Je pense quant à moi que Mélenchon a eu mille fois raison de proposer sa candidature à l’avance, pour couper l’herbe sous le pied à l’euro-primaire Cohn-Bendit/Jadot, qui commençait à raccoler du monde.D’autant que le PCF et les Verts en tant qu’appareils, en cas de discussion "au sommet", n’auraient reculé devant aucun moyen pour lui barrer la route (à preuve la difficulté pour les signatures). Sur le "piège des primaires", qui ne mettent en mouvement que les beaufs, et sont téléguidés par les sondages publicitaires, voir la salutaire mise au point d’Alexis Corbière ; ce procédé importé des USA est un bon moyen d’évacuer les programmes non conformes. En outre, l’essentiel pour l’appareil PS (et pour l’euro-Médef), ce n’est pas que Hollande soit réélu (il s’acommoderait sûrement d’un coussin doré au Conseil constitutionnel ou d’une niche européenne avec conférences à 1000$ la minute), c’est que le PS en tant que parti continue à faire illusion, et reste en piste pour assurer la continuité de l’alternance euro-droite/droite-euro, le système étant dûment consolidé par le FN. C’est pourquoi Montebourg, chouchou de P. Laurent, reste savamment assis entre deux chaises : voir ce que Sapir (qui est quand même intelligent...) dit de lui sur son blog. Le PCF - du moins ses cadres les plus rigides - ne veut pas se décoller des notables et élus du PS, espérant ainsi garder quelques sièges aux législatives : cette alliance - désormais ouvertement contre nature - leur en a pourtant déjà fait perdre beaucoup, quand ce n’était pas le PS lui-même qui se présentait contre eux ! Rassembler qui ? Les politiciens installés ? L’obstination de P. Laurent et de ses partisans à ne pas reconnaître leur responsabilité dans cette alliance et dans l’échec du FdG (qu’on pense aux municipales parisiennes !) est due aussi en partie au fait qu’ils sont restés figés dans leur obsession identitaire, comme si le PCF était toujours, lui et lui seul, l’instrument privilégié de la transformation de la société. La "France insoumise", c’est déjà le rassemblement en acte des citoyens qui veulent que tout ça dégage ; et on peut déjà voir comme suite à "l’Humain d’abord" le programme (je regrette d’ailleurs qu’il change de nom) en élaboration et en mouvement, sur le site ad hoc (notamment les dix premières mesures à prendre dès notre arrivée à l’Élysée). S’il y a une chance de contrer le PSLRFN au premier tour, et (pour faire court) d’abroger la loi El-Khomry au second (ce que ne peuvent faire, ni Poutou, ni Arthaud), c’est bien Mélenchon qui est le seul en position d’y arriver. Mais même sans cela, un bon score pour la vraie gauche sera un grand appel d’air et un nouvel élan d’encouragement pour le développement indispensable des luttes, pour une vraie 6e république et tout ce qui va avec comme reprise de leur souveraineté par les citoyens (services publics, nationalisations, emplois...) : rien ne réussira sans une puissante mobilisation ; alors qu’un mou mi-chèvre, mi-chou ne rassemblerait personne (et surtout pas les abstentionnistes), et laisserait se perpétuer la politique actuelle. Pour en revenir aux topinambours, aux rutabagas et autre navets, qui eux, accompagnent brillamment les magrets de canard, sortons de cette petite cuisine, de ses tristes casseroles et de ses soupes insipides, bien que toujours convoitées. Faisons le grand saut dans la liberté ...de penser, d’agir, et toujours en brandissant le poing gauche !