L’HUMANITE : Samedi, près de 300 manifestations organisées par la CGT, la CFDT, la FSU, Solidaires et l’Unsa, pour l’emploi, les salaires et la garantie des retraites. La première occasion de se faire entendre sur la réforme des retraites.
C’est sans appel ! Notre sondage réalisé par l’institut CSA le montre : à 70 %, les Français soutiennent ou expriment de la sympathie pour les manifestations unitaires du 1er mai organisées par la CGT, la CFDT, la FSU, Solidaires et l’Unsa, sur l’emploi, les salaires et les retraites. Ce résultat dépasse les chiffres atteints le 23 mars (65 %) et lors des grandes manifestations de 2009 (69 % le 29 janvier, 62 % le 19 mars). On flirte même avec les records de soutien et de sympathie enregistrés lors du mouvement des lycéens d’avril 2008 (73 %) !
Ce sondage de l’Humanité confirme ce que tous les syndicats disent du climat social aujourd’hui, marqué par une importante montée de la conflictualité. La combativité des salariés s’exprime dans les entreprises par de très fortes luttes. Pour l’emploi d’abord, quand les travailleurs doivent faire face aux plans de licenciement, aux délocalisations qui n’ont pas ralenti depuis des mois. Mais aussi, peut-être surtout, pour les salaires. Les conflits se multiplient au fur et à mesure que les négociations annuelles obligatoires (NAO) révèlent la pingrerie patronale, en ce qui concerne les salaires, et l’extrême générosité des directions d’entreprise à l’égard des actionnaires. Cette flambée des conflits salariaux touche aujourd’hui de grands groupes commerciaux et industriels comme Carrefour ou Airbus.
"Dans les entreprises, les luttes concernent les salaires", affirme Pascal Joly, secrétaire général de la région àŽle-de-France CGT. Mais tous les militants sur le terrain le disent : les salariés ont surtout en tête la réforme des retraites. Et ce qui domine, c’est une énorme inquiétude. "De toute évidence, le gouvernement nous promet une réforme qui consistera essentiellement à durcir les paramètres d’accès à la retraite", souligne Jean-Louis Malys, le "Monsieur retraite" de la CFDT.
Les propos du ministre du Travail, jeudi matin sur France Inter, ne contribueront sûrement pas à rassurer les salariés. Éric Woerth, qui continue à ne rien révéler de concret quant aux projets réels du gouvernement, assène que la réforme est "indispensable", qu’on "travaillera plus longtemps" et qu’on "cotisera plus longtemps", et qu’il n’y aura pas à cela de contrepartie. "La contrepartie, c’est que le système sera sauvé" prétend-il en substance. Et lorsqu’un journaliste lui demande si la réforme des retraites n’est pas un gage donné aux agences de notation, Éric Woerth confirme implicitement : "C’est un signe envoyé au monde entier. (…) La réforme des retraites est l’illustration de notre sérieux". Une affirmation qui apporte de l’eau au moulin de Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, qui accuse les agences de notation, "milices privées au service de la défense des intérêts du capital", de "jouer les gendarmes" lorsqu’elles estiment que "les dépenses publiques ou les systèmes sociaux d’un pays sont trop coûteux".
Les 284 manifestations prévues le 1er mai peuvent être la première occasion d’exprimer massivement son opposition à toute régression du système des retraites, son attachement à l’ouverture du droit au départ en retraite à soixante ans, son refus de l’allongement de la durée de cotisation et de la baisse des pensions. Si, comme tous les syndicats s’y emploient, le rendez-vous est réussi, les termes du débat s’en trouveront modifiés.
Olivier Mayer
http://www.humanite.fr/Sondage-70-des-Francais-soutiennent-les-manifs-du-1er-Mai