Je crois qu’on peut parler d’anacoluthe, du grec anacoluthon, absence de suite. Cette figure était très prisée au XVIIe siècle : "Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre Ce que je viens de raconter" (La Fontaine).
Je vous donne mes deux préférés (mais j’en ai plein d’autres) :
"L’appétit vient en mangeant."
"
"En entrant dans la chambre, sa mère était morte.
Il y en a une qu’on commet presque tous les jours :
« Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur… »
Au lieu de :
« Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur… »
Il y a aussi une vraie faute commise par Stendhal dans Le rouge et le noir :
« Une fois par terre, les tilburys vont vous passer sur le corps ; »
En revanche, Racine devait savoir ce qu’il faisait en écrivant dans Andromaque :
« Je t’aimais inconstant, qu’aurais-je fait fidèle ? »
« [Puisque] je t’aimais [quand tu étais] inconstant, [imagine combien] je t’aurais aimé [si tu avais été] fidèle ! »
Là , c’est moins sûr :
« Captive, toujours triste, importune à moi-même,
Pouvez-vous souhaiter qu’Andromaque vous aime ? »
Il suffisait qu’il inverse les deux vers.
Une anacoluthe commise par un chirurgien esthétique bien connu :
"J’ai pensé qu’en retouchant son nez et son visage elle serait plus jolie."
Une dernière commise spontanément par moi à l’oral, affolé face à un énorme bug dans mon ordinateur :
"Hier, je l’ [l’ordinateur] ai fermé pour aller voir Jules à midi, et en le rouvrant, c’était le bordel."