Quel bilan des interventions armées occidentales ?
La question n’est jamais posée !
Ces dix dernières années, les grandes puissances, Etats-Unis en tête, mais aussi la France sont intervenues militairement dans une série de pays : Afghanistan, Irak , Côte d’ivoire et plus récemment la Lybie.
En est-il résulté plus de démocratie ?
Plus de respect des droits de l’homme ?
Une amélioration de la situation des populations concernées et des droits de la femme ?
En est-il résulté plus de sécurité dans le monde pour les populations du Nord comme du Sud ?
Les gouvernements et les médias qui ont poussé à ces interventions et qui les ont justifié pour les faire acquiescer par l’opinion se gardent bien d’en faire le bilan !
Et pour cause : partout ce qu’on peut constater malgré l’omerta c’est que l’intervention étrangère a considérablement aggravé la situation :
- morts et blessés par centaines de milliers
- populations civiles soumises à des bombardements et l’utilisation d’armes interdites comme celles au phosphore blanc à Fallujah
- "bavures" et "dégâts colatéraux"
- Sociétés brisées et fractionnées sur la base de critères ethniques et religieux
- Charia proclamée comme en Lybie par le CNT soutenu par la France, la Grande-Bretagne …
- Pays livrés à l’arbitraire de bandes armées, des milices et de seigneurs de la guerre …
Tandis que la situation de chaos actuel au Mali est la conséquence directe de l’intervention sarkosienne en Lybie qui a déstabilisé toute la sous-région, permis la dissémination des armes et renforcé considérablement les groupes intégristes !
Mais comment s’en étonner ?
C’est que contrairement aux médias-mensonges l’objectif de ces interventions n’est pas l’instauration de la démocratie mais le remodelage de régions entières pour le contrôle et le pillage des ressources (pétrole, gaz, eau, terres rares, coltran …) au profit des multinationales (Total, Bolloré …) en appuyant un clan, une partie de la population contre une autre.
Et qu’à cette fin il faut déstabiliser les états et les gouvernements qui ne sont pas assez dociles ou conciliants !
Alliés de la veille comme Khadafi reçu il y a peu en grande pompe à l’Elysée ou Hafez el Assad au défilé du 14 juillet en 2008, ils sont subitement désignés comme des tyrans sanguinaires à écarter du pouvoir ou à éliminer physiquement !
Et nous ?
La propagande nous invite à soutenir ces interventions soi-disant humanitaires !
Est-ce à dire que condamner ces interventions faites en notre nom, et au nom des valeurs prétendues universelles c’est approuver les régimes en place ?
En descendant par millions dans les capitales des pays européens en 2003 contre l’intervention de Georges Bush en Irak est-ce que nous avons soutenu Saddam Hussein ?
A l’époque nous avons simplement dit avec force que cette intervention allait aggraver la situation et dans ce pays et dans la région et que les prétextes invoqués (armes de destruction massive) étaient mensongers et cachaient donc des objectifs inavouables.
Et nous avions raison ! Aujourd’hui, il en est de même !
Les intérêts communs des peuples du nord et du Sud
Ce sont les mêmes forces politiques et économiques, les mêmes oligarchies qui poussent aux interventions militaires à l’extérieur et veulent nous imposer des plans d’austérité draconiens et veulent anéantir toutes nos conquêtes sociales.
Comme dans les années 30, la crise profonde du système conduit l’étroite minorité ultra privilégiée à chercher une "solution" à leur crise :
- en détruisant les conquêtes sociales et démocratiques chèrement acquises dans nos pays
- en saccageant des pays et des régions entières en vue de reproduire une hégémonie économique mondiale menacée par l’émergence d’autres puissances et de s’assurer le contrôle des ressources stratégiques.
Les ingérences guerrières c’est la continuation à l’étranger de la guerre sociale que les oligarchies et les capitalistes mènent contre nous !
Et ce n’est pas un hasard si la souveraineté des peuples d’Europe est parallèlement mise en cause comme on a pu le constater avec la violation des referendums portant sur les traités comme en France, en Irlande et aux Pays Bas.
Et comme on peut le constater en Grèce et en Italie avec des dirigeants directement issus de l’oligarchie financière imposés aux peuples sans la moindre consultation !
Dans ce contexte, le rôle des organisations politiques progressistes et des organisations syndicales n’est donc pas d’emboîter le pas de leurs classes dirigeantes comme c’est malheureusement le cas jusqu’à présent !
Mais de dénoncer ces interventions et les mensonges qui les accompagnent et de travailler à la convergence des luttes des peuples au Nord comme au Sud.
Contre leurs propres exploiteurs, pour la paix et la recherche de solutions politiques aux situations conflictuelles et contre la gabegie des milliards engagés dans les dépenses militaires et le commerce des armes au détriment des dépenses utiles pour les populations !
Positions et initiatives internationales
Le secrétaire général de la Fédération Syndicale Mondiale, Georges Mavrikos, en février 2012 au cours de la réunion de la direction de la FSM qui s’est tenue en Afrique du Sud a réaffirmé:la position de principe de l’organisation :
" La position de la FSM est ferme. Les peuples sont les seuls responsables pour décider librement et démocratiquement de leur présent et de leur avenir. La FSM se dresse contre les plans impérialistes et contre les guerres impérialistes et elle organise une campagne de solidarité internationale avec les peuples qui souffrent des impérialistes."
Par ailleurs,l’Appel d’Alger de décembre 2011 intitulé "Contre les guerres d’occupation, contre les ingérences étrangères, pour la défense de la souveraineté nationale et populaire" réaffirme également la nécessité du respect de la souveraineté des peuples"
Cette assemblée qui a regroupé responsables politiques et syndicaux, des universitaires, intellectuels, des avocats, des militants des droits de l’homme… venus des pays du Maghreb, du Sahel et autres parties du continent africain, d’Europe, des Amériques et d’Asie…affirme l’urgence que les peuples se mobilisent à la fois pour les droits socioéconomiques et démocratiques et pour la défense et l’intégrité des nations menacées.
Ce sont les grandes puissances, l’OTAN, l’existence de centaines de bases militaires dans le monde qui constituent une menace en aggravant l’insécurité et l’instabilité du monde !
Le texte de l’appel d’Alger déclare entre autre :
"Nous refusons que soient anéanties les réalisations de la civilisation humaine, dont l’existence des nations, condition pour la démocratie.
…
Nous considérons qu’il est de la responsabilité du mouvement ouvrier syndical international, d’organiser l’action unie et solidaire, en défense des droits socioéconomiques des travailleurs, des droits des peuples et de l’intégrité et la souveraineté des nations, contre les plans et politiques meurtriers des
institutions internationales, des gouvernements impérialistes et du G20.
Nous qui, dans nos pays respectifs, militons pour le droit des peuples à vivre en paix et dans la dignité, du produit de leurs ressources nationales, à décider librement de leur présent et leur avenir par l’exercice des droits démocratiques, proclamons notre détermination à combattre les atteintes à la souveraineté des nations et des peuples, le pillage de leurs richesses naturelles.
Nous qui condamnons fermement la répression à l’encontre des peuples et des militants qui luttent pour leurs droits politiques et socioéconomiques dans quelque pays que ce soit, déclarons notre rejet de toutes les guerres impérialistes d’occupation et de pillage porteuses de barbarie, de décomposition, de régression et de chaos…"
Plus que jamais l’heure est venue de renouer avec les grandes traditions de lutte du peuple français et des organisations syndicales de classe.
Hier, pour mener les guerres coloniales de prédation ils évoquaient la mission civilisatrice de l’Occident.
Aujourd’hui ils travestissent leurs appétits et leurs intérêts sordides derrière le droit d’ingérence et la défense des populations civiles.
Plus encore aujourd’hui qu’hier dans le crépuscule d’un système en déclin et en perdition la défense de nos intérêts passe par la lutte pour la paix, pour l’entente entre tous les peuples et la dénonciation de la volonté des classes dirigeantes de trouver une issue à leur crise dans la violence, dans la recherche de boucs émissaires et dans l’affrontement des civilisations !
Le Front Syndical de Classe
Avril 2012