RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
(Si nécessaire, tuer le Président)

"Si es necesario matar al Presidente"

C’est en 2011 au Chili, lors des manifestations pour une éducation gratuite, que sont apparues ces affiches imprimées sur des pages d’annuaires téléphoniques, collées sur les murs de Valparaiso. Cela faisait plus d’un an que collégiens, étudiants et parents d’élèves de tous milieux se mobilisaient, manifestaient, se battaient avec les carabiniers dans des rassemblements mensuels en faveur d’une réforme de l’Éducation. Car au Chili, toute l’Éducation est un vrai business, un secteur “industriel” et non pas un service public, et une catastrophe en terme de qualité... La seule réponse du gouvernement du Président Piñera (RN, droite style UDI en France) était de changer de ministre de l’Éducation tous les six mois et de faire semblant de dialoguer sans rien changer. Aussi ces affiches posaient clairement la question de savoir de quelle alternative dispose-t-on lorsqu’un gouvernement reste sourd à sa population et arc-bouté sur sa vérité...

En France, la belle manifestation du 14 juin contre la loi travail, où toutes les régions se sont rassemblées à Paris, a été dénigrée, travestie, pour être finalement occultée, ignorée comme si elle n’avait jamais eu lieu. D’ores et déjà dans les cortèges, on se pose la question “et qu’est-ce qu’on fait s’ils ne bougent pas, s’ils ne retirent pas la loi ?” Les réponses sont variées, “on continue”, “on refait grêve”, “on défile”, “on va inventer d’autres moyens d’actions”, … et parfois on entend cette réponse “va falloir les buter”...

Le cercle infernal “violence institutionnelle/réaction populaire/répression policière” tourne à plein régime, et nombreux sont ceux qui ne croient plus que la non-violence triomphera. Il avait fallu des morts, tels Malik Oussekine il y a quelques années, ou plus proche de nous Rémi Fraisse, pour que certains dirigeants (peut-être avec un reste d’humanité) prennent en compte la volonté du peuple et retirent des projets légitimement contestés. Suffira-t-il qu’il y ait des manifestants tués, des zadistes tués, des CRS tués pour que nos gouvernants actuels entendent ? En Grêce, en Espagne, les manifestations contre les politiques austéritaires soutenues par l’Union Européenne ont eu leur part de morts, et pourtant elles ont échoué, les politiques de privatisation et de concurrence généralisée sont appliquées.

Alors, quelles actions inventer ? On observe que nos gouvernants sont très sensibles lorsqu’on les chatouille personnellement : de nombreux députés ont réagi avec indignation suite au fait que leur mail et téléphone ont été diffusés et qu’ils ont pu être ainsi interpelés directement, dans le cadre de la pétition contre la loi travail. Comme si, en tant que représentants du Peuple, ils devaient rester intouchables, détenteurs infaillibles de l’intérêt général alors qu’ils n’agissent plus qu’en tant que représentant de commerce de leur propre parti. De la même façon, les médias ont jugé intolérables les manifestations aux domiciles de Valls et de El Khomri.

Alors jusqu’où faut-il aller ? Faut-il tuer nos “élites” dirigeantes pour se faire entendre ?

Lorsque l’on voit le luxe de mesures de sécurité prises pour chaque déplacement d’un ministre, avec police et GIGN sur les dents afin de “sécuriser le périmètre” comme on dit dans les séries policières, on peut se demander si nos gouvernants ne sont pas déjà prêts à se voir personnellement visés... Alors quelle issue ? La question est posée.

Pour mémoire, au Chili, le Président Piñera n’a pas été tué. Les manifestations pour une éducation gratuite ont duré tout au long de son mandat, six ministres de l’Éducation se sont succédés sans autre changement. Aux élections de fin 2012, le mouvement pour l’éducation gratuite a donné une vraie majorité à l’”opposition” de centre-droit (Bachelet, PS) alors que le système électoral bâti sous Pinochet est construit pour qu’aucun gouvernement n’obtienne de majorité absolue afin qu’aucun changement ne soit possible. Mais la Présidente Bachelet ne s’est pas pressée ; ce n’est que dans la deuxième partie de son mandat qu’elle a engagé une réforme vers la gratuité de l’éducation et (depuis octobre 2015) un processus constituant pour la rédaction d’une nouvelle constitution par le peuple chilien*. En France, peut-on encore croire au système électoral ?

*Voir, entre autres sites dédiés au processus constituant, www.lalupadelaconstitucion.cl et www.constituccionario.cl

URL de cet article 30610
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Harald Welzer : Les Guerres du climat. Pourquoi on tue au XXIe siècle
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un ouvrage aussi important que passionnant. Les conclusions politiques laissent parfois un peu à désirer, mais la démarche sociologique est de premier plan. Et puis, disposer d’un point de vue d’outre-Rhin, en la matière, permet de réfléchir à partir d’autres référents, d’autres hiérarchies aussi. Ce livre répond brillamment à la question cruciale : pourquoi fait-on la guerre aujourd’hui, et qui la fait ? L’auteur articule, de manière puissante et subtile, les questions écologiques, les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Tout pas fait en avant, toute progression réelle importe plus qu’une douzaine de programmes » - Karl Marx dans Critique du programme de Gotha (1875)

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.