Même si officiellement le Président se refuse à dévoiler le contenu de la future contre-réforme de notre système de retraites, tout un chacun en connait les grandes lignes, il faudra que les salariés consentent à de nouveaux sacrifices : travailler plus longtemps pour avoir une retraite toujours plus faible.
Voilà que Martine Aubry vient à la rescousse du Président sur la question tabou : l’âge de départ à la retraite. Ce dernier est de 60 ans depuis le premier gouvernement Mitterrand. Bien que depuis la loi Fillon de 2003 il soit devenu virtuel [1], aucun gouvernement n’avait osé y toucher car ça aurait pu énerver les directions de la CGT et de FO.
Et bien la très sociale première secrétaire du PS ose. Elle a déclaré le 17 janvier au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro qu’on devrait « aller très certainement [vers une retraite] à 61 ans ou 62 ans. » Il paraît que certains se sont évanouis au siège du MEDEF en entendant cela.
Ces propos représentent ni plus ni moins qu’un sacré coup de main au Président qui cherche la meilleure façon de s’y prendre pour imposer la solution du patronat sans trop de casse sociale. Quelques grandes manifestations passe encore mais il faut éviter la mobilisation générale. Sur ce point l’expérience lui a apprise qu’il pouvait compter sur les Chefs syndicaux, voilà que Martine Aubry lui ouvre politiquement la voie. Elle est pas belle la vie de président dans de telles conditions, dommage que les sondages soient exécrables et que la contestation s’exprime dans son propre camp.
L’aide du PS à Sarkozy n’est pas que politique, elle confine à une véritable offre de service. Martine Aubry est disposée à contribuer à « une réforme juste qui va dans le sens du progrès social. » Elle a un certain sens de l’humour noir la dame en associant à progrès social la suppression de la retraite à 60 ans. Arnaud Montebourg se dit « assez favorable à la construction d’un compromis national. » Mais le meilleur c’est Manuel Valls qui propose comme en 1914 : « un pacte national entre le pouvoir et l’opposition avec les partenaires sociaux. »
Ces prises de positions de dirigeants du PS illustrent la politique de social-démocratie qui vole au secours de sa bourgeoisie chaque fois que cette dernière est (ou peut être) en danger.