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Tchad : La "Françafrique" a la vie dure.

Jeudi 07 Février 2008


La « Françafrique » a encore de beaux restes. Le week-end dernier, les jours du président tchadien, l’un de ses plus éminents représentants, semblaient comptés. Sans la présence militaire française, Idriss Déby ne serait aujourd’hui plus qu’un mauvais souvenir. Personne ne se fait d’illusions sur les prétendants au trône. Les chefs rebelles sont soit des anciens collaborateurs de Déby, soit des marionnettes du Soudan. Au Tchad, un dictateur en cache toujours un autre et, depuis trois décennies, la France fait et défait les rois.

Au plus fort de la bataille de N’Djamena, Paris a donné l’impression d’hésiter. Alors qu’en 2006, les Mirages avaient survolé et menacé une colonne rebelle en route vers la capitale, les paras se sont, cette fois, contentés de protéger l’aéroport par lequel les ressortissants étrangers ont été évacués. Le même d’où ont décollé les hélicoptères tchadiens qui ont bombardé les rebelles.

Le gouvernement français a depuis levé toute ambiguïté sur le camp qu’il a choisi. Nicolas Sarkozy a déclaré que la France n’hésiterait pas à faire son « devoir » pour sauver le soldat Déby.

S’il restait encore un doute, le président a dépêché à N’Djamena son ministre de la Défense. Face à tant d’empressement, le président Déby s’est dit prêt à grâcier les membres de l’Arche de Zoé, condamnés au Tchad pour tentative d’enlèvement d’enfants mais qui purgent leur peine en France. S’il se confirme, ce retour d’ascenseur serait une nouvelle illustration éclatante des liens plus ou moins occultes qui unissent Paris et quelques-uns des dirigeants africains les moins fréquentables.

Le candidat Sarkozy avait promis une « rupture » avec la « Françafrique ». Mais les vieux réflexes ont la vie dure. La théorie des dominos aussi. Si le Tchad tombe, préviennent les généraux, toute l’Afrique centrale est menacée. A commencer par la République centrafricaine voisine, où les légionnaires soutiennent à bout de bras le régime chancelant de François Bozizé. La contagion pourrait gagner le Congo Brazzaville de Sassou Nguesso - un havre de paix pour le pétrolier français TotalElfFina - voire le Gabon du fidèle Omar Bongo. Les crocodiles de la « Françafrique » redoutaient l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy.

Quelques jours après son entrée en fonction, la justice ouvrait une enquête préliminaire sur le patrimoine de cinq chefs d’Etat africains en France. Le rapport d’enquête est édifiant. [1] Le président gabonais et sa famille possèdent 33 appartements, propriétés ou hôtels particuliers sur les avenues les plus chics de Paris ou sur la Côte d’Azur. Dix-huit autres biens immobiliers appartiennent à son collègue congolais. Le fils du président Obiang (Guinée équatoriale) s’est, lui, payé trois Bugatti à un million d’euros pièce... Les habitants de ces trois pays, dont l’espérance de vie ne dépasse pas 57 ans, seront heureux d’apprendre que la plainte déposée par trois associations françaises [2] a été classée pour « infraction insuffisamment caractérisée ». .

 Source : www.lecourrier.ch




Afrique - pillages, massacres et misère : Stop Françafrique.

[1Le Monde du 31 janvier 2008.

[2Survie, Sherpa et la Fédération des Congolais de la diaspora.


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