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Salaud de coco qui veut faire manger de la bidoche aux prolos ! Le bon menu de Fabien Roussel

Fabien Roussel a provoqué une tempête dans les marmites de l’élection présidentielle, à moins que ce ne soit dans le bénitier des bien-pensants en matière de mœurs de table en osant déclarer qu’ « Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage : c'est la gastronomie française. Le meilleur moyen de la défendre, c’est de permettre aux Français d’y avoir accès ». Ce menu lui a valu de la part d’une certaine gauche « woke » d’être accusé de crypto-fascisme et autres noms d’oiseaux. Cette gauche « woke » a préféré ignoré les vrais débats pour s’offusquer qu’on puisse être de gauche et défendre la gastronomie française (parce qu’elle est française justement) et la consommation de viande et de fromage… La bonne question qu’il aurait fallu lui poser aurait été : de quelle viande, de quel fromage et de quel vin parles-tu camarade ?

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Depuis Roussel a choisi de sur-jouer son côté Astérix, défenseur de la viande et de la culture française.

Il fait semblant de ne pas comprendre ses détracteurs alors qu’il savait pertinemment que sa déclaration ferait polémique.

C’était une provocation, faisons-en une provocation à penser.

Mélenchon s’était essayé en 2007 à ce petit jeu avec sa fameuse salade quinoa-crevettes... double bévue car le quinoa ne peut plus séduire les écolos et les crevettes font bondir les végans.

Il y a urgence que les gauches reviennent à des politiques alimentaires capables d’être entendues par les milieux populaires.

Le Parlement de l’Union Populaire se penchera bientôt sur ces questions alimentaires... Essayons d’apporter du grain à moudre.

Un éco-socialisme (ou un écocommunisme) gourmand...

On aurait tort de penser que les insultes contre Roussel s’expliquent simplement par le climat électoral délétère, elles témoignent de ce qui ne va plus dans une partie des gauches. Je ne traiterai dans ce texte que de la question de l’alimentation. Celles de la nation et de la République mériteraient d’autres papiers. Les détracteurs de Fabien Roussel ignorent tout visiblement de l’histoire du communisme français, et plus largement de celles des gauches et des mouvements populaires.

Oui de Pierre Leroux (1794-1871), inventeur du terme de « socialisme » à Charles Fourier (1772-1837), un des pères du « socialisme utopique » en passant par Gracchus Babeuf (inventeur du mot « communisme ») et les frères-ennemis Marx, Proudhon, Bakounine la bonne bouffe a toujours fait partie des traditions révolutionnaires françaises et internationales !

Fourier proposait même de lier le socialisme et ce qu’il nommait la « gastrosophie » puisqu’il s’agissait d’apporter au peuple les « raffinements de bonne chère réservés aux oisifs ». Le but était d’organiser la voracité générale, de promouvoir la gourmandise source de sagesse, de transmettre la culture du plaisir. Il s’agissait d’élever l’appétit du peuple au degré suffisant pour consommer « l’immensité des denrées que fournit le nouvel ordre ». Ce qui caractérise la société d’harmonie c’est la surabondance des plaisirs. On comptait dans sa société parfaite cinq repas par jour, composé chacun de 40 plats, pris dans d’immenses réfectoires. La gastrophobie voulait réconcilier les plaisirs de la cuisine et la santé. Fourier proposait une hiérarchie des aliments qui excluait les « nourritures inqualifiables et indigestes », tels les courges, le pain mal cuit, la « colle rance » que contiennent les vermicelles italiens, la nourriture anglaise et le thé (sic), car « c’est encore l’anglomanie qui a habitué à proscrire au déjeuner les bons mets de notre pays et à les remplacer par une vilénie ».

Dès sa naissance, le socialisme fait donc des affaires de table (du bien manger) des enjeux hautement politiques et populaires. La gauche a hérité du personnage de Bon-temps, qui court des XVe au XVIIIe siècle, ami de Bacchus et de la déesse Cérès, il fait baisser les prix du blé et du vin ... Comment oublier au XIXe siècle la place centrale des banquets dans l’invention même de la gauche ? Jules Michelet (1798-1875) est non seulement l’un des plus grands historiens mais l’auteur d’un manuscrit inachevé intitulé « Le banquet » qui croise les problématiques du Sacrifice et de la Révolution. Ce livre est une réflexion sur l’écrasement du « Printemps des peuples » de 1848 et un hymne à la belle vie, à la bonne chère. Il rêve d’une table immense où seraient conviés tous les peuples de l’Europe. Il veut une table qui dilate le cœur.

Faut-il rappeler que Paul Lafargue, gendre de Marx, bien connu pour son éloge du droit à la paresse, sera aussi l’auteur d’un traité contre les « falsifications » alimentaires qui fleurissent à la fin du XIXe siècle où les puissants entendent déjà faire « bouffer » au peuple de la fausse viande, du faux pain, du faux vin...anticipant ce que le capitalisme biotechnologique et les végans antispécistes souhaiteraient imposer avec l’agriculture cellulaire.

Le meilleur symbole de cette alliance de la table et de la révolution reste la « fête de l’Huma » qui célèbre chaque année l’alliance de la politique, de la musique et de la bonne chère. Doit-on aussi citer les banquets républicains du 21 janvier qui célèbrent la décapitation de Louis XVI en partageant une tête de veau ?

Ne laissons pas la table à l’extrême-droite !

Pire encore que cette ignorance crasse des rapports des gauches à la table, les détracteurs de Fabien Roussel l’accusent de marcher sur les plates-bandes de l’extrême-droite ! Défendre « Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage » ferait de vous un émule de la droite identitaire, de Zemmour à Le Pen et de leurs sbires médiatisés, comme Baptiste Marchais ou le sinistre Papacito (dont nous parlerons un peu plus loin).

Soyons clair, abandonnez la défense de la gastronomie à l’extrême-droite ce n’est pas lui laisser faire le travail de la gauche sa place, c’est lui permettre de raconter n’importe quoi !

Notre combat pour la bonne bouffe n’a rien de commun avec celui de l’extrême-droite, notre combat contre les végans abolitionnistes (les végans welfaristes me sont sympathiques) est à l’opposé de celui des identitaires-viandards.

Les adversaires de nos adversaires ne sont nullement nos amis.

Les identitaires-viandards sont de faux-ennemis des végans car ils campent simplement sur l’autre face de la même problématique. Les uns diabolisent la viande, les autres la vénèrent, mais tous l’essentialisent, alors que le bon combat est de répéter que la vraie alternative n’est pas entre les protéines animales et végétales mais entre, d’un côté, la production industrielle de ces protéines animales ou végétales et, de l’autre côte, la défense et la promotion de l’agroécologie, agriculture et l’élevage paysans. Les disciples de Zemmour sont par définition des idiots-utiles de la malbouffe qu’ils disent pourfendre car ils prônent le libéralisme. C’est bien le libéralisme économique qui conduit à la casse des cultures alimentaires et aussi à la souffrance animale avec le choix de la concentration des animaux dans des abattoirs géants.

Ce que nous a appris le mouvement anti-McDo !

L’alimentation a été de tout temps un enjeu idéologique notamment politique, spécialement en France. Il est donc juste de parler de cultures, et pourquoi pas d’identités, culinaires, mais en prenant garde de ne jamais sombrer dans la xénophobie. Cette vigilance ne vaut pas seulement pour aujourd’hui. Le combat contre la malbouffe a dû choisir entre les thèses identitaires (ce sont des militants d’extrême-droite qui ont fondé les premiers comités anti-McDo à la fin du XXe siècle) et des thèses émancipatrices, universalistes qui l’ont finalement emporté. Je me souviens combien j’avais dû batailler lors de la naissance du mouvement anti-McDonalds (avec Les Fils de McDo, 1997, l’Harmattan et Le Petit manuel anti-McDo, 1999, Golias) pour expliquer que McDonalds n’était pas américain, contrairement à ce que clame la firme mais aussi ses détracteurs identitaires, mais la bouffe unique de la pensée unique, une pseudo alimentation pour celles et ceux qui ne savent plus ce que manger veut dire, une alimentation qui vise le palais reptilien (comme on parle de cerveau reptilien) car s’adressant aux sensations organoleptiques de base (le sucré, le salé, le craquant, le mou, etc.) communes, quels que soient la culture, l’âge, le sexe, le milieu social.

J’écrivais dans Le Petit Manuel anti-McDo : « McDo voudrait faire croire qu’il est américain (...) Ronald est culturellement apatride, il n’est d’aucun pays, d’aucune histoire, d’aucune mémoire. McDo c’est l’inverse d’une vraie culture, c’est la bouffe unique de la pensée unique (...) Le hamburger en tant qu’aliment n’est pas plus américain que chinois ou belge. Le Portugal eut été le pays le plus moderne, McDo serait portugais. McDo c’est américain parce que les Américains ont cessé justement de l’être. La vraie cuisine américaine était extrêmement diversifiée en raison de la présence de nombreuses communautés d’origine irlandaise, allemande, chinoise, latino-américaine, etc. (...) les Américains sont les premières victimes de la McDonaldisation du monde ». C’est sur ces bases que nous avons fondé le mouvement Slow-food mais aussi démonté le McDo de Millau, nul antiaméricanisme dans cela. J’étais déjà opposé (il y a quelques décennies) aux premiers théoriciens antispécistes qui ne comprenaient pas notre combat, qui se moquaient de notre refus de l’homogénéisation et de l’industrialisation de la table (David Olivier, un des pères de l’antispécisme français écrivait notamment « L’anticapitalisme aussi fait dans la diabolisation – contre McDonald’s... » Il ajoutait même que notre diabolisation concernait aussi Monsanto). Il est vrai que ces antispécistes étaient déjà pro-OGM et considéraient que la viande clonée n’était pas pire que l’autre. Ils clameront bientôt que le véganisme peut être soluble dans le capitalisme, comme le défendait l’antispéciste Henry Spira qui négocia avec les grandes firmes internationales le lancement des produits végans qui envahissent depuis la grande distribution. Ce que nous a appris le mouvement anti-McDo c’est que nos alliés ne sont pas forcément ceux auxquels on pense naturellement et que nos adversaires pas davantage ! Ce que nous a appris le mouvement contre la mal-bouffe c’est que la gauche doit construire son répertoire militant sans se faire piéger.

La gauche a oublié les politiques alimentaires !

L’extrême-droite peut aujourd’hui s’emparer des questions alimentaires car les gauches françaises les ont trop oubliées. Slow Food ne connait pas en France le succès qu’il mérite. L’altermondialisme est pourtant largement né autour des questions agricoles et alimentaires avec le démontage du McDo à Millau, avec la naissance de l’association des Amis de la Confédération paysanne, avec le succès du bio et des AMAP.... Nous ne devons pas abandonner les questions de table ni aux tenants du productivisme agricole, ni aux identitaires-viandards, ni aux végans techno-scientistes, car ni les uns ni les autres ne posent les bonnes questions et ne donnent les bonnes réponses en termes de souveraineté alimentaire et de culture émancipatrice.

Les identitaires-viandards ont tout faux !

Prenons trois « identitaires viandards » particulièrement en vogue.

Papacito est bien connu pour être un adepte de Zemmour, pour faire l’éloge des armes, de la violence, (il met en scène dans une de ses vidéos le meurtre fictif d’un électeur de la France Insoumise), il se présente désormais comme le champion des viandards... Papacito est pourtant autant un idiot-utile du véganisme que les végans sont les idiots-utiles de l’agriculture cellulaire. Papacito et les végans campent sur les deux faces opposées de la même problématique, alors qu’il faudrait au contraire changer les termes du débat – comme nous l’avions fait avec McDonalds- Vegans et identitaires-viandards s’accordent sur les termes du débat : la question serait celle de la viande en soi. Les végans diabolisent la viande, les identitaires-viandards la vénèrent. Ils font les uns comme les autres l’impasse sur la vraie question qui est celle du choix des modes d’élevage (industriel ou paysan). Végans et identitaires viandards s’accordent aussi pour faire comme si le débat concernait la seule viande, alors que l’enjeu concerne tous les produits et sous-produits animaux, y compris le miel (pas assez « macho » ?), sans oublier le fumier pourtant indispensable pour l’agriculture, sauf à utiliser toujours plus de chimie. La viande a pourtant été historiquement un sous-produit, soit du lait, soit de la traction animale, soit des fumures animales.

Végans et identitaires-viandards s’accordent également pour faire de la viande rouge saignante, le parangon des produits animaux. Végans et identitaires-viandards s’accordent enfin paradoxalement sur la figure du chasseur qui aurait au moins le « mérite » de tuer lui-même l’animal pour se procurer de la viande, alors que le consommateur lambda, voire même le végétarien amateur de produits laitiers, serait un salaud, car il choisirait d’ignorer que la consommation de lait suppose le sacrifice d’animaux. Vegans et identitaires-viandards partagent la même misère intellectuelle débouchant sur les mêmes impasses. Ils se rejoignent pour laisser croire qu’il n’y aurait qu’un type d’élevage, qu’une sorte de pèche, qu’une façon de faire du foie gras.
La polémique médiatique entre l’antispéciste de choc Solveig Halloin et l’influenceur/youtubeur facho Baptiste Marchais est grandement révélateur du danger du face à face identitaires-viandards versus végans dont raffolent les grands médias. Par le caractère scandaleux des thèses antispécistes, Solveig Halloin réussit le tour de force de rendre sympathique aux yeux de beaucoup (au regard des réactions du public) un Baptiste Marchais qui ne l’est pas du tout, mais alors vraiment pas ! Oser comparer les abattoirs aux camps de la mort (thèse classique des antispécistes) ne discrédite pas seulement les végans mais risque de profiter aux militants d’extrême-droite (ce qui serait un comble !). Si tuer une vache est aussi grave que gazer un juif, alors les camps de la mort ne seraient pas pires que les abattoirs. Contrairement à ce que semble dire Baptiste Marchais la vraie alternative n’est pas entre des abattoirs qui travailleraient « bien » (à l’ancienne ?) et d’autres qui travailleraient « mal », mais entre des choix économiques, techniques, juridiques, donc politiques. Choix économique puisque la France a choisi d’avoir dix fois moins d’abattoirs que l’Allemagne en misant sur la concentration donc elle connait dix fois plus de souffrance animale et de mal-être au travail chez les éleveurs et les ouvriers des abattoirs. Choix technique puisque la France avec l’industrialisation à choisi des abattoirs non spécialisés qui traitent tous les types d’animaux. La question n‘est pas seulement d’étourdir les animaux avant de les abattre, comme le rappelle Marchais, obligation qui existe depuis 1964 – que semblent méconnaitre aussi bien Marchais qu’Halloin au regard de leurs échanges (Marchais : « Vous avez encore des abattoirs labellisés qui endorment les animaux avant de les abattre ». Solveig Halloin : « Vous racontez n’importe quoi ! »). Il faut certes faire respecter la loi (au besoin la durcir) et sanctionner sévèrement les délinquants, mais il faut aussi développer des alternatives au modèle industriel/productiviste. Plutôt que de laisser croire que « c’était mieux avant » (vieille figure de l’extrême-droite). Innovons en misant sur de petits abattoirs de proximité (cogérés par les usagers), développons l’abattoir mobile (via l’expérimentation inscrite dans la loi EGAlim). Le travail fait par le « Bœuf Éthique » est exemplaire, comme est exemplaire l’activité du réseau La Poiscaille. Zemmour que soutient aussi Baptiste Marchais est plus connu pour combattre le « grand remplacement des boucheries » (des boucheries « françaises » par des boucheries halal), que pour s’opposer au libéralisme économique, responsable pourtant de la concentration/industrialisation des abattoirs donc de la cruauté !

Estelle Redpill Rodriguez qui se dit identitaire et soutient aussi Zemmour est une des nouvelles égéries de la fachosphère. Elle prétend se lancer en politique car le RN serait "trop gauchiste". Elle bénéficie d’une réelle audience (plus de 100000 abonnés) et du soutien de quelques grands noms de l’extrême-droite... Sous des allures de ménagère « moderne » et proche, elle instrumentalise la table au profit d’une cuisine politique indigeste. La force d’Estelle Redpill Rodriguez c’est de surfer sur ce qu’il y a de pire en matière de réflexion sur l’alimentation, c’est-à-dire le "chosisme" qui ne voit que le produit (bon ou mauvais) mais oublie que l’essentiel c’est ce qui se construit autour de lui (comment mange-t-on ? Qu’est-ce que manger veut dire ?). Ces émissions sont donc faussement rebelles, y compris sur le plan strictement de la défense et de la promotion du bien-manger. Nous vivons en effet une double révolution de la table, celle du contenu de l’assiette, dont on parle beaucoup, et celle du rapport à l’alimentation (désymbolisation, déritualisation, déculturation).

Le piège végan se referme sur une partie de la gauche !

Fabien Roussel a commis un crime de lèse-véganisme en ne se soumettant pas aux diktats de Davos et des grands lobbies (ceux notamment de Bill Gates) et en revendiquant le droit pour les milieux populaires à manger non seulement de la viande et du fromage, mais des produits carnés (ou végétaux) de qualité. Salaud de coco qui veut faire manger de la bidoche aux prolos ! Le compte Twitter du PCF a choisi de répondre de façon moqueuse « Avant on reprochait aux communistes de manger des enfants, maintenant on leur reproche de manger de la viande. Y a du progrès". Il faut aller plus loin : le scandale n’est pas en effet que Fabien Roussel ose (enfin !) parler de gastronomie mais qu’il contribue à redistribuer les cartes en refusant d’abandonner la défense de l’élevage (paysan, je suppose) à l’extrême-droite ! Il a commis le même crime que nous avions commis en fédérant autour de l’appel pour la défense de l’élevage paysan et des animaux de ferme contre les hypocrites lundis sans-viande tout ce qu’on fait de mieux en matière d’écologie, d’altermondialisme, de syndicalisme paysan, de mouvements défendant le bien-manger.

Ce n’est pas un scoop, les communistes (mais ils ne sont pas les seuls) sont « naturellement » du côté du bien manger, du manger « bon, propre et juste » comme le dit le mouvement Slow-food, les parlementaires et dirigeants communistes ont largement signé l’Appel pour la défense de l’élevage paysan, le Modef (dans lequel militent beaucoup de paysans communistes) l’a aussi signé aux côtés de la Confédération paysanne, de Biolait, de Nature et Progrès. Ceux qui s’en prennent aujourd’hui à Fabien Roussel sont non seulement les idiots utiles de l’extrême-droite puisqu’ils attendent des gauches, notamment écologistes, qu’elles délaissent ce terrain aux partisans de Le Pen ou Zemmour, mais ils sont aussi les idiots-utiles des biotechnologies alimentaires qui entendent imposer une alimentation fabriquée à base de cellules souches.

Fabien Roussel a donc raison de défendre le droit à la bonne bouffe pour tous/toutes. Espérons qu’ils se retrouvent bientôt en bonne compagnie, avec Mélenchon, Jadot notamment !

Ces combats que nous devons mener...

Je rêve donc que cette tempête dans le bénitier végan connaisse un prolongement durant cette campagne et que tous les candidats des gauches se prononcent contre l’agriculture cellulaire : le capitalisme imposera d’abord la fausse-viande, le faux-lait, le faux-fromage, les faux-œufs, le faux-miel avant d’imposer les faux-fruits et faux-légumes, comme le revendiquent déjà les lobbies. Le faux-vin est dans les cartons de plusieurs grands groupes financiers. J’aimerai aussi que les candidats des gauche se souviennent des autres combats sur le front des politiques agricoles/alimentaires.

Contre les OGM

Je rêve aussi que les gauches renouent avec ses vrais combats contre les OGM, notamment les OGM cachés que sont la mutagénèse et la cisgenèse. Toute une partie de la gauche a déserté ce front car se serait mécontenté Les penseurs de l’antispécisme et du véganisme pas ou peu hostiles aux OGM ! La mutagénèse consiste à provoquer des mutations génétiques par des chocs imposés aux semences ou plantes, par des traitements chimiques radioactifs ou autres agressions, afin de fabriquer des souches résistantes aux herbicides La FAO et l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) listent les variétés mutées par mutagénèse sur la base des simples déclarations volontaires et dénombrent déjà plus de 1700 espèces et 3000 variétés concernées. Les associations parlent donc d’OGM cachées et dénoncent le manque total de transparence. Les fruits cisgéniques à maturité retardée sont par exemple un des enjeux du commerce mondial, avec pour conséquence la casse des agricultures locales et davantage de pollution. La cisgenèse consiste à transférer des gènes entre organismes qui pourraient être croisés naturellement. On obtient ainsi des pommes cisgéniques modifiées pour ne pas brunir une fois épluchées, des melons à maturité retardée, etc. Ces aliments génétiquement modifiés bénéficient d’une grande tolérance de la part de l’Agence européenne de sécurité des aliments (ASEA) qui préconise un allègement des contrôles les concernant. Les associations spécialisées, comme InfoOGM, mettent cependant en garde les mangeurs...

Contre la « ionisation » des aliments

Je rêve également que les gauches renouent avec le combat contre la « ionisation » des aliments. L’irradiation des aliments (dénommée « ionisation » par ses partisans) est la condition même de leur globalisation. Cette technique est l’une des applications du principe « l’atome au service de la paix » voulu par le Président Eisenhower en 1953. Il s’agissait au départ d’une vitrine de l’industrie nucléaire visant à exposer des technologies nucléaires pouvant sauver des vies plutôt que d’en détruire. Ce programme d’irradiation des aliments a été lancé en 1961. Le changement de nom est opéré seulement en 1982 : « Tout mot ou déclaration contenant le mot « irradiation (ou « irradié ») peut inspirer la crainte et provoquer le rejet du produit. Le terme de « ionisation » sera ainsi finalement retenu. La France fait partie des pays européens où l’irradiation des aliments est la plus importante.

Contre les nanoaliments

Je rêve encore que les gauches renouent avec le combat contre les nanoaliments. Les nanoaliments concernent l’application au domaine alimentaire des nanotechnologies, l’une des quatre branches de la « révolution NBIC » (nanotechnologie, bactériologie, sciences de l’information et cognitives) lancée à grand renfort de financement par les États-Unis. Nos modes de vie et notre alimentation devraient en être profondément affectés dès les prochaines années. Les nanomatériaux sont des particules minuscules, de l’ordre du millionième de millimètre. Dans l’agriculture, les nanotechnologies seront la prochaine étape vers le plus « petit » (après les OGM et la mutagenèse), en passant de la manipulation des gènes à celle des atomes. Le domaine agroalimentaire est celui dans lequel ont été annoncés les plus importants développements. Le mensuel Les Zindigné(e)s fut un lanceur d’alerte, grâce à l’Association de veille et d’information civique sur les enjeux des nanosciences et des nanotechnologies (AVICENN). Plusieurs estimations du marché mondial des nanos dans l’alimentation ont été réalisées, proposant des chiffres allant de plusieurs centaines de millions à plus de 20 milliards de dollars. En agriculture, la manipulation des atomes permet de remanier l’acide désoxyribonucléique des semences en vue d’obtenir des plantes ayant de nouvelles propriétés (odeur, période de croissance, rendement, etc.). Dans l’alimentaire, les applications concernent autant les emballages que les denrées.

Les nanoéléments au contact des aliments

La plupart des applications des nanotechnologies dans le domaine alimentaire concernent aujourd’hui les matériaux au contact des aliments : emballages, surfaces de découpes, instruments de cuisine, parois de réfrigérateurs, etc. – elles ont pour but : de renforcer la solidité, la rigidité et la résistance à la dégradation de ces matériaux (nano nitrure de titane pour prévenir les rayures sur les emballages plastiques) ; d’accroître leur transparence ; de permettre une meilleure conservation des aliments en protégeant nourritures ou boissons contre les UV (nanoparticules d’oxyde de titane (TiO2) dans des emballages en plastique, nanoparticules d’oxyde de zinc) ; de supprimer la perte des arômes (nanoparticules d’oxyde de titane dans des bouteilles en plastique pour des bières aux Etats-Unis, nanoparticules de nitrure de titane dans des emballages en PET (polyéthylène téréphtalate) autorisés en Europe) ; de réguler l’humidité et l’oxygène (nanocouches d’aluminium ou d’oxyde d’aluminium utilisées pour des emballages de barres de chocolat) ; de combattre les microbes, bactéries ou champignons (nano oxyde de zinc (ZnO), nano dioxyde de titane et nano argent que l’on retrouve sur les parois internes de certains réfrigérateurs, sur des planches à découper, sur des récipients pour la conservation des aliments : barquettes alimentaires, films transparents, etc.).

L’AVICENN précise que les craintes portent sur la possibilité que des nanomatériaux migrent des emballages (ou des revêtements de surface des instruments de cuisine) jusqu’aux denrées : « Les modalités de ce transfert et les risques qu’ils pourraient entraîner sont encore largement méconnus et très variables parce que entrent en ligne de compte de multiples facteurs (la température, la durée du conditionnement, la nature des denrées conditionnées : liquides ou solides, etc. »

Les nanoéléments intégrés dans les aliments

Des nanomatériaux peuvent être également directement intégrés dans les denrées. L’AVICENN rappelle que certaines applications sont présentées comme des solutions innovantes à des problèmes nutritionnels et/ou sanitaires (comme la diminution de la teneur en graisse, en sel, en calories ou en émulsifiants des aliments) ou permettant une meilleure assimilation des nutriments et compléments alimentaires. D’autres nanoéléments sont aussi utilisées pour modifier les arômes, saveurs, couleurs et textures de certains aliments (des nanoparticules de dioxyde de titane servent de pigment blanc pour rendre des aliments plus blancs ou pour décliner une palette de couleurs en étant associées à d’autres colorants alimentaires, sur le glaçage de pâtisseries, par exemple. L’AVICENN ajoute que des nanoparticules, notamment des nanosilices sont ajoutées dans certains produits alimentaires (plats surgelés, glaces, sauces pour lasagnes, nouilles instantanées, divers assaisonnements pour viande hachée et burrito, pancake, crème, légumes rôtis, etc.) afin de rendre leur texture plus homogène, plus onctueuse. L’AVICENN recense également les recherches faites pour diffuser des saveurs, par ouverture progressive de nanocapsules – des nanoagrégats de cacao permettraient d’accroître l’arôme de chocolat grâce à l’augmentation de la surface qui entre en contact avec les papilles gustatives. D’autres nanoéléments permettent un allongement de la durée de conservation des flaveurs (ou ensemble des sensations perçues à partir de la bouche : goûts, odeurs...) au moyen de l’intégration de nanocapsules qui libèrent progressivement des substances conservatrices dans les aliments : limonades, jus de fruits, fromages, margarine, chewing-gums, bonbons, barres chocolatées, etc.). On utilise aussi des nanoparticules de platine pour décomposer l’éthylène et ralentir le mûrissement des fruits et légumes et on ajoute un revêtement de nanoargent sur des fruits coupés pour allonger leur durée de conservation... Le but à terme est aussi de créer des aliments « intelligents » agissant interactivement avec le consommateur pour « personnaliser » les aliments, changer la couleur, le goût ou les éléments nutritifs sur demande.

La France fait figure de leader dans ce domaine et ne souhaite pas perdre cet avantage. Ainsi, l’Agence nationale de la recherche a intégré dans son appel à projets « P2N » (c’est-à-dire nanotechnologies et nanosystèmes) une demande pour soutenir des recherches sur « la protection et vectorisation de micronutriments indispensables au travers d’aliments nanostructurés », ou encore sur « les nouveaux additifs ou compléments alimentaires sous forme nanométrique ». Les députés du Parlement européen ont débattu, lors de la session du 23 au 26 avril 2009, des dangers potentiels des nanoaliments et ont demandé une évaluation des risques, s’opposant ainsi aux positions de la Commission qui souhaitait faire adopter un seuil de 50 % de nanoparticules dans un produit pour qu’on puisse parler de nanoaliment. Le Parlement européen a donc rejeté toute idée d’assouplissement de l’étiquetage des aliments modifiés au moyen des nanotechnologies.

La demi- victoire contre la viande clonée

Les techniques de clonage existent depuis le début des années 1950, mais le clonage de la brebis Dolly en 1996 a permis d’ouvrir le débat sur la consommation de viande clonée. D’autres animaux ont d’ailleurs très vite suivi : vaches, cochons, bœufs, lapins, juments, etc. Une étape a été franchie à la fin du XXe siècle par le clonage dit de « seconde génération » qui consiste à cloner un clone, c’est-à-dire à obtenir des organismes clonés à partir d’autres organismes clonés. L’exploitation commerciale de la viande clonée est à ce jour sans intérêt : déjà parce que seuls 5 à 10 % des œufs fabriqués et réimplantés produisent des clones viables et en bonne santé, ensuite par le clonage des mâles est beaucoup plus aléatoire que celui des femelles, enfin parce que le coût d’un animal cloné reste prohibitif, sauf comme reproducteur. L’Europe ne croit donc pas en la faisabilité de cette technique, c’est pourquoi une législation a pu être adoptée, interdisant le clonage d’animaux à des fins d’élevage et d’alimentation dans l’Union européenne, mais aussi l’importation sur le territoire européen de leurs descendants et de produits qui en seraient issus (viande, lait, matériel reproducteur, etc.). La Commission européenne, qui avait seulement proposé d’interdire le clonage animal en Europe, mais sans interdire la vente de viande ou de lait de leurs descendants, ni sans assurer la traçabilité de ces produits, a suivi. L’Europe semble donc avoir écouté les Européens puisque selon un sondage de 2008, 58 % d’entre eux se disent opposés au clonage pour la production alimentaire, pour des raisons liées au bien-être animal ou pour des questions relevant de l’éthique, et que 83 % souhaitent que la viande et le lait issus de descendants de clones, soient obligatoirement étiquetés comme tel. Ce refus de la viande clonée peut donc être compris comme une limite portée à l’artificialisation de la viande, sauf si, pour les mêmes raisons invoquées contre le clonage, le bien-être animal notamment, l’Union européenne continuait à soutenir les projets de viande totalement artificielle...

Les identitaires-viandards peuvent aller se rhabiller !

Les identitaires-viandards peuvent aller se rhabiller devant la richesse des propositions que les gauches portent en matière alimentaire, et plus seulement en matière agricole ! Il y a beaucoup d’autres grandes propositions que l’on trouve dans les programmes des candidats (notamment celui de Mélenchon) ou dans les textes de Via Campesina (Confédération paysanne et Modef), des AMAP, de la FNAB, de Slow Food International, etc. J’ai déjà publié sur le site Le Grand soir un appel en faveur de la gratuité des cantines. Melenchon est pour. Qu’en pense Jadot ? Qu’en pense Roussel ?

La lutte des classes se joue aussi à table.

Elle est affaire de modes de vie, de style de vie.

Alors prenons nos couverts entre les dents !

Paul Ariès auteur de Une histoire politique de l’alimentation du paléolithique à nos jours (Max Milo). Il vient de publier deux romans dystopiques sur véganisme, transhumanisme, agriculture cellulaire. Un roman adulte, Le meilleur des mondes végans (Editions A plus d’un titre) et un roman jeunesse J’veux plus manger de viande (Editions Golias).

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Désobéir : le petit manuel, de Xavier Renou
"Celui qui n’essaie pas, et celui-là seul, a déjà perdu." On a tous déjà manifesté des dizaines de fois. On a tous signé des centaines de pétitions. Mais combien sommes-nous à nous être demandés, lucidement, sans faux-semblant, ce qu’il en était de l’efficacité, et donc, de la pertinence, de nos moyens d’actions traditionnels ? Combien sommes-nous à nous réfugier dans une espèce de pensée magique chaque fois que nous sommes en colère, en nous habituant à considérer nos modes de (…)
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"Bon, j’imagine que vous ne pouvez tout de même pas tuer vos subordonnés"

seule réponse fournie par les élèves d’une école de commerce de Philadelphie
lorsque le professeur demanda à ses élèves de lui donner un exemple de
comportement repréhensible dans une entreprise.

Cité par Serge Halimi, dans le Monde Diplomatique de février 2005, page 2

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