Par Mamadou DIA
Contre l’outrage odieux à notre souveraineté nationale
Même si notre intervention à la visite de George Bush à une certaine Afrique, à la fin de la première quinzaine du mois dernier, n’intervient qu’actuellement (pour des raisons particulières), elle ne demeure pas moins d’actualité, car le sujet ne peut se circonscrire qu’au seul moment de son déroulement. Il s’étale sur le temps et dans l’espace, car il engage l’avenir proche et lointain de tout notre continent et de sa diaspora. Au-delà , il interpelle les peuples du monde entier, tous menacés par un interventionnisme américain tous azimuts, à moyen et long termes. Ne nous cachons pas : cette réalité est évidente ; c’est toute l’humanité qui est menacée : au Sud comme au Nord, à l’Est comme à l’Ouest. Ce qui s’est passé au Sénégal - mon pays - le mardi 8 juillet dernier, en quelques cinq-six heures, est l’exemple-type de ce que risquent tous les pays du globe, épris de liberté et de dignité.
Nous le disons sans aucune nuance : nous avons honte pour les Africains ; nous avons honte pour toute la race noire, parce que nous avons été humiliés, dans tous les compartiments de notre souveraineté, en commençant par nos services d’ordre et nos forces de sécurité auxquels ont été substitués ceux de leurs homologues américains.
Nos autorités - ou soi-disant telles - ont subi des fouilles inadmissibles. Nos populations ont été limitées dans des circuits de manoeuvres contraignantes et celles de cette île mémoriale de Gorée, parquées en des lieux choisis, rappelant, hélas, ce que fut le plus grand crime que l’humanité ait jamais commis, il y a quelques siècles déjà .
Nous avons honte et nous sommes désolés pour toutes les générations - toutes sensibilités confondues - qui se sont battues pour la libération de nos peuples et l’indépendance de nos pays. Non ! Nous ne nous sommes battus pour que, près d’un demi-siècle après que nous ayons signé les accords de souveraineté internationale avec l’ancien colonisateur, nous acceptions de voir nos populations conduites vers une nouvelle ère de soumission pire que celle qu’elles connurent dans le passé. Non, Nous - peuples du Sénégal, d’Afrique, de la Diaspora et d’ailleurs - n’accepterons pas une nouvelle colonisation, que dis-je, un nouvel esclavagisme. Ceux d’Afghanistan et d’Irak, après ceux de Palestine et hier, du Vietnam et de la Somalie, nous en tracent la voie.