RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
Commentaire
Ernesto Che Guevara. Ombres et lumières d’une mémoire toujours présente.
Adressé par Michel Peyret

Dans cet entretien Michael Löwy[1], l’un des premiers à étudier la pensée de Che Guevara, donne les clés pour l’interprétation de l’image du Che, dépassant la perception classique de "guerrillero héroïque" .

Image actuelle du Che et sa mémoire en France

Nul ne peut nier que l’image du Che est devenue actuellement un phénomène de commercialisation, néanmoins, y en a-t-il pour vous des aspects positifs ? Et que pensez-vous des films comme celui de Soderbergh[2] qui jouent sur un double aspect : volonté de faire découvrir le Che au grand public et en même temps générer du profit ?

"Nous ne pouvons pas parler d’aspects positifs, il s’agit simplement du symptôme d’un intérêt, d’une sympathie, d’une attirance, qui n’est pas toujours très politique, mais qui existe et témoigne de quelque chose. Cela n’a des aspects ni positifs ni négatifs, mais c’est intéressant en tant que manifestation d’un certain état d’esprit, surtout auprès des jeunes.

"En ce qui concerne les films de Soderbergh, ils suivent les lois du profit de tout le cinéma. Ces films ne sont pas très politiques. Ils se concentrent sur l’aspect combattant héroïque, le mythe, la biographie. Néanmoins, le combat et les enjeux politiques de la vie du Che sont abordés de façon très limitée. Telles sont les limites du film. En même temps, nous voyons que le cinéaste a de la sympathie pour le Che et, encore une fois, le point le plus intéressant du film est avant tout son succès qui montre, à nouveau, un intérêt du public pour connaître davantage sur le Che, pour mieux connaître sa biographie. Cet aspect demeure un vrai symptôme représentatif d’une certaine manifestation mais qui reste superficielle. Le film en lui-même n’est pas mauvais mais il n’est pas très profond."

Votre dernier livre[3] sur le Che Guevara, peut-il être un éveilleur de conscience ? Et quels sont ses destinataires ? Les jeunes, la classe politique ?

"Il n’est sûrement pas destiné à la classe politique mais à tous les gens qui se politisent, qui s’y intéressent, jeunes ou moins jeunes. Est-ce un éveilleur de conscience ? Les gens qui achètent ce livre ont déjà une conscience sinon ils ne feraient rien ou tout au plus ils achèteraient un tee-shirt. Le livre peut les aider à approfondir cette conscience, à mieux connaître les enjeux politiques au-delà de la biographie, au-delà de ce que fait Soderbergh. Le livre peut avoir ce rôle d’aider à faire un pas de plus dans la connaissance du message du Che, un message révolutionnaire, anticapitaliste, un socialisme différent.

"Nous aimerions que les gens, qui ont lu le livre, aient envie de traduire ces idées dans une pratique et nous espèrons qu’ils aient envie de s’engager politiquement, de militer dans des mouvements sociaux, dans le Nouveau Parti Anticapitaliste. Mais il n’y a pas de rapport direct entre le livre et une pratique politique."

Comment a évolué la perception de la figure du Che en France ?

"Dans les années 60, il y a eu une première réception du Che par la gauche radicale. Notamment, les JCR[4], autour de Bensaïd[5], Jannette Habel[6], pour qui Guevara est aussi important que Trotski et dont ils ont traduit les textes. C’était une référence importante pour les JCR et même pour d’autres, notamment certains qui se revendiquaient du maoïsme. D’aucuns se considéraient comme guévariste, comme Debray[7] par exemple. La réception de Guevara était importante, présente dans Mai 68 et dans les années qui ont suivi. Et pas seulement le Che Guérillero, ils revendiquaient justement sa critique de l’Union Soviétique, sa conception du socialisme. Le Che était appréhendé comme penseur marxiste dans les années 60-70."

Réinterprétation de l’image du Che

Il y a chez Che Guevara, des aspects qui, mal interprétés, peuvent soulever des contradictions, comme c’est le cas de son autoritarisme. Peut-il pourtant être expliqué par les conditions extrêmes de la guérrilla ?

"Je ne pense pas qu’il s’agisse uniquement de la guérilla. L’aspect autoritaire est présent chez le Che, surtout au début, parce qu’une partie de sa formation politique s’est tout de même faite dans la mouvance communiste stalinienne. Dans certains de ses textes, quand il est très jeune, il écrit « Vive Staline », cela montre qu’il acceptait, jusqu’à un certain point, cette vision autoritaire de la politique qui était celle du mouvement communiste stalinien. Au début, il admire l’Union Soviétique, il admire le camp socialiste et il les considère comme un modèle à suivre.

"Cependant, il fait preuve, très tôt, d’une sensibilité antibureaucratique, radicale contre les privilèges. Dès le début, et ce de façon croissante, il est sensible à la question de la liberté d’expression, d’opinion. Il affirme que les divergences ne se règlent pas à coups de matraque. Je ne pense pas que la guérilla soit la cause essentielle même si elle a pu renforcer certaines pratiques du commandement. Ce sont les limites de sa formation politique mais, très tôt, l’autoritarisme cède la place à cette sensibilité démocratique radicale, antibureaucratique, égalitaire. Fidel Castro a connu la même évolution. Avant qu’il ne commence la guérilla, il se définissait comme un jacobin, il y avait également cet aspect autoritaire. La guérilla a pu le renforcer mais ce n’était pas le point de départ."

La réécriture historique négative semble être de mise lorsque l’on parle du Che (UMAP[8], le bourreau de "la Cabaña" [9], le Che sexiste...). Comment peut-on expliquer cette propagande anti-guévariste alors que les écrits du Che, pourtant tracés historiques, semblent nous prouver le contraire ?

LIRE LA SUITE : http://www.contretemps.eu/interviews/ernesto-che-guevara-ombres-lumieres-memoire-toujours-presente

 
COMMENT AMADOUER LES MODERATEURS : Les lecteurs sont priés de poster des commentaires succincts, constructifs, informatifs, polis, utiles, éventuellement drôles, élogieux (tant qu'à faire). Les modérateurs sont parfois sympas mais souvent grognons. Sachez les apprivoiser.
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

  • Merci de limiter le nombre de vos interventions
  • Merci de ne pas dévier du sujet
  • Merci d'éviter les commentaires totalement anonymes...
  • Merci d'éviter les empoignades stériles
  • Merci d'éviter le prosélytisme
  • Souriez ! Vous êtes filmés lus par des milliers d'internautes.
COMMENTAIRES
MODE D'EMPLOI
Les commentaires sont modérés.
Votre adresse IP est automatiquement enregistrée avec votre commentaire (mais ne sera pas divulguée). L'adresse IP sera supprimée au bout de 2 mois.

Merci de préciser votre nom (ou un pseudo). Ca facilite les échanges éventuels.

Notez que les commentaires anonymes ou sous pseudo, ainsi que les utilisateurs de proxy et autres "anonymiseurs", sont plus sévèrement filtrés que les autres. Mais n'oubliez pas aussi qu'un commentaire posté sous un vrai nom laisse des traces sur Internet...

Merci aussi de surveiller le ton et le style de votre intervention.

Ne soyez pas impatients si vous ne voyez pas apparaître votre commentaire, les modérateurs ne sont pas toujours devant un écran. Plusieurs heures peuvent donc s'écouler (ou pas) avant sa publication (ou pas).

Si votre commentaire n'apparaît toujours pas après un "certain temps", vérifiez s'il ne rentre pas par hasard dans une des catégories énumérées ci-dessous...


NE SERONT PAS PUBLIES :

  • les racistes, xénophobes, sionistes, etc,
    (la liste habituelle quoi)

  • les adeptes du copier/coller.
    Des extraits et un lien devraient suffire.

  • les "réactionnaires" visiblement à côté de la plaque.
    Certain(e)s prennent le temps d'écrire. Ayez la gentillesse de prendre le temps de lire - avant de réagir.

  • les représentants de commerce.
    Le Grand Soir ne roule pour (ni contre) aucun groupe ou organisation particuliers. Si vous avez quelque chose à vendre, attendez le prochain Salon.

  • les Trolls
    (qui se reconnaîtront)

NE SERONT PAS PUBLIES NON PLUS :

  • les propos insultants, méprisants, etc à l'égard des contributeurs du site.
    Un minimum de respect s'impose.

  • les rapporteurs des clichés habituels véhiculés par les médias dominants
    Le Grand Soir n'a pas pour vocation de servir de relais aux discours dominants. Si vous ne supportez que le politiquement correct, adressez-vous à France-Inter.

  • les attaques contre les pays en état de résistance.
    "Des Révolutions et des révolutionnaires : il faut les examiner de très près et les critiquer de très loin." Simon Bolivar

  • les réglements de compte au sein de la gauche.
    Apportez vos convictions et laissez vos certitudes au vestiaire. Si l'un d'entre vous avait totalement raison, ça se saurait... Précision : le PS, jusqu'à preuve du contraire, ne fait pas partie de la gauche.

  • les "droits de réponse" à la noix.
    Ceux qui occupent déjà 90% de l'espace médiatique aimeraient bien occuper les 10% qui restent au nom de leur liberté d'expression. Leurs droits de réponse seront publiés chez nous lorsqu'ils nous accorderont un droit de parole chez eux.

  • les "appels aux armes" et autres provocations.
    Vous voulez réellement monter une guérilla dans la forêt de Fontainebleau ?

SERONT SYSTEMATIQUEMENT PUBLIES :

  • les compliments
  • les encouragements
  • les lettres d'amour
  • etc.