Serge Dezile, agent ERDF, a été averti par sa direction
Sanctionné pour avoir coupé le préfet
« Je suis à un an de la retraite et en 25 ans de syndicalisme, c’est la première fois que je vois ça. » Serge Dezile, représentant du personnel CGT au sein d’ERDF, demeure encore incrédule devant l’avertissement qu’il lui a été infligé par sa direction, au motif d’avoir le 31 janvier dernier coupé la parole au préfet du Lot-et-Garonne.
Ce jour-là , Lionel Beffre, le représentant de l’État dans le département, se rend dans un local ERDF de l’avenue Henri-Barbusse à Agen afin de faire un point sur les dégâts de la tempête Klaus. Au cours de son allocution, il est alors interpellé par Serge Dezile.
« Si vous permettez... »
« Je voulais intervenir sur la sécurité des agents. J’ai toutefois mis les formes en lui disant : "Si vous permettez, je mettrai un bémol..." Je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase. » Le préfet aurait été aussitôt irrité d’être ainsi interpellé durant son discours et l’aurait signifié sèchement au syndicaliste. Devant la réplique du représentant de l’État, les agents d’ERDF auraient alors quitté la salle pour protester.
Là -dessus passe un mois puis vient le 9 mars date à laquelle Serge Dezile reçoit un courrier de sa direction le convoquant à un entretien préalable à une sanction. « C’était trop gros pour que cela ait un rapport avec cet incident. Je ne savais trop quoi penser alors », se souvient le cégétiste.
Image ternie
Le 17 mars, quand il se rend à l’entretien à Bayonne, ses doutes sont dissipés. « On m’a reproché d’avoir coupé la parole au préfet et d’avoir incité les agents d’ERDF à quitter la réunion. » Plus tard, il est sanctionné d’un avertissement qui est motivé par les motifs suivants : « Comportement manquant de respect à l’égard du préfet, attitude ayant provoqué l’interruption de l’allocution du préfet ; attitude portant atteinte à l’image de l’entreprise. »
Suite à cette sanction « symbolique », les organisations syndicales, quelles qu’elles soient, refusent de siéger dans les instances représentatives ERDF et GRDF au niveau des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. Figure en outre au programme des revendications de la manifestation de demain dont l’appel a été lancé par l’intersyndicale, le retrait « pur et simple » de la sanction.
Joint hier, la direction concernée d’ERDF n’a pas tenu à s’étendre sur ce sujet jugeant qu’il s’agissait là « d’une affaire interne » et qu’il était toujours possible de faire appel de cette sanction.
Serge Dezile devrait effectivement engager des recours. Il reste toutefois songeur devant cette façon de faire. « Cela veut dire quoi ? s’interroge-t-il. Faut-il comprendre par là que la direction d’ERDF compte à l’avenir dicter aux représentants syndicaux la manière dont ils doivent se comporter ? »
Source : Sud Ouest