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Socialistes en casque de guerre

Reds n° 3 - 2024 04 mars 2024

Journal de la gauche du syndicat des travailleurs du tertiaire, du tourisme et des services (Filcams CGIL)

Ils assurent avoir également digéré les derniers effets secondaires de la longue gueule de bois blairienne et promettent, à la veille des élections continentales de juin, de se replonger dans l’étude des axes cartésiens des social-démocraties d’antan, celles des années 1960 et 1970, capables de s’imposer sur la scène continentale grâce à leur solide charge de conquêtes sociales et syndicales. Mais lorsqu’il s’agit d’aborder la question capitale de la guerre et de la paix, ils reviennent malheureusement aux années terribles de la Première Guerre mondiale et aux "crédits de guerre" qui ont marqué l’effondrement de la IIe Internationale socialiste.

Ainsi, le jour où le congrès du Parti socialiste européen, à la Nuvola à Rome, couronne Nicolas Schmit comme candidat à la direction de la Commission européenne, les principaux dirigeants socialistes et sociaux-démocrates réitèrent avec force la direction du soutien armé à Kiev. Une décision qui se traduit inévitablement par un soutien à l’industrie de l’armement et par une augmentation des dépenses militaires des pays de l’UE. Des dépenses promises après l’invitation chaleureuse du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à atteindre l’objectif de 2 % du PIB en armement.

Heureusement, le congrès a adopté une position consciencieuse contre le carnage qui se déroule dans la bande de Gaza, et un "non" clair à l’hypothèse, émise par le président français Emmanuel Macron, selon laquelle l’Alliance atlantique devrait participer avec ses propres hommes au conflit entre la Russie et l’Ukraine : "Notre soutien est fondamental pour rétablir la paix en Europe", a condamné le chancelier allemand Scholz, "mais nos pays de l’OTAN ne deviendront jamais une partie directe de ce conflit, nous n’enverrons pas nos troupes en Ukraine et nous ferons tout pour empêcher ce type d’évolution". Dans la même veine, Elly Schlein a déclaré : "Nous continuerons à soutenir l’Ukraine par tous les moyens nécessaires, mais cela ne signifie pas et n’inclut pas l’envoi de troupes au sol, cela doit être clair".

La morale de cette histoire horrible et sanglante est pourtant claire. À tel point que le Luxembourgeois Nicolas Schmit, candidat du Parti socialiste européen à la direction de la Commission européenne, demande au congrès, dans son discours d’investiture, de "ne jamais abandonner les Ukrainiens", appelant à "en faire plus de toute urgence". Traduction : l’un des points du manifeste du SEP pour les élections européennes des 8 et 9 juin, approuvé par l’assemblée des délégués en même temps que le choix du candidat, est le suivant : "La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine marque un tournant dans l’histoire. Nous restons fermes dans notre soutien inconditionnel à l’Ukraine, en lui fournissant une assistance politique, humanitaire, financière et militaire aussi longtemps que nécessaire". Des efforts diplomatiques pour entamer, après deux années sanglantes de guerre, au moins des négociations sérieuses, le manifeste de la PES ne parle pas, sauf à la limite comme une feuille de vigne pour justifier le réarmement déjà en cours dans les principaux pays de l’Union. Y compris, bien sûr, l’Italie. Et adieu à une Europe qui inclut, comme elle l’a toujours fait dans l’ère moderne, la Russie, et sans se soucier de la possibilité, lointaine mais potentiellement dans le champ, d’une escalade nucléaire. Tout cela alors que les places italiennes sont de plus en plus remplies de ceux qui appellent à un cessez-le-feu dans toutes les zones de conflit armé de la planète. À commencer par la tentative de génocide palestinien.

Frida NACINOVITCH
(Filcams CGIL)

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