

Quand l’intime conviction me brûle les tripes à ce point, je sais que je n’ai aucune raison de douter. Je serai mort quand il sera admis que j’avais raison. Mais j’ai raison. Point.

Ce qui manque beaucoup chez le complotiste de base, c’est la perception du désastre écologique, par contre. Pourtant, il y en aurait des abus à dénoncer et des manigances et des magouilles ! Le complot contre le vivant mériterait un peu plus d’intérêt.

05/03/2025 18:19 par Roubachoff

Juste parce que je suis taquin : faut-il rappeler que nous sommes sur un site considéré comme complotiste par tous les débunkers et décodeurs de France et de Navarre ?

06/03/2025 06:52 par xiao pignouf

Qu’en diraient les "théoriciens du complot" qui soutenaient mordicus qu’Oswald n’était pas le seul tireur par exemple ?

Tous les exemples que tu cites, en dehors de l’assassinat de Kennedy, ne sont pas du complotisme à proprement parler. De Saddam Hussein à Bachar El Assad en passant par Colin Powell, Sarko et Khadafi, tous ces faits ont été vérifiés par des preuves.

Il ne faut pas confondre scepticisme et complotisme. Douter de la véracité d’une information, ce n’est pas nécessairement être complotiste. Bien des choses, comme l’histoire ou les logiques économiques, géostratégiques ou géopolitiques, nous enseignent de nous méfier des versions officielles.

Quand les EU ont envahi l’Irak, on pouvait avoir l’intuition, sans qu’on en est forcément conscience, que les raisons données en cachaient d’autres. L’histoire nous avait démontré qu’ils l’avaient fait maintes fois par le passé et la géopolitique pointait le pétrole irakien du doigt.

Dans le cas de Kennedy, comme dans celui du 11-Septembre, le mystère reste entier. Et en général, le complotisme naît de cette incompréhension d’un évènement ou d’un phénomène et de l’angoisse que cette incompréhension suscite. Le covid est un cas d’école : il mêlait science, discipline d’experts fermée aux profanes, et peur du virus.

Le complotisme n’est pas un bloc uniforme : il y a des théories crédibles et d’autres absurdes. Amalgamer comme tu le fais les doutes de Maxime Vivas et son travail journalistique à du complotisme, c’est précisément la technique de Conspiracy Watch : rapprocher scepticime et complotisme, travail d’enquête sérieux et théories loufoques, Maxime Vivas et Silvano Trotta, ça permet de décrédibiliser l’un par association avec l’autre.

Et rassure-toi, tout le monde est complotiste à divers degrés. Même CW, car croire et faire croire que Maxime Vivas est un agent payé par la Chine, c’est du complotisme de belle facture.

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