Sale temps pour les photographes ou légendeurs enfumeurs. Naguère, il fallait des mois pour découvrir que la photo de (par exemple) soldats chinois tabassant des Tibétains avait été prise au Népal. Désormais, avec l’application InVID (In Video Veritas), le mensonge peut-être démenti sur le champ.
Quelques exemples d’actualité :
– Une ouïghoure ensanglantée à qui un bourreau Han arrache les ongles. InVid : vidéo tournée en 2004 à Chicago avec une actrice.
– Un bébé ouïghour tenu en laisse et mangeant dans une gamelle pour chien. InVid : photo diffusée en 2015 aux Philippines par la mère (indigne) de l’enfant.
– Un Ouïghour nu frappé au sol par un militaire ? InVid : tabassage d’un truand par un soldat indonésien en mai 2017.
– etc.
Le mensonge par la photo devenant pratiquement impossible, que reste-t-il ?
Au XVIIème siècle est né le dicton « A beau mentir qui vient de loin » (le mensonge est aisé quand ce qu’on dit n’est pas vérifiable). De nos jours, tout le monde « vient de loin ». Romain Migus, un journaliste du Grand Soir l’a magistralement rappelé à des journalistes de Libération : Pierre Haski (aujourd’hui chroniqueur matinal sur France Inter), Jean-Hébert Armengaud (aujourd’hui rédacteur en chef de « Courrier International »).
Il reste les témoignages d’inconnus non photographiés dont le nom a été changé et qui vous racontent en gros ce que montrent les photos citées plus haut et avec assez d’imprécision (date, lieu…) pour que nul ne puisse aller vérifier. Devant un tribunal, le plaignant serait débouté ; bien beau s’il échappe à des poursuites pour outrage à magistrat.
Il n’y a pas pour l’instant d’InVid pour ce genre d’enfumages. Par conséquent, il prolifère et les porteurs de vérité sont désarmés (1), même si la Charte des journalistes oblige à « publier seulement les informations dont l’origine est connue ou à les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent… » et si elle interdit « … la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement… ».
Théophraste R. (Oui, j’ai déjà traité en partie ce sujet, mais pas comme ça et puis « bis repetita placent ».
Note (1). On a quand même vue une ouïghoure un peu embêtée pour justifier sa grossesse après avoir été stérilisée de force et des "disparus" retrouvés chez eux et apprenant en riant qu’ils n’y étaient pas.