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L’Education nationale veut étouffer sa suicidée de Béthune
Denis Thomas

Tous les moyens sont bons au rectorat de Lille pour faire oublier le suicide, en octobre dernier, de Marielle Croquefer, professeur du Lycée André Malraux de Béthune.

Refus d’une commission d’enquête, avis défavorable à la qualification en accident de travail, interdiction pour les membres du CHSCT des personnels de l’Éducation nationale du Pas-de-Calais de se rendre dans l’établissement professionnel et suppression du poste de l’enseignante en catimini pour la rentrée 2013 ont été décrété par l’académie, pourtant « affectée » au moment du drame.

Jean-Jacques Pollet, le recteur de l’académie avait alors promis une enquête sur les circonstances de la tragédie. Comme le disait Charles Pasqua, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

A l’Inspection académique de Lille, aucun commentaire n’est disponible sur ces informations.

REFUS CATEGORIQUE

« Après la réunion du CHSCT du 14 décembre qui a débouché sur un refus catégorique du DASEN (ndlr : Directeur de l’académie des services de l’éducation nationale, autrefois « inspecteur d’académie ») Guy Charlot de réunir une commission d’enquête bien qu’elle ait été demandée à l’unanimité des membres, une nouvelle réunion est prévue le vendredi 15 mars prochain », m’indique Sylvie Vinsard, secrétaire nationale du syndicat Action et Démocratie.

Par ailleurs, devant ce refus, les membres du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail ont demandé à se rendre au Lycée Malraux. « Cela leur a été refusé au prétexte qu’ils ne sont pas… formés », précise la syndicaliste.

« Le cas de Marielle avait été en dernière position des ordres du jour lors du dernier CHSCT et avait été traité en vitesse en fin de réunion », se souvient la responsable syndicale.

Elle révèle également que le poste du professeur du Lycée professionnel, a été supprimé pour la rentrée 2013. Dans des conditions peu habituelles.

Le conseil d’administration de l’établissement a été convoqué un samedi, ce qui est peu propice à la présence de tous ses membres. Outre le proviseur, Michel Boins, seuls 15 des 30 membres du conseil étaient présents. Résultats : suppression du poste de Marielle Croquefer par 9 voix contre 7 (dont 6 enseignants).

NI COMPASSION NI CONDOLEANCES

C’est précisément ce que craignait l’enseignante. Elle déplorait particulièrement un manque de soutien de sa hiérarchie. Notons que le chef d’établissement, après le décès, « a réclamé à sa famille ses copies et dossiers dans un courrier sans même un mot de compassion ni de condoléances », rapporte Sylvie Vinsard.

Marielle a laissé derrière elle un mail prémonitoire dans lequel elle écrit : « je ne veux pas qu’on supprime mon poste (…) je ne veux pas redevenir TZR (Titulaire zone de remplacement) ».

Marielle conclut dans son mail : « Je vais très mal ». En grande souffrance comme 30% du million d’enseignants français, estime la responsable syndicale.

Contrairement aux chats, Marielle n’a pas eu plusieurs vies. Mais l’Éducation nationale, par son déni, est en train de lui offrir plusieurs morts.

 
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