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Ressources naturelles en jeu.

Débat du IIè Forum Social Pan-Amazonien

L’expansion des Etats-Unis a besoin de l’eau de la région amazonienne, dit Samir Amin.
L’Irak pour le pétrole, l’Amazonie pour l’eau...

Présent au II forum social pan-amazonien, à Bélem fin janvier dernier, l’économiste égyptien Samir Amin, auteur du terme " guerres américaines ", considère que la question énergétique est fondamentale dans le projet hégémonique des Etats-Unis : aujourd’hui c’est le pétrole, demain ce sera le minerai de fer et l’eau.

De Bélem - Le nouveau gouvernement brésilien doit mettre un terme à l’exploitation abusive des ressources naturelles du pays. Plus que cela, il doit être le promoteur d’une alliance regroupant tous les peuples d’Amérique Latine et des Caraïbes pour contrôler les sources d’énergie et faire en sorte que leur exploitation se fasse de façon constante et apporte des bénéfices aux populations locales, au lieu de se réguler uniquement sur les lois du marché international.

Ces résolutions sont le résultat des discussions engagées pendant le débat " Amérique Latine, Caraïbe et Pan-Amazonie dans la géopolitique mondiale ", qui s’est déroulé le deuxième jour du II forum social pan-amazonien. Le débat a compté sur la participation de l’une des personnalités du forum, l’économiste égyptien Samir Amin, le coordinateur du Forum du Tiers-Monde, entité qui défend les pays périphériques dont le siège est à Dakar, Sénégal. Les autres participants au débat ont été le représentant du gouvernement du Venezuela, Jesus Martinez, et le professeur de l’université fédérale du Pará, Aluisio Leal.

De l’opinion unanime des participants, les pays de la région doivent articuler des mécanismes de défense conjointe contre l’offensive stratégique actuelle des Etats-Unis, locomotive du capitalisme, qui a commencé avec le gouvernement de Georges W. Bush. Cette stratégie politique nord-américaine, selon les participants au débat, consiste en une nouvelle phase d’expansion militaire dans l’intention de contrôler les principales sources d’énergie de la planète et, ainsi, de contourner la grave crise financière que subit le pays.

Samir Amin a employé le terme " guerres américaines ", dont il est l’auteur, pour désigner ce qu’il appelle le " projet d’expansion des Etats-Unis ". L’économiste a mis en garde les populations amazoniennes présentent au II FSPA sur ce qu’il estime être les
" intentions réelles " de l’élite dirigeante nord-américaine, intentions plus que jamais représentées par la politique de Bush : " la véritable préoccupation des Etats-Unis n’est pas le terrorisme ou le trafic de drogues, mais bien la poursuite de sa domination sur le reste du monde dans le futur. Ceci passe par le contrôle politique ou militaire des pays riches en sources d’énergie ", dit-il.

Pour Aluisio Leal, la première étape de la nouvelle stratégie d’expansion militaire des Etats-Unis, déjà mise en oeuvre, doit garantir l’approvisionnement de pétrole au pays pour les vingt prochaines années : " c’est pour cela, dit-il, que Bush veut fomenter cette guerre contre l’Iraq. C’est également pour cela que ses meilleurs collaborateurs s’emploient aujourd’hui à renverser le gouvernement de démocratie populaire de Hugo Chávez au Venezuela ".

Amin va plus loin : " D’abord c’est le pétrole, ensuite ce sera le minerai de fer et l’eau. Aujourd’hui ils veulent envahir l’Iraq, ne vous étonnez pas si demain ils décident d’envahir l’Amazonie ", prévient-il. Selon l’Egyptien, les tentatives d’application du Plan Colombie et de la ZLEA (Zone de Libre Echange des Amériques) sont des signes clairs sur l’intention nord-américaine d’intervenir dans les pays de la région amazonienne. Leal pense que le Brésil peut être la prochaine victime de l’expansion des Etats-Unis : " Il est clair que le centre du capitalisme mondial voudra, tôt ou tard, contrôler notre immense biodiversité, ainsi que nos importantes ressources énergétiques ", confirme-t-il.

Selon les participants au débat, la première étape réalisée par les gouvernements progressistes d’Amérique Latine est de modifier leurs relations avec les principaux pays du capitalisme en ce qui concerne l’exploitation des ressources énergétiques." Ce premier pas a été tenté par Chávez au Venezuela et a provoqué une forte réaction de l’élite nord-américaine. Ce n’est pas par hasard si notre entreprise nationale de production de pétrole est au centre des conflits politiques et de la pression extérieure qui ravagent aujourd’hui le pays ", a expliqué Jesus martinez.

En faisant un parallèle avec le Venezuela, Leal estime que le Brésil a mal commencé la résistance en autorisant la privatisation de la compagnie Vale do Rio Doce : " L’importance stratégique de la Vale pour le Brésil est semblable à la Nationale de pétrole pour le Venezuela. Le problème c’est que la Vale a déjà été privatisée et que le nouveau gouvernement, même s’il le veut, ne dispose pas des moyens juridiques légaux pour inverser la situation ", dit-il.

Selon le professeur de la UFPA, la Vale do Rio Doce a multiplié par deux son rythme d’exploitation depuis qu’elle est passée sous contrôle étranger. La production de bauxite a bondi de 5 millions de tonnes/an à 10 millions de tonnes/an tandis que la production de minerai de fer est passée de 45 millions de tonnes/an à 90 millions de tonnes/an : " La logique capitaliste applaudirait cette augmentation de la production, qui en vérité signifie une exploitation abusive et criminelle des ressources, causant souvent des préjudices sociaux pour les populations de la région ", a-t-il dit.

Leal regrette que " rien n’ait été dit par le gouvernement du PT " sur ce scénario d’exploitation des ressources en Amazonie et cite le Pará comme exemple : " Le peuple souffre tandis que le Pará est obligé de vomir ses ressources énergétiques pour maintenir un moyen de production et de consommation capitaliste qui n’est même pas partagé par nos compatriotes ", dit-il. Outre le Pará, où l’exploitation du minerai et du bois est importante, ont été également cité le cas de l’Amapá et du haut Juruá, qui possède le plus grand gisement de gaz naturel du Brésil et où la Petrobras a déjà un projet visant à écouler la future production vers les principaux pays capitalistes.

Amin a conseillé aux pays présents au II FSPA de réaliser des alliances pour arrêter le flux des ressources énergétiques vers les Etats-Unis. Selon lui, l’Asie, l’Europe et l’Amérique Latine doivent s’unir pour, dans les prochaines années, entamer la suprématie économique et militaire nord-américaine, en établissant de nouveau espaces autonomes pour décider quel type de développement nous voulons pour notre planète. L’économiste a classé l’élection de Lula comme un " événement de grande importance " pour la consolidation d’un modèle de développement en Amérique Latine qui allie démocratie, indépendance nationale et justice sociale.

Après avoir transmis un message de Hugo Chávez, dans lequel le président vénézuélien confirmait son engagement " jusqu’à la fin " dans la lutte pour la défense de l’Amazonie, Martinez a invité les présidents Lula et Lúcio Gutierrez (Equateur) ainsi que les sociétés civiles organisées de tous les pays de la région, à un nouveau défi. " L’heure est venue pour nous de lutter pour étendre la représentation populaire à toutes les nations de l’Amérique Latine et des Caraïbes et empêcher que l’élite capitaliste, commandée par les Etats-Unis nous mette tous dans une situation politique et sociale irréversible ", dit-il.

Source : Agência Carta Maior
Traduction : Autres Brésils www.autresbresils.net

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