RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Spécial Zanon 10 ans !

Dix Ans. C’est beaucoup et peu en même temps. Peu à l’échelle de l’histoire du mouvement ouvrier. Il y a dix ans c’était 2001, en Argentine, hier presque, ou plutôt ce que pourrait être demain dans certains pays d’Europe, aujourd’hui lourdement touchés par la crise capitaliste mondiale.

2001 c’est aussi une étape essentielle dans le processus de résistance qui se joue à Zanon. Dès la fin septembre de cette même année, quelques semaines avant l’explosion généralisée qui conduira à la chute du président De La Rúa après les journées révolutionnaires des 19 et 20 décembre, l’usine de céramique Zanon en Patagonie anticipe à sa manière l’insubordination sociale qui va secouer le pays.

Dix ans déjà et pas mal d’idées pour lutter contre le patronat…

Dix Ans. C’est beaucoup et peu en même temps. Peu à l’échelle de l’histoire du mouvement ouvrier. Il y a dix ans c’était 2001, en Argentine, hier presque, ou plutôt ce que pourrait être demain dans certains pays d’Europe, aujourd’hui lourdement touchés par la crise capitaliste mondiale.

2001 c’est aussi une étape essentielle dans le processus de résistance qui se joue à Zanon. Dès la fin septembre de cette même année, quelques semaines avant l’explosion généralisée qui conduira à la chute du président De La Rúa après les journées révolutionnaires des 19 et 20 décembre, l’usine de céramique Zanon en Patagonie anticipe à sa manière l’insubordination sociale qui va secouer le pays.

Le scénario est assez classique, trop même. Le patron Luigi Zanon veut fermer son usine de carrelage de Neuquén. Construite à l’ombre de la dictature militaire, à grands coups de fonds publics généreusement versés par les généraux argentins ainsi que par le président ultralibéral Carlos Menem, l’usine n’est pas assez rentable selon la direction. Pas assez en tout cas pour le patron qui compte bien mettre la clef sous la porte, sans pour autant se dessaisir de l’usine. L’Argentine traverse alors une grave crise et son économie se contracte. Une fois la crise passée se dit Zanon, j’aurai tout loisir de rouvrir l’usine, et avec en prime les militants ouvriers empêcheurs de tourner en rond en moins. Une bonne occasion de les vider, eux qui ont reconquis des mains de la bureaucratie le syndicat régional, le SOECN, aux côtés des 200 travailleurs de cette grosse usine du secteur céramique du Sud argentin.

On ne peut pas ne pas faire de parallèle avec la situation que connaissent bien des travailleuses et travailleurs en Europe depuis quelques années. La crise est le meilleur moyen pour faire passer les attaques du patronat avec son scénario bien rôdé : gel des salaires, chantage au chômage technique, pression à la baisse sur l’effectif, licenciements masqués des intérimaires et des CDD, voire même fermeture des boites. Que lui importe que des dizaines de milliers de familles ouvrières se retrouvent sur la paille ?

En Argentine en 2001 cependant une idée commence à se faire jour parmi les travailleurs qui ont à affronter les plans de licenciements, et les ouvrières et ouvriers de Zanon jouent un rôle central dans la diffusion de ce mot d’ordre : « usine qui ferme, usine qu’il faut occuper, mettre à produire sous contrôle des travailleurs et nationaliser ! ». C’est en effet le message que portent les ouvriers de Zanon dès que le patron annonce les licenciements secs : le périmètre de l’usine est occupé, les huissiers n’y rentrent pas, les machines sont sous contrôle des travailleurs et bientôt les gigantesques fours de cuisson vont se remettre à produire.

C’est cette histoire que racontent les articles et documents que nous publions et qui retracent dix années de lutte contre ce que l’on veut aujourd’hui faire passer pour une fatalité : avec la crise il faut réduire, diminuer, ceinturer, se soumettre. Les travailleuses et les travailleurs de Zanon font voir aujourd’hui concrètement ce qui est une évidence marxiste mais qui acquiert toute son actualité lorsqu’elle se fait chair dans la conscience et l’expérience ouvrières : les patrons ont besoin de prolétaires pour faire tourner leurs usines. Nous autres les prolétaires, nous n’avons pas besoin de patrons pour produire, défendre nos postes et nos conditions de travail.

Depuis 2001 deux autres usines du même secteur sont passées sous contrôle ouvrier dans la région ; Stefani et Del Valle. Zanon emploie aujourd’hui 450 travailleurs, est sous contrôle de l’AG ouvrière qui la dirige et assure la production de prés de 300.000 m2 de carrelage et revêtement céramique dont une partie est destinée directement à la communauté, aux quartiers les plus pauvres, aux écoles et hôpitaux.

Mais le message de Zanon, qui dépasse et de loin les frontières de la Patagonie argentine, dépasse également le cadre autogestionnaire. Les travailleurs de Zanon ont toujours refusé que leur exemple soit pris comme une sorte d’utopie coopérativiste résistant au milieu d’un système basé sur la misère et l’exploitation.

Les travailleurs de Zanon et leur syndicat, le SOECN, ont été de toutes les luttes pour la construction d’un syndicalisme lutte de classe, antibureaucratique et combatif en Argentine depuis une dizaine d’années, conscients que leur combat était une des tranchées dans la bataille plus large que livre la bourgeoisie et dont dépend la survie de leur expérience.

Cela s’est accompagné d’un soutien systématique aux luttes ouvrières et populaires, que ce soit en Argentine comme dans la région, et même à échelle internationale, le SOECN participant ainsi en première ligne aux principaux combats contre les agressions impérialistes de ces dernières années.

Enfin les travailleurs de Zanon ainsi que leur syndicat se sont faits porteurs de l’idée selon laquelle les ouvriers et les classes populaires ont besoin de leur propre instrument politique, indépendant des gouvernements de centre-gauche péroniste tout comme des autres partis politiques bourgeois. C’est en ce sens d’ailleurs que deux camarades ont été élus dernièrement sur les listes du Front de Gauche et des Travailleurs (FIT) à la députation provinciale, enracinant solidement le message selon lequel la politique est une chose trop importante pour que les politiciens bourgeois s’en chargent en notre nom et que les travailleurs ont besoin d’une expression politique indépendante.

Voici quelques unes des pistes de réflexion que l’on peut retrouver au fil des articles que nous publions aujourd’hui pour rendre hommage à cette lutte exemplaire. Mais au moment où le patronat français se montre de plus en plus agressif et que les bien mal nommés « plans de sauvegarde de l’emploi » se multiplient, le meilleur hommage que l’on puisse rendre aux travailleuses et aux travailleurs de Zanon c’est de montrer qu’ici aussi une réponse ouvrière à la hauteur de la brutalité de l’attaque que porte la bourgeoisie est nécessaire et possible. Après une première vague de résistance ouvrière aux plans de licenciements au printemps 2009 qui s’est généralement soldée par la mise en place de plans d’indemnisation importants, plusieurs sites commencent à poser la question de la sauvegarde de l’emploi et de la défense de l’outil de production coûte que coûte. C’était déjà le message qu’avaient porté les travailleuses et les travailleuses de Philips Dreux il y a un an et demi. C’est aujourd’hui ce dont se font l’écho les Fralib à Gémenos et les M Real à Alizay dans l’Eure. Que ces luttes deviennent des points d’ancrage forts de résistance ouvrière et pourquoi pas de controffensive dépend aussi de la solidarité que nous saurons déployer et du rôle que pourraient y jouer les révolutionnaires, comme cela été le cas du Parti des Travailleurs Socialistes à Zanon. C’est avec cette même capacité d’intervention qu’il faut essayer de renouer pour être en mesure de résister aux côté de notre classe à l’offensive bourgeoise à l’oeuvre à échelle européenne et que les gouvernements, quelle que soit leur étiquette politique, entendent renforcer ; afin de se préparer aussi aux combats à venir qui seront, à en croire « nos » gouvernants, encore plus violents.

27/10/11


Articles de la section spéciale Zanon 10 ans :

 Démocratie ouvrière et lutte de classe : l’exemple de Zanon

 « Pour nous c’est extrêmement encourageant de voir ce qu’ont fait les camarades de Continental, de toutes ces usines où quand on a voulu les licencier, les ouvriers ont séquestré les patrons »

 « Notre lutte est politique »

 Quel a été le rôle du PTS au cours du processus à Zanon ?

Voir tous les articles

URL de cet article 14998
   
George Corm. Le nouveau gouvernement du monde. Idéologies, structures, contre-pouvoirs.
Bernard GENSANE
La démarche de Georges Corm ne laisse pas d’étonner. Son analyse des structures et des superstructures qui, ces dernières décennies, ont sous-tendu le capitalisme financier tout en étant produites ou profondément modifiées par lui, est très fouillée et radicale. Mais il s’inscrit dans une perspective pragmatique, non socialiste et certainement pas marxiste. Pour lui, le capitalisme est, par essence, performant, mais il ne procède plus du tout à une répartition équitable des profits. Cet (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il est appréciable que le peuple de cette nation ne comprenne rien au système bancaire et monétaire, car si tel était le cas, je pense que nous serions confrontés à une révolution avant demain matin.

Henry Ford (1863-1947)

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.