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18€ pour aller aux urgences ?

Intervention de Jean-Luc Mélenchon le 20 octobre 2020 à l’Assemblée nationale sur la décision du gouvernement de mettre en place un forfait de 18 euros pour toute personne qui se rendrait aux urgences sans être ensuite hospitalisée. Le président du groupe « La France insoumise » a dénoncé une punition pour les pauvres qui n’auront pas les moyens et les périphéries qui manquent de médecins. Il a aussi appelé à faire une Sécurité sociale unique qui nous fasse économiser le coût des mutuelles privées. Voici la retranscription de son intervention :

« Je me présente à cet instant sur un seul et unique thème, en opposition à la création du « forfait patient urgences ». Je ne sais pas si tous les collègues ont bien remarqué cette nouveauté mais je voudrais ici dire à quel point elle nous choque et combien nous la condamnons.

Désormais, TOUS les patients devront payer un forfait de 18 euros pour leur passage aux urgences – forfait réduit parfois à 8 euros – y compris les personnes invalides, les cancéreux, les diabétiques, les malades du sida, les personnes épileptiques, les femmes enceintes – heureusement, il y a un amendement du rapporteur pour les retirer de cette liste. Les seules exceptions sont les malades du Covid-19 et les victimes du terrorisme.

Tout le monde devra payer 18 euros dans le cas où il serait établi que la présence de ces personnes aux urgences ne nécessiterait pas ensuite le passage en hospitalisation. Ça vaut la peine de se demander pourquoi une décision pareille est prise. On le devine : pour désengorger, dit-on, les urgences.

Mais pourquoi va-t-on aux urgences ? Par plaisir ? Parce qu’on se plaint d’un bobo ? Tous les Français savent que passer aux urgences, c’est attendre un temps interminable dans des conditions qui sont tout à fait démoralisantes. Pourquoi y vont-ils ? Et bien parce qu’ils ne sont pas capables, comme tout le monde le comprend, d’évaluer la gravité de ce qu’ils ressentent. C’est pour ça qu’ils vont là : pour qu’on le leur dise.

Et les gens se rendent aux urgences parce qu’il n’y a pas assez de médecins. 20% des Français disent s’être déjà rendus aux urgences dans les deux dernières années par manque de disponibilité d’un médecin de ville. Il n’y avait personne pour s’occuper d’eux ! Ils vont donc au seul endroit où on pourra le faire. 3,8 millions de Français vivent dans un désert médical. Il faut en moyenne 6 jours pour obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste, 22 jours pour un pédiatre, 28 jours pour un dentiste, 80 jours pour un ophtalmo.

Par conséquent, ce forfait sera d’abord une punition pour les pauvres gens et les périphéries les plus touchées par le manque de médecins. Et que se passera-t-il ? Dès lors qu’ils sauront que ça coûte 18 euros, ils n’iront pas. C’est-à-dire que, le cas échéant, leur état s’aggravera, ou bien que leur situation qui aurait nécessité une hospitalisation, comme ils n’avaient pas la certitude qu’ils l’auraient, ils n’iront pas et donc leur leur situation s’aggravera.

D’ores et déjà, 45% des Français ont déjà renoncé à aller chez le médecin parce que c’est trop cher. 3 millions de Français n’ont pas de mutuelle et donc pas de prise en charge possible du forfait hôpital. Les soins seront donc repoussés jusqu’à aggravation et donc jusqu’à hospitalisation – et hospitalisation « sauvage », si j’ose dire.

Donc, il y a les mutuelles, va-t-on nous dire. Oui, mais les complémentaires, mutuelles, assurances privées vont évidemment inscrire ce nouveau forfait dans leurs contrats. Leurs tarifs ont déjà augmenté de 47% en 10 ans. Et j’ai noté que leurs frais de gestion ont augmenté de 30% également en 10 ans. Vraiment, mieux vaudrait avoir un système de Sécurité sociale unique d’un bout à l’autre, qui nous épargnerait de voir consacrées 15% des dépenses de ces mutuelles en coûts de financement pour la publicité, la bureaucratie privée et les actionnaires !

Voilà, je n’en dirai pas plus. Ces 18 euros sont durs pour les faibles. Et la conséquence sanitaire sera rude. La santé, à cet égard, pour les gens simples, pour la vie de tous les jours, pour ceux qui ne savent pas et cherchent où se faire accueillir, la santé devient un luxe. Un luxe alimentaire : se nourrir correctement. Un luxe pour le logement : vivre quelque part de sain. Et maintenant, cela devient un luxe médical. C’est trop ! »

»» https://melenchon.fr/2020/10/21/vid...
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La télécratie contre la démocratie, de Bernard Stiegler.
Bernard GENSANE
Bernard Stiegler est un penseur original (voir son parcours personnel atypique). Ses opinions politiques personnelles sont parfois un peu déroutantes, comme lorsqu’il montre sa sympathie pour Christian Blanc, un personnage qui, quels qu’aient été ses ralliements successifs, s’est toujours fort bien accommodé du système dénoncé par lui. J’ajoute qu’il y a un grand absent dans ce livre : le capitalisme financier. Cet ouvrage a pour but de montrer comment et pourquoi la relation politique (…)
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Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis "de gauche" en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impressionnent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C’est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh, pas forcément une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum.

Ibrahim
Cuba, un soir lors d’une conversation inoubliable.

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